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cation officielle au sujet du Luxembourg n'avait été échangée jusqu'ici entre la France et la Prusse. Il s'est plu, en même temps, à rendre hommage aux dispositions pacifiques témoignées par le Gouvernement de l'Empereur, aussi bien dans la dépêche destinée à M. Benedetti que dans la déclaration que Votre Excellence a faite, par ordre de l'Empereur, au Sénat et au Corps législatif. J'ai fait remarquer au principal secrétaire d'État que la prudence et la modération du Gouvernement de l'Empereur, quelque grandes et persistantes qu'elles fussent, ne suffiraient évidemment pas à assurer indéfiniment, dans l'avenir, le maintien de la paix, si l'on ne parvenait pas, d'une manière ou d'une autre, à trouver une combinaison qui sauvegardât suffisamment pour le moment, les justes susceptibilités de l'opinion publique en France. Lord Stanley a paru reconnaître la justesse de mes observations, et, sans mettre en avant aucune combinaison, il s'est montré animé du sincère désir de voir résoudre, d'une façon satisfaisante pour toutes les parties, une question qui pourrait, suivant lui, d'un moment à l'autre, prendre de regrettables proportions.

J'ai eu l'occasion de causer avec M. l'Ambassadeur de Russie, dont le langage ne m'a pas paru moins conciliant et moins amical que celui de lord Stanley. J'ai cru néanmoins devoir dire à M. le baron de Brunnow que si, personnellement, il se montrait persuadé de la nécessité, dans cette circonstance, de donner satisfaction aux légitimes susceptibilités de la France, j'avais lieu de craindre, d'après certains articles de journaux, que telle ne fût pas la manière de voir de son Gouvernement. Mon collègue m'a assuré que l'article du Journal de Saint-Pétersbourg auquel je faisais allusion, était dénué de toute portée et que les dispositions de la Russie à notre égard n'étaient pas moins favorables que celles de l'Angleterre.

Veuillez agréer, etc.

Signė: Prince DE LA TOUR D'AUVERGNE.

GRANDE-BRETAGNE.

Dépêche de lord Stanley au comte Cowley rapportant une conversation avec le prince de la Tour d'Auvergne au sujet de l'insistance de la France sur l'évacuation de la forteresse de Luxembourg par la Prusse, en date de Londres, le 10 Avril 1867.

(Extrait.)

Mylord,

L'ambassadeur de France est venu me voir ce matin et m'a communiqué la substance d'une dépêche qu'il avait reçue de M. de Moustier. M. de Moustier commence par dire que la position du Limbourg et du Luxembourg respectivement était restée douteuse à l'issue de la guerre qui a mis fin à la Confédération germanique, que la France s'était abstenue jusqu'alors de toute représentation à la Prusse, comptant sur la bonne foi de cette puissance pour régler la condition future de ces deux provinces, que le Gouvernement français désavoue et continue fortement à désavouer toute intention d'offenser ou d'irriter la Prusse.

M. de Moustier envoie au Prince de la Tour d'Auvergne, copie d'une dépêche qu'il avait adressée à l'Ambassadeur de France à Berlin. Le Gouvernement français, dit M. de Moustier à M. Benedetti, ne discute point, pour le moment, la question théorique de savoir à quelie puissance le Luxembourg devait appartenir, il se borne à exprimer l'opinion que ce n'est pas une province allemande.

M. de Moustier ajoute que le comte de Bismarck a lui-même admis que depuis la dissolution de la Confédération germanique, tous les États qui la composaient sont redevenus libres et que ni le Gouvernement, ni le peuple de Luxembourg n'ont aucunement le désir d'entrer dans la nouvelle confédération qui a été formée sous la suprématie de la Prusse et que le Gouvernement prussien est décidé de n'user d'aucune pression pour les contraindre à le faire.

Le Gouvernement français, ajoute M. de Moustier, attache une grande importance aux paroles par lesquelles le comte de Bismarck a déclaré que la politique prussienne respecterait les justes susceptibilités de la nation française. De pareilles expressions à un semblable moment, sont plus que de la simple courtoisie et auront sans doute une valeur pratique. Elles sont complétement conformes aux sentiments et aux intentions que le comte de Bismarck a toujours exprimés, sentiments dans lesquels le Gouvernement français a une entière confiance.

M. Benedetti a ordre de tâcher de connaître quelles sont les vues du cabinet de Berlin, et M. de Moustier termine sa dépêche en exprimant fortement le désir du Gouvernement français de conserver la paix et de respecter les droits de l'Allemagne.

Le prince de la Tour d'Auvergne m'a ensuite exprimé son opinion personnelle que tôt ou tard le Gouvernement français serait obligé d'insister sur le retrait de la garnison prussienne de Luxembourg. J'ai demandé pourquoi, puisque cette garnison y avait été depuis si longtemps, on s'opposerait maintenant à ce qu'elle y restât. Il m'a répondu que les circonstances étaient, pour l'Allemagne, complétement changées, que l'ancienne Confédération n'avait été faite que dans un but défensif; que ses forces étaient composées de contingents de différentes puissances, que son mécanisme était compliqué, et que son action était lente. Les circonstances étaient maintenant tout à fait différentes; toute l'action était désormais concentrée dans les mains de la Prusse, et Luxembourg avec une garnison prussienne ne serait plus simplement une position défensive pour l'Allemagne, mais serait une position offensive contre la France. »

Signé: STANLEY.

FRANCE.

Dépêche du marquis de Moustier à M. Baudin, lui donnant communication de sa dépêche du 6 avril à M. Benedetti, en date de Paris, le 11 avril 1867.

Monsieur,

Avant que la question du Luxembourg eût été soulevée dans le Parlement du Nord de l'Allemagne, je n'avais adressé à ce sujet aucune communication officielle à M. Benedetti. Cette affaire étant entrée dans le domaine de la publicité à la suite des interpellations qui ont eu lieu, nous ne pouvions garder un complet silence, et j'ai cru devoir faire connaître à l'Ambassadeur de Sa Majesté à Berlin quelles étaient nos impressions. Ma dépêche que vous trouverez ci-jointe est la première dans laquelle le nom du Luxembourg ait été prononcé; elle n'est pas même destinée à être communiquée officiellement à M. de Bismarck. Nous n'avons pas jugé opportun d'engager une discussion sur ce qui s'était passé. Nous voulions éviter, au contraire, tout ce qui aurait pu faire naître entre la Prusse et nous une question quelconque. Nous nous sommes bornés à constater les déclarations par lesquelles M. de

Bismarck a reconnu devant le Parlement du Nord que la dissolution de la Confédération germanique a fait rentrer le Roi des Pays-Bas dans la plénitude de sa souveraineté.

Recevez, etc.

Signė MOUSTIER.

Dépêche du marquis de Moustier à M. Benedetti sur la pensée du Gouvernement français de rendre impossible au parti qui voudrait la guerre d'en trouver le moindre prétexte et sur les dispositions des autres Puissances, Paris le 13 avril 1867.

Monsieur.

Mes deux télégrammes du 11 et du 12 vous ont porté la substance des informations que j'avais à vous transmettre. Je vous ai dit qu'avant tout la pensée du Gouvernement de l'Empereur est de rendre impossible au parti qui voudrait la guerre d'en trouver le moindre prétexte dans notre attitude. M. de Bismarck n'ignore pas nos dispositions, car j'ai donné lecture à M. le comte de Goltz de la dépêche que je vous ai adressée pour vous les faire connaître. Je m'en suis également expliqué à Londres, à Pétersbourg et à Vienne. M. le duc de Gramont, se trouvant en ce moment à Paris pour des affaires privées, c'est par l'entremise de M. le prince de Metternich que j'ai informé le cabinet de Vienne de la manière dont nous envisageons les devoirs de notre situation. Nous avons particulièrement à nous louer des sentiments amicaux du gouvernement anglais. L'opinion des deux autres grandes puissances semble aussi nous devenir de plus en plus favorable; elles nous savent gré de notre modération. Au surplus, toutes les suggestions qui nous sont faites reposent sur l'abandon de la forteresse de Luxembourg par la Prusse, et c'est un point sur lequel les trois cabinets paraissent unanimes. Nous sommes autorisés à supposer, d'après la conformité des idées qui nous sont exprimées de différents côtés, que les puissances se sont consultées à ce sujet, et qu'elles sont toutes également portées à reconnaître et à faire entendre à Berlin qu'il y a lieu de tenir compte de notre dignité et de nos intérêts. Signé: MOUSTIER.

Agréez, etc.

GRANDE-BRETAGNE.

Dépêche de lord A. Loftus à lord Stanley au sujet du sentiment public en Prusse sur la question du Luxembourg, en date de Berlin le 13 avril 1867.

Mylord,

(Extrait.)

L'émotion produite ici dans toutes les classes de la société au sujet de la question du Luxembourg au commencement de la semaine s'est en quelque sorte apaisée. Il y a plus de calme dans l'esprit public, mais en même temps une égale fermeté de résister à toute demande agressive de la France vis-à-vis de l'Allemagne. Mais quoique les craintes qui s'étaient élevées à un moment pour le maintien de la paix soient moins fortes, l'espoir d'un arrangement pacifique éventuel de la question n'est pas bien grand.

J'ai vu hier le Baron Thiele, mais je n'ai rien appris de lui qui pût jeter quelque lumière sur l'état de la question ou donner l'espoir que le courant conduisant à la guerre ait changé.

Son Excellence m'a dit que quant à présent la question tout entière restait en suspens.

Aucune démarche nouvelle n'a, paraît-il, été faite par aucune des deux parties.

Signé: LOFTUS.

FRANCE.

Circulaire du marquis de Moustier aux Agents diplomatiques de l'Empereur à Londres, Vienne, Florence et Saint-Pétersbourg au sujet de la question du Luxembourg, en date de Paris, le 15 avril 1867.

Monsieur,

Les événements qui se sont passés l'année dernière en Allemagne, et les changements considérables qu'ils ont introduits dans les relations des États germaniques entre eux, ainsi que dans leur situation vis-à-vis des autres États européens, ne pouvaient laisser les cabinets indifférents en présence de l'incertitude prolongée qui pesait sur la position internationale de la province du Limbourg et du Grand-Du

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