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Discours du baron de Beust à l'ouverture de la Conférence télégraphique internationale, le 12 juin 1868.

Messieurs,

L'assemblée brillante que je vois réunie autour de moi est appelée à compléter et à étendre une organisation dont l'expérience a déjà démontré l'incontestable utilité.

Je n'ai donc pas besoin d'en faire ressortir les avantages, et il ne m'appartiendrait pas d'ailleurs de le faire en présence de ceux qui en sont les meilleurs juges. Le caractère éminemment international de l'acte qui l'a consacrée exigeait que cette première transaction fût entourée des solennités d'usage, et c'est pour cette raison que la diplomatie est intervenue dans la Convention télégraphique signée à Paris en 1865.

Aujourd'hui qu'il s'agit d'un travail de nature essentiellement technique, les Gouvernements auxquels j'ai adressé des invitations, conformément à l'article 56 de cette même Convention, ont partagé ma manière de voir en déléguant de préférence des représentants des administrations respectives.

Je suis heureux de remettre entre les mains d'hommes aussi éclairés le soin de donner un nouvel essor à la télégraphie internationale, et ce sera avec un bien vif intérêt que je prendrai connaissance des résultats de leurs délibérations pour en informer les Gouvernements qui s'y sont fait représenter.

J'espère que vous voudrez bien accepter comme Président de vos conférences votre collègue représentant le Gouvernement impérial et royal, M. Brunner de Wattenwil, què j'ai l'honneur de vous présenter en cette qualité.

Depuis que la Convention de Paris a fondé cette grande association des servives télégraphiques, de nouveaux membres sont venus la renforcer. Je me fais son organe en exprimant tout le plaisir que nous éprouvons à voir paraître ici les représentants des administrations britanniques, et j'espère que le Gouvernement impérial et royal sera approuvé d'avoir anticipé sur l'assentiment de l'Assemblée, en accueillant des propositions qui tendent à faire entrer dans le réseau télégraphique international les fils électriques qui relient les Indes à l'Occident.

Le cachet européen dont notre association est revêtue ne saurait lui faire oublier que la mission civilisatrice dont l'Europe s'est toujours fait gloire doit l'amener à étendre et non à restreindre le domaine de son action.

Je me plais à constater la présence de MM. les délégués des Principautés-Unies, de la Servie et du Luxembourg, et je la salue avec un égal empressement.

Messieurs les délégués, permettez-moi de vous le dire, j'ai éprouvé une satisfaction particulière à me voir appelé aux fonctions que je viens de remplir auprès de vous, en songeant que c'est une œuvre de paix à laquelle vous allez travailler. Conserver, consolider la paix, cette précieuse garantie d'un meilleur avenir, n'est-ce point là le vœu hautement avoué de tous les Gouvernements dont les représentants se trouvent réunis en ces lieux?

Pour ma part, je ne connais pas de plus noble mission que de travailler sans relâche pour son accomplissement. Or, le perfectionnement et l'extension du système télégraphique, nous ne saurions en douter, sont de puissants moyens d'y réussir. Ou bien, — en seraitil autrement? -il ne manquera pas d'esprits sceptiques qui m'objecteront qu'un long état de paix dont jouissait l'Europe a fini à peu près à l'époque où les chemins de fer et les télégraphes se sont établis et étendus avec une admirable rapidité, et que nous avons vu alors se succéder, dans l'espace de douze ans, trois guerres sanglantes, tandis que l'autre hémisphère fut témoin d'une guerre civile dont l'histoire n'offre pas d'exemple. Mais, je vous le demande, serait-il juste d'en rechercher la cause dans ces merveilleuses conquêtes du génie humain?

Ne faut-il pas reconnaître, au contraire. que celles-ci ont servi à adoucir et à abréger des calamités qui eussent été épargnées à l'Europe, si ce long état de paix, que l'on regrette aujourd'hui, avait été mieux employé à les prévenir? Réjouissons-nous sans réserve des progrès que les facilités de communication assurent à la civilisation. Elles ne profitent pas seulement au bien-être matériel et au développement intellectuel des peuples. C'est encore et surtout au maintien de rapports pacifiques entre eux qu'elle contribue d'une manière efficace. Le télégraphe surtout, puisque c'est de lui que nous avons à nous occuper, transmet, lorsqu'il est encore temps, des conseils de prudence et de modération, il arrête des actes précipités, il fait cesser les malentendus, il fait renaître la confiance, souvent en autant de minutes qu'il fallait autrefois de jours et de semaines pour y parvenir. L'année dernière n'a-t-elle pas offert un exemple frappant de l'extrême utilité du télégraphe dans les crises politiques?

On doit se rappeler que la collision soudaine qui menaça de rallumer le flambeau à peine éteint de la guerre a été écartée, et il est permis de se demander si les cabinets, s'ils avaient été privés du moyen d'une correspondance télégraphique, auraient réussi à conjurer ce danger.

Est-il besoin que je vous parle de l'immense développement que le telégraphe a donné aux transactions commerciales? et ce grand et incessant travail n'est-il point le meilleur gage d'un avenir de paix et de prospérité? Voilà donc un but digne des plus nobles aspirations, des études les plus intelligentes, des efforts les plus persévérants. Je vous félicite d'avance, Messieurs, d'avoir contribué à l'atteindre.

CONFÉDÉRATION DE L'ALLEMAGNE DU NORD.

Discours du Roi de Prusse lors de la clôture de la session du Reichstag, le 20 juin 1868.

Honorés messieurs du Reichstag de la Confédération

de l'Allemagne du Nord,

Vous êtes arrivés à la clôture d'une session qui a été riche en efforts, mais en même temps féconde en résultats. Avec un zèle dévoué, vous avez de concert avec les Gouvernements alliés, achevé d'édifier et consolidé l'organisation de la Confédération.

Plusieurs réformes importantes de la législation commune ont été par vous, les unes préparées, les autres conduites à bonne fin.

Les questions financières qui formaient un des objets saillants de vos délibérations ont été résolues par vous d'une manière satisfaisante. Grâce à la décision par laquelle vous avez confié à l'administration éprouvée de la dette publique prussienne la gestion de l'emprunt voté dans la session précédente en vue du développement de la marine et du complément de la défense des côtes, vous avez assuré la marche progressive de cette branche de notre force défensive, à laquelle sont vouées et ma sollicitude constante et les sympathies de la nation.

L'entente sur la gestion de cet emprunt a permis dans le budget fédéral voté par vous de pourvoir dans une mesure suffisante, et sans recourir à une élévation considérable des dépenses ordinaires, à l'avancement de la mission de la Confédération.

Les dispositions nécessaires pour qu'il soit permis de rendre compte en la forme constitutionnelle de l'emploi des recettes fédérales sont provisoirement établies,

Par la loi sur la supression des restrictions de police en matière de mariage et de domicile, la liberté de fonder une maison et une famille, liberté dont une expérience de longues années en Prusse a dé

montré les avantages, a été généralisée, et l'institution de la liberté de domicile, dont vous avez jeté la première base dans votre précédente session, a été complétée. Cette loi, aussi bien que les lois relatives à la suppression de la contrainte par corps et à la fermeture des banques de jeu, atteste que les intérêts économiques marchent ensemble de pair dans l'accomplissement de la mission fédérale.

Par une série de Conventions postales qui ont reçu votre adhésion, la diminution des tarifs postaux établie dans la session précédente a été étendue à la correspondance étrangère.

La loi sur la prestation des logements militaires en temps de paix assure une répartition plus équitable de cette charge et, sans sortir des limites imposées par l'indispensable prise en considération de la situation financière, une indemnité mieux proportionnée en faveur de qui de droit.

Par les pensions et les secours votés en faveur des membres de l'ancienne armée slesvigo-holstinoise, a été éteinte une dette dont vous avez reconnu la légitimité, de concert avec les Gouvernements alliés.

La nouvelle organisation des poids et mesures ouvre la perspective de l'établissement d'un système simple et uniforme applicable a toute l'Allemagne et nous rapproche sur ce terrain d'une union avec toutes les nations civilisées. Le degré d'instruction du peuple allemand nous est une garantie que les difficultés inhérentes à la mise en pratique de ce système seront surmontées dans un délai assez court.

Sur le terrain des impôts, l'uniformité de l'imposition des articles de consommation les plus importants a été introduite dans toute l'étendue du territoire fédéral, et le dernier pas nécessaire pour l'entrée du Mecklembourg et de Lübeck dans l'union douanière commune a été fait.

Et maintenant, je vous congédie, honorés messieurs, avec mes remercîments et ceux de mes hauts alliés, pour le concours que vous avez apporté à notre œuvre commune aussi bien qu'à la défense des grands intérêts pour la culture desquels nous sommes unis avec les États allemands du Sud. Je vous congédie aussi avec la conviction que les fruits de vos travaux prospéreront chez nous et dans toute l'Allemagne, à la faveur des bénédictions de la paix.

ARCH. DIPL. 1868

IV

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ÉTATS ROMAINS.

Allocution du Pape dans le Consistoire secret du 22 juin 1868.

Vénérables Frères,

Nous n'eussions certes jamais pensé qu'après la Convention passée il y a près de 13 ans entre Nous et l'Empereur et Roi apostolique de l'Autriche, à la grande joie de tous les gens de bien, nous serions forcés aujourd'hui de gémir sur les misères et les malheurs les plus graves, qui, par l'œuvre d'hommes hostiles, affligent aujourd'hui et tourmentent d'une manière déplorable l'Église catholique dans l'empire d'Autriche. En effet, les ennemis de notre divine religion n'ont cessé de faire tous leurs efforts pour détruire ladite Convention et pour faire le plus grand tort à l'Église, à Nous et à ce siége apostolique.

Le 21 décembre dernier, le Gouvernement autrichien a porté comme base constitutionnelle une loi odieuse, pour qu'elle soit mise en vigueur et absolument observée dans toutes les régions de l'empire, même celles où règne exclusivement la religion catholique. Cette loi établit une liberté tout entière de toutes les opinions, de la presse, de toute foi, de toute conscience et de toute doctrine; elle accorde aux citoyens de tous les cultes la faculté d'élever des institutions d'éducation et d'enseignement; toutes les sociétés religieuses d'espèce quelconque y sont admises sur le même pied et sont reconnues par l'État.

Dès que nous eûmes la douleur d'en être informé, nous eussions voulu élever aussitôt la voix, mais nous avons usé de longanimité, et nous avons cru alors garder le silence, soutenu principalement par l'espoir que le Gouvernement autrichien, prêtant une oreille docile aux réclamations pleines de justice de nos vénérables frères, les saints prélats d'Autriche, reviendrait à de plus saines idées et prendrait de meilleures déterminations. Mais nos espérances ont été vaines. En effet, le même Gouvernement, le 25 mai de cette année, a publié une autre loi, qui oblige tous les peuples, même catholiques de l'empire, et qui décide que les fils nés de mariages mixtes doivent suivre la religion du père, et que les filles doivent suivre celle de la mère, et qu'au-dessous de sept ans, ils doivent suivre l'égarement de leurs parents hors de la vraie foi.

En outre, la même loi supprime entièrement toute validité des promesses que l'Église catholique, avec raison et avec la plus grande justice, exige et prescrit absolument avant la contractation des mariages

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