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Extrait du No 56 des Annales de Philosophie chrétienne.

Etat de la question sur les travaux de MM. Siebold et de Paravey, relatifs à l'origine japonaise des Muyscas. Réfutation de MM. Klaproth, Saint-Martin et Eyriès- Traces de colonies sabéennes, phéniciennes, arabes et égyptiennes dans le Fo-Kien, chez les Japonais, les Basques et les Muyscas.-Analogies positives entre les noms de nombre, les noms de jours, de dignités civiles et sacrées, · les noms de lieux, - les formes du culte, et les termes astronomiques, chez ces divers peuples. - Tableau des mots japonais retrouvés dans le pays de Bogota, chez les Muyscas. Quelques idées sur la manière dont l'Amérique a pu recevoir sa civilisation du centre de l'Asie et par l'ouest, et sur les variétés qu'offrent les races d'hommes que l'on y trouve.

Nous recevons de M. de Paravey le Mémoire suivant, que nous publions avec plaisir, parce qu'il s'agit d'une question obscure, difficile, et que peu de savans ont encore essayé d'éclaircir. Nous recommandons aux réflexions et aux études de nos lecteurs, les vues nouvelles que ce Mémoire jette sur les premières communications entre les peuples les plus éloignés; tout ce qui tend à éclaircir les nuages amoncelés sur l'enfance des peuples, tourne à l'avantage de nos livres, et doit être reçu par les catholiques avec une sorte de respect.

Les Annales de Philosophie Chrétienne ont déjà publié ', ainsi que plusieurs autres recueils périodiques, une note assez con1 Voir le n° 15, Tom. 1, p. 179 des Annales.

cise, lue par M. de Paravey, en 1829, à la Société Asiatique de France. Dans cette note, M. de Paravey s'attachait à réfuter un rapport de MM. de Saint Martin, Klaproth et Eyriès, où l'on prétendait nier les analogies incontestables qui existent entre les Japonais et les peuples du plateau de Cundin-Amarca ou de Bogota, dans l'Amérique du sud '.

Ces analogies avaient été établies en premier lieu par l'illustre M. de Humboldt 3; elles avaient été résumées et admises par le judicieux Maltebrun, dans son excellent Précis de géographie universelle 4, où il donne une analyse rapide, mais parfaite, du cha. pitre consacré par M. de Humboldt à cet important sujet; enfin dès 1826, M. de Paravey, étudiant la nature intime des cycles des dix jours et des douze heures et du cycle multiple de soixante ans, qui se forme de la combinaison, deux à deux, des caractères de ces dix jours et de ces douze heures, avait ajouté à ces analogies de nouveaux détails positifs, confirmant tous les aperçus de M. de Humboldt; et dans les noms des jours Muyscas, Ata, Bosa, Mica, Mhuyca, Hisca, avait trouvé non-seulement les idées qu'offrent les caractères du cycle de douze en chinois, mais encore des débris de l'alphabet primitif, donnant les chiffres orientaux, A, B, C, D, He.

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Tous ces travaux pouvaient être ignorés des membres de la commission du Journal asiatique; mais quand M. Siebold, de Nangasaki même, au Japon, où il avait été envoyé par M. le baron Van der Capellen, gouverneur de Java, prenait la peine d'adresser, au jardin des plantes, à Paris, un nombre assez considérable de graines rares ou inconnues, avec leurs noms japonais; quand cet étranger envoyait en même tems à la Société Asiatique de France, un mémoire important, où il discutait l'o.

1 Inséré dans le no de juin 1829, t. ш du Nouveau Journal Asiatique.

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› Bogota est en ce moment la capitale de la république de la NouvelleGrenade, comprenant les départemens de Cundin-Amarca, du Cauca, de l'Isthme, de Magdalena et de Boyaca, et fondée en 1831.

3 Tom. II, p. 220 de ses Vues des Cordillières, édit. in-8°, an 1816. 4 Tom. v, p. 107 et 572, édit. 1821.

5 Voir son Essai sur l'origine unique des chiffres et des lettres de tous les peuples, p. 116.-Voir aussi l'analyse que nous avons donnée de ce savant ouvrage, dans le n° 10 des Annales, t. 11, p. 286.

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rigine des Japonais, où il donnait des détails entièrement nouveaux sur la Corée, l'ile Ieso, les îles Kouriles, et ce vasté pays de Santan, qui, au sud de l'Amour-Inférisur, borde la Manche de Tartarie, et que les meilleures cartes ne montrent, ni sous son nom véritable, ni dans ses divisions actuelles ; quand il y faisait voir que le cycle des dix jours des Muyscas de Bogota, se trouvait, avec la plupart de ses prononciations et sa terminaison en ca ou ka, encore usité en ce moment au Japon pour la période de dix jours; quand enfin il demandait que ce mémoire, si important et si précieux, par le lieu même où il avait été composé, et qui heureusement vient enfin d'être imprimé, mais en allemand, fût inséré dans le Journal de la Société Asiatique de France, il semble qu'il devait s'attendre, dans ce journal, à autre chose qu'à une réfutation mal fondée. En effet, comment qualifier autrement une réfutation, où l'on se permet de traiter le savant et judicieux Maltebrun, de compilateur; où l'on reproche à ce dernier d'avoir, p. 212, t. v de son excellent Précis, discuté la marche des tribus asiatiques de race mongole, du nord de la Perse vers l'Amérique, marche admise cependant par M. de Humboldt, et où l'on finit par conclure, p. 405, « que la méthode suivie par l'auteur est en général trop hy»pothétique, pour que la Société Asiatique puisse publier son travail, qui y imprimerait, pour ainsi dire, le sceau de son approba

» tion. »

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Ce fut spécialement contre ces conclusions que M. de Paravey vint s'élever dans la lettre qu'il lut à la Société Asiatique, un peu avant son départ pour Londres, en 1830; il s'attachait dans cette lettre, à l'origine japonaise des Muyscas, niée par MM. Klaproth, Saint Martin et Eyriès. Il prenait les vingt-trois mots muyscas cités par M. Klaproth, et il les montrait, soit dans le vocabulaire de Thunberg pour le japonais, soit dans la grammaire japonaise du père Rodriguez. Enfin, il donnait sur une feuille très-peu étendue, les caractères cursifs et hierogly

1 Tom. II, p. 386, 1829, du Nouveau Journal Asiatique.

Voir la Grammaire de la langue de ce peuple, publiée à Madrid, en 1819, par le père de Lugo, p. 402.

3 Publiée à Paris, par la Société Asiatique, avec un supplément, en

1825 et 1826.

phiques du calendrier des Muyscas, publié par M. de Humboldt, caractères montrés à des savans japonais, à Nangasaki même, par M. Siébold, et reconnus par eux comme identiques avec leur écriture cursive. M. de Paravey comparait un à un, à ces caractères muyscas, les formes cursives des caractères chinois et japonais du cycle des heures, et montrait entr'eux une identité d'autant plus évidente, qu'en Chine et au Japon, un même caractère s'abrévie par fois de dix manières diverses, quand on le trace dans la forme cursive ou à pinceau non-levé.

Il semblait que ce travail de M. de Paravey aurait pu être admis dans le journal qu'il a contribué à fonder; mais cette même commission, qui avait écarté les travaux de M. Siebold, écarta les réclamations et le travail de M. de Paravey, sous le prétexte futile, puisque la lithographie existait, que l'imprimerie royale ne possédait pas les caractères cursifs, soit muyscas, soit japonais, dont il offrait le tableau comparatif.

Mais du moins la lecture de ce travail avait été permise. Dans le moment même, le savant consul américain, M. Warden, en adressa ses félicitations à l'auteur; divers recueils périodiques sollicitaient la permission de l'imprimer; et la courte analyse que leur en donna M. de Paravey, fut jugée assez importante à la Société Royale Asiatique de Londres, à laquelle il en fit hommage en arrivant en Angleterre, pour être citée avec tous les beaux ouvrages que possède sa riche bibliothèque orientale, dans son catalogue imprimé de 1830.

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L'illustre et magnifique auteur de l'ouvrage sur l'Amérique, comparable à celui de la grande expédition d'Egypte, dont le peintre Aglio a été l'habile éditeur, et qui offre dans sept grands volumes in-folio, tous les manuscrits aztèques et autres, et tous les monumens connus de l'Amérique ancienne, ayant lu cette notice de M. de Paravey, la lui fit demander par son libraire, M. Rich, si instruit lui-même sur l'Amérique antique

Lord Kingsborough, fils d'un des lords les plus éminens et les plus riches de la Grande-Bretagne ; on sait qu'il a consacré aux planches de cette utile Encyclopédie américaine plusieurs millions, et qu'il y a inséré plusieurs mémoires précieux, restés manuscrits dans les archives de l'Escurial, à Madrid, et composés lors de la découverte de ce monde que l'on appelle à tort nouveau.

et moderne. Enfin, divers journaux de Londres en parlèrent, et la citèrent en totalité ou en partie.

Cependant cette notice était fort incomplète, privée qu'elle était encore de ses pièces justificatives, qui sont les listes des mots muyscas et japonais, retrouvés presque entièrement identiques par M. de Paravey, et le tableau des hieroglyphes cursifs, également employés par ces deux peuples pour leur calendrier et leurs noms de nombre.

Ce sont ces pièces justificatives que les Annales vont donner en ce moment; mais en revoyant son travail, M. de Paravey l'a complété, et ne se borne pas à montrer, comme il l'a fait dans sa première notice, les rapports de tradition, de culte, de langue, d'agriculture, de gouvernement, de calendrier, qui existent entre les Japonais et le peuple dominateur du plateau de Cundin-marca, ou de Bogota; M. de Paravey porte ses vues plus loin encore, et discute si les Japonais eux-mêmes, aussi intrépides navigateurs que nos Basques des Pyrénées, n'ont pas reçu comme ces derniers, et comme les peuples de Bogota, des colonies sabéennes, phéniciennes, ou arabes antiques.

M. de Paravey avait déjà cité quelques mots; mais ces mots étaient remarquables et décisifs: il faisait remarquer que le nom des Sabéens, ou Sabiens, peuple commerçant et navigateur de la Chaldée ancienne, se retrouve encore au Japon, dans le nom de la langue de ce peuple, appelée, suivant Rodriguez, page 75 et 134, le Sewa1 ou Seba, par opposition au koye, qui est le nom de la langue chinoise et savante, cultivée aussi par les Japonais, comme l'est le latin chez nous. Or, ce nom de Seba ou Chiba se retrouve aussi dans le nom de la langue parlée par les Muyscas ou Moscas, langue nommée le chib cha, ou la langue chib (car, cha, en muyscas, et sa, en japonais, ou sja, signifient hommes); et il se retrouve également dans les noms

1 On suppose que dans ce nom de Sewa, wa est le nom même du Japon; mais, comme Se ne signifie pas langue en japonais, et que la construction exigerait alors Wa-se, le génitif se mettant toujours en avant, on nous permettra de regarder Sewa ou Seba comme un mot simple, et comme le nom de la langue sabéenne.

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