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Ronsard,

Faites encor à fa gloire,
Pour en fêter la memoire,
Mille jeux et mille ébats;
Votre Reine fainte et grande
Du haut ciel vous le commande,
Pafteurs, n'y faillez donc pas.

Jô, iô, Marguerite,
Soit que ton ésprit habite
Sur la nue, ou dans les champs
Que le long oubli couronne,
Oy *) ma lyre qui te fonne,
Et favorife mes chants!

Ouïe, écoute!

Ka

Racan.

(Honorat de Beuil, Marquis de Racan, eins der erften Mitglieder der französischen Akademie, lebte vom Jahr 1589 bis 1670, und war unter den frühern Dichtern seiner Nation in der Schäferpoefie am glücklichften. In seinen Bergeries herrscht überaus viel Natur, Feinheit und Anmuth; nur verliert fich oft das Gefühl zu sehr und zu anhals tend in Beschreibung und Deklamation. Mit Necht rühmt. Boileau an ihm das Talent, auch solchen Gegenstånden, die an sich geringfügig, trocken, oder alltäglich sind, durch feine Behandlungsart Leben und Interesse zu geben.)

PLAINTES D'UN AMANT.

1

Verrai-je donc toujours mon efpérance vaine?
Perdrai-je fans loyer ma jeuneffe et ma peine?
Aimerai-je toujours fans jamais étre aimé?
Brûlerai-je toujours fans être confumé?
Malheureux que je fuis! quelle chaude furie
Me fait paffer les jours en cette rêverie?
Que me fert de chercher les bois les plus secrets
Pour les entretenir de mes juftes regrets,
Imprimer fur leurs troncs les chiffres d'Idalie;
Ne nourrir mon efprit que de mélancolie,
Et foufrir tous les jours des fupplices nouveaux?
Nous n'en fommes pas mieux ni moi, ni mes trou-
peaux.

Mes brebis ont en nombre égalé les étoiles,
Dont les plus claires nuits enrichiffent leurs voiles;

Et mes gerbes laffant le foigneux moissonneur,
Rendoient les plus contens jaloux de mon bonheur:
Mais à préfent tout fuit mes triftes destinées;

Mes champs n'ont que du chaume aux meilleures
années,

Et mes pauvres moutons, fe mourans tous les jours,
Servent dans ces rochers de pâture aux vautours.

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Racan.

Racan.

Je fuis, en me perdant, l'auteur de tant de pertes;
Je n'ai plus foin de rien, mes terres font défertes;
Tandis qu'en ces forêts tout feul je m'entretiens,
Je laiffe mon troupeau fur la foi de mes chiens.
Mes doigts appefantis ne font plus rien qui vaille,
Ni des chapeaux de jonc, ni des paniers de paille;
A peine me fouviens-je, en voyant ces rofeaux,
D'avoir fçû compaffer les trous des chalumeaux.
Autrefois mes travaux n'étoient pas inutiles,
Ma befogne avoit cours dans les meilleures villes;
Jen rapportois toujours, en revenant au foir,
Quelque piece d'argent au coin de mon mouchoir.
Il faut enfin quitter cette humeur folitaire,
Et reprendre le train de ma vie ordinaire;
Chaffer de mon efprit ces inutiles foins,
Qui ne veulent avoir que les bois pour témoins;
Méprifer à mon tour celle qui me méprise,
Et rompre fa prison pour ravoir ma franchise.

1

Mais, ô Dieux! qu'ai-je dit? Amour, pardon-
ne moi,

Je ne puis ni ne veux jamais vivre fans toi:
Quand je parle autrement, je fuis hors de moi
même;

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Contre une Déïté je commets un blafphême:
Je te vois dans fes yeux plus puiffant que jamais :
Fais ce que tu voudras, à tout je me foumets;
Auffi-bien ma raifon ne m'en fçauroit défendre:
*) Le falut des vaincus eft de n'en plus attendre.

Choeur de Bergers.

Toujours la colere des cieux.
Ne tonne pas deffus nos têtes;
Toujours les vents feditieux

N'enflent pas la mer de tempêtes:

Toujours

*) Ce Vers eft une heureuse traduction de celui-ci de Vir

gile:

Una falus victis nullam fperare falutem.

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