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N 105

LE COMTE DE BARRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Télégramme.

Je suis arrivé ce matin.

Berlin, le 2 mai 1866.

Il n'y a pas autre chose à faire dans la situation qu'à attendre la réponse de l'Autriche à la dernière note prussienne, que je vous envoie par poste, et qui demande désarmement par le rétablissement du statu quo ante.

C'est cette réponse, qui n'arrivera que dans deux ou trois jours, qui pourra accentuer la situation.

Toutefois, l'on ne croit pas que, même en cas de refus de l'Autriche, le Roi se décide à ordonner mobilisation sur pied de guerre.

A mon avis, c'est sur nous-même et sur la France qu'il faut compter, bien plus que sur la Prusse.

N° 106

Signé BARRAL.

LE GÉNÉRAL DE LA MARMORA AU COMTE DE BARRAL, A BERLIN

Télégramme.

Florence, le 2 mars 1866.

Dites au comte de Bismarck que l'Italie n'a nullement l'intention d'attaquer l'Autriche.

Mais pour le cas d'une agression autrichienne contre l'Italie, l'alliance offensive et défensive oblige la Prusse à engager de son côté les hostilités et à les poursuivre.

Comme nos engagements envers la Prusse, et la politique que nous devons suivre en conséquence seraient la cause unique de l'attaque de l'Autriche contre nous, je ne vois pas comment le roi de Prusse pourrait se croire libre envers l'Italie, ni comment la Prusse pourrait se soustraire aux obligations réciproques de l'alliance offensive et défensive.

Ne laissez aucun doute que le gouvernement du Roi est ici parfaite

ment maître de la situation, et qu'il n'y a pas à craindre que ce soit nous, mais au contraire l'Autriche qui pourrait pousser les choses à bout.

Signé: LA MARmora.

N° 107

LE COMTE DE BARRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Télégramme.

Berlin, le 3 mai 1866.

Ministre de Prusse à Vienne télégraphie à l'instant, qu'il n'a pas encore de réponse officielle à la demande de désarmement général, mais qu'il a lui-même raison de croire que l'Autriche répondra négativement.

Conseil des ministres présidé par le Roi est en ce moment réuni chez Bismarck, pour se prononcer sur la question de mobilisation.

Signé BARRAL.

No 108

LE COMTE DE BARRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Berlin, le 4 mai 1866.

L'ordonnance de mobilisation de 150,000 hommes a été signée par le Roi et est déjà expédiée. Bismarck pense que la mobilisation complète est retardée par les allures mystérieuses de Napoléon, dont il a été impossible jusqu'ici de pénétrer les intentions, et qui pourrait fort bien, au milieu de la lutte, venir exiger la rive du Rhin et écouter en ce moment, sans les avoir encore définitivement repoussées, les propositions d'arrangement poursuivies activement par l'Autriche.

Il croit que les dépenses énormes, dans le cas de mise sur pied de guerre par l'Autriche, la forceront à attaquer la Prusse, qui est décidée à ne pas attaquer la première, à moins que l'Italie ne soit attaquée, ce qui déciderait seulement alors la Prusse à prendre l'offensive.

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Des corps de troupes prussiennes vont être massés sur la frontière de Saxe pour pouvoir immédiatement l'occuper, en cas d'agression autrichienne.

Bismarck m'a de nouveau parlé de tentatives secrètes signalées par les agents diplomatiques, pour les accommodements entre l'Italie et l'Autriche pour la cession de la Vénétie.

Enfin, il m'a dit qu'il y avait une proposition de congrès faite par l'Angleterre à la France et à l'Italie qui pourrait amener un temps d'arrêt.

N 109

Signé: BARRAL.

LE GÉNÉRAL GOVONE AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Télégramme.

Berlin, le 4 mai 1866.

Mesures militaires arrêtées hier, sont tenues secrètes.

Elles consistent mobilisation complète de 3, 4, 5, 6 corps et de la garde, en 20 jours. Ces troupes forment un total de 168,900 hommes et vont être concentrées sur frontière autrichienne.

On mobilisera aussi 27,000 de la landwehr en Silésie pour les garnisons de Cosel, Neisse et Glatz.

Pour les quatre corps d'armée qui restent, on achète en attendant chevaux, artillerie et cavalerie.

Selon les événements, on se réserve de les mobiliser complètement dans huit ou dix jours, et les porter en ligne. Alors on aurait sur pied de guerre près de 300,000 hommes pour fin du mois.

D'après les calculs de l'état-major, l'Autriche a dès aujourd'hui 60,000 hommes prêts en Bohême. A la fin du mois, elle pourra en avoir 160,000 plus tard le reste.

On ne comprend pas ici pourquoi on arme et fait grand approvisionnement à Cracovie.

* Moltke parla au ministère du subside hongrois en l'appuyant, mais on ne s'est pas décidé à le donner.

Je prie Votre Excellence de me dire l'époque approximative de mon rappel.

Signé: GOVONE.

No 110

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Télégramme.

Empereur m'a fait appeler aujourd'hui.

Paris. le 5 mai 1866.

Il m'a dit que l'Autriche lui fait proposition formelle de céder la Vénétie, à la condition que l'on laisserait Autriche libre de se dédom mager sur la Prusse.

La cession serait faite à la France, qui la rétrocéderait à l'Italie sans condition..

Empereur m'a demandé si nous pouvions rompre engagement avec la Prusse.

Je vous envoie courrier pour vous expliquer les détails.

En attendant, veuillez garder secret absolu, et réfléchir bien mûrement, car la chose en vaut la peine.

Je vous prie de me télégraphier votre première impression.

J'ai mis Empereur confidentiellement au courant de nos derniers rapports avec la Prusse.

Signé NIGRA.

No 111

LE GÉNÉRAL DE LA MARMORA AU CHEVALIER NIGRA, A PARIS

Télégramme.

Reçu votre importante dépêche.

J'attends avec impatience courrier.

Florence, le 5 mai 1866.

Ma première impression est que c'est une question d'honneur et de loyauté de ne pas nous dégager avec la Prusse.

Surtout qu'elle vient d'armer et de déclarer à toutes les puissances qu'elle attaquera l'Autriche si l'Autriche nous attaque.

Mais comme le traité expire le 8 juillet, on pourrait arranger la chose avec un congrès.

L'Empereur n'oubliera pas qu'il nous a conseillé le traité avec la Prusse.

Vous ne me dites rien du congrès dont il est question à Londres. Signé LA MARMORA.

No 112

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Télégramme.

Paris, le 6 mai 1866.

Empereur m'a fait dire ce matin, avant de partir, que prince Metternich avait reçu autorisation formelle de signer la cession de la Vénétie, contre la simple promesse de neutralité.

Vous recevrez demain soir une lettre.

Veuillez me dire par le télégraphe si roi de Prusse a positivement promis de défendre si nous sommes attaqués.

On ne m'a pas dit un mot du congrès jusqu'ici.

Signé NIGRA.

No 113

LE CHEVALIER NIGRA AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Paris, le 5 mai 1866.

Hier soir, l'Empereur m'a fait appeler aux Tuileries. J'ai annoncé à Votre Excellence par le télégraphe le résumé de ce que l'Empereur m'a dit; je viens aujourd'hui vous raconter cet entretien dans tous ses détails.

L'Empereur m'a dit que l'Autriche lui avait fait la proposition suivante: « L'Autriche est disposée à céder la Vénétie quand elle se sera emparée de..... La France et l'Italie promettraient de ne pas secourir la Prusse en restant neutres. La cession de la Vénétie serait faite à la France, qui en ferait la rétrocession à l'Italie saus condition. L'Italie paierait une somme d'argent à fixer; cette somme serait destinée à la construction de forteresses autrichiennes sur la nouvelle frontière de l'Autriche du côté de l'Italie. »

J'ai demandé à l'Empereur si cette proposition était vraiment sérieuse. Il m'a répondu qu'elle était formelle. Il m'a dit qu'il avait répondu en prenant le temps de réfléchir, mais en déclarant qu'en tout cas la cession devrait se faire avant que l'Autriche occupât la Silésie.

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