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N° 204

LE COMTE DE B'RRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Berlin, le 7 juin 1866.

La prétendue proposition dont le duc de Gramont devait être porteur n'existe pas.

Les troupes prussiennes entrent aujourd'hui dans le Holstein.

Le général Manteuffel, qui en donnera avis au général autrichien, a pleins pouvoirs pour agir suivant les circonstances, et pour s'opposer, même par la force, à la convocation des États sans une entente préalable entre les deux puissances.

Les Autrichiens se concentrent à Altona, avec l'intention d'y établir le siége du gouvernement.

Le ministre d'Autriche a donné à entendre au comte de Bismarck qu'à la moindre collision en Holstein l'Autriche y répondrait par

l'entrée en Silésie.

Le Roi partira lundi pour Gorlitz en Silésie. Bismarck l'accompagne.

Le colonel Avet sera reçu demain par le Roi, qui a exprimé le désir de me voir en même temps.

No 205

Signé BARRAL.

LE COMTE DE BARRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Berlin, le 8 juin 1866.

Les princes sont repartis ce matin pour leurs destinations. Le départ du Roi, fixé d'abord à lundi, est retardé de quelques jours.

Sa Majesté m'a dit que le moment d'entrer en campagne n'était plus qu'une question de jours; qu'il avait pleine confiance dans la justice de sa cause et la bravoure de son armée; mais que la victoire était dans les mains de Dieu.

Heureusement, a-t-il ajouté d'un air ému et en portant la main sur son cœur, j'ai la conscience nette. Longtemps l'on m'a accusé de vouloir la guerre dans des vues ambitieuses; mais maintenant, après le refus de l'Autriche d'aller au Congrès, son indigne violation du traité de Gastein et les violences de sa presse, le monde entier sait quel est l'agresseur.

En me disant cela, le Roi m'a paru décidé à ne pas différer longtemps le commencement de la lutte. Toutefois il y avait dans sa voix quelque chose de triste, indiquant clairement la décision d'un homme résigné, qui ne croit pas pouvoir faire autrement.

Au moment où finissait l'audience, comme j'exprimais à Sa Majesté de La voir bientôt revenir victorieuse : La vie comme la victoire, me répondit-Elle en élevant les yeux, sont entre les mains de Celui qui est là-haut.

Les Prussiens sont entrés hier en Holstein.

Les Autrichiens s'étaient déjà retirés à Altona.

La question est maintenant de savoir si, contrairement à la protestation, on maintiendra la convocation des États pour lundi.

La Prusse ne peut accepter un pareil affront, et, en s'y opposant par la force, déterminera probablement une collision qui deviendrait le signal de la grande lutte sur la frontière de Saxe et de Silésie.

Signé BARRAL.

No 206

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Paris, le 8 juin 1836.

L'Empereur ne m'a rien fait dire en réponse à mes communications sur le mouvement de nos troupes.

Il en parlé au prince Napoléon sans s'en montrer mécontent ou même étonné.

Le duc de Gramont a télégraphié qu'il n'a pas encore vu l'empereur François-Joseph, mais que le terrain lui paraît favorable.

Signé: NIGRA.

N 207

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Paris le 8 juin 1866.

L'Empereur connaissant depuis quelques jours le projet de mouvement, ne m'ayant rien fait dire en contraire, vous êtes parfaitement en règle.

Décidez Bismarck à tirer l'épée, et, une fois la guerre éclatée, allez-y vivement comme si nous ignorions entièrement la démarche que l'Empereur fait à Vienne, pour nous assurer la Vénétie, en cas de victoire de l'Autriche sur la Prusse.

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Bismarck s'est montré extrêmement irrité contre le baron Manteuffel qui, au lieu d'agir énergiquement contre les Autrichiens en entrant dans le Holstein, s'est laissé enguirlander par le général Gablentz, et a laissé échapper cette occasion de conflit.

Comprenez-vous cela, m'a-t-il dit?...

Enfin, a-t-il ajouté, il y a encore la convocation des États qui peut probablement amener conflit.

Il faut encore attendre.

Signé DARRAL

N 209

LE COMTE DE BARRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Berlin, le 10 juin 1866.

Dans une proclamation adressée hier à ses troupes à Olmütz, l'empereur d'Autriche dit qu'il attendra de pied ferme la première attaque.

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Voyage et proclamation de l'empereur d'Autriche à Olmütz sont démentis.

Troupes autrichiennes ayant évacué Itzheoe; l'on doute fort que la convocation des États qui devait avoir lieu demain puisse faire surgir

casus belli.

Situation devient de plus en plus embrouillée.
Dans tous les cas, nouveau temps d'arrêt.

Signé BARRAL.

No 211

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Paris, le 11 juin 1866.

Le prince Napoléon a reçu le télégramme du Roi. Il a vu l'Empereur, qui lui a dit qu'il n'y a rien de nouveau de Berlin et de Vienne, et que l'Italie avait tout à gagner à attendre.

Le prince Napoléon télégraphiera à Sa Majesté.

Signé: NIGRA.

N 212

LE GÉNÉRAL DE LA MARMORA AU CHEVALIER NIGRA, A PARIS

Florence, le 11 juin 1866.

Barral me mande que Bismarck est furieux contre Manteuffel, qui n'a pas su, en occupant le Holstein, provoquer un conflit..

Je ne vois pas trop comment Manteuffel pouvait tirer sur les Autrichiens qui se retiraient sans résistance. Quoi qu'il en soit, Barral signale un nouveau temps d'arrêt, disant que tout est plus embrouillé que jamais.

Le Roi ici me demande à chaque instant ce qu'en pense l'Empereur, et je crois qu'il a ce matin télégraphié au prince Napoléon.

D'un autre côté, je reçois de l'armée les plus vives instances pour que j'aille à mon poste.

Signé: LA MARMORA.

N° 213

LE COMTE DE LAUNAY AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Saint-Pétersbourg, le 11 juin 1866.

Les consuls demandent si le gouvernement du Roi, comme l'Autriche et la Prusse, fera déclaration que bâtiments ennemis seront respectés. Bruits de rapprochement entre Russie et Autriche, se rapportent à ce que Gortschakoff voulait faciliter à l'Autriche l'acceptation de la Conférence; mais ici l'on s'étonne du retard de la guerre inévitable.

Signé: LAUNAY.

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