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même point d'incertitude d'où ils sont partis. Cependant, si entre ces différentes opinions illustrées par le nom des auteurs, un choix devait s'établir, le nom de Haller devrait consacrer la première. (1)

Pour expliquer les cas où le fœtus reste long-temps après la mort dans le sein de sa mère sans se corrompre et provoquer la sortie prématurée du second jumeau, il suffit de se rappeler le genre de sa mort, la compression que son cadavre subit. On ne sera pas étonné de ce desséchement sans pourriture. si on considère encore que les enveloppes dans lesquelles le fœtus est renfermé ne permettent aucune entrée à l'air : la matrice s'habitue à la présence de ce corps, qui ne lui est devenu étranger que par des changemens qui se sont faits lentement et par degrés. C'est pour ces raisons que le jumeau peut aussi se développer impunément à côté du cadavre de son frère.

Les développemens que nous avons déjà produits me permettent d'entrer sur le champ, et sans la crainte de ne pas être compris, dans l'exposition de quelques faits, et de les

(1) L'autopsie cadavérique n'a rien présenté de notable. Peu rapporte qu'après avoir ouvert la poitrine et l'abdomen du fœtus, il en trouva les parties, quoique altérées, bien distinctes. Richter a consigné ses recherches sur ce sujet, dans le passage suivant :

Quoad internam structuram viscerum, post obductionem observatam, hic sufficiat breviter monuisse.

Hepar sat magnum quidem fuisse, sed plane fere dissolutum ac quasi maceratum.

Proxime pone hepar ventriculus inveniebatur collapsus, vacuus albicans.

Intestina pallidi viridescentis coloris.

Splen sat notabilis magnitudinis.

Cor, pericardio inclusum, sat notabilis magnitudinis.

Pulmones arcte costis oppressi. Capitis cavum denique accuratius perlustrare nolui, ne destrueretur compages totius preparati, imprimis cum caput integrum jam per se esset præter naturaliter complanatum ae compressum.

(Synopsis praxes medico-obstetricio, Page 45.)

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rapporter comme des exemples de grossesses doubles, traversées par l'expulsion prématurée du foetus mort, et arrivées au terme de la parturition du second jumeau qui a toujours continué de vivre. Par cette exposition, je rendrai complète l'histoire de la grossesse multiple, où les fœtus se sont développés séparément et entourés de leurs membranes propres.

Le 12 novembre 1771, rapporte Pinart, je fus appelé pour voir la nommée Marie Madeleine Papillon, femme de François Bardot, vigneron au hameau de Voisin, paroisse de Quincy, âgée de 36 ans, d'un tempérament sanguin, assez robuste. Je la trouvai au lit, attaquée d'une perte considérable. Elle m'avertit qu'elle était enceinte de cinq mois et demi. Je la saignai deux fois; je lui prescrivis des bouillons et une tisane balsamique et astringente, appropriée à son accident; je lui fis garder le lit avec toutes les précautions convenables. Cette perte fut heureusement terminée.

Le 18 décembre suivant, elle fut affligée d'une pleurésie. Je fus obligé de la saigner jusqu'à huit fois en quatre jours. Elle guérit sans accident.

Le 18 février, elle sentit des douleurs pour accoucher. Je l'accouchai d'un enfant mort, qui probablement mourut dans le temps de la perte. Tout se passa très-naturellement; l'enfant était corrompu, et comme le cordon était conséquemment pourri, je fus obligé d'introduire ma main dans l'utérus, afin d'en extraire ce délivre très-exactement: ce qui fut fait. Mais une chose qui me parut extraordinaire, ce fut de sentir un autre enfant très-chaud, et qui me parut bien se porter, ainsi qu'un amnios bien solide et bien conditionné. Enfin, je délivrai cette femme le mieux qu'il m'a été possible, à plusieurs reprises.

Le 1. mars, treize jours après cette dernière opération, j'accouchai cette femme d'un gros garçon qui a vécu

sept mois, et la mère se porte bien aujourd'hui (Journal de médecine, décembre 1773).

L'observation qui me reste à rapporter est remarquable par le développement du placenta comparé à celui du fœtus. Il est à regretter que l'observateur n'ait pas noté toutes les particularités que ce fait a présentées.

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Une femme eut, dans le septième mois de sa grossesse, des douleurs et une perte considérable. M. Chapman fut appelé, et à son arrivée, on lui présenta une masse que malade venait de rendre par le vagin. Cette masse était composée d'un placenta sain, ayant le volume que ce corps présente du cinquième au sixième mois de la gestation; des membranes entières, mais flasques et d'un jaune sale, et enfin d'un petit fœtus du volume de ceux de trois à quatre mois. La femme, après cette expulsion, ne ressentit plus de douleurs ni d'hémorrhagie, et elle accoucha, deux mois après, d'une fille bien portante (Médico-chirurgical transactions, vol. IX, p. 1.", pag. 194).

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Ici doit se terminer la série des observations de cette première espèce de grossesse double. J'ai négligé de rapporter un plus grand nombre de faits; car tous ceux que j'ai omis peuvent se confondre avec ceux que j'ai exposés.

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A la suite de cette revue d'observations, devrait être présenté le résumé des diverses altérations que l'œuf humain et l'embryon peuvent subir dans ces mêmes grossesses; mais ce travail trouvera sa place ailleurs.

2. Levret et Stein admettent la deuxième espèce de la grossesse composée, lorsque les placentas des jumeaux paraissent comme réunis en un seul. Dans ces cas, le chorion est commun aux deux enfans, presque comme si les deux œufs, placés l'un à côté de l'autre, se fussent enveloppés dans le seul chorion; mais chaque jumeau a son amnios particulier. Ces membranes s'adossent mutuellement de deux côtés, et divisent tout l'oeuf membraneux en deux cel

lules, dans chacune desquelles se trouve le jumeau avec ses propres eaux. Cette disposition des membranes ne fut point admise par Baudelocque. Cet accoucheur a toujours reconnu, pour chaque jumeau, un chorion et un amnios, quoique les placentas ne paraissent faire qu'une masse. Cette opinion, adoptée par les écrivains de ce temps, règne encore de nos jours. Cependant des faits bien constatés ne permettent point de révoquer en doute cette espèce de grossesse. L'opinion de Baudelocque doit seulement nous démontrer que les cas où cette grossesse a lieu sont plus rares que Levret ne l'avait cru. De toutes les observations que nous avons sur ce sujet, je ne citerai que le fait suivant il s'est passé de nos jours, et sous les mes habiles.

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yeux d'homLaurence Perat, âgée de 35 ans, nubile à l'âge de 9 ans, mère d'une petite fille, accoucha à l'Hôtel-Dieu. Après l'expulsion du premier fœtus et la section du cordon ombilical, MM. Dance et Mancel, alors internes, observèrent que le cordou placentaire était le siége de battemens, et que le sang s'échappait par saccades. Ils firent une compression sur cette extrémité avec les doigts. Une demi-minute après, ils cessèrent de comprimer, et le jet de sang reparut avec force. La compression fut de nouveau établie. Il leur parut constant, après plusieurs épreuves, que les saccades répondaient parfaitement au pouls de la mère, et étaient isochrones aux battemens de son cœur. Une fois lié, ce bout du cordon fut, pendant quelque temps, encore agité par des battemens. L'expulsion du second enfant fut courte, et se fit sans écoulement préalable de nouvelles eaux. Son cordon ne fut point agité par des battemens comme celui du premier, et aussitôt coupé, le bout pla cental ne fournit qu'un très-faible écoulement de sang : délivrance ne tarda pas à s'opérer. « Nous trouvâmes, rapporte M. Mancel, un seul placenta très-volumineux, auquel s'inséraient deux cordons ombilicaux, à la distance de deux

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ou trois pouces l'un de l'autre. Il n'y avait qu'une membrane chorion commune aux deux fœtus, et deux amnios très distinctement adossés l'une à l'autre, de manière à former deux poches séparées pour chaque fœtus. Il nous fut facile de séparer en plusieurs points le chorion commun de l'annios, ainsi que les deux amnios l'un de l'autre, à l'endroit de leur adossement. »

Ces cordons ombilicaux étaient très-gros et infiltrés d'une grande quantité de substance gélatiniforme, blanchâtre, chacun d'eux avait deux artères et deux veines. » (Thèse, Observations sur les grossesses doubles, par Mancel, Paris, 1823, n.° 128.)

Dans cette grossesse, comme dans la grossesse de la première espèce, un des fœtus peut mourir sans devenir un obstacle au développement du second. La cloison formée par l'adossement des amnios offre assez de résistance pour maintenir leur séparation. Le raisonnement nous fait entrevoir que l'expulsion de l'un doit entraîner la sortie de l'autre. Les rapports des parties sont trop intimes pour que les choses se passent autrement. En général, le fœtus qui a succombé est expulsé avec le délivre. Le fait suivant, qui se trouve dans l'ouvrage de Richter, en est une preuve.

Le 29 mars 1802, dit cet auteur, il se présenta vers six heures du soir, à l'hôpital d'accouchement de Moscou, confié à mes soins, une femme qui était déjà à la seconde période du travail de l'enfantement. Les membranes se rompirent peu de temps après son entrée, et les douleurs furent si actives, qu'elle accoucha avec promptitude et facilement d'un enfant bien constitué, plein de vie et de santé. La délivrance s'opéra au bout d'un quart d'heure par les seuls efforts de la nature. Cependant, à la sortie du délivre, la main, en le saisissant, reconnut quelque chose de dur et d'étrange; il fut examiné avec soin, et les membranes furent déployées. On découvrit alors un second fœtus; il était

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