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III. CLASSE. Statistique.

Quant à l'étendue, les calculs des écrivains qui en ont traité diffèrent beaucoup. Celui de M. Keuchenius a paru à M. Metelerkamp être le plus exact. Ce savant a déterminé la longueur de la Hollande à 46, sa largeur moyenne à trente lieues, et toute sa surface à mille trois cent quatre-vingts lieues de vent au degré.

A l'égard de la fertilité, M. Metelerkamp observe que quoique la Hollande ne puisse pas être comparée avec les parties les plus fertiles de l'Allemagne, de la France et de l'Angleterre, il est néanmoins démontré qu'en général la terre n'y est pas aussi ingrate que plusieurs écrivains, surtout étrangers, l'ont supposé gratuitement. Il soutient qu'on y trouve d'excellens pâturages, de fertiles champs de blé, et pour la plus grande partie, un terrain qui demande peutêtre beaucoup de soin et de travail pour le cultivateur, mais qui l'en récompense aussi par de riches récoltes.

En convenant avec plusieurs écrivains qu'au moyen des dunes et des bancs de sable qui depuis un siècle se sont considérablement augmentés devant ce pays, le sol de la Hollande en beaucoup d'endroits est plus élevé que la superficie ordinaire de la mer, il ajoute que dans plusieurs cantons il est de seize pieds plus bas que le niveau de la mer; que quelques parties de la Hollande peuvent être considérées comme perdues à la première éruption de la mer du Nord, et qu'année commune les tourbières ont occasionné une plus grande étendue d'eau qu'on n'en a desséché, dans le même espace de temps, par les moulins. Ce danger néanmoins lui paraît moins réel que celui qui peut résulter des rivières qui, au moyen de digues élevées quelques siècles trop tôt, ont été forcées par-là de rester dans certaines limites, et n'ont pas pu remplir leur destination, celle de rehausser le sol de plusieurs couches d'argile comme elles le font dans d'autres pays. En Hollande, c'est au contraire le lit des rivières qui s'est rehaussé.

Pour la population de la Hollande, M. Metelerkamp pense qu'on peut la

45 porter au nombre rond de deux millions d'habitans, ce qui vu l'étendue du pays, est un exemple unique dans l'histoire moderne, et n'en offre qu'un seul dans l'histoire ancienne, celui de la république d'Athènes; car de cette estimation, il résulte qu'en défalquant du sol de la Hollande la superficie du Zuider-Zée et des lacs, la Hollande renferme trois mille deux cents individus par mille carrés.

La mauvaise constitution physique des Hollandais paraît à M. Metelerkamp devoir être moins attribuée aux vicissitudes de l'atmosphère qui doit rendre les corps robustes tant qu'une bonne nourriutre leur donne les forces nécessaires, qu'à la mauvaise qualité en général de cette nourriture et à l'abus des boissons. L'affoiblissement des facultés de l'esprit est, suivant lui, une suite de la débilité du corps : c'est à quoi il faut attribuer sans doute l'insouciance et l'apathie qui caractérisent aujourd'hui la nation hollandaise. D'autres causes, ditil, y concourent également, mais il juge inconvenant d'en parler, parce que la vérité ne peut pas en être mise en question.

Dans la seconde section, M. Metelerkamp traite de la richesse et du crédit national; des sources de propriété et des principales branches de l'industrie nationale, des pêches, de l'éducation des bestiaux, de l'agriculture, des fabriques et manufactures, du commerce et de la navigation.

Voici le tableau qu'offre l'auteur de la richesse et du crédit national: il estime à 330,000,000 de florins les propriétés de la Hollande portant intérêt, et celles qui n'en portent pas. Les premières sont composées, i) des terres cultivées ; 2) des maisons non comprises dans les rentes des terres; 3) des terres inondées et tourbières; 4) du capital des fermes; 5) de la valeur actuelle des revenus provenant des dettes de l'étran ger; 6) du commerce extérieur et de la navigation; 7) du commerce intérieur, manufactures et pêches; 8) des pêches.

Les secondes se composent, 1) des

grandes bruyères incultes, des dunes et marais, du mobilier des maisons, or et argent ouvrés; 2) de l'or et argent monnoyés, que l'auteur laisse en blane.

celle des chevaux de la Frise, qui procurent de si belles races; enfin celle des bêtes à laine, qui en fournit une si grande quantité : ce sont là encore d'autres sources de richesses pour la Hollande.

Quant aux productions de la terre, il est incontestable que les grains propres à la nourriture de l'homme qu'on

L'estimation des revenus nationaux est portée à 150 millions. Ils se composent, 1) des revenus des fermes; 2) des recettes des tourbières, bois, etc.; 3) des rentes des maisons; 4) des reny cultive, sont insuffisans pour la subtes des dettes des états; 5) des rentes sistance des habitans, qui y suppléent des dettes de l'étranger; 6) du com- en partie par les légumes, les pommesmerce extérieur et navigation; 7) des de-terre et les fruits. Ils tirent encore pêches; 8) des possessions dans les de l'étranger beaucoup de blé, qu'ils Indes orientales; 9) des possessions paient avec les lins, la garance, l'avoidans les Indes occidentales. ne et le tabac, dont ils exportent une grande quantité; mais quoique des données exactes manquent ici, l'auteur croit pouvoir affirmer hardiment que la valeur de ces productions de l'agriculture qui s'exportent, n'est pas surpassée par celle des productions qu'on est obligé de tirer de l'étranger pour la subsistance des habitans.

La première branche de l'industrie nationale de la Hollande est composée des pêches, de l'éducation des bestiaux et de la culture des terres. Nous ne pouvons pas suivre l'auteur dans les détails très-instructifs où il est entré sur ces objets intéressans: nous en extrairons seulement les aperçus sui

vans.

Les pêches se partagent en lointaines et côtières; aux premières appartiennent la pêche de la baleine au Groënland et au détroit de Davis, et celles du hareng et de la morue sur les côtes d'Islande et sur le Doggersbanck.

Les pêches lointaines sont tombées dans une décadence remarquable; les frais de la pêche de la baleine surpas sent ses produits, mais elle fait subsister 15,000 individus.

La pêche de la morue est beaucoup diminuée depuis un siècle par la concurrence d'autres peuples; mais cette pêche donnant des profits plus certains avec moins de risques, sera toujours une source de prospérité première pour la Hollande,

Les pêches côtières de harengs et de poisson frais de mer, celles qui se font dans les rivières, les lacs et autres eaux, occupent un grand nombre d'habitans; mais on ne peut pas évaluer leur produit.

L'éducation des bêtes à corne, qui donné lieu à une immense fabrication de beurre et de fromage, et à une grande exportation de viande salée;

Au surplus, l'auteur soutient et paroît l'établir solidement, que la Hollande ne sauroit subsister par la seule culture de ces terres, et qu'elle a absolument besoin des autres branches de l'industrie nationale, mais surtout des grands avantages que procure le commerce. Il le prouve en faisant observer qu'on ne trouve en Hollande ni métaux, ai pierres, ni sel minéral, ni charbon de terre; que tous ces objets doivent être tirés de l'étranger; que les bois n'y sont pas d'une grande étendue, et que la culture des arbres, quelque nécessaire qu'il fût de l'encourager, ne forme qu'une faible partie de l'économie rurale. Les tourbières, à la vérité, suppléent en grande partie à l'insùffisance des bois à brûler.

L'emploi des productions du pays aux manufactures est la seconde principale branche de l'industrie nationale. Ici, l'auteur convient avec douleur qu'elle a éprouvé une grande diminution par le décadence d'un grand nombre de fabriques et de manufactures. Le commerce et la navigation n'ont pas fait de moins grandes pertes. Les bornes de notre journal ne nous permettent pas

IIIe. CLASSE. Histoire. Biographie. Voyages.

de suivre l'anteur dans les preuves détaillées qu'il en donne: il faut les lire dans l'ouvrage même.

La troisième section offre l'état des finances, les revenus, les dépenses, les dettes, les charges. La quatrième roule sur les moyens de défense, les forces de terre et de mer. Tous ces objets sont traités avec beaucoup d'exactitude et de clarté; mais l'auteur s'y réfère toujours au temps où la Hollande étoit constituée en république, et tout ce qu'il en dit n'a presque plus d'application à l'état actuel des choses, depuis qu'elle a un gouvernement monarchique qui a fait d'importantes réformes dans toutes ces parties de l'administration-publique.

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VOYAGE S.

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Voyage à la Cochinchine, par John Barrow; trad. de l'anglais par Malte-Brun. 2 vol. in-8°. et un atlas.

Troisième et dernier extrait.

l'escadre que montait M. Barrow, reEn quittant les îles du cap Verd, lâcha à Rio Janeiro.

Ses observations sur cette ville se sont principalement dirigées vers les du Brésil; la manière dont est défendu aspects pittoresques qu'offre cette côte son vaste port; les édifices et les monumens que renferme la ville; la beauté de ses rues et de ses promenades; la rareté des plantes que renferme son jardin botanique, d'ailleurs extrêmement négligé; le peu de ressources qu'offre

Rio Janeiro aux étrangers, par le défaut d'auberges, d'hôtels garnis et d'objets de distraction; l'heureuse température dont on y jouit; la quantité d'insectes et d'autres espèces d'animaux vermineux, dont on y est dévoré; le délaissement où y sont les sciences et la librairie ; la familiarité avec laquelle les dames de Rio-Janeiro en usent avec les étrangers, sans qu'on puisse, au jugement de M. Barrow, en rien inférer contre leur sagesse; le genre des amusemens auxquels se livrent les habitans de cette ville; leurs pratiques religieuses; et enfin leurs pompes funèbres.

Quoique tous ces objets soient traités d'une manière assez piquante, le traducteur les a jugés, avec raison, trèsinsuffisans , pour faire connaître le Brésil ily a suppléé par l'extrait d'une relation écrite en allemand par Langsted el par un mémoire sur le Brésil, qu'il a composé d'après la relation de Lindley, dont nous avons donné un extrait dans notre journal, et d'après plusieurs autres sources où il a puisé avec une judicieuse critique.

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De Rio-Janeiro, l'escadre s'avança

vers les îles inhabitées de Tristan, son ouvrage le titre général de Voyage d'Acunha, et celles de Saint-Paul et à la Cochinchine. d'Amsterdam. Ici le traducteur a relevé, d'après l'excellent ouvrage de Vallentin, une erreur de M. Barrow, qui a pris l'une de ces deux dernières iles pour l'autre, en appliquant à la plus septentrionale le nom d'Austerdam, qui appartient à la méridionale. Il était d'autant plus important de relever cette erreur, qu'elle s'est propagée dans les cartes anglaises.

En s'avançant vers le détroit du Sund,

l'escadre arriva à Batavia.

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Sur cette ville et sur l'ile de Java, où elle est située, tant de fois visitées et décrites par divers voyageurs, M. Barrow n'a fait d'observations véritablement intéressantes et neuves que sur l'apathie des habitans de Batavia et leur manière de se nourrir et de vivre auxquelles il attribue, bien plus qu'au climat, l'effrayante dépopulation de Batavia et de toute la partie de l'île de Java, qui appartient proprement aux seuls Hollandais.

Le traducteur a encore suppléé ici à l'insuffisance de la relation de M. Barrow, par des additions importantes. La première est un tableau du faubourg chinois de Batavia, tiré principalement des lettres de M. de Wurmb, publiées en allemand à Gotha en 1794. La seconde sur l'ile de Java, où le traducteur a rassemblé les notions les plus intéressantes qui nous aient été données sur cette ile par Valantyn, Stavorinus, Wurmb, Manevilette, la Billardière et autres.

En quittant ces parages, l'escadre entra dans la rivière de Turon, d'où elle passe dans un havre, à la tête duquel se trouve la ville de Quin-nong, située dans une des divisions de la Cochinchine.

De toutes les parties de la relation de M. Barrow, celle qui concerne un royaume sur lequel nous n'avions guère eu de notions que par les missionnaires, est tout à-la-fois la plus neuve et la plus intéressante : c'est ce qui a sans doute engagé le voyageur à donner à

Lorque l'escadre aborda dans le port de Quin-nong, il s'était opéré à la Cochinchine une révolution qui offre des événemens d'un grand intérêt. Elle est dans le voyage l'objet d'un effet historique sur la Cochinchine, telle qu'elle est actuellement. En voici la très-légère esquisse. Une insurrection avait éclaté dans la capitale en 1774. Trois frères s'étaient mis à la tête des insurgés. Ils avaient chassé le roi et avaient partagé entre eux le royaume ; l'un d'eux s'était solidement établi sur le trône de Tunkin, soumis depuis quelde la Cochinchine. Le missionnaire que temps aux cochinchinois et au nord Adran avait réussi à sauver des mains des rebelles l'héritier du roi légitime; il avait opéré leur réunion, et leur avait ménagé, par un traité avec la France, l'espérance de quelques secours. Avec

ces secours

leur procura dans les pays voisins, le et quelques autres qu'il prince dépossédé recouvra une grande partie de son royaume.

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Dirigé par les conseils d'Adran, promu à l'épiscopat sous le titre d'évêque de la Cochinchine, il ne s'occupa, dans un intervalle de paix que lui laissent les rebelles de l'amélioration de la partie du royaume dans laquelle il se trouvait réintégré. Il fut puissamment secondé par l'évêque Adran. D'après les renseignemens qu'a recueillis Barrow, il trace le portrait le plus flatteur de ce prince et de son ministre. Oa peut, à bien des égards, les comparer à Pierre I. et au genevois Lefort; mais le monarque cochinchinois n'a aucuns des vices de l'autocrate russe. Il n'a ni son caractère féroce, ni son penchant pour l'ivrognerie. Sa vigilance s'étend sur toutes les parties de l'administration, et elle ne s'est pas relâchée un seul moment depuis la mort de l'évêque Adran, qu'il considérait comme son oracle, et qu'il a amèrement regretté. La division de la Cochinchine, où se trouve la baie du Turon, était, à l'époque de la relâche qu'y fit l'escadre, sous la domination du fils de

l'un

III. CLASSE. Voyages.

l'un des chefs rebelles qui résidait alors dans la ville de Hué, à 40 milles au nord de Turon. Un des principaux mandarins fut envoyé par ce prince à l'ambassadeur, pour l'inviter à venir à la cour. Le délai que cette démarche aurait apporté à l'expédition ne permit pas à lord Makartney de déférer à cette invitation. M. Barrow regretta moins le spectacle des cérémonies et des fêtes de la cour de Hué, que l'occasion de passer quelques jours dans les villes, les villages et les hameaux, en pénétrant dans l'intérieur du pays; car ce n'est pas à la cour, comme il l'observe très-judicieusement, d'après le docteur Johnston, qu'il faut chercher le véritable état d'une nation. L'ambassade, néanmoins, ne put pas échapper à une fête que les principaux habitans de Turon lui donnèrent, et pour laquelle ils choisirent le 6 juin, jour de l'anniversaire de la naissance du souverain du pays.

La plus remarquable particularité de cette fête, fut la représentation d'un drame historique, dans une partie de la grande salle où le mandarin reçut l'ambassade, et où l'on donna un splendide festin. Le drame était de temps en temps interrompu par l'effroyable bruit des instrumens étourdissans, parla chaleur qui était excessive,par l'affluence du peuple avide de voir des étrangers.

La plus amusante et la moins bruyante partie de cette représentation théâtrale, fut une espèce d'intermède exécuté par trois jeunes femmes qui paraissaient être trois des principales actrices remplissant le rôle de quelques anciennes reines, tandis qu'un vieil eunuque faisait celui de bouffon. Le dialogue dans cette partie, dit M. Barrow, differe essentiellement du récitatif monotone et plaintif des Chinois: il est gai, vif et comique; souvent coupé par des airs gais, qu'un chorus général termine ordinairement. Ces airs, tout grossiers et rustiques qu'ils sont, paraissent néanmoins être d'une composition régulière, et sont chantés, d'une voix aigre et tremblante, en mesure exacte. Au reste, lors de la représentation dont il Journal général, 1807, N°. 2.

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s'agit, les trois actrices, dans une danse compliquée, et où les pieds ne jouaient pas le plus grand rôle, déployaient les graces de leur taille même par différentes postures du corps, des bras et de la tête; elles formaient des tableaux parfaitement accordés à la mesure musicale.

En entreprenant de tracer une esquisse générale du caractère de la nation cochinchinoise, M. Barrow ne se dissimule pas que vu la brièveté de son séjour dans une partie seulement de la Cochinchine, où il n'a pas pu former des liaisons dans toutes les classes de la nation, il court le risque de tomber dans quelques erreurs; mais il observe qu'il est certains traits fortement prononcés qui se distinguent éminemment dans la masse du peuple, et qu'on peut sûrement assigner comme caractéristiques d'une nation. Ce n'est que de ceux-là, dit-il, qu'il a tiré le petit nombre d'observations qu'il a faites sur la Cochinchine. Quelquesunes peuvent tenir peut-être aux localités. On doit d'autant plus regretter qu'un séjour si peu prolongé dans une partie de la Cochinchine seulement' ait forcé M. Barrow de se réduire à quelques observations incomplètes sur ce pays, que la Cochinchine, avant lui, si l'on en excepte M. Poivre, qui n'en a parlé que très légèrement n'avait été visitée que par quelques missionnaires, plus occupés d'y faire des prosélites que de nous instruire du caractère physique et moral, des mœurs, des usages des Cochinchinois. Voici le rapide aperçu de ce qu'il a observé sous certain rapport.

En considérant ce peuple, comme une colonie de la Chine, M. Barrow remarque qu'il a conservé, à beaucoup d'égards, le type parfait de son origine, et que, dans quelques points, il ľa tout-à-fait perdu.

Les deux peuples s'accordent parfaitement pour l'étiquette observée dans les mariages, les processions et les cérémonies funéraires. Ils ont les mêmes superstitions religieuses, le même usage de présenter des offrandes aux idoles,

G

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