Sivut kuvina
PDF
ePub

rante six, quarante-neuf, il énumère les objets rentrant dans l'administration du conseil et règle le mode de son exercice;

Que notamment les articles trente-sept, quarante-cinq, quarantesix, et quarante-neuf, qui spécifient les charges de la fabrique, les diverses dépenses nécessaires à la célébration du culte; à la réparation des édifices qui y sont affectés, et autres frais de même nature. gardent le silence sur les honoraires ou rétributions dûs pour messes anniversaires, obits et autres services religieux;

Qu'il n'en est parlé dans les articles douze numéro tertio, vingtsix, et soixante-trois, que comme de charges réelles, obligatoires, fixes et invariables, et pour charger les administrateurs de la fabrique de veiller à ce que les fondations soient fidèlement acquittées et exécutées suivant l'intention des fondateurs ; que l'article vingt-neuf permet bien à l'autorité diocésaine de réduire les charges pieuses conformément aux règles canoniques, lorsque le défaut de proportion des libéralités et des charges qui en sont la condition l'exigera; mais qu'il n'autorise en aucun cas à excéder ni prélever le prix de leur rénumération sur les revenus ordinaires de la fabrique, qui ne peuvent être détournés de leur destination normale; que si le produit des fondations n'est disponible au profit de la fabrique qu'après l'acquittement des charges, cet excédant lui appartient et sert à l'acquit des autres dépenses auxquelles elle doit régulièrement pourvoir;

Qu'affectant des biens spéciaux, dont la propriété lui a été donnée à la condition de les desservir, ces charges ne peuvent être considérées séparément des titres particuliers de donation ou de fondation qui les ont établies; qu'il suit de là que les contestations qui peuvent surgir au sujet de leur existence ou de leur débition, sortent des matières et des fonctions proprement administratives; mais qu'elles caractérisent des questions de propriété ou de droit civil, touchant à l'intérêt privé de la fabrique à titre de propriétaire, et dont par conséquent la décision demeure constitutionnellement soumise à la juridiction des tribunaux civils;

Considérant d'après ce qui précède que la demande de surseoir jusqu'après décision de l'autorité administrative, ne peut être accueillie, et que la cause étant un état, le juge doit y statuer; considérant que l'appelant n'ayant justifié, ni de l'existence de services religieux, grevant les biens de la fabrique intimée autres que ceux pour lesquels elle consent à payer la rétribution qui leur est dûe, ni de leur acquit en dix-huit cent soixante, dont il était au surplus tenu de rendre compte, c'est avec raison que le jugement a quo l'a déclaré non recevable et non fondé dans son action;

Considérant, sur les conclusions subsidiaires, que la question qu'elle soulève, constitue entre l'appelant, en qualité de titulaire de la cure d'Oupeye et de sa dotation et la fabrique de cette église, un débat sur la propriété et la jouissance des biens litigieux ; qu'elle

diffère essentiellement de la demande libellée dans l'ajournement signifié à la fabrique; qu'elle pourra faire l'objet d'une action ultérieure et séparée, si l'appelant croit devoir l'intenter; que de même que le premier juge dont il adopte en ce point les motifs, le juge d'appel ne peut s'en occuper;

Par ces motifs,

Monsieur Beckers, avocat-général entendu en ses conclusions conformes, la cour, sans avoir égard à l'exception d'incompétence opposée à la défense de l'intimée, et réservant à l'appelant toute action nouvelle à l'effet d'établir, par titres ou par équipollents, soit que les biens dont il s'agit sont des biens curiaux, soit qu'ils sont chargés de services religieux dont l'honoraire est supérieur à l'allocation consentie de ce chef à son profit par la fabrique, et dont l'acquittement sera régulièrement justifié, confirme le jugement dont est appel, avec amende et dépens. (16 janvier 1864.)

CORRESPONDANCE DU R. P. LACORDAIRE

ET DE Mme SCHWETCHINE.

Publiée par le comte de Falloux de l'académie française. Prix 4 francs.

Les grandes questions de notre siècle sont difficiles et compliquées, et le nombre des personnes qui les tranchent sans les avoir approfondies augmente encore la confusion des controverses qu'elles soulèvent. A une époque où les âmes ont besoin de pouvoir se rattacher avec sécurité des convictions qui les guident, de funestes malentendus viennent les troubler, et elles s'agitent dans une atmosphère obscure et orageuse, dominées par leurs préjugés et par leurs préventions.

Le R. P. Lacordaire a été mêlé aux luttes de notre temps. Il y est intervenu avec sa nature pleine de contrastes, son esprit hardi et aventureux, son imagination ardente, sa parole puissante et impétueuse qui aimoit à braver les périls et à cotoyer les écueils. Trop souvent on l'a jugé sur des apparences; parfois il a donné prise à la sévérité de ses adversaires, et l'on s'est formé sur ses idées, sou esprit et son caractère les opinions les plus contraires et les plus fausses. Sa biographie, écrite par M. de Montalembert, l'a montré sous son véritable jour; et a parfaitement dépeint cette nature délicate et fière, ardente et douce, sensible à la sympathie, et provoquant la contradiction, hardie à la surface et au fond modérée, facile à subir l'entraînement du jour et cependant ferme et fidèle dans ses

convictions; esprit beaucoup plus sage que ne le fesoient supposer les élans de sa parole et la précipitation de quelques-uns de ses jugements, il a servi avec éclat et constance la grande et noble cause de la religion et de la liberté. Il demandoit à être jugé dans l'ensemble de sa vie et de ses œuvres et non pas dans les détails de ses paroles et de ses pensées; et un critique éminent a pu avouer qu'avant d'avoir lu le livre de M. de Montalembert il ne connoissoit pas Lacordaire. On avoit annoncé que sa correspondance viendroit jeter de nouvelles lumières sur les profondeurs de cette âme si richement douée; on avoit dit que ses lettres à Me Schwetchine pourroient seules le faire entièrement connoître ; ses lettres à des jeunes gens publiées par l'abbé Pereyve sembloient promettre que cette correspondance seroit pleine de ce charme sympathique, de cette grâce austère, qui captivoient les grands auditoires qu'il savoit doniner par l'élévation de ses idées, et l'impétueux éclat de sa parole.

Cette correspondance a-t-elle répondu à l'attente générale, estelle de nature à mettre en lumière la véritable physionomie de l'éminent orateur, met elle en relief les qualités qui font sa grandeur et sauvegarderont sa mémoire ?

Au milieu des divisions d'idées qui règnent de nos jours il n'y a pas d'homme qui ne soit l'objet de nombreuses préventions et chacun doit apprendre à les subir patiemment. Lacordaire en a eu une plus large part que personne; sa correspondance nous montre cette âme impressionnable, pleine d'initiative et d'élans, cernée de toutes parts par la défiance et les soupçons et rencontrant sans cesse les mesquins obstacles, les petites difficultés que semoit sur sa route une hostilité d'autant plus passionnée qu'elle étoit plus consciencieuse, d'autant plus tenace qu'elle n'éclatoit pas au grand jour. Les grandes œuvres de sa vie, les conférences de Notre-Dame de Paris et le rétablissement en France de l'Ordre des Frères prêcheurs furent traversées par de nombreuses et sourdes oppositions; bien des appuis sur lesquels il auroit pu compter lui firent défaut, en revanche ses adversaires surent semer sa route d'incessantes contrariétés.

Il faut bien le reconnoître malgré sa soumission à l'Eglise, sa collaboration au journal l'Avenir étoit un précédent malheureux; il falloit un guide à sa jeunesse en choisissant M. de Lamennais il s'étoit égaré, et ce souvenir pesa sur toute sa carrière; il le sentoit lui-mênie: «Nul main savante et pieuse ne prit ma main, disoit-il; les uns me condamnèrent, les autres eurent pitié, mais celui de qui les dons sont sans repentance ne s'est pas découragé et il achève péniblement son œuvre. Indépendamment même de ce fait l'éloquence du P. Lacordaire, avec sa hardiesse et sa liberté d'allures, provoquoit les contradictions et excitoit les inquiétudes des esprits timides.

»

Après avoir rompu avec Mgr de Quelen, être descendu de la

chaire de Notre-Dame de Paris, il se rend à Rome en 1840, où le Saint-Père l'accueille avec la plus grande bonté, on lui demande de prêcher à Saint-Louis des français. «Mais aussitôt, écrit il à Mme Schwetchine, il s'est élevé les mêmes luttes qu'à Paris et à Metz, les uns approuvant, les autres furieux et pendant quinze jours il n'a été question que de cela. »

C'est au milieu des agitations, des contradictions, des oppositions, des inquiétudes, des hostilités qui travailloient toujours à barrer le chemin à cet esprit puissant et impétueux, que l'habileté, la souplesse, l'expérience et la prudence de Me Schwetchine lui vinrent en aide; c'est elle qui le dirigea au travers des écueils quotidiens qu'on plaçoit sur sa route; « Vous êtes la première, lui disoit-il, qui m'ayez guidé. Vous m'avez pris au moment où mes catastrophes m'avoient averti de la difficulté de la vie et de l'orgueil de mon temps passé. Cela est inoubliable.

me

Sa correspondance avec M Schwetchine nous le montre en butte à des tracasseries, à des préventions, à des injustices, à des préjugés, à des défiances; il n'y a pas de noble vie, remplie par de grandes œuvres qui échappe aux petites questions; mais toutes ces particularités qui remplissent sa correspondance avec Me Schwetchine ne présentent pas un intérêt sérieux au point de vue de l'histoire, de la littérature ou de la philosophie. Dans ces luttes agitées mais sans grandeur l'esprit de Lacordaire se sentoit mal à l'aise; il lui falloit les grandes régions de la pensée, les hautes inspirations; au milieu des aspérités vulgaires de la vie il perdoit tout son éclat, et son style négligé disoit assez qu'il n'étoit pas dans son élément lorsqu'il devoit s'occuper des manœuvres de ceux qui cherchoient à lui nuire : J'admire, écrivait-il, combien le contact de l'intelligence avec le public agrandit l'imagination et toutes les facultés.... Seul, je serois plus froid et j'avancerois moins vite; il faut qu'un enthousiasme mène l'homme et le prêtre aussi. »

Il avoit besoin d'enthousiasme; sa correspondance le montre en face des sujets de désenchantement qui vinrent incessamment troubler sa vie: il étoit fort loin d'être insensible à l'hostilité qu'il soulevoit :

[ocr errors]

Il est si dur écrivoit-il à MTM Schwetchine, de lutter contre des préventions injustes et si doux de rencontrer des âmes qui voient le fond de notre cœur ! »>

Souffrant de tous les coups d'épingles de ses adversaires il se demandoit parfois s'il n'avoit pas quelque défaut capital qui le rendoit impropre à la vie publique, et il se prenoit à regretter la douceur d'une vie obscure et ignorée.

Ah! si l'on savoit combien j'aime la douceur de l'obscurité, s'écrioit-il, on me haïroit moins. Dieu qui a toujours été si bon pour moi, m'a donné au fond du cœur la possibilité de deux vies absolument contraires, celle du grand jour et celle de l'intérieur. Je suis

soldat ou curé de campagne avec la même facilité et la vie douce, naïve me recherche toujours plus que l'autre. »

Malgré ses rêves de calme et de paix il étoit prédestiné aux orages; il souffroit des agitations et cependant il devoit s'avouer qu'il les provoquoit :

« Puis-je me dissimuler disoit-il à Me Schwetchine, que j'aurai toujours dans la chaire quelque chose qui déplaise à une foule de gens et qui sera l'objet d'attaques d'autant plus passionnées qu'elles peuvent être consciencieuses? Est il sage de rester toujours sous les yeux du public et des fidèles comme un problème? Peut-on acquérir une autorité vraie, l'autorité nécessaire au prêtre, lorsque des gens de bien se demandent si vous êtes ou non orthodoxe ? Et ne vaudroit-il pas mieux vivre dans la retraite, écrire et se taire?

Mais au milieu même de ses tristesses, après quelque doute amer, il reprenoit courage: « J'ose dire, écrivoit-il à Me Schwetchine, que j'ai reçu de Dieu la grâce d'entendre ce siècle que j'ai tant aîmé et de donner à la vérité une couleur qui aille à un assez grand nombre d'esprits. »

Parfois même il se félicitoit de l'hostilité qui trop souvent le tourmentoit:

и

L'espèce d'injustice qu'on suppose aux autres envers un homme qui ne l'a point méritée est la source d'une popularité douce et sûre; écrit-il un jour.

[ocr errors]

me

Malgré les épreuves dont il se plaignoit Lacordaire continua à suivre sa voie, il n'envenima pas les dissentiments qu'il rencontra, il ne passionna pas les contradictions qu'il essuya; suivant la direction que lui indiquoit Me Schwetchine avec autant de dévouement que de pénétration, il laissa le temps accomplir son œuvre, et s'enveloppant de patience il vit s'effacer successivement la plupart des préjugés dont il avoit été victime et tomber d'elles-mêmes les préventions dont il avoit souffert. Les luttes pour la liberté d'enseignements mirent fin aux dissentiments qui avoient été pour lui la source de tant de tristesses, d'agitations et parfois de décourage

ments.

J'éprouve un calme suprême, dit-il en 1847, que je n'avois pas encore connu. Je vois en pitié bien des agitations de ma vie et je retourne avec reconnoissance vers bien des misères qui m'ont utilement affligé. »

Lui-même cependant il ne prit pas dans ces luttes une part trèsdirecte.

La nature, écrit-il à sa noble amie, a mêlé à mon énergie un ingrédient d'extrême douceur et de simplicité qui me rend malpropre à l'âpreté de presque tous ceux que je vois manier nos intérêts. C'est à tout le moins, un preuve que Dieu ne me veut pas dans ce genre de service.

[ocr errors]

Dans ces dernières années Lacordaire s'étoit élevé au-dessus de

« EdellinenJatka »