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térêts; le comte de Goltz avait mission de demander à l'Empereur ce que la France désirerait en pareil cas.

L'ambassadeur prussien a exécuté ces instructions et demandé à l'Empereur qu'il formulât des propositions. Mais l'Empereur n'a fait aucune demande précise. Il a dit seulement qu'on pouvait examiner sur la carte la différence qui existe entre la frontière actuelle de la France et celle qu'elle avait en 1814.....

Il est évident pour moi que, si l'Empereur prononce une parole d'encouragement pour la Prusse, la guerre sera déclarée. En attendant, notre conduite me paraît suffisamment indiquée par la situation. Nous ne devons pas hésiter à pousser à la guerre et à nous préparer à la faire. Si l'Autriche, mieux avisée, se décide à céder la Vénétie avant que nous soyons engagés avec la Prusse, tant mieux... De toute manière, notre devoir est de faire le possible pour ne pas laisser échapper cette occasion en vain.

Je suis donc aise que Votre Excellence ait envoyé Govone. Le général de Moltke doit être en voyage pour Florence, si même il n'est déjà arrivé.

Signé NIGRA.

N° 45

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Télégramme.

Paris, le 23 mars 1866.

Mon opinion est qu'il faut se borner pour le moment au traité générique pur et simple, car la Prusse évidemment n'est pas prête à tirer

l'épée.

Signé: NIGRA.

N° 46

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Paris, le 23 mars 1866.

Je dis (à l'Empereur) que nous devions encore prévoir la possibilité que l'Autriche, quand elle verrait la guerre proche et inévitable, se déciderait à nous faire la proposition de céder la Vénétie; et que, par conséquent il serait utile pour nous de nous tenir libres de tout engagement jusqu'à la veille de la guerre. Mais l'Empereur répliqua sans hésitation : « Ne vous faites pas d'illusions. L'Autriche ne cédera pas la Vénétie sans y être forcée par la guerre. Je suis convaincu qu'il ne vous sera fait aucune proposition dans ce sens. J'ai fait autrefois comprendre à l'Autriche qu'il était de son intérêt de céder amicament la Vénétie. Le gouvernement autrichien a pris la chose en fort mauvaise part, et m'a répondu qu'on proposait à l'Autriche de faire en pleine paix et avant la guerre ce qu'on pourrait à peine lui demander après une guerre désastreuse pour elle. »

Je vois et je prévois de grandes difficultés. Je vois dans la Prusse non-seulement la pensée d'intimider l'Autriche par notre moyen, mais encore les hésitations, les préjugés, les faiblesses et les influences de cour. Je ne sais ce qui en résultera. Ce qu'il y a de certain, c'est que la situation est extrêmement tendue.

Signé: NIGRA.

N° 47

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Telegramme.

Paris. le 24 mars 1866.

L'Empereur a dit au prince Napoléon que si l'Italie prenait l'ini

tiative de la guerre, la France ne pourrait pas l'aider.

Signe: NIGRA.

No 48

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Télégramme.

Paris, le 27 mars 1866.

Le comte de Goltz me demande si l'on avait envoyé à Berlin instructions et pleins pouvoirs pour signer le traité générique. Je lui a dit que vous m'avez écrit que l'Italie n'avait pas de difficulté à signer ce traité.

Signé: NIGRA.

No 49

M. ARESE AU GÉNERAL DE LA MARMORA

J'ai été très-bien reçu par l'Empereur.

Paris, le 30 mars 1866.

Il m'a dit que le prince Napoléon (qui partait pour l'Italie) n'a ni instruction ni commission de sa part. Il trouve utile signature du traité avec Prusse, mais il déclare donner ce conseil comme ami et sans aucune responsabilité.

Il ne croit pas, pour le moment, à la probabilité d'un arrangement entre l'Italie et l'Autriche.

Il m'a autorisé à vous télégraphier tout cela.

Le roi de Prusse se prononce chaque jour plus pour la guerre, d'après des nouvelles reçues de Berlin par l'Empereur.

Signé : ARESE.

N° 50

M. ARESE AU GÉRÉBAL DE LA MARMORA

Paris. le 31 mars 1866.

Je vous confirme le télégramme d'hier.

L'Empereur ne veut prendre aucun engagement.

Cependant, dans un long entretien que j'ai eu aujourd'hui, il a tenu un langage plus belliqueux.

Signé : ARESE.

No 51

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Télégramme.

Paris, le 31 mars 1866.

Vous recevrez ce soir ma lettre du 29, qui résume la situation et qui rend compte du caractère des conseils que l'Empereur nous donne. L'Empereur a dit à Arese, aussi bien qu'au prince Napoléon et à moi, que ses conseils n'impliquaient aucun engagement de sa part. Aujourd'hui a eu lieu la réunion de la Conférence pour les Principautés. Aucune décision n'a été prise.

Signé : NIGRA.

No 52

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Paris, le 29 mars 1866.

La situation est donc celle-ci : Si l'Italie prend l'initiative, elle le fera

à ses risques et périls, et l'Empereur ne nous le conseille pas.

Quant à nous unir à la Prusse pour une action commune et simultanée, l'Empereur nous conseille de le faire; mais ce conseil n'implique pas un engagement positif.

Si l'Autriche nous attaque la première, la France ne pourra pas faire moins que de venir à notre secours.

L'Empereur a dit encore au prince Napoléon que la même chose aurait lieu dans le cas où la Prusse, manquant aux engagements, ferait la paix séparément, et que l'Autriche fondrait avec toutes ses forces sur nous, restés seuls.

Dans tous les cas, l'Empereur, sans cesser d'être bienveillant à notre égard, gardera de toute façon sa liberté d'action entière, et s'engagera ou ne s'engagera pas, suivant les événements.

Signé: NIGRA.

No 53

LE COMTE DE BARRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Berlin, le 1er avril 1866.

Traité d'alliance offensive et défensive sera signé aussitôt que pleins pouvoirs seront arrivés.

Le ministre d'Autriche a écrit hier une note officielle au comte de Bismarck pour donner l'assurance que l'Autriche n'avait aucune intention agressive, et qu'elle espérait recevoir la même assurance de la part de la Prusse.

Les Etats secondaires ont répondu à la mise en demeure posée par la Prusse de se prononcer entre elle et l'Autriche, en déclarant que c'est à la Diète germanique seule qu'il appartient de prendre une décision. M. de Bismarck est de plus en plus embarrassé pour trouver un casus belli.

L'ensemble de la situation, en ce moment, est contre la probabilité d'une guerre.

Nous ne devrions faire aucune dépense pour préparatifs de guerre, avant ordonnance positive de mobilisation de l'armée prussienne qui devient plus douteuse.

Signé: BARRAL.

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