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autour du Roi, hier, mercredi, à trois heures et demie, j'ai été reçu par Sa Majesté.

Suivant ce qui avait été convenu avec M. de Bismarck, je me rendis chez le comte hier à huit heures et demie; il désirait avoir des nouvelles de l'audience. Le président du conseil me rapporta que le Roi lui avait dit que j'avais été très-réservé. Ensuite il me parla des deux combinaisons dont il avait déjà entretenu le comte de Barral pour conclure un traité avec l'Italie.

La première combinaison est celle dont le comte de Barral a pris l'initiative, en télégraphiant à Votre Excellence pour obtenir de vous des instructions, et qui consisterait à conclure un traité d'alliance offensive et défensive limité à deux mois, après lesquels le traité serait déchu. Le comte de Bismarck m'a dit qu'il désirait trois mois, mais que, si de notre côté on insistait, il accepterait deux mois.

Le projet de ce traité est le même que celui dont je vous ai donné approximativement les clauses dans ma lettre du 17.....

A ce projet, il s'agirait maintenant de joindre un article secret se rapportant à l'emploi qu'il y aurait à faire de l'escadre italienne, même avant que la guerre n'éclatât, pour surveiller, comme je l'ai dit, l'escadre autrichienne aux îles de Pola et l'empêcher de sortir pour se rendre dans les mers du Nord.

Votre Excellence ayant télégraphié hier au comte de Barral, qu'elle ne pouvait prendre aucune décision sur le traité limité éventuel sans en avoir le texte sous les yeux, je sais que le comte de Barral se proposait de demander cette pièce, ce matin, au comte de Bismarck.

Le second projet dont m'a parlé le comte de Bismarck, comme et devant être discuté dans le cas ou le traité éventuel ne serait pas accepté, consiste:

1o En un traité général d'amitié et d'alliance, lequel renfermerait la clause que, selon l'éventualité, il y aurait lieu d'examiner si un traité d'alliance offensive et défensive devait être conclu sans retard, entre l'Italie et la Prusse;

2o Ce second traité d'alliance offensive et défensive devrait être discuté et conclu dès à présent; les plénipotentiaires devraient être munis des pouvoirs réguliers, de façon que, l'éventualité se présentant, il ne restât plus qu'à procéder à la signature sur un ordre de Florence envoyé par le télégraphe.

Cette seconde combinaison consiste donc en deux traités distincts; mais j'ai déjà parlé de cette combinaison à Votre Excellence; maintenant le comte de Bismarck a rédigé les projets-esquisses des deux traités. Dans le premier de ces traités serait insérée, comme dans

comme dans la précédente combinaison, la clause relative à l'envoi d'un détachement de notre escadre dans la mer du Nord avant la déclaration

de guerre.

Le comte de Barral, qui a pris l'initiative de la première combinaison dn traité unique, c'est-à-dire éventuel et limité à deux mois, pourra mieux que moi dire à Votre Excellence comment cette seconde combinaison nous lie plus étroitement et d'une façon plus difficile à déterminer que la première proposée par lui.

La Prusse ayant décliné, depuis le premier jour de mon arrivée, de conclure avec nous un traité d'alliance offensive et défensive pour une action immédiate et la convention militaire qui en serait la conséquence, pour laquelle Votre Excellence m'a envoyé à Berlin, ma mission, jusqu'à ce que j'aie reçu de nouvelles instructions, se réduit à celle de rester en observation. Toutefois, je me fais un devoir de rapporter à Votre Excellence les circonstances et les particularités, comme celles qui précèdent, à cause de l'intérêt qu'elles peuvent avoir, laissant au comte de Barral le soin de traiter officiellement et avec l'autorité qui lui appartient, les mêmes questions avec vous, monsieur le général.

Signé : GOVONE.

No 31

LE COMTE DE BARRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Berlin, le 23 mars 1866.

Il est convenu que le gouvernement prussien formulera proposition de traité éventuel avec limite de trois mois.

Bismarck m'avait énormément exagéré l'importance des armements autrichiens. Le ministre d'Autriche assure qu'ils sont purement et simplement défensifs, et, en effet, il est certain aujourd'hui qu'ils n'on pas un autre caractère. Cela n'empêchera pas la Prusse de poursuivre ses armements et d'acheter des chevaux.

Signé BARRAL.

ARCH. DIPL. 1873.

-

IV.

79

No 32

LE COMTE DE BARRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Berlin, le 23 mars 18€6.

L'empereur d'Autriche a adressé lui-même à la Prusse un télégramme, assurant que les mouvements des troupes autrichiennes n'ont aucun but d'agression.

No 33

Signé: BARRAL.

LE COMTE DE BARRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Berlin, le 25 mars 1866.

Bismarck est au lit depuis avant-hier au soir. Impossible de le voir. Je lui ai écrit pour être reçu aussitôt qu'il pourra.

Signé BARRAL.

N° 34

LE COMTE DE BARRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Berlin, le 25 mars 1866.

Bismarck vient de me faire dire, qu'aussitôt remis de son indisposition il fera appeler Govone pour s'entendre avec lui sur un projet de traité éventuel limité à trois mois, qui serait ensuite soumis au gouvernement du Roi.

Signé BARRAL

No 35

LE GÉNÉRAL GOVONE AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Berlin, le 26 mars 1866.

Le général de Moltke m'a dit que les armements de l'Autriche avaient été fort exagérés, et que tout se réduisait à quelques troupes envoyées en Bohême. Les paroles du général de Moltke faisaient croire que la Prusse n'avait pas l'intention de procéder à aucune mesure de mobilisation dans les jours prochains, comme me l'avait fait supposer le comte de Bismarck. Il était d'avis qu'il fallait attendre jusqu'au jour où on serait décidé à la guerre et alors armer d'un coup et entièrement. J'ai vu le ministre d'Angleterre, qui a amené la conversation sur les complications actuelles, et a insisté sur la prudence que l'Italie devrait déployer pour ne s'engager dans aucune aventure dangereuse...

M. de Thile est venu me trouver pour savoir avant tout si j'étais muni de pleins pouvoirs pour signer un traité, ajoutant que le comte de Bismarck désirait que j'en fusse muni.

Je répondis que j'avais été envoyé à Berlin parce que nous croyions que la Prusse était près de faire la guerre, mais qu'ayant trouvé la situation toute autre j'avais dû déclarer que je n'avais pas d'instructions

Il paraît que le président du conseil désire vivement l'expédition de pleins pouvoirs réguliers, peut-être même avant de commencer à traiter sérieusement. Il paraît encore que le comte de Bismarck n'est pas disposé à nous donner le texte rédigé par lui, par écrit, afin d'être transmis à Votre Excellence.

Je raconte toutes ces petites particularités pour que Votre Excellence voie que les circonstances se modifient à tout moment, et que le comte de Barral ne peut indiquer exactement à Votre Excellence comment nous procéderons à l'avenir dans l'affaire qui nous occupe, sans courir le risque des vous mander de nouvelles modifications.

Signé GOVONE.

No 36

LE COMTE DE BARRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Télégramme.

Berlin, le 27 mars 1866,

Je vais télégraphier, le plus promptement possible, le texte complet, en six articles, du projet d'alliance offensive et défensive, que j'ai discuté ce matin avec Bismarck.

Je supprimerai le préambule exprimé sur le but d'obtenir paix générale par satisfaction aux aspirations nationales.

Je commencerai immédiatement par l'article premier.

M. Bismarck désire que je sois muni le plus promptement possible des pleins pouvoirs nécessaires. La proposition de convocation du Parlement national a déjà été adressée par la Prusse à la Bavière; une circulaire prussienne, en faisant part aux gouvernements allemands de l'état des rapports entre Vienne et Berlin, leur demande de déclarer pour qui ils se prononceront en cas de guerre.

Quoique l'ambassadeur de France dise qu'il n'a pas d'instructions....

Signé BARRAL.

N 37

LE COMTE DE BARRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Télégramme.

Berlin, le 27 mars 1866.

1° Il y aura amitié et alliance entre LL. MM. le roi de Prusse et le roi d'Italie.

2o Si les négociations que Sa Majesté prussienne vient d'ouvrir avec les autres gouvernements allemands en vue d'une réforme de la constitution fédérale conforme aux besoins de la nation allemande échouaient, et que Sa Majesté prussienne soit mise en mesure de prendre les armes pour faire prévaloir ses propositions, Sa Majesté italienne, après l'initiative prise par la Prusse des hostilités, aussitôt qu'elle en sera informée, en vertu du présent traité, déclarera la

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