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La France ne peut renoncer à la porte que le Maroc lui laisse sur l'Atlantique, et c'est la raison pour laquelle elle ne pourrait admettre que la région. qui sépare l'Oranais de l'Océan échappât à sa légitime influence.

Tels sont nos droits - et pour les faire prévaloir sans esprit de conquête il nous suffira d'user des moyens légitimes qui sont en notre pouvoir. Développer l'instruction dans les écoles franco-arabes, améliorer nos relations avec les indigènes par des missions laïques qui nous y feront mieux connaître, développer surtout nos rapports commerciaux et industriels, contribuer dans la plus large mesure possible à doter le pays d'un outillage économique, et à multiplier ses voies de communication, voilà notre rôle.

En même temps que nous montrerons ainsi à l'Europe que nons ne rêvons aucune annexion, le Sultan comprendra que nous sommes ses amis et que ses intérêts sont les nôtres.

Dans les Balkans

La résistance de la Porte à réaliser en Turquie d'Europe les réformes promises et à remplir les engagements contractés vis-à-vis des puissances signatoires du traité de Berlin, malgré les représentations diplomatiques de la France et de la Russie à Constantinople et à Sophia, entretient dans les Balkans et plus particulièrement en Macédoine, un état de choses menaçant.

Au milieu de ces populations différentes de race et de religion, hostiles les unes aux autres, le Turc, armé du Coran, représente l'autorité du vainqueur · rendue odieuse par la vénalité et la corruption des fonctionnaires ottomans et la mauvaise gestion des services publics.

Les troupes du sultan, irrégulièrement payées, et par mécontentement transformées en bandes de pillards et de brigands, soulèvent à chaque instant la colère des petits peuples qui rêvent d'échapper à l'oppression dont ils souffrent et comme la Serbie en 1815, la Grèce en 1830 et la Roumanie en 1861, de conquérir une indépendance partielle ou totale.

En 1875, c'est la Bosnie et l'Herzégovine qui, sous le coup des abus de pouvoir, des exactions de toutes sortes, des mauvais traitements et de la charge toujours croissante des impôts, se soulève avec l'appui du Monténégro et de la Serbie.

C'est plus tard la Bulgarie qui se révolte et entraîne l'intervention armée de la Russie bientôt victorieuse dans une guerre que termine le traité de San Stephano.

Au Congrès de Berlin, la Bulgarie devient principauté autonome et tributaire sous la suzeraineté du Sultan. La Roumélie est placée sous l'autorité politique et militaire directe de la puissance ottomane avec une administration autonome. La Thrace et la Macédoine, moins privilégiées, restent entièrement soumises à l'autorité du sultan avec une administration que l'Europe se proposait de réformer et de surveiller, mais que la duplicité du sultan n'eut pas de peine à soustraire à l'influence des puissances.

Depuis lors une situation vraiment intolérable a été faite aux chrétiens des vilayets d'Andrinople, de Salonique, de Monastir et d'Uskub. La question macédonienne rentre dans une période de redoutable acuité portant en elle

des menaces de troubles pour la paix des Balkans dont pourrait être dans l'avenir affecté le repos de l'Europe elle-même.

Elle est longue la liste des horreurs et des abominations reprochées au sultan, à ses fonctionnaires et à ses troupes. Il semble que là, comme en Arménie, se poursuive avec une méthode irréductible et farouche, l'extermination des Bulgares de la Macédoine.

Un cri a retenti dans les Balkans, « la Macédoine aux Macédoniens ». Il finirait par être imprudent pour l'Europe de rester sourde.

En Arménie, la situation n'a pas changé et durant toute l'année qui vient de s'écouler comme en 1901, les malheureuses populations du vilayet d'Erzeroum dans le Sandjak de Mouch et le disctrict de Sassoun notamment — car sur ces points nous sommes renseignés - n'ont cessé d'être les victimes

des plus abominables méfaits de la part des Kurdes Hamidié sous les yeux, 'bienveillants de la Russie, et avec l'aide des Turcs qui poursuivent dans ces régions désolées leur politique d'extermination par petits paquets. Les exactions, les impôts prélevés cinq et six fois, les razzias, les viols, les tortures de toutes sortes et les meurtres remplissent les rapports officiels et il ne s'écoule pas de jours sans que les atrocités les plus révoltantes ne se répètent, au milieu des troubles, des émigrations et de la conversion à l'Islamisme de villages entiers. A Constantinople, on s'efforce de dissimuler, sous le couvert de mesures d'ordre, et sous prétexte de répression des crimes des fédaïs ou autres, tous les actes de sauvage barbarie qui s'accomplissent quand on ne réussit pas, grâce à l'interception des rapports et des lettres, à les cacher complètement. Partout l'impunité est assurée, aux actes de brigandage et de meurtre qui résument toute la politique du sultan rouge.

Il y a là un mal qui se perpétue et un péril dont ne saurait s'émouvoir plus que de raison l'Europe qui veut la paix, mais qu'il n'est pas possible de méconnaître. Les puissances d'ailleurs, ne doivent pas oublier qu'elles ont accepté un devoir de civilisation, qui les oblige tout au moins à faire auprès du gouvernement ottoman d'énergiques et réitérées représentations, plus énergiques encore que celles déjà faite par la France et au besoin à les appuyer. Il leur appartient de jeter sur l'incendie qui couve la cendre nécessaire pour l'étouffer et pour faire triompher dans les Balkans, comme Arménie contre une politique de fanatisme religieux et de sang, la politique du droit et de l'humanité.

Les affaires du Siam

en

De toutes les affaires qui ont occupé notre diplomatie en 1902, aucune n'a présenté un intérêt plus considérable que celle qui a trait à nos rapports avec le Siam et qui vient de se terminer par le traité signé le 7 octobre à Paris par M. Delcassé et le Phya-Surya et soumis actuellement à la ratification des Chambres.

Notre premier traité avec le Siam remonte à 1856; il avait pour objet d'établir les rapports des deux pays sur des bases stables, il y était promis une paix éternelle, il y était stipulé pour nous le droit d'établir au Siam des consuls et des agents, d'y résider et d'y exercer religion et commerce; un règlement édictait les conditions faites à la colonie française dans le pays.

L'article 5 qui consacrait les droits des Français n'a cessé d'être méconnu ; l'article 7 qui assurait la sauvegarde des voyageurs en missions scientifiques n'a pas été mieux observé comme en témoigne l'aventure tragique du prince Henri d'Orléans. L'article 15 qui donnait à nos navires le droit de remonter jusqu'à notre légation devait lui-même être violé plus tard lors de l'attentat de Paknam.

Ce régime de « paix éternelle » dura onze ans de perpétuelles contestations jusqu'en 1867, époque à laquelle « pour éviter à l'avenir toute difficulté » un nouveau traité fut signé avec le Gouvernement de Bangkok par lequel était reconnu notre protectorat sur le Cambodge et annulé le traité de décembre 1863 entre le Cambodge et le Siam. Par cet accord le Siam recevait les provinces de Battambang et d'Angkor et s'engageait à s'abstenir de tout empiètement sur le Cambodge, landis que la navigation du Mékong s'ouvrant aux bâtiments naviguant sous pavillon français. Nous nous engagions à faire observer ces stipulations, notamment l'abandon des deux provinces que le roi de Cambodge n'avait cessé de réclamer au Siam envahisseur et que l'amiral La Grandière lui avait promis pour lui faire accepter notre protectorat.

Les Siamois occupaient, en outre, indûment 150 kilomètres du littoral cambodgien.

Telles étaient les conventions lorsque en violation flagrantes des traités en 1893 les Siamois pénètrent au Cambodge et s'avancent vers Pnom-Penh. Un de nos agents, M. Grosgurin est assassiné, le capitaine Thoreux est amené en captivité. La France intervient.

On se rappelle alors notre énergique action et la vaillance avec laquelle, sous les ordres des commandants Borie et Dartige-du-Fournet, dédaignant tous les conseils de prudence, l'Inconstante et la Comète battant pavillon français, franchissent la passe de Bangkok sous le feu des Siamois, pénétrent dans le port et presque sous les murs du palais du Roi, dans le silence des forts dont les canons se sont tus, tandis que la flotte siamoise remonte à toute vapeur le Mé-Nam.

Nous n'avions qu'à dicter nos conditions.

C'était le moment d'exiger la restitution au Cambodge des provinces de Battambang et d'Angkor, de Bessac, de Mélou-Prey et le Grand-Lac. M. Develle, Ministre des Affaires étrangères, trop timide ou trop généreux, ne le voulut pas et M. Le Myre de Villers signa au nom de la France avec son altesse royale le prince Dewawongse Varoprakar le traité boîteux de 1893.

Le Siam renonçait à toute prétention sur la rive gauche du Mé-Kong, il s'engageait à ne construire aucun poste fortifié dans les provinces de Battambang et de Siam-Reaf ni dans un rayon de 25 kilomètres sur la rive droite du fleuve, à raser celles qui existaient et à n'entretenir aucune force armée dans cette zone. Nous gardions en gage Chantaboun.

Trois ans plus tard un accord entre les cabinets de Londres et de Paris, déterminait en 1896, avec précision les sphères d'influence de la France à l'Est dans le bassin du Mekong et de l'Angleterre à l'Ouest, dans la péninsule malaise. Entre les deux, le Siam forme un état tampon : les deux puissances s'engagent à n'agir que dans leurs zones propres et à n'acquérir dans la vallée du Mé-Nam aucun avantage, aucun privilège particulier.

Quel a été le fruit de cette politique de modération ? Une constante méconnaissance de la part du Siam des engagements pris; des constestations de chaque jour au sujet de nos ressortissants: Annamites, cambodgiens, laotiens ou chinois.

Le Siam dissimule mal son effort pour chasser la France de la sphère d'influence qui lui a été reconnue et pour écarter les Français des conseils, des entreprises et de l'Administration du pays dont tous les offices sont réservés aux Anglais, aux Hollandais, aux Japonais et aux Danois. Un tel état de choses devenait intolérable à cause de l'importance du bassin du Mékong, pour la sauvegarde de nos protégés et pour la sécurité de notre frontière indo-chinoise. Dès le mois de février 1894 des représentations sont faites par la France à la cour de Bangkok. Au mois d'août intervient une entente en vue de l'exécution sur les lieux du traité et de la convention du 30 octobre 1893. En juillet 1896 notre commissaire général, M. Pavie, dénonce treize cas principaux d'inexécution du traité de Bangkok. Depuis, l'hostilité dn Siam n'a cessé de s'exercer à nos dépens et c'est à la suite d'interminables querelles, de pourparlers engagés et rompus, de promesses faites et démenties oû se sont épuisés contre une politique de duplicité toutes les ressources d'une diplomatie bienveillante et loyale qu'a été fait et signé brusquement à Paris le traité du 7 octobre 1902.

La France acquiert la province de Bessac entre le bassin du Sessoun et la rive droite du Mé-Kong, la province de Mélou-Prey, la bande de terre entre les monts Dang-Rek, la rive du Grand Lac et la rivière Prek-Roluos. Elle prend quelques précautions d'ordre militaire ou économique trop illusoires.

En revanche, elle laisse s'installer la suzeraineté du Chulalong-Korn, sur les territoires du Luang-Prabang situés sur la rive droite du Mékong, nous abandonnons la zone neutre de 25 kilomètres le long du fleuve, ainsi que Battambang et Angkor; nous évacuons Chamtaboun; enfin nous acceptons que les étrangers inscrits sur nos listes n'y soient maintenus qu'après accord préalable des deux Gouvernements; que cette clause ait un véritable effet rétroactif; que les Chinois soient justiciables des tribunaux siamois sous la protection un peu illusoire du consul; que les Cambodgiens soient jugés en matière criminelle par les Siamois leurs ennemis et quels juges!

Toutes ces concessions s'inspirent d'une politique qui veut faire disparaître de l'esprit Siamois la crainte obsédante de notre intervention et nous reconquérir la faveur de la cour Bangkok. Il est à craindre, pour qui connaît les Asiatiques, que la France débonnaire soit bien moins traitée que la France exigeante.

Il est trop tard de relever les fautes commises en 1893 non plus que celles qui résultent d'une excessive temporisation suivie d'une hate inexplicable apportée à la solution des difficultés pendantes. Mais pourquoi ce traité ? ou l'avantage de ce recul ?

Les félicitations du Bangkok-Times à l'occasion de la victoire diplomatique du Phya-Surya, les protestations de la colonie française de Bangkok, l'appel du Comité de l'Asie française, l'émotion qui s'est emparé du monde parlementaire prouvent assez combien il eut été préférable d'attendre pour traiter une heure et des conditions plus favorables.

Les concessions de la déclaration additionnelle qui nous promettent qu'aucune fortification nouvelle ne sera élevée dans la zone de 25 kilomètres et les quelques emplois subalternes qui sont promis à des Français, pas plus que l'abandon qui nous est fait par le traité lui-même, des territoires sans grande valeur de Bassac, de Mélou-Prey et des forêts immergées qui bordent le Tenlé-Sap, ne sont pour nous faire accepter un acte, qui ne peut avoir pour effet que de porter la plus grave atteinte à notre prestige aux yeux de nos protégés du Cambodge, de l'Annam et du Laos. Ces populations qui refuseront toujours à y voir un trait de pure générosité, pour nous accuser de faiblesse et ́nous aurons à notre frontière Indo-Chinoise désormais ouverte, pour qui connaît le Siam, une perpétuelle menace et une cause permanente de nouvelles et inquiétantes complications. La parole est au Parlement.

MODIFICATIONS DE POSTES ET CRÉATION DE POSTES NOUVEAUX

La note préliminaire du projet de budget justifie de la façon suivante ces modifications:

Légation près la République cubaine

«< Lors de la substitution dans l'Ile de Cuba d'un Gouvernement républicain indépendant, au régime américain sous lequel se trouvait la Grande Antille depuis le traité de Paris, le Gouvernement des États-Unis demanda au Congrès un crédit de 122.500 francs pour établir des relations diplomatiques avec la Nouvelle République. Cet exemple fut suivi par les puissances européennes et la France désigna au mois de juin dernier un ministre plénipotentiaire pour aller installer à la Havane la légation de la République. Cet agent aussitôt a été prendre possession de son poste; le département se propose de placer auprès de lui, un secrétaire d'ambassade qui pourrait non seulement collaborer avec lui et le remplacer pendant ses congés, mais aussi le cas échéant, être appelé à gérer nos légations en Haïti ou au CentreAmérique lors des congés des titulaires de ces postes ».

CHINE

Création d'un vice consulat à Swa-Tow

Déjà, en 1900, le consulat de France à Canton proposait l'établissement d'un poste consulaire à Swa-Tow.. L'éloignement de cette ville de la capitale du Quang-Toung rend fort difficile la surveillance de nos intérêts et notre consul à Canton s'est vu dans la nécessité de confier plusieurs fois des missions auprès du Taotaï de Tchao-Tchéou à des Français qui ne pouvaient asṣumer la responsabilité d'une représentation permanente; d'autre part, le port de Swa-Tow est devenu, en ces dernières années, un des plus importants de la Chine, notamment au point de vue des relations avec l'Indo-Chine.

« L'Angleterre, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Suède et la Norvège y ont

créé des consulats ».

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