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rissent des troupeaux de cerfs et font du fromage du lait des biches; et, dans les Encyclopédies chinoises et japonaises, comme aussi dans le Pian-y-tien, si l'on donne la figure d'un habitant du Fou-sang, on le dessine, en effet, occupé à traire une biche, à petites taches rondes; c'est même là, dans les deux encyclopédies, ce qui forme la caractéristique de cette contrée du Fou-sang. Déjà Philostrate, dans la Vie d'Apollonius, avait cité, dans l'Inde, des peuples nourrissant des biches pour leur lait, et la chose n'est pas assez commune pour ne pas être remarquée; mais ces troupeaux de biches ont aussi été retrouvés en Amérique de nos jours; car Valmont de Bomare, article Cerf, dit : « Les Américains ont des troupeaux de » cerfs et de biches, errans le jour dans les bois et le soir rentrant » dans leurs étables. Plusieurs peuples d'Amérique, n'ayant point » d'autre lait, ajoute-t-il, que celui qu'ils tirent de leurs biches, et >> dont ils font aussi du fromage. »>

Il semble donc, qu'il traduit par ces mots, ce que disait en 499 de notre ère, Hoei-chin, sur les peuples du Fou-sang. Et si nous avons signalé aussi cet usage dans l'Inde antique, nous ne l'avons pas fait sans dessein, car ce même Samanéen affirme que la religion de Bouddha, religion indienne, avait, dès l'an 458 de notre ère, été portée dans le pays de Fou-sang, par cinq religieux du Ky-pin, ou de la Cophéne, contrée indienne ; il dit que les peuples convertis dès lors par eux, n'avaient ni armes ni troupes, et (à l'instar des Argippéens, dont parle Hérodote) qu'ils ne faisaient point la guerre ; il ajoute enfin qu'ils avaient une écriture, et le culte des images, c'està-dire qu'ils étaient de vrais Bouddhistes.

Ce qu'il dit des bœufs à longues cornes, portant de lourds fardeaux sur la tête, de chars attelés de bœufs, de chevaux et de cerfs, offre seulement, ce semble, quelque difficulté; mais les bœufs à crinières et à têtes énormes, de l'Amérique du nord, ont pu donner lieu à ce rapport inexact, et l'on a pu, bien qu'à tort, mais pour éviter de les décrire, donner le nom chinois Ma, qui s'applique aux chevaux, aux ânes, aux chameaux, et qui forme la clef des quadrupèdes utiles de cette nature, aux Llama et Alpacas déjà domptés peut-être dans l'Amérique du Sud, comprise aussi dans le Fou-sang.

Il serait possible, d'ailleurs, que des chevaux, à cette époque, eussent été introduits déjà dans l'Amérique du nord-ouest, à peine connue de nos jours, et où l'on cite des peuplades qui s'en servent; et l'on a pu aussi y voir des attelages de rennes du Kamtchatka.

Il est vrai qu'on suppose que ces chevaux sont issus de ceux amenés au Mexique par les Espagnols; mais la chose n'est pas démontrée ; et en supposant ceux-ci d'origine européenne, une épidémie, une guerre destructive auraient pu, depuis le 5° siècle, détruire les chevaux domestiques, amenés au Fou-sang, par les Tartares et les bouddhistes de l'Asie.

Ce peuple du Fou-sang n'avait encore alors, que des cabanes en planches, et des villages, comme on en a trouvé vers la Colombia, et au nord-ouest de la Californie; et pour obtenir une épouse, les jeunes gens du pays devaient servir leur fiancée, pendant une année entière. Or (dans la Collection de Thévenot) c'est précisément ce que dit Palafox de son indien de l'Amérique, indien dont il décrit les mœurs; et c'est ce qui existe aussi dans les contrées extrêmes du nord-est de l'Asie, contrées d'où on passait en Amérique, avons-nous dit.

D'autres détails de mœurs semblent empruntés à la civilisation chinoise, et spécialement le Cycle de 10 années, ou peut-être même de 60 ans, cycle portant les noms chinois des 10 kans, et servant à marquer les couleurs successives des habits du roi, couleur qu'on devait changer tous les 2 ans, ainsi que le prescrit pour l'empereur, en Chine, le chap. yue-ling du Ly-ky, ou livre sacré des Rites.

Mais ces cycles prétendus chinois, et qui ont donné les alphabets des peuples les plus anciens en Syrie, en Phénicie et dans l'Inde, comme dans la Grèce, ainsi que nous l'avons démontré ailleurs2, ont

'M. de Humboldt, en effet, a signalé chez les Muyscas du Plateau de Bogota en Amérique, l'usage du cycle de 60 ans et des institutions analogues à celles du Bouddhisme du Japon.

2 Voir notre essai sur l'origine unique et hieroglyphique des chiffres et des lettres. Paris, 1826, chez Treuttel et Wurtz, et dans les Annales, t. x, p. 8, l'article Origine japonaise des Muyscas, où se trouvent les figures de ces cycles, p. 109.

pu être apportés au Fou-sang, aussi bien de l'Asie centrale ou de l'Inde que de la Chine, et ils n'ont jamais été inconnus aux bouddhistes ou samanéens.

Nous pourrions aussi discuter le son des noms donnés au roi et aux grands du pays de Fou-sang '; mais ces discussions nous entraîneraient trop loin. Nous nous bornons donc à discuter la fin de cette relation du Fou-sang.

« Autrefois, dit Hoeï-chin, la religion de Bouddha n'existait pas dans ce pays; mais sous les Song (en 458 de J.-C., date précisée » ici), cinq Pi-kieou, ou religieux du pays de Ky-pin (pays où le » P. Gaubil voit Samarcande, où M. de Rémusat voit l'antique Co

phène vers l'Indus), allèrent au Fou-sang, apportèrent avec eux » les livres et les images saintes, le rituel, et instituèrent les habi>>tudes monastiques; ce qui fit changer les mœurs de ses habitans.»

Aussi, venant en Chine en 499, c'est-à-dire 48 ans après cette conversion du Fou-sang, Hoeï-chin, samanéen lui-même, déclaret-il, qu'alors les peuples de cette contrée vénéraient les images des esprits, le matin et le soir, et ne faisaient pas la guerre.

On sait que le prosélytisme est un des devoirs qu'ont à remplir les religieux Bouddhistes; il n'est donc pas étonnant de les voir partir de l'Asie centrale, franchir les mers et les pays les plus dangereux, pour aller convertir les peuples encore sauvages de l'Amérique, pays déjà bien connu d'eux, et des Arabes et Perses de Samarcande.

C'est ce qu'on ne peut plus révoquer en doute, depuis que M. de Waldeck a dessiné, dans le Yucatan, un temple ou monastère antique, vaste enceinte carrée, accompagnée de pyramides analogues à celles des Bouddhistes du Pégu, d'Ava, de Siam et de l'archipel indien, et qu'on peut étudier dans tous leurs détails.

Une multitude de niches, où figure le Dieu célèbre, Bouddha, assis les jambes croisées, existe à Java, tout autour de l'ancien

'Le titre du roi était I-ky, son qui rappelle le nom des Hic-sos, venus d'Asie, rois pasteurs d'Egypte; et la finale Ric, des noms des rois goths, aussi venus du nord de l'Asie; et peut-être encore celui de Cacique, des chefs des îles d'Amérique, comme celui des Arikis, ou rois des îles de l'Océanie.

temple de Bourou Bouddha, et si l'on examine le temple du Yucatan, dont M. de Waldeck a publié les beaux dessins, on y reconnaît ces mêmes niches où est assis le même Dieu Bouddha, ainsi que d'autres figures d'origine indienne, telles que la tête affreuse de Siva, tête aplatie et déformée, qui surmonte chacune de ces niches.

Nous ne pourrions affirmer cependant que ces temples du Yucatan fussent aussi anciens que cette relation du Fou-sang, pays où l'on ne nous montre encore que des cabanes en bois ; mais, persécutés par les Brahmes dans l'Inde et le Sind, les Bouddhistes ont dû, à plusieurs reprises, chercher un asile dans le Fou-sang ou l'Amérique, et peut-être même fuir à Bogota et jusqu'au Pérou, où les mœurs ont été trouvées si douces et si analogues à leurs mœurs.

De la même manière, ils adoucissaient les peuples encore sauvages des îles de l'archipel indien, et des pays compris entre l'Inde et la Chine, et ils y élevaient ces temples, ces pyramides qu'on y retrouve en débris, comme à Java, ou encore debout et vénérées, comme dans le Pégu et Siam.

La Chine avait reçu leur culte peu de tems après notre ère, sous Ming-ty, des Hans; la Corée, dès l'an 372 de Jésus-Christ; le Fou-sang, avons-nous dit, en l'an 458; et le Japon, enfin, seulement en 552, le recevant aussi de la Corée et du royaume de Pe-tsy, pays situé dans cette même contrée de l'Amour et de la Corée, ancien centre de civilisation.

C'était de la Corée, disent les livres chinois, qu'on allait par mer au pays de Ta-han, pour de là cingler à l'est, et arriver en Amérique, c'est-à-dire au Fou-sang. Dans ce voyage on relâchait au Japon, et sans doute on le contournait pour atteindre, au nord, l'île Saghalien, puis se diriger, à l'est, vers le Kamtchatka ou le Ta-Han.

Mais dans la curieuse Histoire des Chichimèques, publiée dans la collection de M. Ternaux, l'auteur, américain d'origine, Ixtlilxochitl, fait venir les Toltéques, par mer, du Japon en Amérique, abordant par les côtes nord-ouest, et dans des pays à terre Rouge, tels que le Rio del gila, où l'on cite encore un ancien monument, appellé la maison de Motecuzuma.、

Il avait vu, à Mexico, des Japonnais envoyés à Rome par les mis

sionnaires; et dans ces Japonais modernes, il reconnaissait les traits et le costume des Toltèques dont il parlait; or, il fixait leur migration au 5° siècle de notre ère. Il se trouve donc parfaitement d'accord avec les Relations chinoises sur les divers voyages en Amérique; car on passait par le Japon, nous venons de le dire, quand de Corée on allait par mer au pays de Ta-han, pointe sud du Kamtchatka, latitude élevée où se rencontrent, on le sait, les vents d'ouest et du nord-ouest, vents qui poussent tout naturellement vers le Fou sang ou l'Amérique du nord, contrée située à l'est.

Monumens bouddhiques au Yucatan; histoires conservées par les Toltèques du Japon venus en Amérique; relations chinoises du pays de Ta-han et du vaste pays de Fou-sang, et qui nous sont donnée par les Bouddhistes, partis de ce pays d'Amérique, et qui par le Japon, venaient en Chine: tout est donc parfaitement d'accord; ce passage, par le Japon, expliquant d'ailleurs comment nous avons pu montrer, dès 1835, que les noms de Nombre et beaucoup de Mots de la langue des Muyscas sur le plateau de Bogota se retrouvent encore dans la langue actuelle des Japonnais'.

De même que les Scandinaves av à une époque plus récente, descendre de la côte nord-est du Nouveau-Monde, et du Vinland fondé par eux, jusqu'au Brésil dans l'Amérique du sud, où se sont retrouvés de leurs monumens; de même, mille ans avant les Espagnols, mais débarqués sur la côte nord-ouest, les Bouddhistes de l'Inde, alors persécutés par les Brahmes, les peuplades du Japon, et celles des rives de l'Amour, pays des anciens Hyperboréens, ont pu pénétrer au Mexique, au Yucatan, au pays de Guatimala et de Palanqué, au royaume de Cundinamarca, et enfin jusqu'au riche et pacifique royaume du Pérou. Le célèbre M. de Humboldt a très-bien indiqué les rapports de race et de civilisation, de cycles, mœurs, usages, qui unissaient les peuples de ces dernières contrées à ceux de la Tartarie et de l'Asie; mais en niant, d'après le P. Gaubil au

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I C'est la Dissertation sur les Muyscas, insérée dans les Annales, et citéeplus haut Elle a été aussi publiée à part sous le titre de Mémoire sur l'origine. japonaise des peuples du plateau de Bogota. Chez Treuttel, à Paris.

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