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Le cabinet de Berlin désirerait être certain de la neutralité bénévole de la France; il ne voudrait pas que, lorsque la guerre aurait été déclarée et engagée, la France apparût comme le Neptune de Virgile pour dicter la paix ou des conditions, ou pour convoquer un congrès à Paris

La difficulté consiste donc à obtenir de la France une promesse de neutralité absolue. L'empereur Napoléon pourra ou voudra t-il donner cette promesse? La voudra-t-il donner par écrit comme le désire la Prusse?

Signé: NIGRA.

M° 11

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Paris, le 13 août 1865

Quant à l'Italie, le ministre de l'Empereur a ajouté: qu'il trouvait la réponse du général La Marmora au comte d'Usedom opportune et convenable et qu'il l'adoptait aux trois quarts, pour son compte.

Je crois, a-t-il dit, que le cabinet de Florence ferait bien de persister dans la réponse même. Sa position est excellente. Qu'il sache attendre. J'interrompis mon interlocuteur pour lui dire :

Et si le gouvernement italien ne pouvait pas, ou si, dans son intérêt, il croyait ne pas pouvoir agir avec toute cette réserve; si, en d'autres termes, il croyait devoir entrer dans une phase d'action, je pense bien que la France ne s'y opposerait pas?

Certainement non, répondit M. Drouyn de Lhuys. Le cabinet de Florence est juge de ses intérêts et a pleine liberté d'action. Mais dans ce cas, l'Italie ferait la guerre à ses risques et périls.

Mais j'ajoutai: Si par hasard les événements de la guerre conduisaient l'Autriche au Tessin et aux Alpes?

Alors, répondit M. Drouyn de Lhuys, se présenteraient bien des cas dans lesquels la France se réserve de pourvoir à ses intérêts, parce que c'est un intérêt grave pour la France que l'Autriche ne reprenne pas en Italie le terrain perdu..... C'est pourquoi je vous recommande la prudence..... Ne vous pressez pas de compromettre votre action. L'Autriche elle-même pourra tenter un arrangement avec vous. Le prince de Metternich m'a déjà fait quelques ouvertures pour un traité purement de commerce entre l'Autriche et l'Italie. (C'est toujours M. Drouyn de

Lhuys qui parle.) Ce traité ne devrait avoir, à ce que dit l'Autriche, d'autre but que de faciliter et de régler mieux les rapports entre la Vénétie et la frontière italienne, mais peut-être que les choses n'en resteront pas là.

Signé: NIGRA,

No 12

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Paris, le 29 août 1865.

La convention de Gastein (1) a causé ici la plus mauvaise impression. M. Drouyn de Lhuys m'a dit que les deux grandes puissances allemandes avaient foulé aux pieds tout principe: le principe des nationalités, le principe de la souveraineté populaire, le principe des intérêts des populations. Que la seule règle de conduite suivie dans ces négociations déplorables avait été la force et l'intérêt de chacune des puissances contractantes.

Le fait est que cet arrangement n'est une victoire ni pour la Prusse ni pour l'Autriche : ce n'en n'est pas une pour la Prusse, parce que ce sera pour elle une grande source d'impopularité en Allemagne et en Europe; pas plus pour l'Autriche, parce que..... elle a établi un précédent de vente qui, si Dieu le veut, lui sera fatal un jour.

Du reste, l'Autriche a pu se convaincre de quel poids était pour elle l'hostilité de l'Italie, puisque c'est cette hostilité qui l'a forcée à passer sous les fourches caudines de Bismarck.

Signé: NIGRA.

No 13

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Paris, le 16 septembre 1865.

Je ne crois en aucune façon que la Prusse ait promis des garanties

(1) Voir Archives 1865, tome iv, p. 6.

pour les provinces non allemandes de l'Autriche; il parait, au contraire, probable que Bismarck a promis de ne pas continuer le mouvement diplomatique qu'il a commencé en Allemagne, et ayant trait à la conclusion d'un traité de commerce avec l'Italie et pour la reconnaissance du nouveau royaume.

Signé : NIGRA.

No 14

LE GÉNÉRAL DE LA MARMORA AU COMTE M.

Florence, le 9 octobre 1865.

Cher Comte, vous m'avez fait espérer que S. M. I. R. l'Empereur d'Autriche, dans le noble but d'arriver à une conciliation avec l'Italie, pourrait être amené à faire le généreux sacrifice de ses possessions en Italie, je vous charge donc d'ouvrir avec le cabinet de Vienne des négociations qui, de toute manière, ne pourront se prolonger au delà du 1er novembre prochain.

Vous connaissez suffisamment les sentiments conciliateurs qui animent S. M. le Roi et son gouvernement, et vous ne manquerez pas de les faire valoir pour établir les bases qui seules peuvent amener un parfait accord entre les deux États et effacer pour toujours toute

rivalité.

Agréez, monsieur le Comte, les sentiments de toute mon estime et de toute ma considération.

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La Vénétie a à sa charge comme quote-part de la totalité de la dette autrichienne environ 250 millions de florins (faisant à peu près 620 millions de lires) qui représentent la douzième partie de la dette autrichienne, en admettant que la Vénétie est la douzième partie du territoire de l'Empire.

De plus, la Vénétie a une dette de 40 millions de florins (100 millions de lires) afférente uniquement à cette province.

En réunissant ces charges qui retomberont nécessairement sur le gouvernement italien, à combien pourrait être portée l'indemnité payable à l'Autriche ?.....

Afin d'éviter des détails inutiles, on devra comprendre dans la cession la remise de toutes les valeurs mobilières, tant militaires qu'administratives, ou veut-on faire autrement?.....

Le chargé d'affaires italien est-il autorisé à présenter un traité commercial et de navigation sur la plus grande échelle possible? Et, suivant l'occurrence, une révision réciproque des tarifs afin de faciliter les échanges entre les deux pays?

Si, pour faire aboutir les négociations partielles ou générales, des sommes d'argent pouvaient être utiles ou nécessaires, faudrait-il employer ce moyen?

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La remise du royaume lombardo-vénitien doit-elle se faire suivant les frontières politico-administratives actuelles, ou bien le gouvernement italien peut-il avoir un intérêt à quelque rectification ou raccord des nouvelles frontières ?.....

Le Tyrol italien se trouvant compris dans la Confédération germanique, et la cession de ce territoire ne pouvant être un objet de la convention actuellement proposée, et comme d'un autre côté son annexion ne peut être assurée au royaume italien dans un avenir plus ou moins prochain, cette cession ne devrait-elle pas être l'objet d'un protocole secret qui en prévoie et en règle l'éventualité, en fixant dès maintenant les compensations au moyen desquelles on peut prévoir la coopération pour une intention donnée de la politique impériale?

Quelles sont les règles établies par le gouvernement italien concernant la restitution de la couronne d'Italie et des ordres de chevalerie? Le négociateur italien doit-il éviter toute discussion sur la question romaine, ou pour faire taire le parti catholique si puissant à Vienne, peut-il laisser espérer un adoucissement dans la politique italienne à l'égard de Rome, ne fût-il que de pure forme et comme une intervention officieuse de la cour impériale?

Il conviendra d'autoriser le négociateur italien à seconder les désirs de l'Empereur s'il veut faire régner dans l'opinion publique européenne cette idée que c'est à l'initiative spontanée de l'empereur FrançoisJoseph qui, en inaugurant maintenant à l'intérieur de l'Empire la politique des nationalités, a voulu lui donner une conservation généreuse par un sacrifice magnanime envers la nationalité italienne.

QUESTION INTERNATIONALE

La sollicitude de l'empereur Napoléon pour un rapprochement entre l'Autriche et l'Italie pourra-t-elle jamais se changer en une difficulté à redouter pour le cabinet de Florence?

Selon toutes les probabilités, le rapprochement entre l'Autriche et l'Italie poussera la Prusse à un parti désespéré dans sa politique agressive à l'égard de la Confédération germanique et spécialement à l'égard de l'Autriche; de même parmi les éventualités à prévoir se trouve celle-ci (quoique invraisemblable) que la France, pour obtenir les provinces rhénanes, ne prenne le parti d'offrir à la Prusse l'appu de ses armes.

L'Autriche, délivrée des craintes que l'attitude de l'Italie lui inspire, pouvant par là recueillir toutes ses forces matérielles, en y réunissant les forces morales qu'elle obtiendra de son rapprochement avec l'Italie, pourrait être portée à se venger sur la Prusse : ce qui lui fournirait le moyen d'établir sa suprématie militaire sur l'Allemagne, et par là sur la tête de son Empereur la couronne impériale allemande. Il est hors de doute que l'on penche de toutes parts, à Vienne, du côté de cette politique, parce que la politique traditionnelle, dynastique et populaire... Il est possible qu'à Vienne on penche vers une politique plus timide et que l'on songe à étendre les domaines de la couronne de Saint-Etienne, en les portant jusqu'à l'extrême limite sur la rive gauche du Danube. Si quelqu'une de ces suppositions vient à se réaliser, l'Italie pourra-t-elle prendre une part coopérative en échange de la cession qu'elle obtiendrait, et plus encore en vue de la prépondérance sur l'Europe centrale qu'elle pourrait partager avec l'Autriche ? Et si cette coopération était posée comme condition première de la conciliation ?...

No 15

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Paris. le 3 novembre 1865,

Le comte de Bismarck m'a parlé du traité de commerce entre l'Italie et le Zollverein, en m'engageant vivement à vous écrire pour vous conseiller, en mettant à part toute autre considération, d'accorder au

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