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Berlin, le 7 avril 1866.

Télégramme. Bismarck présentera aujourd'hui pleins pouvoirs à la signature du Roi, et après-demain probablement nous pourrons signer le traité. Il est entendu que le général Govone ne partira pas avant l'ordre de Votre Excellence.

Signé BARRAL.

No 61

LE COMTE DE BARRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Télégramme.

Berlin, le 7 avril 1866.

M. de Bismarck m'a dit hier avec une extrême irritation que toute la diplomatie prussienne travaille contre ses projets belliqueux.

A Londres le ministre de Prusse s'est laissé complétement dominer par le parti de....

Le ministre est allé jusqu'à écrire dans l'une de ses dernières dépêches que, si l'Italie s'alliait à la Prusse, elle serait désavouée par l'empereur Napoléon.

A Paris le comte Goltz fait de tels efforts et insiste tellement pour la paix que.....

De Florence, M. d'Usedom écrit que tout récemment encore le gouvernement du Roi aurait fait des démarches secrètes auprès de l'Autriche qui les aurait repoussées pour obtenir la cession de la Vénétie.

Il a également écrit que, dans son récent voyage à Florence, le prince Napoléon se serait autorisé du nom de l'Empereur pour déconseiller une alliance avec la Prusse.

M. de Bismarck est très-irrité contre le comte d'Usedom, et il ne parle rien moins que de le remplacer.

Signé BARRAL.

N° 62

LE COMTE BENEDETTI A M. DROUYN DE LHUYS

Turin, le 3 evril 1866.

Hier, M. de Bismarck m'ayant fait prier d'aller le trouver, m'a communiqué un télégramme de M. d'Usedom, annonçant que le prince Napoléon, après avoir vu le roi Victor-Emmanuel à Turin, était arrivé à Florence, et que la plupart des ministres italiens, après avoir été reçus par Son Altesse Impériale, étaient soudainement partis pour aller eux-mêmes à Turin assister à un conseil sous la présidence du Roi; que de ces incidents on concluait que le Prince était chargé d'une mission dont l'objet serait la solution de la question vénitienne au moyen d'un accord direct avec l'Italie et l'Autriche. En me faisant part de ces informations, M. de Bismarck m'a fait remarquer qu'il ne s'y serait pas arrêté, si l'attitude du gouvernement italien et de ses agents ne lui inspirait une certaine défiance. Il m'a rappelé que le général Govone a été envoyé à Berlin sans qu'on en ait exprimé le désir à Florence; qu'il s'est annoncé comme étant autorisé à négocier et qu'il s'est borné à écouter les ouvertures qui lui ont été faites, déclarant, après coup, qu'il n'avait pas été muni des pouvoirs nécessaires pour signer un acte quelconque. M. de Bismarck a noté que le comte Barral, se substituant en quelque sorte à cet envoyé dans le cours des négociations, a accepté un projet de traité dont il a soumis depuis plusieurs jours le texte à son gouvernement, qui s'est borné, jusqu'à présent, à faire savoir qu'il en acceptait les clauses en principe. Ces circonstances lui donnant lieu de penser que le cabinet de Florence poursuit plus d'un dessein à la fois, M. de Bismarck m'a demandé ce qu'il devait penser des conjectures de M. d'Usedom.

Signé BENEDETTI.

No 63

LE COMTE DE BARRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Télégramme.

Berlin, le 8 avril 1866.

Nous venons de signer avec Bismarck traité d'alliance offensive et défensive.

Sur le désir du Roi on a supprimé le passage faisant mention à la fin de l'article deux.....

Le général et moi pensons que cette suppression était aussi dans nos intérêts.

Un protocole signé à part stipule que le traité restera secret.

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Le comte de Barral, en vous faisant parvenir le traité signé le 8 courant, dira sans doute à Votre Excellence les petits incidents auxquels ont donné lieu quelques propositions de modifications faites sur l'ordre du Roi par le comte de Bismarck.

En premier lieu, dans les premières lignes du traité, on voulait supprimer les mots: traité d'alliance offensive et défensive, et dire traité d'alliance et d'amitié.

:

Le comte de Barral a insisté pour qu'on conservât la rédaction première expédiée à Fiorence, et, après quelques difficultés, le président du conseil a donné son adhésion.

Le texte ainsi modifié, il a fallu retarder la signature jusqu'à huit heures et demie du soir afin d'avoir le temps de le recopier.

Le comte de Bismarck proposa encore la signature d'un protocole qui engagerait les deux parties à garder le secret.

Il ajouta Je n'y tiens pas, mais le protocole peut rassurer le cabinet de Florence, qui craint, à ce qu'on m'écrit, que nous allions nous présenter à l'Autriche avec notre traité pour obtenir des concessions et un arrangement. Comme je désire et espère que nos relations actuelles seront durables, il faut qu'il y ait loi et foi...

Lorsqu'après la signature nous primes congé, le président du conseil nous dit que, le jour suivant, la Prusse présenterait à la Diète la proposition de la réforme fédérale et du parlement allemand nommé par le suffrage universel; il attendait de cette proposition la plus grande confusion en Allemagne, et de là la guerre.....

Le comte de Barral objecta que tous les États allemands repousseraient la proposition; et que ferait alors la Prusse? Le président du

conseil répondit qu'il lui restait la voie de sortir de la Confédération ou de prendre les armes pour faire triompher la proposition. Mais, dans toutes ses réponses, on voit que le comte de Bismarck ou tient ses desseins ultérieurs cachés, ou qu'il n'en a pas de bien déterminés, mais qu'il compte un peu sur la fortune et sur les ressources qui se présenteront peu à peu et dont il saura tirer parti.

Comme le voit Votre Excellence, le comte de Bismarck met à exécution les projets qu'il m'a exposés dès le premier entretien que j'ai eu avec lui après mon arrivée, c'est-à-dire la réforme germanique, au moyen de laquelle il avait en vue de produire une confusion générale et la guerre.

De plus, les mouvements militaires autrichiens lui sont encore venus en aide pour irriter les divergences antérieures, de telle sorte que les complications s'amoncellent et augmentent tous les jours. Peut-être la Prusse avait-elle dès l'origine le dessein, au moyen de notre traité et avec la menace de la réforme germanique, d'intimider l'Autriche; et ce fut, comme je vous l'ai dit dans mes premières lettres, mon impression première corroborée par l'opinion du comte de Barral, qui connait si bien les affaires allemandes.

Alors survinrent les mouvements de troupes annoncés pompeusement par l'Autriche, lesquels avaient peut-être aussi pour but d'inti

mider la Prusse.

Mais ces tentatives d'intimidation sont devenues vaines; on a fait du chemin, et les deux parties s'engagent de plus en plus dans une voie. sur laquelle il leur sera bientôt impossible de reculer, et la guerre deviendra inévitable.

Ici quelques vieux diplomates m'ont dit qu'il n'y avait pas eu de craintes de guerre tant que la Prusse se disputait avec l'Autriche, mais seulement quand on a vu l'Italie intervenir, et que, du jour de mon arrivée à Berlin, les craintes étaient devenues sérieuses.

Signé GOVONE.

No 65

LE COMTE DE BARRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Télégramme.

Berlin, le 10 avril 1866.

L'ambassadeur d'Autriche a laissé copie hier au soir, au comte de Bismarck, d'une note officielle, dans laquelle, après avoir rappelé la récente déclaration échangée entre les deux souverains de n'avoir aucune pensée agressive, il est dit que l'Autriche s'attend à ce que le gouvernement prussien retire l'ordonnance d'armement insérée dans la Gazette offictelle de Berlin.

La note ajoute que l'Autriche n'ayant point armé n'a pas à désarmer. Le ministre d'Autriche est chargé de demander des assurances conformes à l'attente du cabinet autrichien.

M. de Bismarck est furieux de cette espèce de sommation, qu'il traite d'impertinente.

La situation s'est énormément aggravée par ce nouvel incident.

Signé BARRAL.

N° 66

LE COMTE DE BARRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Télégramme.

Berlin, le 11 avril 1866.

Au contenu de la dépêche autrichienne, mandée par mon télégramme d'hier, il faut ajouter l'importante phrase suivante :

Si la Prusse ne désarme pas, l'Autriche ne pourra pas rester longtemps indifférente.

Le Roi est exaspéré de cette espèce d'ultimatum, et les chances de guerre s'en sont subitement accrues dans des proportions considérables.

La proposition d'un Parlement national, qui du reste a été renvoyée à l'examen des différents gouvernements, n'a plus ni portée ni intérêts immédiats, en présence des graves événements qui se préparent.

Signé BARRAL.

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