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perderas 3786, prendera 1135, prenderoit 165, recevera 427, receverai 1831, renaistera 672, vainteroit 1 2014, viveront 26.

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La forme fuisse de l'imparfait du subj. est assurée par la rime fuisse puisse 3843. Dans mon édition du Regret Nostre Dame j'ai adopté les formes en -usse à la rime 91 a. Il aurait peut-être mieux valu imprimer euisse pëuisse : fuisse : dëuisse : abuisse, d'autant plus que le manuscrit principal (C) présente les graphies fuisse, abuisse. (Comp. aussi la rime 116 a, qui est en -ussent).

Pour l'infinitif il y a à signaler jetir (: martyr) 3418 (à côté de jeter 4022, également à la rime). La forme manque à Godefroy, mais se retrouve (getir) dans l'Album de Villard de Honnecourt, écrite par la main du second scribe, qui, selon M. F. Ed. Schneegans (Zeitschrift f. rom. Phil., XXV, p. 64), appartenait sans doute au Sud du domaine picard.

A ce qui a été dit sur les formes du verbe arester (Regr., p. LXXIX) on peut ajouter la rime venus: arestus 3736 (le copiste écrit aussi aresté, au milieu du v. 207). Les rimes attestent deux participes de reponre: d'une part repus 1711, 2152, d'autre part repos (< repost + s): ros 2317. Comp. Regr., p. LXXIX suiv.

DATE, SOURCES. LES VIES FRANÇAISES.

Pour fixer la date de la composition de notre poème, on peut se baser sur une indication que donne le poète lui-même aux vers 31 et suiv. en disant qu'il a écrit son poème

En l'onor al bon roi de France,
Ki l'onor sainte eglise avance,

Que on apiele Phelippon,
Ki le cors al jentil baron

Et au chevalier Damedeu

A en sa garde et en son lieu.

Etant donné que Huon de Cambrai a exercé le métier de poète déjà avant 1243 la mention du roi Phelippon ne nous laisse le choix qu'entre Philippe-Auguste (1180

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1 On peut hésiter s'il faut lire vainteroit ou bien vainceroit, où c = k. Une forme avec k se trouve par ex. dans le passage suivant, cité par Godefroy. s. v. VEINTRE: E le chevalier qe mieux fra e le tornoy venkera, avera l'amour Melette de la Blanche Tour. (Foulq. Fitz Warin, Nouv. fr. du XIVe s., p. 26).

P. Meyer dans la Romania, t. XXXVII, p. 315.

1223) et Philippe le Hardi (1270—1285) 1. Or, la ferveur religieuse n'a pas été le trait le plus caractéristique du règne de Philippe-Auguste, tandis que Philippe le Hardi était déjà venu avec son père honorer le tombeau de saint Quentin et ses reliques 2. Les fidèles avaient une grande confiance en lui; et c'était probablement peu après son avènement au trône que Huon le Roi lui dédia son poème dévot 3. En comparant ce poème à d'autres productions littéraires de l'auteur, on semble pouvoir constater aussi qu'il appartient à une époque de la vie de Huon où son style commençait déjà à montrer des traces d'un âge avancé. Il est donc permis de croire que la Vie de saint Quentin a été composée entre 1270 et 1275 environ.

A plus d'un endroit, Huon dit expressément qu'il s'est servi d'un „livre" latin. En effet, en racontant la vie et la mort du saint, ainsi que les deux inventions de son corps par Eusébie et par saint Éloi et les miracles opérés par lui, il suit très fidèlement la tradition telle qu'elle avait été fixée, avec très peu de variations, dans différents textes latins. Il n'est pas superflu, cependant, de se demander laquelle de ces rédactions latines a servi de modèle à l'auteur, et il ne sera pas impossible de trouver une réponse à cette question.

Les Bollandistes reproduisent dans les Acta Sanctorum 5 trois versions de la passion de saint Quentin. La première est tirée du manuscrit fonds latin 5299 de la Bibliothèque Nationale de Paris. La seconde est celle que donne Surius à la date du 31 octobre; elle est accompagnée, comme la version parisienne, du récit de la première invention du corps du saint. La troisième donne le texte du célèbre manuscrit de la basilique de Saint-Quentin, appelé Authenticus et présenté, selon une tradition qui pourtant est mise en doute par les Bollandistes, au chapitre de Saint-Quentin par le chanoine Raimbert en 1104. A l'Authentique se trouve joint le Liber Miraculorum, probablement du milieu du IX:e siècle; mais il y en a aussi d'autres manuscrits 7. Le livre des miracles contient le récit de la seconde invention.

Enfin, il est suivi dans

1 Dinaux (Trouvères cambrésiens, p. 188–191) avait proposé la date de

endroit la date de 1300, c'est-à-dire le règne de Philippe le Bel.

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ce même manuscrit, dit de chanoine Raimbert, par un récit sur les Miracula s. Quintini in coenobio insulensi patrata 1, d'où notre auteur a tiré le dernier morceau du poème 2. M. Paul Meyer a proposé de voir dans un manuscrit de la deuxième classe, représentée par l'édition de Surius, le modèle de notre auteur 3. Mais en regardant de plus près, on arrive à un autre résultat. Il est vrai que le récit même des événements de la passion et de l'invention ne diffère pas beaucoup dans la seconde et la troisième version; et le livre des miracles aurait pu être consulté dans un autre manuscrit que l'Authentique. Mais d'abord l'auteur dit expressément v. 58-59:

Ceste sainte estoire fu prise
A Saint-Quentin en l'abeïe,

ce qui indique avec toute probabilité le manuscrit illustre qui s'y trouvait. Ensuite, il y a dans la troisième rédaction des détails qui manquent dans la version Surius et qui se retrouvent dans notre poème. Si notre auteur avait suivi cette seconde version, le début de son poème, les vers 1-30, devrait être considéré comme de son invention, ainsi que le sont les vers 31-66. Or, ce début correspond presque littéralement au premier morceau de la version de l'Authentique. En parlant ensuite des persécutions des chrétiens sous Dioclétien et Maximien, la troisième version donne des détails concernant les supplices que subirent les persécutés, ce qui correspond parfaitement aux vers 80 et suiv. de notre poème; la version Surius n'a point ces détails. Dans cette seconde version il n'est rien dit non plus des compagnons de Quentin pendant son voyage en Gaule. Dans la troisième, ils sont nommés dès le commencement; de même dans le poème (v. 135 et suiv.). Enfin, les vers 2467-84 traduisent un passage de la troisième version qui n'a pas de correspondant dans les autres versions latines 1.

Quelques détails où l'accord n'est pas complet doivent être signalés. Le poème parle, v. 103 et suiv., du père de saint Quentin, en mentionnant son nom. Or, la troisième version ne dit rien des origines du saint avant l'interrogatoire du préfet romain, tandis que la version Surius justement à l'endroit correspondant au poème fait comprendre qu'il était senatoria stirpe progenitus", sans toutefois énoncer le nom du père. Ceci ne prouve cependant rien, étant donné que le nom du père suit de très près cette men

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1 AA. SS., l. c., p. 812 et suiv.

2 Selon quelques auteurs, il y a dans un manuscrit de Namur une quatrième version des Actes du saint; elle est reproduite chez Colliette, Mémoires pour servir à l'histoire . . . du Vermandois, t. I, p. 144-49. Cf. H. Chatelain, Le Mistere de saint Quentin, p. XLV, n. 3. Les Bollandistes semblent considérer ce texte comme appartenant à la première version (l. c., Comm., p. 727).

3 Notices et Extraits, t. XXXV, p. 506.

• Cf. les annotations des Bollandistes, l. c., p. 800 E: „Hic unus e locis est, quibus tertia classis Actorum a prima et secunda discrepat“.

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tion dans le texte latin, et que l'auteur, avec la tendance générale qu'il a d'allonger le récit, a saisi l'occasion pour parler ici un peu plus amplement de la jeunesse de son héros. En énumérant les compagnons de Quentin, le poème omet un nom, celui de Rufinus, pour le remplacer par Gentien, qui n'est pas dans le texte latin. Ce Gentien, auquel nous reviendrons, a joué visiblement un grand rôle dans la tradition. Cela n'expliquerait cependant pas suffisamment son introduction parmi les collaborateurs du saint, si nous ne savions pas que dans les récits de l'apostolat de Quentin il règne une grande incertitude vis-à-vis du nombre et des noms de ses compagnons 1. On peut supposer ou que notre auteur a eu devant ses yeux une version latine où le nom de Rufin était oublié, ou bien que lui-même a oublié de copier ce nom et qu'il a ajouté après coup celui de Gentien, personnage connu, comme nous venons de le dire, mais mêlé à l'affaire de saint Quentin beaucoup plus tard, ou bien que la substitution s'était faite déjà dans le texte latin. Il y a une circonstance qui semble parler pour la dernière alternative: c'est que dans la vie de saint Quentin en prose qui se trouve dans un manuscrit de S:t Pétersbourg, le douzième compagnon est appelé saint Tatien, ce qui peut, à la rigueur, avoir pour original un Gentianus. V. 379-80 il est parlé de celui ke li Judeu ocisent. Les Actes placent cette phrase au commencement du dialogue, tandis que dans le poème elle est intercalée dans l'interrogatoire un peu postérieurement. Elle est conforme à la version Surius: „quem a Judaeis crucifixum audivimus", tandis que la troisième version a: „qui ab hominibus est crucifixus". Mais cela ne prouve rien, vu surtout que Judieu se trouve à la rime avec Dieu.

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Quant aux miracles, les sources en sont là pour la plus grande partie, comme le montre le texte latin placé dans notre édition au-dessous du poème. Cependant il y en a deux dont il faut parler spécialement.

C'est d'abord l'histoire du chevalier lépreux nommé Bai, v. 1200—1325, qui ne se retrouve pas dans les Actes. Quand saint Quentin est envoyé par Rictiovaire à Amiens, la première halte est à Villers en Picardie. Les servantes du seigneur de ce lieu, Bai, qui est atteint de la lèpre, sont en train de faire la lessive au bord d'un fleuve. Elles ont pitié de Quentin et essuient son visage avec la chemise de leur maître; aussitôt que celui-ci a mis cette chemise, il guérit. Cette histoire se base sur une vieille tradition, rapportée par des auteurs qui ont écrit sur l'hagiographie d'Amiens 2. Elle se retrouve dans le Mystère de saint Quentin, où elle est racontée très amplement (v. 13130-13874); les traits essentiels sont cependant tout à fait les mêmes que dans la légende. Notre poème donne une version légèrement altérée: les lavandières n'essuient

1 AA. SS., l. c., p. 796.

2 Emmeré, Augusta Viromanduorum, p. 194 et suiv., et p. 340.

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