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Conférence, vous savez déjà par les raisons que je vous aidonnées que cela ne serait pas praticable; l'impossibilité pour celui qui a reçu les pleins pouvoirs du Gouvernement ne provenant pas de son fait, il n'y a pas lieu de prendre une décision nouvelle.

No 142. LE COMTE DE CHAUDORDY AUX AGENTS DIPLOMATIQUÉS DE LA FRANCE A L'ÉTRANGER.

(Dépêche télégraphique. Circulaire.)

Bordeaux, le 15 janvier 1874.

M. Jules Favre a reçu seulement, le 10 à neuf heures du soir, la lettre d'invitation à la Conférence que Lord Granville lui avait adressée le 29 décembre. Elle n'était pas accompagnée du sauf-conduit que Lord Granville annonçait avoir obtenu de M. de Bismarck. Celui-ci a soulevé très-à-propos pour ses projets une question de parlementaires, prétendant qu'on tirait sur ceux qu'il avait envoyés. Une enquête, faite par le Gouverneur de Paris, a tourné en notre faveur, comme cela arrive toujours en pareil cas, à la suite des réclamations du Gouvernement prussien. Il a été donné connaissance par le général Trochu des résultats de cette enquête à M. de Bismarck par l'entremise de la Légation des États-Unis. En attendant, les communications à l'aide de parlementaires n'en ont moins été interrompues entre Paris et Versailles.

M. Jules Favre, en répondant à Lord Granville et en lui expliquant ces faits, ajoute qu'il va voir s'il lui est possible, par M. Washburne, de se faire remettre le sauf-conduit annoncé. Ces retards ne peuvent donc nous être imputés et la réunion de la Conférence pour le 17 serait un mauvais procédé à notre égard. La lettre d'invitation adressée à M. Jules Favre a mis 13 jours à lui parvenir. Du jour où il aura le sauf-conduit, il faut lui accorder au moins autant de temps pour aller de Paris à Londres. Il y a donc nécessité d'ajourner l'ouverture de la Conférence jusqu'au 1er février. C'est ce que j'ai demandé avec toute justice à Londres. Quant à désigner provisoirement une autre personne, cela ne serait possible que si notre plénipotentiaire ne se rendait pas à son poste par suite d'une raison provenant de sa volonté ; et ce n'est pas le cas. Du reste, nous n'avons pas les moyens de donner autorisation et pleins pouvoirs à un autre plénipotentiaire, M. Jules Favre ayant été seul désigné. Vous présenterez ces observations et vous insisterez pour que la Conférence soit remise au 1er février.

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LE COMTE DE GRANVILLE A LORD LYONS, A BORDEAUX.

Foreign-Office, le 15 janvier 1873.

Mylord, M. Jules Favre, obéissant sans doute à d'honorables motifs semblerait ne pas être disposé à quitter Paris pour le présent, mais après l'appel qui m'a été adressé par la Porte et les autres Puissances contre tout nouveau retard pour la réunion de la conférence, je neme sens pas le droit de la différer.

Prévenez M. de Chaudordy et insistez vivement pour que des pouvoirs soient envoyés à M. Tissot pour assister à la Conférence.

Je suis, etc.

Signé: GRANVILLE.

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LE COMTE DE CHAUDORDY A M. TISSOT, A LONDRES.

Bordeaux, le 16 janvier 1874.

Monsieur, je n'ai qu'un instant pour vous adresser quelques mots, mais je crois utile de vous dire que si la Conférence s'ouvre demain 17, malgré les observations que je vous ai prié par le télégraphe de présenter à Lord Granville, notre pays en sera blessé; il trouvera avec raison, ce me semble, que c'est un manque d'amitié et de courage de la part du Gouvernement anglais de n'avoir pas su attendre notre Plénipotentiaire. Je vous ai écrit plusieurs fois à ce sujet et j'insiste de nouveau sur les raisons que je vous ai exposées ainsi que sur la nécessité de la reconnaissance par l'Angleterre du Gouvernement de la Défense nationale. Cet acte préviendrait des froissements nombreux. Car c'est de la France elle-même qu'il s'agit. Elle est dans son droit en désirant paraître à la réunion qui va avoir lieu à Londres, sur un pied d'égalité avec les autres Puissances et au même titre, c'est-àdire officiellement. Je vous prie de présenter ces réflexions au comte de Granville et aux membres du Cabinet anglais, afin que tout malentendu susceptible de résulter de cette situation soit évité entre nous et l'Angleterre avec laquelle nous désirons maintenir les liens d'une parfaite amitié et de très-bons rapports. Nous comprenons ce que ces retards causent de contrariété au Cabinet anglais, mais ils ne proviennent pas de notre fait, et nous lui serons reconnaissants de nous épargner les inconvénients qui pourraient résulter, à tous les points de vue, de l'ouverture trop hâtive de la Conférence.

Recevez, etc.,

Signé: CHAUDORDY,

N° 145.

LE COMTE DE BISMARCK A M. JULES FAVRE.

Versailles, le 16 janvier 4874.

Monsieur le Ministre, en répondant aux deux missives obligeantes du 13 courant, je demande à V. Ex. la permission de faire disparaître un malentendu.

V. Ex. suppose que, sur la demande du Gouvernement britannique un sauf conduit est prêt chez moi pour vous afin de prendre part à la Conférence de Londres. Cependant cette supposition n'est pas exacte. Je n'aurais pu entrer dans une négociation officielle qui aurait eu pour base la présomption que le Gouvernement de la Défense nationale fût, selon le droit des gens (Volkerrechtlich), en état d'agir au nom de la France, tant qu'il ne serait point reconnu au moins par la nation française elle-même.

Signé: BISMARCK.

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Mylord. D'après mes dernières dépêches, vous avez pu comprendre qu'il ne me serait plus possible de résister à l'opinion unanime contre un nouveau retard des Plénipotentiaires qui doivent prendre part à la Conférence, même si je n'étais pas tombé d'accord avec eux sur ce point.

J'apprends maintenant à Votre Excellence que la séance d'ouverture a eu lieu aujourd'hui, et, qu'en l'absence de M. Jules Favre j'ai informé M. Tissot de tout ce qui s'était passé dans la réunion.

Il a été convenu que toute discussion sur les articles du Traité de 1856 sera ajournée jusqu'à la prochaine réunion de la Conférence, qui a été fixée au 24 courant, dans l'espoir que M. Favre pourra être présent et prendre part aux délibérations, ou sinon, qu'il aura nommé quelque autre Plénipotentiaire à sa place.

J'ai reçu une lettre datée du 10 courant de M. Jules Favre qui paraitil n'était pas encore à ce moment disposé à quitter Paris.

Signé: GRANVILLE.

(Extrait.)

No 147.

LE COMTE APPONYI ET LE COMTE SZÉCSEN
AU COMTE DE BEUST.

Londres, le 19 janvier 1871.

Nous avons eu ce matin un nouvel entretien avec Lord Granville sur la teneur de nos instructions relativement aux nouvelles garanties qui devraient remplacer celles sacrifiées par l'abandon de la neutralisation de la mer Noire.

Sa Seigneurie nous parut, à première vue, d'accord avec nous quant à l'ouverture facultative des détroits; mais il a quelques doutes par rapport à la stipulation à imposer à la Porte d'admettre dans l'Euxin un certain nombre de navires de guerre des Puissances étrangères. A l'objection, déjà mentionnée, des frais que cette stipulation entraînerait pour les Puissances non riveraines et des difficultés qui surgiraient inévitablement du contrôle incessant qu'il faudrait exercer sur les forces navales de la Russie, vient se joindre, dans l'esprit du Ministre, la crainte d'un changement possible dans le système des alliances européennes, qui pourrait, éventuellement, rendre cette stipulation dangereuse pour la Porte, au lieu de lui être favorable et de la protéger.

La Porte, d'ailleurs, ne semble guère disposée pour cette idée, et d'après ce que nous savons, elle ne prendra pas l'initiative à cet égard. Comme nos instructions nous prescrivent seulement de recommander ces bases à l'acceptation de la Conférence et qu'en même temps elles nous enjoignent « de nous maintenir daus une entente étroite avec les Plénipotentiaires d'Angleterre et de Turquie, » qui tous deux semblent objecter à notre projet, il s'agirait de savoir si nous devons proposer les bases précitées, au risque de rester isolés, et de n'avoir pas même l'appui de la Porte, dont cependant nous désirons en première ligne sauvegarder les intérêts.

La prochaine séance dans laquelle les questions de fond seront abordées, devant avoir lieu mardi prochain, nous serions reconnaissants à Votre Excellence de vouloir bien nous munir, par le télégraphe, des directions nécessaires.

No 448. LE COMTE DE BEUST AU COMTE APPONYI, A LONDRES.
Bude, le 19 janvier 1874.

La Commission Européenne du Danube fait l'objet d'un article de vos instructions, sur lequel je me suis réservé de revenir d'une ma

ARCH. DIPL. 1873.

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nière plus ample et plus précise pour le cas que la question, soit du maintien de cette institution, soit de sa dissolution prochaine fût portée devant la Conférence. C'est dire, et je n'ai qu'à le répéter, que l'initiative d'une proposition en faveur d'une nouvelle prolongation de la Commission Européenne, tout désirable et même nécessaire qu'elle nous paraisse, ne devra pas être prise par nous-mêmes.

Nous désirons que ce soit l'Angleterre qui s'en charge, ou bien la Turquie. En effet c'est l'Angleterre qui, d'accord avec la France et dès les préliminaires de la paix de 1856 a constamment plaidé pour la nécessité d'un syndicat européen aux embouchures du Danube. Elle ya engagé depuis son crédit, de même que son ambition d'auteur et y a trouvé sa juste satisfaction.

D'un autre côté la Turquie, qui naguère encore s'y montrait fort con traire, a tout récemment changé d'avis, et d'après les rapports du Baron de Prokesch, « le Grand-Vizir entre parfaitement dans l'idée de prolonger la Commission Européenne, même de la perpétuer. Il y reconnaît une garantie sérieuse, devenue désormais nécessaire, bien préférable au rappel de la Commission riveraine, etc., etc. >>

Nous demandons à la Porte par le fil électrique qu'elle autorise son Plénipotentiaire à prendre le cas échéant l'initiative voulue et Vous pourriez bien vous entendre en attendant sur ce point avec MusurusPacha ainsi qu'avec Lord Granville, si contre toute attente la question devenait pressante. Vous leur donnerez alors l'assurance de votre appui déterminé et nous espérons que les votes des Plénipotentiaires d'ltalie et de Prusse leur seront également acquis.

Il ne faut pas oublier, toutefois, que les pouvoirs de la Commission Européenne ne devraient pas être étendus en amont d'Isaktcha ni la durée prolongée au delà du terme de 1883, époque à laquelle les engagements financiers tenant à la garantie de l'emprunt seront remplis et les travaux du canal de Saint Georges pourront être achevés.

Pour expliquer notre refus de nous charger nous-mêmes de l'initiative, j'ai à peine besoin de vous rappeler qu'en nous y prêtant, nous aurions l'air d'abdiquer en quelque sorte notre prérogative de principale Puissance riveraine. En donnant notre assentiment à une nouvelle prolongation proposée d'autre part, c'est plutôt une concession que nous faisons, qu'une concession que nous demandons à d'autres.

En ce qui regarde les questions de la navigation du Danube, il n'est pas impossible que dès le début, on s'appliquera d'un côté ou d'un autre à les écarter toutes, comme ne tenant pas d'une manière nécessaire et logique à celle de la neutralité de la mer Noire.

Or, s'il ne s'agit que de prouver cette connexité logique, le lien qui se présente tout naturellement et même avec nécessité, c'est précisé

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