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empêcher le developpement. Mais nous comptons surtout sur la modération et la sagesse avec laquelle les autorités ottomanes useraient éventuellement de ces moyens pour qu'ils produisent leurs bons effets au profit de la tranquillité publique.

La Porte nous dénonce elle-même la tactiqué des Comités tendant à provoquer des répressions rigoureuses propres à appeler la sympathie sur les victimes des événements. Il appartient au Gouvernement de déjouer cette tactique en ruinant auprès des populations, par un traitement équitable, l'influence des Comités et en s'en tenant strictement, le cas échéant, aux mesures indispensables de coercition. Cette attitude serait conforme à la fois à son intérêt et aux engagements qu'il a pris avec les Puissances.

Il devra écarler soigneusement à cette occasion toute intervention des éléments indisciplinés, bachi-bouzouks ou 'population musulmane, dont le concours desordonné ne manquerait pas d'entraîner de graves complications. Vous voudrez bien communiquer prochainement à la Sublime Porte les indications qui précédent. J'ai eu soin d'en donner déjà connaissance au Cabinet de Saint-Pétersbourg, avec lequel il me paraît nécessaire de maintenir dans ces circonstances notre communauté de vues.

DELCASSÉ.

N° 16.

Le Marquis de Montebello, Ambassadeur de la République française à Saint-Pétersbourg,

à M. Delcassé, ministre des Affaires étrangères.

Saint-Pétersbourg, le 15 avril 1902.

Je n'ai pas manqué de communiquer au Ministre des Affaires étrangères les indications contenues dans votre dépêche du 11 avril.

Le comte Lamsdorff a fait répondre aux notes officielles remises par la Porte exactement dans le même sens que vous vous proposez de le faire par l'intermédiaire de M. Constans.

L'Ambassadeur de Turquie signale constamment du côté de l'Arménie, des faits qui, aprés vérification, ont été toujours jusqu'ici reconnus inexacts, et il en est généralement de même pour tout ce qui concerne la Turquie d'Europe. Il semble donc y avoir un parti pris d'exagération très marqué et il n'en est que plus nécessaire de donner à la Porte des conseils énergiques.

MONTEBELLO.

N° 17.

M. de la Boulinière, Ministre plénipotentiaire, chargé de l'Agence et Consulat général de France à Sofia,

à M. Delcassé, Ministre des Affaires étrangères.

Sofia, le 16 avril 1902.

Le Ministre des Affaires étrangères m'a donné les renseignements suivants sur les dernières mesures prises par le Gouvernement princier tant pour

empêcher les envois d'armes et de munitions en Macédoine que pour mettre obstacle sur le territoire bulgare à toute tentative de venir en aide aux Comités révolutionnaires :

« D'après la loi, m'a dit M. Ludskanoff, le Gouvernement peut interdire le << transport des matières explosibles et les saisir en cas de contravention; il « use de ce pouvoir en ce qui concerne les munitions et les cartouches; il n'y « a pas eu, comme on l'a dit, d'envois de dynamite, mais des expéditions de «< cartouches que nous avons confisquées. Quant aux armes, la loi n'en « prévoit pas et n'en interdit pas le transport; nous ne pouvons donc pas «< faire une saisie des armes; toulefois, en ma qualité de Ministre de l'Inté« rieur et en raison des circonstances exceptionnelles, j'ai donné les instruc« tions les plus strictes pour que, par mesure de police, les envois d'armes « ne puissent pas circuler dans les départements de Kustendif, Sofia et << Philippoli.

« En 1897, sous le ministère Stoïloff, 92,000 fusils déclassés ont été vendus «< aux enchères et achetés par un macédonien nommé Ivanoff; un certain «< nombre de ces fusils est encore en dépôt dans différentes villes de la << Bulgarie. Leur transport dans la direction de la frontière est maintenant << surveillé et rendu tout au moins difficile. Cette mesure a été provoquée « par un envoi d'armes fait de Roustchouk à destination de Kustendil; le « wagon qui les contient sera retenu à Sofia.

<< Deux officiers de réserve, MM. Saieff et Stoianoff, tous les deux macé«< doniens, l'un agent des Comités à Doulenitza, l'autre à Kustendil, ont été « arrêtés pour être conduits sous escorte, le premier à Gabrovo, le second à « Dobritch (près de Varna), où ils seront internés.

« Enfin les chefs de gare de Radomir et de Tzaribrod sont transférés, l'un « à Mezdra, l'autre à Tirnovo, dans l'intérieur, comme compromis dans une «< affaire de transports de cartouches. »

M. Ludskanoff espère que la sincérite des intentions pacifiques du Gouvernement princier ne pourra plus être mise en doute. Il se montre, d'autre part, assez sérieusement préoccupé des mouvements de troupe que font les Turcs aux environs de la frontière bulgare et des préparatifs d'une véritable mobillsation qui lui sont signalés d'Andrinople. Il m'a fait part de ses inquiétudes qui commencent à percer également dans la presse. J'ignore jusqu'à quel point elles sont fondées; mais la publication dans les journaux de Vienne d'une circulaire par laquelle la Porte solliciterait en quelque sorte un mandat de l'Europe pour mettre un terme aux menées bulgares avait déjà mal impressionné l'opinion: les nouvelles de Turquie ne la rassurent pas. J'ai fait remarquer au Ministre des Affaires étrangères que les puissances avaient déjà montré qu'elles n'étaient pas plus favorables à une agression de la Turquie qu'à une provocation de la part de ses voisins et que leurs dispositions me paraissaient de nature à le rassurer du moment que le Gouvernement bulgare conservait une attitude correcte.

J. DE LA BOULINIÈRE.

N° 18.

M. Delcassé, Ministre des Affaires étrangères,

à M. Constans, Ambassadeur de la République française à Constantinople.

Paris, le 21 avril 1902.

En me reférant à ma lettre du 13 de ce mois, j'ai l'honneur de vous adresser la copie d'une nouvelle note de Munir Bey indiquant les mesures que compte arrêter le gouvernement ottoman pour prévenir les troubles en Macédoine.

Je vous serai obligé de prendre acte par écrit auprès de la Sublime Porte des assurances qui nous sont données dans cette communication que les autorités militaires régulières et la gendarmerie seront seules chargées d'intervenir dans le cas ou des troubles se produiraient.

DELCASSÉ.

ANNEXE

16 avril 1902.

L'Ambassadeur de Turquie a l'honneur de porter à la haute connaissance de Son Excellence le Ministre des Affaires étrangères que la Sublime Porte, dans le but de prévenir et, le cas échéant, de réprimer tout mouvement subversif des bandes révolutionnaires bulgares macédoniennes dans les provinces européennes de l'Empire, a pris toutes les mesures militaires que comporte la situation présente.

Des instructions précises ont été transmises aux Gouverneurs généraux des Vilayets d'Andrinople, de Salonique, de Monastir et de Kossovo, pour qu'il soit veillé au maintien de l'ordre et de la tranquillité dans ces provinces et afin que la population soit rigoureusement empêchée d'intervenir dans le cas où des troubles se produiraient, ce soin étant exclusivement réservé aux autorités militaires et à la gendarmerie.

No 19.

M. Constans, Ambassadeur de la République française à Constantinople,

à M. Delcassé, Ministre des Affaires étrangères.

Péra, le 5 mai 1902.

Le 21 du mois dernier, Votre Excellence m'a invité à prendre acte par écrit auprès de la Porte des assurances contenues dans une note que lui avait remise Munir Bey le 16 du même mois; ces assurances avaient trait à des mesures prises par le gouvernement ottoman pour maintenir l'ordre en Macédoine.

Selon les instructions de Votre Excellence, j'ai, le 29 avril, remis à la Porte la note ci-jointe en copie.

CONSTANS.

ANNEXE

M. Constans, Ambassadeur de la République française à Constantinople,

à Tewfik Pacha, Ministre des Affaires étrangères.

Pera, le 29 avril 1902.

Le 16 de ce mois, l'Ambassadeur de S. M. I. le Sultan, à Paris, a l'honneur de remettre au Ministre des Affaires étrangères de la République une note aux termes de laquelle des instructions précises ont été transmises aux Gouverneurs généraux des vilayets d'Andrinople, de Salonique, de Monastir et de Kossovo, pour qu'il soit veillé au maintien de l'ordre et de la sécurité dans les provinces et afin que la population soit rigoureusement empêchée d'intervenir dans le cas ou des troubles se produiraient, ce soin élant exclusivement réservé aux autorités militaires et à la gendarmerie.

J'ai l'honneur de faire savoir à votre Excellence que, suivant les ordres de mon Gouvernement, je prends acte en son nom des assurances qui lui ont eté ainsi données par le Gouvernement ottoman.

N° 20

Le Marquis de Reverseaux, Ambassadeur de la République française à Vienne,

à M. Delcassé, Ministre des Affaires étrangères

Vienne, le 13 mai 1902.

La Commission des Affaires étrangères de la délégation hongroise, en examinant le budget des Affaires étrangères, a questionné le Comte Goluchowski sur la forme et les termes de l'arrangement conclu en 1897 à SaintPétersbourg entre l'Autriche-Hongrie et la Russie. Le Ministre a répondu qu'il n'existait pas de convention formelle et écrite, mais un simple échange de vues verbal sur la nécessité pour les deux Gouvernements d'imposer la paix dans les Balkans au moyen d'une action simultanée à l'égard des diflérents peuples qui les habitent.

N° 21

REVERSEAUX.

M. Bonnardet, Chargé de l'Agence et Consulat général de France à Sofia,

à M. Delcassé, Ministre des Affaires étrangères.

Sofia, le 16 juillet 1902. L'agitation macédonienne est en ce moment l'objet des préoccupations du Gouvernement.

Il paraît qu'une bande bulgare assez considérable sous les ordres d'un lieutenant-colonel de réserve Yankoff, parcourt la Macédoine et a eu, avec des

irréguliers turcs, un engagement assez sérieux. Elle en serait sortie victorieuse. Ces faits ont coïncidé avec la publication, dans le journal officieux du Comité macédonien la « Réforme », d'articles violents, constituant un véritable appel aux armes contre les turcs : « le moment étant jugé favorable ».

Le Gouvernement a craint que le Comité directeur se laissât déborder par la fraction violente du parti. Aussi lui a-t-il fait tenir les avis les plus formels, lui laissant prévoir que toute agitation révolutionnaire amènerait sans doute l'intervention des puissances en vue d'obtenir la dissolution des Comités.

Les.journaux macédoniens annoncent qu'un congrès des délégués des Comités aura lieu le 28 juillet prochain. Ceux qui composent le Comité directeur, en vue d'assurer à cette réunion la prépondérance des modérés, ont refusé de convoquer les délégués de certains comités à tendance révolutionnaire. Bien que les décisions prises dans ces réunions soient tenues secrètes, le résultat de certaines élections qui doivent s'y faire nous donnera des indications sur les tendances qui auront prévalu.

BONNARDET.

No 22.

M. Bapst, Chargé d'affaires de France à Constantinople,

à M. Delcassé, Ministre des Affaires étrangères.

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Les journaux ayant publié des nouvelles assez alarmantes au sujet l'un combat qui aurait eu lieu entre les troupes turques et une bande de 300 bulgares, près de Stroumnitza, localité située sur la limite des vilayets de Kossovo et de Salonique, j'ai demandé à notre Consul à Salonique de me renseigner sur le crédit qui méritait d'être attaché à ces informations.

D'après ce que me fait savoir M. Steeg. l'incident en question se rapporterait à une rencontre qui s'est produite il y a deux mois environ dans cette région et au cours de laquelle une dizaine d'hommes auraient été tués de part et d'autres. En outre, une rencontre ultérieure a été signalée ces jours derniers - près de la station du chemin de fer de Démir-Kapou, et deux officiers turcs y auraient été assez sérieusement blessés.

D'après les renseignements qui me sont parvenus, la partie la plus troublée de la Macédoine paraît être en ce moment le vilayet de Monastir où les bandes sont particulièrement nombreuses, et ont réussi à s'armer et à munir la population de fusils Gras importés par la frontière grecque. D'ailleurs le trouble moral provoqué par l'insécurité générale ne peut aller qu'en croissant, les abus de l'Administration turque en même temps que les exactions de la gendarmerie et des bandes bulgares devant fatalement pousser à un moment donné ces populations au désespoir.

La fameuse Commission, réunie au Grand Vizariat à la suite des démarches des ambassadeurs dans le but de trouver un remède à cette situation, sera comme les précédentes sans aucun résultat : elle n'a d'autre raison d'être que de donner une satisfaction apparente aux réclamations des puissances. Ce qu'on demande à la Porte, c'est que défense soit faite aux autorités militaires de laisser les soldats s'installer chez l'habitant et le réquisitionner à leur gré, et,

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