Sivut kuvina
PDF
ePub

Ce fut alors que leurs nombreux navires durent éprouver des tempêtes dans les mers si orageuses de la Chine et du Japon, et être jetés sur la côte ouest des deux Amériques. Valentyn, Kampfer (t. 1, p. 59) et Kotzebue tout récemment, citent des jonques japonaises qui ont été portées en Amérique par des tempêtes, ou y ont été envoyées en découverte, y ont séjourné, et ont su, de nos jours même, revenir de là au Japon.

Ainsi, et seulement ainsi, a pu arriver dans l'Amérique du Sud, et sur le plateau de Cundin-Amarca, l'antique Bochica, fils et image du soleil, Sua, et aussi nommé Sué, c'est-à-dire, l'homme blane, nom que reçurent pareillement Quesada et ses compagnons, quand ils découvrirent ces contrées; nom qu'on applique encore aujourd'hui, à Bogota, aux européens ou asiatiques du Caucase.

C'est de la même manière qu'a dû arriver dans le Mexique le célèbre Quetza Cohuatl, civilisateur des Aztèques, homme également dit blanc, vêtu de noir, et portant sur ses habits des croix rouges, et dont l'infortuné Montezuma croyait les Espagnols issus, quand ceux-ci vinrent attaquer son empire. C'est encore de la même manière que put arriver dans l'Amérique du sud Amalivaca qui civilisa les Tamanaques.

D'autres civilisateurs purent aussi venir du centre de l'Asie, mais par terre en grande partie, soit en gagnant l'Amérique, par le Kamtchatka et les îles du détroit de Béringh, soit par la Corée, les îles Kouriles, et les îles Aléoutes, qui se prolongent jusques vers le nord de la Californie.

Ce fut par cette voie de terre, que, dès l'an 499 de notre ère, c'est-à-dire, 1000 ans environ avant Colomb, des bouddhistes de Samarcande se rendirent.au Fou-sang, pays déjà connu à cette époque, et qu'ils voulaient convertir. Ils passèrent par le Tahan, ou la pointe nord-est de l'Asie, et après une assez longue navigation qui est parfaitement décrite, et

acceptions; car on sait que le dragon, ou crocodile à quatre griffes, est l'emblême du monarque du Japon, et le nom de ce dragon ou crocodile royal est en japonais Firio, simple modification du nom égyptien et arabe Pharao.

1 M. de Guignes le père et le P. Gaubil, observent que les Chinois confondent, souvent les Bouddhistes, les Chrétiens et les Nestoriens.

qui mène précisément sur la côte nord-ouest de l'Amérique, comme le montrera M. de Paravey dans un mémoire particulier qu'il prépare pour cet important sujet, ils atteignirent une contrée riche en or, mais encore privée de fer, contrée à demi-civilisée, offrant des vignes, située à plus de 2000 lieues à l'est des côtes de Corée, et qui ne peut être que l'Amérique, comme l'a très-bien vu M. de Guignes le père, qui a traduit le premier et publié cette curieuse description du pays de Fou-sang.

M. de Paravey n'ignore pas que M. Klaproth a prétendu réfuter M. de Guignes à cette occasion, et qu'il a affirmé 1 que le Japon, si voisin de la Chine, était le vrai lieu atteint par ce voyage des Bouddhistes de Samarcande, ou du Ky-Pin.

Mais M. de Paravey réfutera à son tour M. Klaproth, en prouvant que la vigne existe indigène, et de tout tems, dans l'Amérique du Nord, objection principale que faisait cet orientaliste à M. de Guignes, et qui le porte à conclure, on ne sait comment, que ce pays, situé à 20 mille lys ou 2000 lieues Est de la Chine, répond au Japon : le Japon, en effet, est aussi nommé Fou-sang, où pays de l'arbre, du rosier fabuleux sur lequelle soleil se lève; mais il était parfaitement connu des Chinois à l'époque de cette curieuse relation, et jamais ils ne l'ont placé à 2000 lieues à l'est des côtes de la Chine.

Si des Bouddhistes ou des chrétiens nestoriens partaient de Samarcande, et, guidés par des Tartares, sur leurs traîneaux rapides, se rendaient en Amérique, par le Nord-Est de l'Asie, après une courte traversée, et cela, dès l'an 499 de notre ère ; si des Carthaginois, comme le dit Diodore de Sicile, y avaient pénétré par l'Ouest, aussi-bien que des Phéniciens et des Espagnols, des Basques même, dès avant notre ère ; alors s'expliquent naturellement ces immenses constructions et ces bas-reliefs si curieux de Culhuacan ou Palenqué, dans le Guatimala, présentant des offrandes de fruits, des sacrifices d'animaux, et même d'hommes, comme le faisaient les Phéniciens et les Carthaginois; alors s'expliquent aussi les Croix qui ont pu, aussi bien que

1 Tom. xxvIII, p. 505, des mémoires de l'Académie des inscriptions. • Voir le Recueil, an 1831, des nouvelles Annales des Voyages.

celles trouvées dans l'Inde, à S. Thomas, être sculptées par eux sur ces curieux monumens.

Mais il suffit ici d'avoir indiqué rapidement le but des recherches de M. de Paravey, et pour en revenir à son travail, sur le mémoire de M. Siébold, on observera encore que ce docte voyageur, comme M. de Humboldt, comme tous les bons esprits, suppose que c'est par la pointe nord-est de l'Asie, que l'Amérique a reçu la masse de sa population sauvage, et évidemment de race mongole; on observera en outre qu'il admet de telles communications entre le Japon et ce continent de l'Amérique, qu'il donne, dans son ouvrage récemment imprimé ', et nonobstant les opinions contraires qu'il n'ignore pas, le Maïs, ou ble de Turquie, comme existant de tout tems au Japon et en Asie-Orientale, aussi-bien qu'en Amérique, ce qui est aussi l'opinion de M. de Paravey; les Toltéques le portant avec eux, comme le dit M. de Humboldt en décrivant leur migration du nord au sud.

Les communications soupçonnées par le savant auteur des Vues des Cordillères, entre les Muyscas et les Japonais, se vérifient done de mille manières : outre les mots muy seas, puisés dans le mémoire de M. Klaproth, d'après le P. de Lugo, M. de Paravey a aussi transcrit tous les mots chib ou chibcha, que cite M. de Humboldt ; ce sont ces mots que l'on va, d'après lui, comparer au japonais, en commençant par la série des dix nombres, ou des dix jours qui se comptent au Japon, en ajoutant ka à chaque nom de nombre, comme le font également les Chinois et certains peuples du Caucase; et en observant que cet augment appelé ici la numérale des jours, suffirait déjà seul pour démontrer des rapports et une origine commune.

Avant de donner ces tableaux, d'après M. de Paravey, on croit devoir remarquer que, dans les langues orientales, les voyelles se changent sans cesse les unes dans les autres, et même souvent ne se marquent pas et sont suppléées par le lecteur. On croit devoir aussi citer Thunberg, qui (p. 179, t. 11) apprend

Siébold: DE NIPPON (Jappon).... ou matériaux pour servir à la description du Japon et des contrées voisines (en allemand); fort bel ouvrage grand in-4° avec des planches, chez Merklem, à Paris. Prix, 200 fr.

qu'au Japon le B se change souvent en M et en F, et vice-versa, le Ken F et en B (bien que ces lettres ne soient nullement de même organe), le D en T, le R en L parfois, et enfin le H en F.

Et pour prévenir jusqu'aux moindres objections, on croit devoir avertir que, si le ch manque en japonais, comme le dit Thunberg (p. 178, t. 11), tandis qu'il termine fréquemment les mots muyscas, dit M. de Humboldt (p. 229), les Japonais (dansThunberg, au moins) ont le j, aussi-bien que le chinois, et le dj, comme dans le mot djogoun, et le sj, dans lequel le s et le ch se changent facilement.

La lettre L, en général, manquant d'ailleurs également aux deux peuples, est un autre rapport d'organe assez surprenant, et qui exclut une origine chinoise pour les Muyscas, puisque chez les Chinois, à l'inverse du Japon, c'est au contraire la lettre R qui n'est pas usitée, du moins dans certaines provinces.

M. de Humboldt a démontré que la lunaison se divisait en trois décades, en Chine, au Japon et chez les Muyscas, où les intercalations, avaient lieu comme chez les Grecs. Il a prouvé aussi (p. 264), que le cycle de soixante ans des Chinois et des Japonais, divisé en quatre indictions de quinze ans chacune, usitées en Europe au tems de Constantin, existait chez les Muyscas, et manquait chez les Aztèques. Et cette période de soixante ans, cet artifice de séries périodiques, est encore d'une origine purement chaldéenne ou sabéenne, au Japon, en Chine et à Bogota, puisque ce sont, ces périodes chaldéennes de soixante heures, soixante jours, soixante ans ', qui ont donné naissance à la division astronomique en minutes, secondes, tierces, etc., division dite sexagésimale.

Mais si, d'après les détails que donne M. de Humboldt, le cycle de dix jours était, chez les Muyscas aussi-bien qu'au Japon, l'élément formateur des mois de trente jours et des cycles de soixante ans, il importait fort, comme le firent M, Siébolt et M. de Paravey, de comparer ce cycle de dix jours des deux côtés. Or, le voici chez ces deux peuples:

1 Cette période a été aussi retrouvée en Égypte par M. Champollion, mais dédoublée et sous la forme d'un cycle de trente ans, en usage encore dans l'Archipel indien.

[blocks in formation]

Il est remarquable ici, observe M. de Paravey, que la finale ka, numérale des jours en japonais, se trouve aussi dans presque tous ces noms en muys cas, soit sous la forme ca, qa, ou sous celle de l'aspirée ha.

Il est non moins remarquable que le premier jour, Ala en muyscas, et Fifito en japonais, ou même encore Tsouitats, variante que donne M. Klaproth ', soient également des deux côtés privés de cette finale ca, ou ka, qui termine les autres nombres.

Et quant aux identités, celles des 2o, 3o, 5o et 9° jours sont trop évidentes pour être discutées; kon-OKA, en japonais pour le 9' jour, renfermant aca ou oka, qui en est l'abréviation en muyscas.

Le 1" jour lui-même, qui a pu se dire ito, aussi bien qu'ata, en muyscas, n'est qu'une abréviation du Fif-ITO-i, japonais,

1 M. Klaproth prétend que zha doit ici, et dans suhuzha, se prononcer ja ou cha; mais la chose est fort douteuse, car les nombres 3, 4, 5, 7, 9 et 10 se terminent évidemment en ka où qa, dur, et le cha ou ja n'en serait qu'un simple adoucissement. Au Pérou, en langue qquichua, cette même finale c ou ca se remarque dans :

Huc un.

Iscay

[ocr errors]

deux.

[blocks in formation]
[merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

Et dans le Caucase aussi, un dialecte a tous ses nombres terminés en Ba, autre numérale.

• Nouveau Journal Asiatique, p. 401, t. I.

2

« EdellinenJatka »