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prier, monsieur, de les faire traduire ou analyser; car le sujet est fort important, je le répète.

Déjà Bernardin de Saint-Pierre, dans ses Harmonies de la nature, avait indiqué ces migrations vers l'est, des peuples de l'Inde et de l'Océanie, arrivant ainsi vers l'Amérique du nord et le Pérou, et M. l'amiral de Rossel, navigateur célèbre, savant aimable et loyal, avait cité les îles Sandwich, comme point de relâche antique, entre les Indes, la Chine et l'Amérique, ainsi que cela se renouvelle en ce jour.

M. de Saint-Pierre', avait parlé aussi de nombreux rapports trouvés par un auteur déjà ancien, entre le Malais et le Péruvien. Et mes nombreux extraits du Dictionnaire de la langue Qquichua du Pérou, dictionnaire conservé à la Bibliothèque du roi à Paris, ont confirmé ces rapports avec le Malais parlé à Java. M. d'Eichthal est donc entré dans une bonne voie; mais j'avais la priorité, et M. d'Avezac, à qui j'ai souvent parlé de ces matières, a pu l'en entretenir aussi et lui signaler mes lectures.

Vous parlant ici de ma Dissertation sur le Fou-Sang qui, avant d'être imprimée, avait motivé en 1831, celle de M. Klaproth, comme je l'ai exposé dans mon mémoire; permettez-moi, monsieur, de la corriger par quelques notes nouvelles et fort importantes. J'avais dit que les navires du Kamtchatka, construits en ce lieu par les Bouddhistes venus là du Caboul, devaient les porter en Amérique, vers les bouches de la Colombia: mais, écrivant loin de mes livres, et sans globe terrestre, j'avais remonté, en 1844, le point de leur arrivée un peu trop haut vers le nord.

Le bel ouvrage de M. Duflot de Mofras, sur l'Orégon 3, ouvrage que je viens de lire et d'analyser, m'a conduit au port excellent de San-Francesco, au sud de la Colombie, pour ce point d'arrivée des Indiens bouddhistes, du Caboul.

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D'après l'échelle de 1,500 lys, comptés par les Chinois entre la

Études de la nature, étude XI et note 49, édition 1836, 1er volume.

2 Cette dissertation de M. Klaproth a été aussi insérée dans les Annales à

la suite de celle de M. de Paravey, t. 1x, p. 116, année 1944.

3 Paris, 1814.

Perse et la ville de Sy-ngan-fou, comme aussi évalués entre cette ville, et la pointe sud du Kamichatka, ou du Ta-han, la distance de 20,000 lys entre le Kamtchatka et le Fou-sang, mesurée sur un globe terrestre, arrive précisément en ce point, et M. de Mofras, dit que les vents du nord-ouest régnent une grande partie de l'année à San-francesco et y amènent facilement quand on vient de la côte nord-est d'Asie.

Là, les navires entraient sans périls, au lieu que la barre de la bouche de la Colombia, est très difficile à franchir, du moins pour de grands navires; mais cependant aussi, cette entrée naturelle du beau pays de l'Orégon a dû être connue des anciens.

En effet, dans la figure, des Américains à demi-vétus, à demipolicés du Fou sang, que donne le Pian y tien, et aussi l'Encyclopédie chinoise, et que nous reproduisons ici avec une explication (voir ci-après notre planche 50 et l'appendice C), on voit cet indigène, traire une jeune biche à mouchetures blanches, et son faon est également moucheté. J'avais en vain cherché cette nature de biches mouchetées en Amérique, mais en relisant M. de Humboldt, j'ai vu que le Cervus mexicanus de Linnée était aussi moucheté, comme nos chevreuils d'Europe, et surtout était ainsi dans sa jeunesse et cette espèce de cerfs se trouve en Amérique et au Mexique, en troupeaux immenses, dit M. de Humboldt', aussi bien qu'un grand cerf, pareil aux nôtres, et souvent entièrement blanc, cerf qui se voit dans les Andes, où il vit en troupes également.

Ce dernier rappelle donc les biches blanches et privées, dont les Indiens de l'Himalaya tiraient leur lait, nous dit Philostrate, dans sa Fie d'Apollonius de Tyane; car, ces individus étant bouddhistes, ils devaient se priver de viandes et vivre de fruits et de laitages.

La relation du Fou-Sang, parle aussi de bœufs aux cornes fort longues, et domptés par les naturels de cette contrée; or, M. de Humboldt dit que les bisons du Canada peuvent se soumettre au joug, et produisent avec nos bœufs d'Europe.

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Note 28, t. 1, p. 171, Tableaux de la nature, traduction d'Eyrie's.

Tome 1, note 28.

3 Voir Tableaux de la nature, p. 90 et 157, note 5.

Ces bisons pèsent jusqu'à 2,000 livres et plus, mais leurs cornes sont petites; tandis qu'on a trouvé, dit-il, vers Cuernavaca, au sud-ouest de Mexico, dans des monumens en ruine, des cornes de bœuf monstrueuses.

Il rapporte ces cornes à celles du bœuf musqué, du nord extrême de l'Amérique; mais M. de Castelnau, vers l'Amazône et le Paraguay, dans sa courageuse exploration, vient de retrouver ces bœufs aux cornes fort longues, outre une autre espèce aux petites cornes, qui erre avec elle et dans les mêmes steppes.

La relation du Fou-sang est donc justifiée encore en ce point, et il y a eu certainement quelque faute dans le texte, quand on y dit, que sur ces longues cornes, ces bœufs portent des poids de 20 HO poids de 120 livres chaque, c'est-à dire un poids total de 2,400 de nos livres !!! On devait dire qu'ils pesaient par tête, au moins 2,400 livres, et non pas que cette charge énorme était posée sur leurs cornes; ce qui serait impossible.

Les chevaux que cite cette relation semblent seulement avoir manqué en Amérique ; mais les Patagons, vrais Tartares, sont toujours à cheval, et rien ne prouve qu'ils n'aient sauvé chez eux quelques-uns des chevaux que virent les bonzes indiens au Fou-sang, et que les navires du Kamtchatka y avaient peut-être apportés de Tartarie.

Je vous donnerai quelque jour, un mémoire sur les peuples du nord extrême de l'Asie, à grands navires et à nuits presque nulles en été.

Plus savant cent fois que M. Klaproth, M. de Guignes le père a déjà indiqué par quelques mots, dans son mémoire sur le Fou-sang, ce peuple aux grands navires, et dont le nom Ku-tou-moey, c'est-à-dire à nuits très-courtes en été, indique la position vers le cercle arctique.

Il en est question dans l'ouvrage intitulé: Wen-hien-tong-kao du docteur Ma-tuon-lin; j'en ai extrait ce qu'il en dit.

J'ai montré ailleurs que le passage d'Europe vers l'Amérique, au nord de la Sibérie, avait dû être alors praticable, cette mer se comblant par les détritus des grands fleuves qui y tombent, et par cela même se glaçant de plus en plus chaque jour; car, on le sait, les mers profondes ne gèlent pas. Tout ceci offre des questions nouvelles

et importantes, et votre Journal, utile et grave, sera bien de les traiter

successivement.

Agréez, etc.

Saint-Germain, ce 24 avril 1847,

Cher de PARAVEY,

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Du corps royal du génie et l'un des fondateurs de la Société royale asiatique.

APPENDICE A,

RELATIF AU MÉMOIRE DE M. D'EICHTHAL CITÉ PAR M. MOLH.

Preuve donnée dès 1840 de l'introduction du culte de Bouddha en
Amérique, par le moyen des Indiens du Caboul.

A Monsieur le président de l'Académie des sciences,

En l'an 458 de notre ère, des Bonzes indiens, partant du centre de l'Asie, ont-ils été en Amérique par le Kamtchatka et le nordouest du nouveau-monde, pour y convertir les peuples qui y existaient, et dont ils connaissaient dès-lors l'existence?

C'est ce qu'à affirmé le docte M. de Guignes le père 1, dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions, où il a donné la traduction du voyage de ces Bonzes indiens, tiré des grandes Annales de la Chine.

C'est ce que M. Klaproth et M. de Humboldt ont nié postérieurement, s'appuyant sur quelques doutes du savant père Gaubil, qui n'avait pas assez étudié cette question. C'est ce que je viens affirmer; ce dont je n'ai jamais douté, m'étant entretenu à ce sujet avec le savant amiral M. de Rossel, et ayant étudié à fond le mémoire de M. de Guignes, sur ce voyage et les navigations des Chinois vers le célèbre pays oriental qu'ils nomment le pays du Fou-sang (et qu'ils mettent à 2,000 lieues à l'est des côtes de leur empire et de la Tartarie). Mais comme mes simples assertions ni celles des autres ne seraient pas plus admises que ne l'a été le beau travail de M. de Guignes

T. xxvIII, p. 513.

le père; comme à l'Académie des sciences on veut des faits et non des phrases; j'apporte ici des monumens d'une partie de l'Amérique centrale, encore à peu près inconnue, au moins sous le rapport des antiquités, monumens que j'ai montrés à la Société asiatique de Paris, à M. Burnouf fils et à M. le chevalier Jaubert, et qu'ils ont reconnus avec moi purement bouddhiques.

Chez M. le baron Van der Cappellen, près Utrecht, en Hollande, j'ai vu, rapportés des Indes par lui, des dessins en grand du temple de Bourou-Bouddhou, à Java: temple antique, circulaire, orné de milliers de petites niches élégantes, où figure le célèbre dieu indien Bouddha, assis avec les jambes croisées et surmonté, dans le haut de chaque niche, de la tête monstrueuse et déformée de Siva,

Je pourrais montrer les mêmes idoles dans l'antique Égypte et à Axum, en Abyssinie; mais, en parcourant le bel ouvrage du peintre habile, M. Waldeck, élève distingué de David, envoyé au Yucatan, par le généreux et malheureux lord Kingsborough, j'ai été frappé de voir, sur la façade du sud du vaste palais quarré des ruines d'Uxmal, ruines que M. Waldeck a dessinées près de Mérida, huit niches du Bouddha indien, figuré assis comme à Java dans les Indes, et avec le front décoré de grossiers rayons, et de voir en outre, une tête humaine monstrueuse et applatie, qui surmonte la niche quarrée et la cabane ou maison où est assis ce Bouddha indien. On peut voir cette figure dans le dessin que je donne ici. La ressemblance de ces Bouddha du Yucatan avec la figure des Bouddha de Java, publiée dans Crawfurd, Archipel indien (t. 11, p. 206), est telle, que M. Burnouf a cru d'abord mes calques du palais antique d'Uxmal, au Yucatan, calques faits d'après la pl. XVII de M. Waldeck, d'origine purement Indienne et Siamoise, et non Américaine.

M. Burnouf sait que le culte du monstrueux Siva accompagne, même à Siam, et dans le Népaul, le culte plus doux de Bouddha; et que souvent leurs images sont accouplées, comme au temple de Bourou-Bouddhou de l'antique Java, archipel indien et comme dans l'Égypte antique, on accouple partout Typhon et le jeune

Horus.

Retrouver, au centre de l'Amérique, ces deux figures accouplées aussi, copiées exactement, et ornant au nombre de huit la façade sud

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