Sivut kuvina
PDF
ePub

:

No 19

Le Marquis de Lansdowne à M. Haggard.

MONSIEUR,

Ministère des Affaires Étrangères, le 20 août 1901.

J'ai communiqué au ministère des Colonies les rapports reçus au sujet de l'incendie du sloop Maria-Teresa par le navire de guerre vénézuélien Miranda.

Étant données les divergences entre la version de l'incident fournie par le gouvernement vénézuélien et celle envoyée par M. Grant Duff, M. le ministre Chamberlain juge à propos que l'on obtienne des témoignages supplémentaires en vue d'élucider les faits ayant trait à cette affaire. Je dois vous prier de vous procurer de nouveaux témoignages dans ce but. Le Gouverneur de Trinidad a reçu des instructions pour faire enquête concernant l'affirmation que la Maria-Térésa aurait transporté des armes et des munitions de Trinidad.

Je suis etc.

Signé : LANSDOWNE.

N° 20

M. Haggard au Marquis de Lansdowne.

(Extrait).

Caracas, le 10 septembre 1901 (reçu le 10 octobre).

Dans mes dépèches des 13 et 22 juin, j'ai eu l'honneur d'expédier à votre Seigneurie ma correspondance avec le gouvernement vénézuélien, en continuation de celle du chargé d'affaires de Sa Majesté, au sujet de la confiscation d'un bateau appartenant à un sujet britannique nommé John Craig, par des officiers du gouvernement vénézuélien, sur l'île anglaise de Patos.

Votre Seigneurie aura vu par cette correspondance, primo :

Que ces officiers trailèrent Patos comme leur propre territoire et qu'en ·agissant ainsi ils ont été soutenus par le Gouvernement Central.

Que ce Gouvernement n'offre aucune réparation pour un acte qui, même d'après leur propre récit, et en admettant que leur prétendue possession de l'île soit admise, était un acte d'injustigable violence.

La note suivante du Gouvernement Vénézuélien renferme l'explication que le Ministre des Affaires Étrangères m'avait promise dans notre conversation du 18 juin; elle ne jette aucune lumière sur le sujet. Elle fournit simplement une amplification du rapport précédent d'Agripino Lairet dans laquelle il déclare qu'il était à la recherche de munitions militaires que l'on soupçonnait avoir été cachées sur la côte par l'ennemi quand il aperçut le bateau de John Craig. Ceci est porté par le Ministre des Affaires étrangères dans sa note comme « suspicion de complicité dans la révolution », et il y est dit de nouveau que le patron n'était pas John Graig, mais un Margaritien dont il indique. le nom comme Simon (Alias El Barrigon).

[ocr errors]

En se basant uniquement sur la version vénézuélienne, le bateau aurait été capturé sur l'île de Patos, principalement sur le soupçon qu'il aurait été un contrebandier, et le seul motif de ce soupçon était qu'il avait quelques sacs vides à son bord; mais il fut tout de même confisqué.

Cette accusation est maintenant modifiée par la déclaration ultérieure qu'il était soupçonné de débarquer des armes; mais le rapport vénézuélien prouve clairement qu'il n'a jamais touché à la côte et que, par conséquent, il ne pouvait pas avoir débarqué des armes ; étant donné, d'autre part, que les autorités vénézuéliennes insinuent qu'il les aurait jetées par-dessus bord ou qu'il les aurait cachées : on peut conclure qu'il ne portait pas d'armes, et ceci fait justice de ce soupçon.

Puis vient la question des papiers. Dans sa note ci-dessous, le Gouvernement Vénézuélien affirme que l'équipage n'avait pas de documents « lui permettant de prouver son innocence ».

Quels documents aurait-il bien pu avoir pour opérer cette justification ? Dans des notes précédentes il a été allégué qu'il n'avait pas de papiers; mais de quels papiers s'agit-il? Un bateau de pêche de Trinidad naviguant près de la côte de cette île doit-il posséder des papiers anglais ? ou bien le Gouvernement Vénézuélien ne voudrait-il pas indiquer que, Anglais ou Vénézuélien, il aurait dû être porteur d'un permis vénézuélien pour l'île de Patos?

Enfin, étant établi à l'évidence, même d'après leur propre version de l'incident (qui, on doit se le rappeler, est en complète contradition avec celle de John Craig) qu'il n'y avait rien de nature à justifier la capture du bateau, ils affirment que la confiscation seule était possible à l'égard d'un bateau trouvé « dans de telles conditions de culpabilité » !

Ils prétendent ensuite que l'article 35 du code fiscal vénézuélien justifie cette action puisqu'il ordonne aux officiers en surveillance d'opérer la saisie de tout navire « qui aurait fait un voyage de l'extérieur vers un point de la côte où il n'existe pas de douane ». Mais les déclarations des vénézuéliens euxmêmes montrent clairement que le bateau n'avait pas fait cela, puisqu'il n'avait pas touché à la côte vénézuélienne. Ils se bornent à dire qu'il se trouvait dans les eaux vénézuéliennes. Je n'ai pas importuné votre Seigneurie en lui communiquant la dernière partie de la note vénézuélienne, car ce n'est qu'une volumineuse dissertation sur la situation officielle d'Agripino Lairet. Je me suis.contenté pour l'instant, et à tout événement, d'accuser la réception de cette note en disant, que je l'ai transmise pour examen au Gouvernement de Sa Majesté.

M. Blanco à M. Haggard.

Annexe du n° 20

(Traduction).

MONSIEUR LE MINISTRE,

Caracas, le 31 août 1901.

J'avais gardé devant moi, sur la table de mon bureau, les deux notes de votre Excellence, des 10 et 21 juin dernier, dans l'espoir d'obtenir de nouvelles informations; suivant ma promesse donnée dans notre conver

ARCH. DIPL. 1903. 3° SÉRIE, TOME LXXXV.

22

sation du 18 de ce mois, je m'étais empressé de les demander au Ministre des Finances, au sujet des circonstances de la capture du bateau de John Craig par un bateau garde-côte vénézuélien pendant les jours qui suivirent la perturbation de l'ordre public sur la côte orientale de la République. Les doutes que votre Excellence avait exprimés dans la première des notes mentionnées, se trouvent nettement élucidés dans la seconde note ; le fait même que votre Excellence a, par suite d'une erreur accidentelle de traduction, mal interprété la phrase relative aux sacs trouvés à bord, montre que vous ne pouviez pas croire que les soupçons du vaisseau garde-côte étaient la vraie cause de la saisie du bateau.

Une nouvelle déclaration de Lairet que je viens de recevoir et dont je vous adresse une copie certifiée élargit les circonstances de la cause et prouve, que, outre la suspicion de contrebande, le bateau était de plus soupçonné de complicité dans la révolution, attendu qu'on l'avait surpris près de la côté où les insurgés cachaient des armes.

Le fait de la fuite pour éviter la vigilance du garde-côte est une preuve supplémentaire que l'équipage n'avait pas de documents lui permettant d'établir son innocence. L'homme qui occupait le poste de patron n'était pas Craig, le soi-disant propriétaire (dueno) du bateau, mais un habitant de Margarita, portant un nom très différent; et comme Lairet obéissait à un ordre revêtant un caractère militaire, en temps de guerre et sur des côtes qui étaient en état de rebellion, les résultats auraient été illusoires et même contraires aux exigences de l'ordre public s'il avait procédé de toute autre façon à l'égard d'un bateau trouvé dans de telles conditions de culpabilité. Même en écartant les raisons de discipline militaire qui expliquent l'action, les dispositions de l'article 29 de la loi 35 du Code fiscal vénézuélien suffiraient à la justifier. Parmi d'autres dispositions, cet article ordonne aux officiers en surveillance de capturer tout nayire ayant fait un voyage de l'extérieur vers un point de la côte où il n'existe pas de douane...., etc. J'ai l'honneur, etc.

Signé: Eduardo BLANCO.

États-Unis du Vénézuéla, Douanes maritimes de Guiria,

(Traduction).

Guiria, le 18 juillet 1901.

Le citoyen Agripino Lairet devra comparaître devant un juge en l'hôtel des douanes de cette ville, demain à 9 heures, pour fournir des renseignements sur des affaires qui le concernent.

Il signera comme preuve qu'il a été convoqué.

Signé: G. VILLASSMIL.
Convoqué, pour Agripino Lairet,
G. Latouche.

La déclaration précédente a été présentée à ce département à la même date, par le citoyen Colonel Agripino Lairet, qui, ayant prêté serment suivant les formes légales, a déclaré qu'il ́etait, comme on l'a dit, voisin de cette

[ocr errors][ocr errors]

municipalité, célibataire, exerçant la profession de négociant, et capable de donner son témoignage. Quand on lui a expliqué le motif de sa convocation et qu'il a lu la note du Ministère des Finances dans laquelle se trouve celle du Ministère des Affaires étrangères avec l'explication des motifs, il a déclaré :

<«< Étant stationné dans la localité appelée Rio-Grande, en qualité de commandant en second de quelques détachements gouvernementaux, je quittai ladite localité pour faire une reconnaissance, par ordre de l'officier commandant,le colonel Rueda; de là je me rendis vers les côtes de Barloresito, à la recherche d'approvisionnements militaires que l'ennemi cachait sur cette côte. Me trouvant à Cariaquito dans la ferme des frères Ducharme, une sentinelle me dit qu'un bateau venait de Trinidad vers notre côte. Sur cet avis je donnai ordre à la sentinelle de se tenir tranquille, afin de voir ce que ce bateau allait faire.

Quand le bateau fut entré dans les eaux vénézueliennes, je sortis et me mis à sa poursuite, lui donnant la chasse devant la ferme de Géronimo Solis, appelée « Tacua ». Ce bateau n'avait pas de papiers réguliers et se trouvait commandé par un individu natif de Margarita, nommé Simon (alias El Barrigon). Il avait à son bord vingt-cinq sacs vides que le patron et capitaine, ci-dessus nommé, me montra comme les ayant achetés à Trinidad d'où il venait. A la suite de quoi et, en exécution d'ordres supérieurs je le capturai et le ramenai à Cariaquito où se trouvait le restant des forces que je commandais. Là, j'embarquai toutes mes forces et je retournai à Rio-Grande où se trouvait mon commandant à qui je fis un rapport sur ce qui s'était passé et à qui je fis la remise du bateau en question. » Ayant lu ceci il a déclaré le tout exact et il a signé.

A la requête d'Agripino Lairet qui est incapable de signer.

[blocks in formation]

Ministère des Affaires Étrangères, Direction du Droit public étranger.

Caracas, le 30 août 1901.

N° 21

M. Haggard au Marquis de Lansdowne.

(Extrait).

Caracas, le 14 septembre 1901 (reçue le 10 octobre).

Dans la dépêche de Votre Seigneurie, du 29 écoulé, vous me prescrivez de vous procurer des témoignages supplémentaires et concluants, en vue d'élucider les faits se rapportant à l'incendie du sloop Maria-Teresa par le navire de guerre vénézuélien Miranda.

La seule façon dont cela est posisble consiste à adresser une nouvelle note au Gouvernement vénézuélien sur cette affaire et j'ai l'honneur de vous adresser ci-inclus, une copie de la note que j'ai écrite en conséquence

au Ministre des Affaires étrangères. Il est probable, malheureusement, que cette note aura peu d'effet ou pas d'effet du tout, pour éclairer les faits de la cause. Mais j'ai dû employer ce moyen, n'en ayant pas d'autre à ma disposition. Je transmettrai à votre Seigneurerie, la réponse de son Excellence, aussitôt que je l'aurai reçue.

Annexe du n° 21

M. Haggard à M. Blanco,

MONSIEUR LE MINISTRE,

Caracas, le 13 septembre 1901.

Le Gouvernement de Sa Majesté a pris connaissance des vues du Gouverment Vénézuélien au sujet de l'incendie, devant Guiria, le 13 janvier dernier, du sloop Maria Teresa, propriété d'un sujet britanniqne nommé Wilson, ainsi que de l'emprisonnement de son patron, M. Patterson, et de son équipage et des mauvais traitements subis par eux.

Vu les divergences entre les versions de cet incident données par le Gouvernement Vénézuélion dans vos notes des 25 mai et 8 juin sur ce sujet et celle adressée au Marquis de Lansdowne, principal Secrétaire d'État de Sa Majesté pour les Affaires Étrangères par le Chargé d'Affaires de Sa Majesté, j'ai reçu ordre de me procurer des témoignages supplémentaires en vue d'éclaicir les faits ayant trait à cet incident. Je serais donc très obligé à Votre Excellence, de vouloir bien ordonner une nouvelle enquête sur cette affaire et je voudrais prier en même temps Votre Excellence de fournir une confirmation de la proposition contenue dans la note adressée à Votre Excellence par le Ministre des Douanes, en date du 6 mai et jointe à la note de Votre Excellence du 8 juin, proposition d'après laquelle « M. Patterson s'était placé lui-même à la disposition des rebelles de Trinidad ». Aucune preuve d'aucun genre n'est adressée par Son Excellence à l'appui de ladite affirmation. J'ai l'honneur, etc.

Signé: W. H. D. HAGGARd.

N° 22

M. Haggard au Marquis de Lansdowne.

(Extrait).

Caracas, le 9 octobre 1902 (reçue le 7 novembre). Dans ma dépêche du 14 écoulé je me suis permis d'exprimer la crainte que la demande d'une nouvelle enquête que j'ai adressée au Gouvernement Vénézuélien, comme le seul moyen que j'avais à ma disposition pour me conformer aux instructions de Votre Seigneurie au sujet des faits se rapportant à l'incendie du Maria-Teresa, ne donnât pas de résultats bien fructueux. Et comme Votre Seigneurie le verra par la réponse incluse du Gouvernement Vénézuélien, mes craintes se sont trouvées justifiées, car ce Gouvernement refuse poliment de faire une enquête nouvelle.

Il entre toutefois dans le vif du sujet et semble chercher à expliquer les divergences dans les témoignages. Mais ses efforts ont pour résultat.

« EdellinenJatka »