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SOUS LE NOM DE PAYS DE FOU-SANG.

A-T-ELLE ÉTE

CONNUE EN ASIE DÈS LE 5 SIÈCLE DE NOTRE ÈRE.

Les savans de l'Islande et du Danemarck viennent de démontrer que les Scandinaves, longtems avant Colomb, visitaient les partiesnord-est de l'Amérique, y trouvaient des vignes sauvages et du raisin, et même avaient pénétré plus au sud, jusque dans le Brésil actuel.

Avant ces recherches toutes modernes, l'illustre Buffon, dans son Discours sur les variétés de l'espèce humaine, avait reconnu, comme M. de Humboldt l'a vu aussi postérieurement, que les peuplades du nord-ouest de l'Amérique, et même du Mexique, avaient dû y venir de la Tartarie et de l'Asie centrale; et, s'appuyant sur

En lisant cette curieuse dissertation de M. le cher de Paravey, nos lecteurs ne doivent pas oublier que sa principale importance, pour nous, est qu'elle fournit les moyens d'expliquer comment quelque connaissance du Christianisme a pu arriver dans le Nouveau-Monde, beaucoup avant le voyage des Espagnols; et comment, par conséquent, on a pu trouver des souvenirs de la Bible au Mexique, des croix et autres symboles chrétiens sur les monumens découverts à Palenque et ailleurs. C'est donc une bonne fortune pour nous que le nouveau travail de M. de Paravey, et nous l'insérons avec plaisir. (Note du Directeur des Annales de philosophie chrétienne).

les nouvelles découvertes des Russes, il traçait la route suivie par ces Asiatiques, les faisant arriver au nord-ouest de la Californie, à travers le Kamtchatka et la chaîne des îles Aléoutes.

De son côté, M. de Guignes, compulsant les annales de la Chine, et par elles éclaircissant toutes nos origines européennes, y trouvait un fort curieux mémoire sur le pays de FOU SANG, ou pays de l'Orient extrême. Il s'aidait des lumières jetées par les Russes et les géographes les plus modernes sur les contrées extrêmes du nordest de l'Asie; et, dans un savant travail inséré au T. XXVIII des Mémoires de l'Académie des Inscriptions et des Belles-Lettres, il prouvait, autant qu'on le pouvait faire alors, que ce pays de Fousang, connu dès l'an 458 de J.-C., riche en or, en argent et en cuivre, mais où manquait le fer, ne pouvait être autre que l'Amérique.

Toutes les Cartes grossières et altérées à dessein, quant à la grandeur des contrées étrangères, que nous avons pu recueillir dans les livres ou les recueils rapportés de Chine, et antérieures aux cartes exactes du Céleste Empire, dressées ensuite par les missionnaires de Pékin, offrent, en effet, à l'est et au nord-est de la Chine, outre le Japon, marqué sous un de ses noms Gi Pen (Source du soleil), un amas confus de pays, dessinés comme de petites îles, sans doute parce qu'on pouvait y aborder par mer; et, parmi ces pays, dont l'étendue est diminuée à dessein, est marqué le célèbre pays de Fousang, pays sur lequel on a débité, en Chine, bien des fables; mais qui, dans la Relation traduite par M. de Guignes, se présente sous un jour tout à fait naturel, et ne peut s'appliquer qu'à une des contrées de l'Amérique, si ce n'est même, comme nous le verrons, à l'Amérique entière.

Nous n'avons connu ces anciennes cartes Chinoises, dressées de manière à présenter l'Europe elle-même, et toute l'Asie autre que la Chine, comme de très petits pays, que dans le voyage fait par nous à Oxford, dès 1830 nous les avons calquées à la Bibliothèque Bodleienne, et plus tard, notre savant ami, sir Georges Staunton, nous a donné une de ces cartes imparfaites.

De retour à Londres, nous y avons cherché et trouvé le texte chinois de la Relation traduite par M. de Guignes; car les ouvrages où elle se trouve étaient accaparés, à Paris, par certains sinologues.

Nous avons copié ce texte; nous l'avons montré à M. Huttman, alors secrétaire de la Société asiatique anglaise. Il y reconnut, comme nous, une description de l'Amérique ou d'une de ses parties; et,. dans la surprise qu'il en éprouva; il fit part probablement de nos recherches à M. Klaproth; car nous étions encore à Londres, quand ce savant prussien fit paraître, dans les Nouvelles Annales des Voyages, année 1831, une prétendue réfutation du Mémoire de M. de Guignes, réfutation qu'il nous adressa, en même tems qu'une lettre assez longue, que nous publierons peut-être un jour '.

Ni cette lettre, ni cette réfutation imprimée ne changèrent nos convictions sur la justesse des aperçus du docte M. de Guignes. Nous le déclarâmes à M. Klaproth; et, comme il sentait sans doute luimême la faiblesse des raisonnemens par lesquels il avait essayé de montrer que cette Relation du Fou-sang devait s'entendre du Japon, ce fut lui, nous le supposons, qui, postérieurement, voulant amener M. de Humboldt à ses fausses idées, fit insérer dans le T. x du Nouveau Journal asiatique de Paris, des Lettres du feu P. Gaubil, où ce savant missionnaire, sans nier cette Relation, discute les idées de M. de Guignes, et ne connaissant pas alors les Cartes dont nous parlons, semble ne pas admettre que l'Amérique, sous le nom de Fou-sang ou sous d'autres noms, ait été réellement connue des Bouddhistes ou Samanéens de la Haute-Asie, dès l'an 458 de JésusChrist.

Dès lors, cependant, nous eussions pu démontrer, par le calcul exact des distances en lys, données dans cette Relation traduite des Grandes Annales de la Chine, sur ce pays du Fou-sang, et en discutant la route suivie pour s'y rendre, que ce pays, même d'après les aveux de M. Klaproth et du P. Gaubil, sur les noms chinois donnés à la contrée si reculée du Kamtchatka, ne pouvait exister qu'en Amérique.

Suivant le samanéen ou le moine bouddhiste, qui fit connaître leFou-sang aux Chinois, en 499 de notre ère, ce pays était à la fois à l'est de la Chine, et également à l'est d'une contrée demi-sauvage

"Voir à la fin de la présente dissertation cette relation du Fou sang, extraite de cette réfutation de M. Klaproth.

connue, dans les livres chinois, sous le nom de pays de Ta

hanou des grands Hans, nom appliqué déjà auparavant à la 漢

dynastie chinoise des Hans, établie en 206 avant notre ère après celle des Tsin.

Mais, d'après les relations chinoises, sur ce pays de Ta-han, où l'on pouvait aller, soit par mer, en partant du Japon et se dirigeant au nord-est; soit par terre, en partant du coude très prononcé vers le nord, que fait le grand fleuve Hoang-ho, dans le pays des Mongols, et passant au sud du lac Baikal, et se dirigeant ensuite également au nord-est, ce pays, très éloigné de la Chine, ne peut être que le Kamtchatka, aussi nommé pays de Licou-kouey, ou Lieu d'exil (lieou) des hommes pervers (kouey), dans d'autres Géographies chinoises.

Le père Gaubil, dans ces lettres mêmes publiées par M. Klaproth, l'admet pour le pays Lieou-kouey; car on dit ce pays entouré de trois côtés par la mer, comme l'est le Kamtchatka; et la distance où on le met, dans la géographie de la dynastie des Tangs, publiée aussi par ce savant missionnaire, ne peut convenir qu'à cette pointe extrême de l'Asie nord-est.

D'une autre part, discutant la position du pays de Ta-han, M. Klaproth lui-même, dans le mémoire que nous réfutons, p. 12me, déclare que ce pays de Ta-han a aussi été nommé pays de Lieoukouey; et puisque ce lieu est le Kamtchatka, d'après le P. Gaubil, le pays de Ta-han répond donc aussi au Kamtchatka du sud, et non pas à la grande île Saghalien ou Taraïkaï, qui existe à l'est de la Tartarie et à l'embouchure du fleuve Amour, île où le veut mettre M. Klaproth, dans ses Recherches sur le Fou-sang.

C'était aussi dans le Kamtchatka que le célèbre M. de Guignes plaçait le pays de Ta-han, où les livres de la Chine, tels que le Pian-y-tien, vaste Geographie des peuples étrangers, précieux ouvrage que possède la bibliothèque du roi à Paris, figurent des hommes sauvages fort grands et à cheveux très longs et en désordre.

Et, quand le samanéen Hoeï-chin, venu du pays de Fou-sang, en Chine, et débarqué à King-tcheou, dans le Hou-pe, sur la rive gauche du grand fleuve Kiang, dit que le Fou-sang est à la fois

à l'orient de la Chine et à l'est du pays de Ta-han, ou du Kamtchatka, il est évident qu'il donne, du sud au nord, une très vaste étendue à ce pays de Fou-sang, puisque le Kamtchatka, même dans sa partie la plus australe, est très loin, au nord-est, de la Chine, en ne la prenant même que dans le nord, et encore plus loin du fleuve Kiang: il parle donc ici, non pas d'une île, même aussi grande que le Japon, mais d'un continent très étendu, tel que l'Amérique du Nord.

Aussi, quand nous avons communiqué le Mémoire de M. de Guignes et la prétendue Réfutation de M. Klaproth, au célèbre navigateur M. Dumont-d'Urville, dont la science déplore encore la perte fatale, ce savant qui, avant son dernier voyage, avait commencé par nos conseils l'étude des livres de géographie conservés en Chine, n'a-t-il pu s'empêcher de sourire de pitié en voyant que, par un véritable tour de force, de ce vaste continent M. Klaproth avait essayé de faire une simple contrée du Japon, pays qui, sous son nom véritable, est lui-même indiqué dans un autre passage des Grandes Annales cité par M. de Guignes, et où l'on décrit la route qui, de la Corée, menait par mer au pays de Ta-han. On touchait pour y aller au pays de Ouo ou du Japon qui, dès lors, était déjà connu des Chinois dans toutes ses parties; on abordait au nord le pays de Wen-tchin (île Saghalien); puis, cinglant à l'est, on arrivait au Ta-han ou au Kamtchatka, ailleurs nommé Lieou-kouei.

Un pays assez vaste pour être à la fois à l'orient de la Chine centrale et du Kamtchatka, ne peut évidemment être que l'Amérique du Nord; ce que n'avait pas dit M. de Guignes, mais ce qu'il devait sentir, et la distance même à laquelle on place le Fou-sang du pays de Ta-han ou du Kamtchatka, dans la Relation du samanéen, achève de le démontrer.

Il évalue, en effet, à 20 mille lys cette distance vers l'est du Tahan au Fou-sang; et, comme les l ́s ont souvent varié en Chine, M. Klaproth essaie, en les supposant fort petits, de n'arriver ainsi qu'au Japon!! Mais comme la direction à l'est le gêne encore et le ferait tomber dans l'Océan, en admettant, comme il le fait, que le Ta-han n'est autre que l'île de Saghalien, il change, sans plus de façon, cette direction, et la porte vers le sud ; de sorte que, de sup

A

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