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306

AFFAIRES, DE VENEZUELA

No

M. Grant Duff au Marquis de Lansdowne

(Extrait)

Caracas, le 29 mars 1901 (reçue le 25 avril). Comme suite à mon télégramme du 26 courant, j'ai l'honneur de remettre ciinclus la traduction d'une note que j'ai reçue du gouvernement vénézuélien m'informant des mesures qu'il se propose de prendre, pour faire une enquête sur les événements dont l'ile de Patos a été le théâtre le 22 janvier dernier. Comme en des occasions précédentes, lorsque cette île a donné lieu à des troubles, le gouvernement vénézuélien a jugé opportun de soulever incidemment la question de la souveraineté sur Patos. Jusqu'ici je me suis abstenu de faire des représentations au sujet de la violation des eaux britanniques par la canonnière vénézuélienne Augusto et j'ai borné mes plaintes à l'arrestation et à la déportation de certains sujets anglais par ordre du commandant de ce navire.

J'ai l'honneur de joindre ci-inclus la copie d'une note par laquelle j'ai informé le gouvernement vénézuélien qu'aucune considération nouvelle n'a été apportée pour établir que l'ile de Patos ne devrait pas être considérée comme une dépendance de Trinidad et par conséquent comme une partie des domaines de sa Majesté. Les eaux qui l'entourent sont donc des eaux britanniques.

Annexe / du numéro 8.

M. Blanco à M. Grant Duff.

(Traduction)

Caracas, le 27 mars 1901.

Monsieur, comme suite à vos deux notes du 21 et au 23 courant, j'ai l'honneur de vous informer que ce ministère a été obligé d'avoir recours aux dépar tements des Finances, de l'Intérieur, de la Guerre et de la Marine pour insti tuer l'enquête sur les faits que vous mentionnez et sur lesquels se basent les plaintes des sujets mentionnés dans la première de ces notes. Comme le gouvernement vénézuélien tient que l'ile de Patos lui appartient, le gouvernement devra envisager l'incident tel qu'il se présente dans ce cas.

En attendant que je puisse faire la lumière sur cette affaire et vérifier si i'acte en question est réellement blâmable ou s'il n'a été que le résultat d'une vigilance naturelle et très justifiable contre le commerce clandestin, je me borne à vous accuser réception des deux notes de votre honorable Légation. Veuillez agréez, etc. Signé EDOUARD BLANCO.

:

Annexe 2 du numéro 8

M. Grant Duff à M. Blanco.

Caracas, 29 mars 1901.

Monsieur le Ministre, j'ai l'honneur de vous accuser réception de la note de votre Excellence du 27 courant, par laquelle vous avez la bonté de m'informer des mesures que votre Excellence se propose de prendre en vue de faire une

enquête sur les faits que j'ai eu l'honneur de porter à la connaissance de votre Excellence au sujet de l'arrestation de certains sujets britanniques dans l'île de Patos par la canonnière vénézuélienne Augusto au mois de janvier dernier.

Il y a dans la note de votre Excellence un passage qui semble exprimer un point de vue concernant la souveraineté sur Patos, avec lequel j'ai le regret de vous dire qu'il m'est impossible d'être d'accord. Le passage auquel je fais allusion est le suivant (en traduction).....

<«< Comme le Vénézuéla tient que l'île de Patos lui appartient légalement le gouvernement aura à envisager l'incident tel qu'il se présente dans ce cas. » Là dessus j'ai l'honneur de vous observer qu'aucune considération nouvelle n'a été apportée à ma connaissance pour établir que l'île de Patos ne ferait point partie du domaine de sa Majesté : les eaux qui l'entourent sont donc des eaux britanniques.

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Monsieur, j'ai ordre de M. le marquis de Lansdowne de vous transmettre ci-inclus pour être soumise à M. le secrétaire Chamberlain, la copie d'une dépêche du chargé d'affaires de sa Majesté à Caracas, contenant copie de sa correspondance avec le gouvernement vénézuélien au sujet des mesures prises pour faire une enquête sur les faits qui se sont passés à l'île de Patos en janvier dernier.

Je suis, etc.

Signé : F. H. VILLIERS.

N° 10

M. Grant Duff au Marquis de Lansdowne.

Caracas, le 17 avril 1901 (reçue le 9 mai).

Monseigneur, me référant à ma dépêche du 29 dernier, j'ai l'honneur de vous transmettre copie de la déclaration de Mme E. Jones, une des personnes enlevées de Patos par la canonnière vénézuélienne Augusto, le 22 janvier dernier.

Cetté déclaration m'a été transmise par le gouverneur de Trinidad dans une dépêche datée du 29 écoulé. Comme la déclaration de Mine Jones montrait qu'elle et d'autres sujets britanniques avaient été contraints, sous menaces de mort, de se rendre à bord de l'Augusto et qu'ils avaient été détenus sur ce vaisseau, étant en même temps privés des objets leur appartenant, j'ai transmis une copie de cette pièce au gouvernement vénézuélien dans la note dont j'ai l'honneur de vous remettre copie. Parmi les déclarations de personnes qui se trouvaient à Patos le 22 janvier dernier, plusieurs relatent plus

spécialement la violation du territoire et des eaux britanniques par l'Augusto.

La déclaration de Grégoire Martinez dont j'ai l'honneur de joindre une copie confirme la déclaration de Mme Jones, cette dame ayant été aussi une des personnes retenues prisonnières par l'Augusto.

Signé : A.-C. Grant Duff.

Annexe i du n° 10. — Déclaration de Mme Jones

Trinidad.

Je soussignée, Elvelina Jones, demeurant no 2, rue Rose, à Port-of-Spain femme mariée et sujette britannique, déclare solennellement ce qui suit: le lundi 21 janvier, je quittai Mapire dans un bateau appartenant à mon frère Edouard Browne de Port-of-Spain. Le mardi matin, vers 4 heures, nous atteignîmes Patos et nous y trouvâmes trois autres bateaux dont l'un était commandé par Aceituno.

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Peu après notre arrivée, le garde-côte vénézuélien Augusto arriva en vue de l'île. Vers 10 heures du matin, une embarcation de l'Augusto vint vers nous et nous dit de monter à bord. Mais nous nous y refusâmes déclarant que nous nous trouvions sur le territoire anglais. L'embarcation se retira et le garde-côte resta là toute la journée jusque vers six heures du soir..

1

A ce moment, une autre embarcation vint, montée par vingt hommes armés sous la direction d'un certain Henri Torres, qui portait un sabre et semblait être leur commandant.

Ils nous ordonnèrent d'aller à bord de l'Augusto sous menace de nous fusiller: onze d'entre nous y allèrent et quelques-uns prirent la fuite. Ils saisirent les quatre bateaux qui se trouvaient à Patos avec leurs chargements de cacao, etc., ainsi que tous les vêtements et effets personnels de tous les passagers. Ils visitèrent ma valise et je les vis en retirer 20 dollars d'argent espagnol, c'est-à-dire tout ce que je possédais. Ils gardèrent l'argent, mais ils me rendirent mes effets. Ils prirent ceux de mon frère et ceux des autres hommes, mais ils ne gardèrent pas les vêtements des femmes. Ils nous retinrent tous à bord jusqu'au jour suivant sans aucune nourriture et, vers onze heures du matin, ils me mirent à terre, ainsi que l'autre femme (Grégoria Martinez) et mon cousin Adolphe Peters, à Yacua. Nous restâmes là pendant quatre jours ef retournâmes à Port of Spain sur le bateau de M. Solis le dimanche 27 janvier.

Je fais la présente déclaration, croyant consciencieusement à sa véracité et en conformité avec l'ordonnance sur les déclarations officielles et je sais que si dans cette déclaration il se trouvait quelque chose de contraire à la vérité que je saurais ou pourrais croire faux, ou que je croirais ne pas être vrai, je suis passible d'amende et d'emprisonnement.

Signé : ELVELINA Jones.

Déclaré au bureau du capitaine de port à Port-of-Spain, le 13 mai 1901, devant moi

*Signé : J. B. SAUNDERS,
Capitaine de port et J. P.

Annexe 2 du n° 10

M. Grant Duff à M. Blanco.

MONSIEUR LE MInistre,

Caracas, le 9 avril 1901.

J'ai eu l'honneur, le 23 dernier, de fournir à votre Excellence certains renseignements au sujet des faits qui se sont passés à Patos, le 22 janvier dernier, lors de la capture de certains sujets britanniques par la canonnière vénézuélienne Augusto.

J'ai maintenant l'honneur de vous remettre ci-inclus le témoignage sous serment de Mme Elvelina Jones, sujette britannique.

C'est l'une des personnes capturées par le navire en question.

Cet affidavit montre que le témoin a été contraint de monter sur l'Augusto sous menace de mort; qu'elle a été dépouillée par les marins de la canonnière et qu'elle a été détenue à bord jusqu'au lendemain, jour où elle fut débarquée en territoire vénézuélien.

J'ai l'honneur d'exprimer l'espoir que votre Excellence sera bientôt en mesure de me fournir les résultats de l'enquête sur les agissements du commandant de l'Augusto.

J'ai l'honneur, etc.

Signé : A.-C. GRANT DUFF.

N° 11.

M. Grant Duff au Marquis de Lansdowne.

Caracas, le 17 août 1901 (reçue le 9 mai 1901). Monseigneur, j'ai l'honneur de vous transmettre ci-inclus copie d'une dé-pêche et de ses annexes que j'ai reçue du gouverneur de Trinidad relative ment à l'incendie du sloop Maria-Teresa, propriété d'un sujet britannique, par une canonnière vénézuélienne en vue de Guiria. La Maria-Teresa était ja propriété de M. D. Wilson, natif de Grenade. Le patron du bateau était M. G. Patterson. Ce bateau naviguait sous pavillon vénézuélien et faisait le trafic sur les côtes du Vénézuéla.

Pendant les troubles dans le golfe de Paria, ce navire parait être tombé entre les mains de mécontents à Yrapa, lesquelles l'ont dirigé sur Guiria.

Le propriétaire obéit à ces ordres et un officier des forces insurrectionnelles fut placé à bord. Peu après son arrivée à Guiria le 13 janvier dernier une canonnière vénézuélienne, la Miranda, entra dans le port et tira deux coups de canon sur la Maria-Teresa qui était sur le point de retourner à Yrapa.

La Maria-Teresa fut alors abordée et le commandant du Miranda lui intima l'ordre de se rendre à Trinidad. Le patron de la Maria-Teresa se disposait à obtempérer à ses ordres et à quitter Guiria quand la Miranda lui tira de nouveau deux coups de canon. La Maria-Teresa vira de bord et une embarcation de la canonnière vint vers elle et contraignit M. Patterson et les autres membres de l'équipage à quitter le bord. En arrivant sur la

Miranda on leur déclara que le sloop serait brûlé et eux-mêmes mis en prison.

La Maria-Teresa fut alors pillée et incendiée. Peu après la Miranda quitta Guiria et lorsqu'elle fut près de Point-Pima M. Patterson et les deux marins de la Maria-Teresa furent placés à la dérive sur un bateau ouvert avec un fragment d'aviron.

Pendant l'incendie de son bateau M. D. Wilson, le propriétaire, se trouvait, paraît-il, sur la côte de Guiria, prisonnier des autorités insurrectionnelles.

M. Patterson atteignit une localité nommée Guiniama, le lendemain du jour où il avait été abandonné à la dérive. Il se rendit à Yrapa où il fut arrêté et renvoyé à Guiria, étroitement emprisonné. Là il fut conduit à bord du vaisseau vénézuélien l'Augusto, et il fut mis en liberté à Rio-Grande.

J'ai l'honneur de joinde une copie de la note par laquelle j'ai porté ces faits à la connaissance du gouvernement vénézuélien. J'ai fait observer qu'il y a plusieurs points dans cette affaire, telle qu'elle est racontée, qui demandent à être élucidés.

L'équipage de la Maria-Teresa n'a en effet opposé aucune résistance et il semble que personne n'ait cherché à fuir. Quelles sont les raisons qui ont pu engager le Commandant de la Miranda à aborder le sloop une seconde fois, puis à le piller et à l'incendier?

Quelles qu'aient été les circonstances justifiant la capture du bateau de M. Wilson par les autorités vénézuéliennes, elles semblent avoir agi avec une violence excessive et inutile. Nul argument ne peut être mis en avant pour justifier le traitement auxquels furent soumis M. Patterson et ses marins quand ils furent mis à la dérive dans un bateau ouvert.

J'ai en conséquence mis en demeure le gouvernement vénézuélien d'ordonner une enquête sur les agissements de la Miranda et de me fournir les résultats de cette enquête le plus tôt possible.

Le gouvernement vénézuélien a reçu copie des déclarations de MM. Wilson et Patterson, ainsi que de la traduction des actes de procédure effectués par M. Wilson au tribunal du District de Marino à Guiria.

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J'ai l'honneur de vous transmettre ci-joint, pour votre édification les copies d'une pétition et d'autres documents relatifs à l'incendie du sloop Maria Teresa par une canonnière vénézuélienne en vue de Guiria, le 12 janvier dernier. Les copies de ces documents ont aussi été expédiées au Secrétaire d'Etat. des Colonies.

J'ai l'honneur, etc.

Signé: ALFRED MOLONEY.

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