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Zollverein le traitement de la nation la plus favorisée. Ce fait, m'a-t-il dit, aurait pour résultat de rendre les populations allemandes plus favorables à l'Italie, et d'accélérer la reconnaissance du royaume italien de la part de la Saxe et des autres Etats allemands, et encore de fortifier la Prusse en Allemagne. Croyez-moi, a-t-il ajouté, en accordant à l'Allemagne du Zollverein le traitement de la nation la plus favorisée, avec réciprocité, vous ferez une œuvre hautement politique, etqui, à l'avenir vous sera éminemment avantageuse.

N° 16

LE GÉNÉRAL DE LA MARMORA AU CHEVALIER NIGRA, A PARIS

Florence, le 11 janvier 1966.

Plus d'une fois j'ai éprouvé le désir de vous écrire pendant la dernière crise, mais je n'en ai pas eu le temps. Je ne me sens pas guère disposé à vous en parler maintenant que la crise est passée, parce que pour vous faire connaître tout ce qui est arrivé, il ne suffirait pas d'un volume de l'épaisseur du Livre vert. Pour peu que vous lisiez nos journaux, vous pourrez vous faire une idée plus complète que d'après ce que je pourrais vous écrire, quand même je serais en état de rapporter les différentes phases qui variaient chaque jour, et même plusieurs fois par jour. Seulement, je puis vous dire que j'ai trouvé moins de courage et de dévouement que j'étais en droit d'en attendre, et que les nombreux refus reçus des hommes politiques sur lesquels je comptais le plus m'ont fait souvent me demander s'il n'aurait pas mieux valu renoncer à l'entreprise. Mais pouvais-je désigner à la couronne quelqu'un qui eût voulu ou pu se charger de la tâche ingrate de former un ministère avec la déplorable confusion des partis qui règne dans la Chambre !

Vers la fin de 1859, malgré la vive opposition de quelques-uns de mes collègues, et entre autres de... j'ai insisté auprès de Sa Majesté, pour qu'elle acceptât nos démissions. Si alors j'aimais peu le pouvoir, aujourd'hui je l'ai en horreur. Mais alors tous voulaient un homme, et cet homme était Cavour, qui cherchait à arriver au pouvoir, parce qu'il se sentait capable de faire ce qu'il a fait depuis. Mais à présent, je ne connais qu'un seul homme ambitionnant mon poste, et quoique ne manquant pas de capacité gouvernementale et d'une certaine fermeté... vous ne pouvez vous faire une idée de ce qu'il fait, promettant des

choses possibles et impossibles et les plus disparates aux partis les plus opposés afin d'arriver...

Mais laissons ces vilaines choses, qui me répugnent au point de me faire tomber la plume de la main. Le fait est que j'ai cru devoir rester à mon poste, autant pour ce qui concerne la politique intérieure que pour ce qui est de la politique étrangère...

Je passe maintenant à l'affaire importante qui m'a amené à vous expédier ce courrier, car j'espère que vous ne vous êtes point imaginé que je vous aurais expédié un courrier pour ce que je vous ai rapporté plus haut, j'aurais aussi bien pu vous le mander par la poste, ou même ne pas vous le communiquer du tout.

Le baron Malaret est venu hier me lire une dépêche que le duc de Gramont a envoyée au ministre des affaires étrangères de France, et dont celui-ci expédie une copie à Florence pour m'être communiquée. Suivant l'usage diplomatique, que je me borne à qualifier d'étrange, le baron Malaret m'a lules dépêches et s'en est allé sans m'en laisser la copie. Comme de plus cette lecture m'a été faite dans une pièce contigue à celle où se tient le conseil, et pendant que j'avais la tête remplie de nos discussions, je ne puis affirmer avoir compris tous les points, et tout au moins avoir deviné la vraie pensée du gouvernement français. Mais, hier soir, j'ai rencontré le baron Malaret dans une soirée, et lui ai exprimé le désir de revoir ces documents, c'est-àdire la lettre du duc de Gramont et la dépêche de M. Drouyn de Lhuys au baron Malaret. Je lui ai adressé cette demande en lui faisant comprendre que, s'il m'en avait laissé une copie, il m'aurait fait plaisir ; mais, ou il n'a pas compris, ou, ce qui est plus probable, il a fait semblant de ne pas comprendre. Cependant il me promit d'une façon trèsaimable de venir recommencer la lecture des dépêches. S'il vient, et si j'ai des observations importantes ou nouvelles à vous faire, je vous les transmettrai à la fin de cette lettre. Pour le moment, j'ai hâte de vous communiquer l'impression que m'a produite cette communication.

La dépêche du duc de Gramont rapporte une conversation qu'il a eue avec le ministre autrichien Mensdorf; il résulterait de cette dépêche que le gouvernement autrichien reviendrait à la charge sur l'opportunité de reprendre les rapports commerciaux avec l'Italie. Les intentions et le langage du gouvernement autrichien m'ont paru très-conciliateurs; c'est pourquoi je n'ai pas le moindre doute qu'il ne soit disposé à reconnaître le royaume d'Italie, pourvu que nous lui accordions les avantages de la nation la plus favorisée, tels que nous les avons récemment accordés au Zollverein.

Pris à l'improviste pendant que je cherchais du temps à réfléchir à celte question, je répondis que nous étions disposés à maintenir ce que

nous avions publié dans deux circulaires insérées au Livre vert, cn ajoutant qu'il était bien entendu que le gouvernement autrichien traiterait avec nous comme gouvernement Royal d'Italie. En parlant ainsi, il me vint le soupçon qu'il s'agissait d'établir aussi des rapports diplomatiques, et j'ajoutai aussitôt que, conformément à ma circulaire du 25 novembre dernier, il n'était pas possible d'établir des rapports diplomatiques (avec l'Autriche) saus traiter la question de Venise, et que, par conséquent, on pouvait étudier les moyens de rétablir les rapports commerciaux entre l'Italie et l'Autriche, sans rétablir les rapports diplomatiques; je citai l'exemple de la Sardaigne qui avait vécu, sinon parfaitement d'accord, au moins avec une entente suffisante, surtout en ce qui concernait les intérêts commerciaux de 1853 à 1859.

Mais ce qui, plus que toute autre chose, m'a donné à réfléchir dans cette communication, c'est la manière, je dirais presque la désinvolture, avec laquelle le baron Malaret m'a parlé lui-même de l'impossibilité dans laquelle nous nous trouvions de rétablir des rapports diplomatiques avec l'Autriche.

Pourquoi le ministre de France s'avance-t-il le premier dans ce qui touche nos difficultés?

Je puis me tromper, et je voudrais que cela fût, mais il m'a semblé découvrir que, pendant que l'Autriche était maintenant disposée à la conciliation, peut-être même à traiter la question de Venise, la France, pour le moment, ne le désirerait pas.

Tel est le fait très-important que je vous soumets afin que vous l'éclaircissiez s'il est vrai, que vous en recherchiez les motifs et que vous en pesiez les conséquences.....

Je ne m'étonnerais pas que la France, peut-être pas l'Empereur, ne désirât pas que la question de Venise soit résolue avant celle de Rome, ou au moins avant que les Français aient quitté Rome.....

Signé LA MARMORA.

No 17

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Paris, le 19 janvier 1866.

De la dépêche de M. de Gramont, et de ces divers entretiens, il me semble qu'on peut conclure que l'Autriche se contenterait d'obtenir l'application pure et simple du traité de commerce de 1851, c'est-à

dire le traitement de la nation la plus favorisée, et serait disposée, de son côté, à accorder le même traitement à toutes les provinces réunies sous l'autorité du roi d'Italie. Quant à la forme de cet accord, il est probable que l'Autriche préférerait ne lui en donner aucune. et que son désir serait que, sans aucun acte public ou sans aucune déclaration publique, il fût tacitement entendu que le traité de 1851 serait des deux côtés appliqué aux territoires qui se trouvent de fait sous l'autorité respective des deux gouvernements. Mais si le gouvernement italien exige une reconnaissance formelle, je ne crois pas que, pour le moment, l'Autriche soit disposée à nous l'accorder...

L'Autriche désirerait que les négociations pour la reconnaissance du royaume d'Italie passassent par les mains de la France et avec l'aide des bons offices de cette puissance...

La tendance de la politique autrichienne et de l'opinion publique, à Vienne, se prononce dans le sens d'un rapprochement de l'Autriche avec la France, et par conséquent avec nous...

M. Drouyn de Lhuys a fini par conclure que son avis serait que l'Italie devrait accepter cet accord dans la mesure indiquée par lui (à savoir sans la reconnaissance du royaume d'Italie et sans établir des relations diplomatiques), ajoutant que les traités commerciaux faciliteraient les relations diplomatiques, qui, plus tard, pourraient, à leur tour, rendre plus facile un traité direct également sur la question de Venise elle-même...

Il m'a dit (le Prince de Metternich) que le cabinet autrichien n'admettait point, au moins pour le moment, une pareille éventualité; qu'au contraire, il pourrait donner à la Vénétie de telles concessions et une telle forme de gouvernement qu'elle pourrait s'en contenter; qu'il espérait que cette expérience réussirait. Mais il ajouta ensuite que, s'il survenait en Europe des événements de nature à rendre une modification territoriale nécessaire, on ne pourrait dès maintenant et à priori écarter la possibilité pour l'Autriche de renoncer à la Vénétie, pour d'autres compensations territoriales...

Non, mille fois non. L'Empereur (et quand je dis l'Empereur, je parle de son gouvernement) ne prendrait aucun ombrage à la suite d'un rapprochement entre Florence et Vienne, de quelque espèce qu'il soit, et même il nous aidera dans cette voie, si nous le désirons, à condition, toutefois, que nous ne lui demandions pas : 1o de faire la guerre ; 2o de s'exposer à un refus de la part de l'Autriche par des demandes qu'il considérerait intempestives; 3° de remettre sur le tapis la question de Rome avant qu'il ait pu achever l'évacuation...

Lord Cowley me disait encore hier: Ne doutez pas du désir de l'Empereur de voir l'Autriche renoncer à la Vénétie Sa Majesté a dit, à dif

férentes reprises au prince de Metternich, qu'il ne pourrait exister de paix et d'entente durables en Europe tant que l'Autriche ne renoncerait pas à la Vénétie...

Léventualité de la guerre est écartée de la France. L'Empereur ne nous empêchera pas de faire la guerre à l'Autriche si nous voulons la faire; mais il ne veut ni ne peut nous promettre de nous aider. Il ne reste que la possibilité d'une rupture entre l'Autriche et la Prusse, cas auquel l'Italie devra naturellement profiter de tout événement pour avoir la Vénétie.

Mais malheureusement, depuis Gastein, je ne vois pas qu'une pareille éventualité soit près de s'accomplir.

Quant à moi, je vous dirai franchement que, dans aucun cas, je ne crois pas que nous devions faire à l'Autriche des concessions plus grandes que celles que nous avons accordées aux autres membres de la Confédération germanique. Mais si l'Autriche veut suivre l'exemple du Wurtemberg, de la Hesse et du Hanovre, acceptez. Je vais plus loin: admettez et provoquez le rétablissement des rapports diplomatiques. Il me semble qu'il nous serait utile d'avoir un agent diplomatique à Vienne. Cela ne nous empêcherait pas de poursuivre notre politique nationale, comme la présence d'Apponyi ou de Paar ne nous en a pas empêchés avant 1853. Ce fait pris isolément pourrait causer des difficultés au ministère devant la Chambre, mais il serait de nature à faire partie de tout un système politique, d'un vrai programme de gouvernement qui peut se formuler en peu de mots : Désarmement, renonciation pendant un certain nombre d'années à toute entreprise de guerre, et, par conséquent, à la revendication de Venise par les armes. Politique exclusivement de finances et d'administration intérieure.

Signé NIGRA.

No 18

LE GÉNÉRAL LA MARMORA AU COMTE DE BARRAL, A BERLIN

Florence, le 9 mars 1866.

Monsieur le Ministre, M. le général Govone, qui vous remettra cette lettre, est chargé de remplir auprès du gouvernement prussien une mission d'une importance spéciale. Il possède l'entière confiance du

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