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dont M. le comte de Bismarck accorde les sauf-conduits nous paraît être un refus déguisé. M. Jules Favre, qui est à Paris, devrait en faire la demande. Il faut donc que nous puissions nous-mêmes en prévenir M. Jules Favre; or, il est constaté que nos communications avec la capitale ne peuvent avoir lieu que par pigeons et qu'elles sont par conséquent livrées à la plus grande incertitude. La plupart de nos envois n'arrivent jamais, les autres très-lentement, et à la suite de plusieurs duplicata. C'est en présence de pareilles difficultés que désire nous placer M. le comte de Bismarck, et nous regrettons que Lord Granville n'ait pas cru devoir présenter à cet égard des observations alors que c'est de lui que nous tenons notre invitation à la Conférence.

Quant à la raison invoquée par le chancelier de la Confédération de l'Allemagne du Nord, que nos avant-postes ont tiré sur les parlementaires prussiens, je crois devoir à peine m'y arrêter. C'est la répétition continuelle de prétendues atteintes de notre part aux usages de la guerre, et dont il nous a été jusqu'ici impossible d'avoir une preuve certaine. Admettons même que ces faits aient eu lieu, ils n'ont rien en tout cas qui nous soit particulier. Ils ont dû provenir des deux côtés, je n'en doute pas, d'erreurs regrettables. Pour mon compte personnel, j'ai reçu, il y a quelques jours, une lettre venant du quartier général à Versailles, et qui a été portée à nos avantpostes du côté de Tours par un parlementaire prussien, sans qu'il y eût aucun accident à regretter, ni même aucun péril réel à courir.

J'ajouterai qu'alors même que M. Jules Favre pourrait être averti à temps par nous, il y aurait toujours pour la sortie de Paris des échanges de communications par parlementaires et que le danger resterait le même. Cette raison n'est donc pas sérieuse. M. le comte de Bismarck paraît ne s'être préoccupé que de retarder l'arrivée de notre Plénipotentiaire à Londres. Nous faisons le Gouvernement anglais et les autres gouvernements juges d'un procédé qui s'adresse autant à eux qu'à nous-mêmes.

M. l'ambassadeur d'Angleterre m'ayant entretenu de ce même sujet, je lui ai répondu dans le sens de ce que je viens de vous dire. Il m'a cependant demandé de prévenir M. Jules Favre de la réponse de M. de Bismarck pour essayer de tous les moyens possibles. Je lui ai promis, en effet, d'en écrire à Paris, en ne lui laissant, du reste, que très-peu d'espoir de la réussite de cette démarche. Il a désiré savoir si, dans le cas où la Conférence devrait se réunir le 3, pour une séance préliminaire, je pourrais, en l'absence du représentant de la France, vous autoriser à y assister provisoirement. J'ai dû répondre, me conformant en ce point aux instructions du Gouvernement, que cela ne pouvait être, malgré toute la confiance que nous avons en

votre personne et en vos lumières, M. Jules Favre restant le seul Plénipotentiaire autorisé par le Gouvernement de la Défense nationale pour prendre part aux travaux de la Conférence.

Recevez, etc.

Signé CHAUDORDY.

No 107. - LE COMTE DE GRANVILLE A M. JULES FAVRE.

Foreign-Office, le 29 décembre 1870.

Monsieur le ministre, M. de Chaudordy a informé Lord Lyons que Votre Excellence était proposée pour représenter la France dans la Conférence qu'on est convenu de tenir à Londres, concernant la neutralisation de la mer Noire, et il m'a en même temps fait demander d'obtenir un sauf-conduit et de le faire remettre à Votre Excellence par un officier allemand envoyé en parlementaire.

M. de Bernstorff m'a fait savoir hier qu'un sauf-conduit serait mis à la disposition de Votre Excellence aussitôt qu'il serait demandé par un officier envoyé de Paris au quartier général allemand. Il a ajouté toutefois qu'il ne pourrait être envoyé par un officier allemand tant que satisfaction n'aurait pas été donnée pour l'officier porteur du pavillon parlementaire allemand sur lequel les Français avaient tiré.

J'ai été informé par M. Tissot que beaucoup de temps s'écoulerait avant que cet avis puisse vous être transmis par la Délégation de · Bordeaux, et j'ai en conséquence suggéré au comte de Bernstorff un moyen de le faire parvenir, en profitant de l'occasion qui m'était offerte par le chargé d'affaires des États-Unis pour vous informer de ce qui s'est passé.

Il a été convenu que la Conférence se réunirait cette semaine. Mais pour donner au Plénipotentiaire français le temps d'arriver, le jour de la réunion a été fixé au 3 janvier. J'espère que Votre Excellence autorisera M. Tissot à la représenter à la première séance, dans laquelle je ne mettrai à l'ordre du jour que la question de forme, et si Votre Excellence est en mesure de m'annoncer son arrivée, je proposerai d'ajourner la Conférence d'une semaine, afin d'obtenir le précieux concours de votre expérience.

J'espère que Votre Excellence me permettra de saisir cette occasion de lui exprimer toute ma satisfaction d'entrer en relations personnelles avec elle et le plaisir que j'éprouverai à la voir à Londres.

J'ai l'honneur, etc.

Signé GRANVILLE.

(Extrait.)

No 108.

LE COMTE APPONYI AU COMTE DE BEUST.

Londres, le 30 décembre 1870.

Lord Granville m'a envoyé hier soir le projet ci-joint du protocole ad hoc qui devrait être signé à la première séance. Cette rédaction a été approuvée par le comte de Bernstorff et le baron de Brunnow, et ce dernier a promis de la transmettre à son Gouvernement en l'appuyant.

Je prie Votre Excellence de m'informer par le télégraphe si je puis me borner à signer le protocole en question, ou si vous désirez que j'y ajoute quelque observation.

ANNEXE AU RAPPORT DU COMTE APPONYI, DU 30 DÉCEMBRE 1870.

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sont d'accord pour reconnaître comme un principe essentiel du droit des gens qu'aucune Puissance ne peut se délier ou se dégager des engagements d'un traité, ou en modifier les stipulations, sans en avoir préalablement communiqué et adressé la demande aux autres Parties, contractantes, et avoir obtenu leur assentiment.

No 109.

LE COMTE DE BERNSTORFF AU COMTE DE GRANVILLE,
Prussia-House, le 30 décembre 1870.

Mon cher comte. En réponse au télégramme que j'ai envoyé hier sur votre demande à Versailles, le comte de Bismarck me télégraphie que M. Washburne a déjà été prié, par une lettre qui lui a été adressée de Versailles, de faire savoir à M. Jules Favre qu'il recevra un saufconduit du commandant en chef de la 3° armée, lorsqu'il en fera la demande.

Bien à vous.

Signé: BERNSTORFF.

No 440. LE COMTE DE CHAUDORDY AUX AGENTS DIPLOMATIQUES DE LA FRANCE A L'ÉTRANGER

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(Télégramme chiffré. Circulaire.)

Bordeaux, le 31 décembre 1870.

Veuillez demander à...... d'envoyer à Londres des instructions pour que l'ouverture de la Conférence, fixée au 3, soit retardée jusqu'à

A

l'arrivée de M. Jules Favre, qui a seu! les pouvoirs nécessaires pour y représenter la France. L'observation présentée par M. de Bismarck comme excuse pour ne pas envoyer directement les sauf-conduits à M. Jules Favre qu'on tire sur les parlementaires prussiens est d'autant plus étrange et d'autant moins sérieuse qu'il en a été envoyé un du quartier général ennemi, pour annoncer officiellement au Gouvernement à Paris que l'armée française du Nord avait été détruite dans les combats du 23 et du 24 de ce mois, ce qui n'est heureusement pas vrai, mais ce qui prouve peu en faveur des procédés de nos adversaires. Il serait utile que M. Jules Favre fût averti directement par l'une des puissances neutres, car, depuis le 14, il n'avait reçu aucune de nos dépêches, comme il me l'écrit à la date du 28.

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LE COMTE DE CHAUDORDY A M. TISSOT, A LONDRES

(Télégramme chiffré).

Bordeaux, 31 décembre 1870.

Une dépêche que vous recevrez par le courrier anglais vous explique pour quelles raisons le Gouvernement français, abstraction faite de votre personne dont on apprécie tout le zèle et l'intelligence, ne peut vous autoriser à assister à la première réunion de la Conférence ni à celles qui pourront suivre. J'en ai déjà, depuis plusieurs jours, averti l'ambassadeur d'Angleterre. M. Jules Favre est le seul plénipotentiaire qui ait les pouvoirs nécessaires pour représenter la France. Nous demandons à Lord Granville de retarder la première séance jusqu'à son arrivée, et nous pensons qu'il serait naturel que le principal secrétaire d'Etat fit parvenir à Paris, à M. Jules Favre, l'invitation qu'il devra adresser à chacun des Plénipotentiaires, ou qu'il eût l'obligeance de le prévenir directement, soit par l'intermédiaire de la Légation des Etats-Unis, soit par le quartier général prussien, de l'invitation et du jour de l'ouverture. L'observation présentée par le comte de Bismarck, qu'on tire sur ses parlementaires, est d'autant plus étrange qu'on en a envoyé un pour annoncer officiellement au Gouvernement de Paris que l'armée française du Nord avait été détruite dans les combats du 23 et du 24 de ce mois, ce qui n'est heureusement pas vrai, mais ce qui prouve peu en faveur des procédés de nos adversaires. Comme à la date du 28, on n'avait rien reçu à Paris de la Délégation, depuis le 14 de ce mois, je crains bien que l'annonce des sauf-conduits, qui ne serait pas accompagnée d'une invitation régulière à la Conférence ou de quelques détails complémentaires, n'y

paraisse un subterfuge et ne soit pas exactement comprise. J'ai écrit très-souvent sur ce sujet à M. Jules Favre sans succès jusqu'ici.

Quant à ce que nous aurons à dire à la Conférence, je ne puis croire que Lord Granville ait une opinion aussi arrêtée que vous me le marquez, et j'espère que nous pouvons compter au contraire sur quelques-uns de ses collègues. Il serait bien difficile de faire accepter à l'Europe que les représentants des grandes Puissances se fussent réunis, sans qu'on parlât de ce qui est dans la pensée de tout le monde et qui est la préoccupation exclusive et menaçante qui domine tous les esprits. Si cela arrivait, ce serait l'abdication de l'Europe elle-même quant aux rapports internationaux.

No 112.

LE COMTE DE GRANVILLE AU BARON DE BRUNNOW.

Foreign-Office, le 31 décembre 1871.

Mon cher baron, M. Jules Favre a été informé par l'entremise de M. Washburne, qu'en s'adressant au quartier-général à Versailles, il recevra un sauf-conduit pour traverser les lignes allemandes sur sa route pour Londres.

Mais il est douteux qu'il puisse profiter à temps de cette information pour être à Londres le 3 janvier.

Il paraît aussi que des instructions complètes n'ont pas encore été envoyées à tous les autres Plénipotentiaires.

Je suis donc à mon regret obligé de retarder de quelques jours la réunion de la Conférence.

J'espère toutefois qu'en abrégeant l'intervalle proposé entre la première et la seconde séance de la Conférence, on pourra éviter tout retard de quelque importance.

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Signé: GRANVILLE.

LE COMTE DE BEUST AU COMTE CHOTEK, A SAINT

PÉTERSBOURG.

Vienne, le 2 janvier 1874..

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt le rapport que Votre Excellence m'a transmis à propos d'un entretien qu'elle a eu avec une personnalité

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