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convenable. Notre note, l'envoi simultané de tous les stationnaires à Constan- Nr. 11807. tinople ont prouvé au Sultan l'existence bien réelle du concert européen. 10. okt. 1895. Nous nous abstiendrons de relever toutes les inexactitudes contenues dans la réponse de la Porte. Ce serait une discussion interminable et inutile. || La situation reste cependant très menaçante. Nous multiplions nos efforts et, quel qu'en doive être le résultat, nous n'aurons pas à regretter des démarches que nous imposent les devoirs les plus élémentaires de l'humanité.

P. Cambon.

Nr. 11308. ARMENIEN. - Der armenische Patriarch an den französischen Botschafter in Konstantinopel. Dankt

für die Schritte zu Gunsten der Armenier.

Constantinople, le 12 octobre 1895.

Armenien.

12. Okt. 1895.

Monsieur l'Ambassadeur, || Grâce aux bons offices et aux bienveillantes Nr. 11308. assurances de LL. EE. MM. les Ambassadeurs des six Grandes Puissances européennes, les malheureux réfugiés dans certaines églises à la suite des horribles événements de ces jours derniers viennent de quitter leurs asiles et de se disperser avec le calme et la tranquillité désirables. C'est un devoir sacré et bien doux à notre coeur de vous exprimer notre très profonde gratitude aussi bien pour la généreuse intervention qui a eu pour effet d'écarter un grave péril imminent, que pour les sentiments de sympathie personnelle prodigués par vous à notre égard dans les douloureuses conjonctures que nous traversons. Nous exprimons également nos vifs remerciements à MM. les Drogmans attachés à votre Ambassade qui ont su accomplir, avec un tact si appréciable, la délicate mission de rassurer une population affolée par ia peur et le désespoir. || Permettez-moi d'ajouter, Excellence, que nous avons trop foi dans votre sagacité pour oser vous implorer que vous veuillez bien continuer vos nobles soins, afin que des mesures efficaces soient adoptées sans autre délai, à l'effet de mettre fin à la situation menaçante actuelle, de prévenir le retour de tueries d'innocents, de faire cesser les excès commis dans les prisons, d'empêcher enfin que les tristes faits qui viennent de se dérouler sous nos yeux ne puissent avoir leur contre coup dans les provinces qui serait terrible. Vous confiant à la garde du Très-Haut, nous avons l'honneur de vous présenter, Monsieur l'Ambassadeur, l'assurance de notre haute considération. Le Patriarche des Arméniens de Turquie,

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J'ai fait connaître au Sultan la satisfaction qu'a causée au Gouvernement Nr. 11309. de la République la décision prise, suivant nos conseils, par Sa Majesté 31. Okt. 1895.

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31. Okt. 1895.

Nr. 11399. d'octroyer les Réformes réclamées en faveur des Arméniens. || Le 20 octobre, une note verbale de la Sublime Porte nous communiquait le texte turc des Réformes adoptées. || Votre Excellence en trouvera ci-joint la traduction. Il comprend, à titre de préambule du Décret, la copie d'un ordre viziriel adressé au Haut Commissaire Chakir Pacha et aux gouverneurs des six vilayets. || Le point qui a trait à l'extension des réformes en dehors des six vilayets devait être rédigé dans des termes conformes à ceux que nous avions proposés. Le Sultan avait cependant limité l'application des mesures en dehors des vilayets aux cazas d'Hadjin et de Zeitoun alors que nous avions obtenu qu'elles fussent étendues à tous les cazas où la population chrétienne forme une partie notable de la population". Ce point étant d'une grande importance à nos yeux, nous avions persuadé à Saïd Pacha de faire rétablir notre texte. || Malgré cela, le texte remis par la Porte aux trois Ambassades le 20 ne contenait pas la rectification promise. Sur notre réclamation Saïd Pacha nous répondit qu'il lui serait malheureusement impossible d'obtenir cette modification de Sa Majesté. Il fut alors convenu qu'en accusant réception à la Sublime Porte du décret des réformes, nous ferions sur ce point nos réserves. | Votre Excellence trouvera ci-joint le texte de la note verbale collective que les trois Ambassadeurs de France, de Russie et d'Angleterre ont adressée à Saïd Pacha, le 24 de ce mois. || Ainsi qu'Elle le verra, nous nous y réservons de surveiller les nominations des Valis. La Sublime Porte ne nous a pas encore accusé réception de cette communication qui complète définitivement le décret des réformes adoptées par le Sultan. || Depuis une semaine, les Ministres ont siégé presque en permanence au Palais. On y étudie la mise en application des mesures édictées et on s'occupe de désigner les fonctionnaires chrétiens qui devront occuper les divers emplois prévus par le plan des réformes. || Il est convenu que Chakir Pacha sera confirmé dans les fonctions de Haut Commissaire et celles de Moavin chrétien auprès de lui viennent d'être confiées à Fethi Bey, catholique du rite syrien, fils de Franco Pacha, ancien gouverneur du Liban, et beau-frère de Naoum Pacha, actuellement gouverneur de cette province. Les autres Moavins et les membres de la Commission de contrôle ne sont pas encore désignés. Le Sultan nous a fait demander si nous agréerions la nomination de Saïd Pacha, actuellement Ministre des Affaires étrangères, à la présidence de cette Commission. | Pour ma part, je n'aurais aucune objection || à formuler contre ce choix. || Malheureusement Saïd Pacha est Ministre des Affaires étrangères et le Gouvernement anglais déclare qu'une Commission présidée par lui sera trop étroitement placée sous la dépendance du Gouvernement et que nos Drogmans, lorsqu'ils lui parleront des Affaires arméniennes, trouveront toujours en lui le Ministre des Affaires étrangères beaucoup plus que le Président de la Commission. P. Cambon.

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Nr. 11310. FRANKREICH. Der Botschafter in Konstantinopel an den Minister des Auswärtigen. Bericht über die anarchischen Zustände in den türk. Provinzen.

Péra, le 31 octobre 1895. (Reçu à Paris, le 6 novembre.)

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En dépit des communiqués officieux dont la Sublime Porte inonde la Nr. 11310. presse européenne et des circulaires qu'elle adresse à ses représentants à 31. Okt. 1895. l'étranger pour nier l'agitation qui gagne aujourd'hui de proche en proche ou en dénaturer la cause, la situation va s'empirant dans toute l'étendue de l'Empire. Les nombreux télégrammes que je reçois chaque jour de nos Consuls et leurs rapports détaillés me signalent partout l'excitation des musulmans, les préparatifs qu'ils font ouvertement pour attaquer les chrétiens, leurs achats d'armes et de munitions, leurs réunions secrètes, leurs provocations et leurs menaces. A Trébizonde, les événements ont été plus graves encore qu'on ne le pensait au début. Il est avéré que le massacre des Arméniens par les musulmans a été prémédité et organisé de longue date et que les premiers n'ont en rien provoqué les seconds. || A Erzeroum, la situation s'est aggravée. M. Roque-Ferrier, notre nouveau Vice-Consul, assiste à une explosion de troubles. Deux télégrammes successifs, que je reçois de lui et dont Votre Excellence trouvera ci-joint copie,*) m'annoncent qu'un massacre de chrétiens a éclaté hier à midi. M. Roque-Ferrier a essuyé des coups de feu en se rendant chez les Frères. Le pillage et les tueries ont continué toute la journée et on ne peut encore fixer le nombre des victimes. Le Vali et le Haut Commissaire Chakir-Pacha ont prié les Consuls d'envoyer leurs Drogmans assister à l'enquête qu'ils ont commencée. || A Erzindjian, des troubles sur la nature desquels on n'est pas encore fixé ont éclaté le 22 octobre. Le 26, à Baïbourt (sur la route de Trébizonde à Erzeroum), les musulmans et les chrétiens en sont venus aux mains. Il y a eu de part et d'autre de nombreux morts et blessés. || La Porte nous a fait savoir que, le 25 octobre, des Arméniens avaient envahi les mosquées de Bitlis pendant la prière. Une lutte se serait engagée au cours de laquelle un grand nombre de personnes auraient été tuées. A Kharpout, une panique s'est produite et les Arméniens, craignant une attaque des Turcs, ont fermé leurs boutiques et se sont enfermés chex eux. Il n'y aurait pas eu d'effusion de sang jusqu'ici. || Le bruit a couru la semaine dernière qu'un soulèvement avait éclaté dans les circonscriptions de Zeitoun (vilayet d'Alep) et de Hadjin (vilayet d'Adana) habitées par des Arméniens de race particulièrement rude. || Le gérant de notre Consulat d'Alep m'a télégraphié, le 26, que, d'après ses renseignements, 2,000 Arméniens, armés, équipés et bien encadrés se préparaient à faire des manifestations. De Diarbékir, où la situation paraissait s'être améliorée, M. Meyrier me télégraphie hier que l'annonce des réformes a produit une grande excitation parmi

*) Hier fortgelassen. Red.

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31. Okt. 1895.

Nr. 11310. les musulmans. On leur dit que ces réformes ont pour but de donner une situation privilégiée aux Arméniens. Secrètement réunis, ils ont, paraît-il, discuté les projets les plus sinistres. Notre agent doute que le Vali puisse ou veuille empêcher un soulévement que l'on croit imminent. | A Marache (vilayet d'Alep), le 24 et le 26 octobre, les musulmans et les chrétiens en sont venus aux mains. Les responsabilités n'ont pu encore être établies. Le commandant de la gendarmerie avait été attaqué et tué avec cinq des gendarmes qui l'accompagnaient. De Damas, M. Guillois me rapporte qu'en l'absence de nouvelles précises sur les événements de Constantinople, les bruits les plus imaginaires circulent librement et échauffent toutes les têtes. Les Bédouins et les Druzes se montrent de plus en plus audacieux: les autorités du Iauran sont impuissantes ou prisonnières des nomades, et leur effacement est complet en présence de l'hostilité des divers éléments de la population. A Sivas, où les comités arméniens paraissent avoir toujours eu une influence particuliére, M. Carlier me dépeint la situation sous un jour inquiétant. || A Ak-Ilissar, localité située sur la ligne du chemin de fer d'Angora, à peu de distance d'Ismidt, le jeudi 3 octobre, à 9 heures du matin, à l'heure où le marché battait son plein, les musulmans sont tombés à l'improviste sur les Arméniens, et en ont fait un massacre général. J'épargnerai à Votre Excellence les détails affreux qui m'ont été rapportés par un témoin oculaire européen. Qu'il me suffise de dire qu'il a vu de ses yeux retirer d'un des puits où les Musulmans avaient jeté leurs victimes trente-cinq cadavres. D'autres avaient été préciptés dans le Saccharia qui coule aux abords de la localité. Les maisons avaient été pillées, saccagées et détruites. Le mudir musulman a été convaincu d'avoir mené l'attaque. || L'anarchie est générale et la période révolutionnaire semble ouverte, sans qu'on puisse prévoir les conséquences qui en résulteront pour le Sultan, pour la Turquie et pour l'Europe elle-même. P. Cambon.

Nr. 11311.

Nr. 11311. FRANKREICH. Der Botschafter in Konstantinopel an den Minister des Auswärtigen. Beratung der Botschafter aller Grossmächte über die Lage.

Péra, le 4 novembre 1895.

Les représentants des six grandes Puissances se sont réunis pour échanger Frankreich. leurs informations et leurs vues. Ils considèrent tous la situation comme très

4. Nov. 1895. inquiétante. L'anarchie qui règne dans les provinces n'a plus de rapport avec

Fagitation arménienne. Le fanatisme musulman est déchaîné et, dans les parties de l'empire où il n'y a pas d'Arméniens, on signale une grande effervescence. Ce mouvement est encouragé par l'inertie des autorités ottomanes et par la complicité de certains personnages de l'entourage du sultan. Les Ambassadeurs sont convenus d'entretenir individuellement le Ministre des Affaires étrangères, de lui rappeler, par l'exemple des événements de Syrie

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en 1860, qu'une pareille anarchie ne peut durer impunément, et de lui déclarer Nr. 11311. qu'ils en réfèrent à leurs Gouvernements, qui seront obligés de se concerter 4. Nov. 1895. si la Porte ne prend immédiatement des mesures efficaces. Les représentants des six Puissances sont également convenus d'appeler l'attention de leurs Gouvernements sur la gravité de la situation et de les prier d'échanger leurs vues pour leur donner, autant que possible, des directions identiques. || Indépendamment de la communication générale convenue avec mes collègues, j'ai adressé aujourd'hui à la Porte la note ci-jointe en copic, sur les événements de Diarbékir. || J'envoie également à Votre Excellence la copie des télégrammes que j'ai échangés avec notre vice-consul à Diarbékir.*) P. Cambon.

Nr. 11312. FRANKREICH. Der Botschafter in Konstantinopel an den türkischen Minister des Auswärtigen. Note über die Unruhen in Diarbekir.

Péra, 4 novembre 1895.

Frankreich.

Il y a déjà plusieurs semaines, j'ai signalé à la Sublime Porte un certain Nr. 11312. état d'agitation qui commençait à se manifester à Diarbékir. Après avoir, 4. Nov. 1895. depuis plusieurs mois, insisté à différentes reprises sur l'insuffisance d'AnizPacha, Vali intérimaire de la province, j'apprenais que ce fonctionnaire venait d'être confirmé dans ce poste et que le premier acte de son administration avait été de contraindre, sous la menace, les chefs des communautés chrétiennes à signer un télégramme exprimant à S. M. I. le Sultan leurs remerciements pour la nomination du nouveau Vali. || La violence faite ainsi à leurs chefs avait soulevé la juste indignation des chrétiens de la ville et ceux-ci ayant envoyé une protestation à leurs patriarches, les évêques avaient, de leur côté, adressé à ces derniers un télégramme où ils expliquaient les circonstances à la suite desquelles ils avaient été forcés de signer l'adresse imposée par le Vali. L'Autorité ottomane crut pouvoir arrêter arbitrairement l'envoi des communications adressées aux patriarches, entretenant ainsi, de parti pris, une juste indignation parmi les communautés chrétiennes. | Ce n'est que le 12 octobre que l'Ambassade put, à la suite d'observations présentées à la Sublime Porte, faire savoir aux membres des Communautés chrétiennes que leurs télégrammes, jusqu'alors interceptés, seraient le jour même remis aux patriarcats et rassurer ainsi les esprits. || Dès cette époque, les renseignements qui m'étaient parvenus me forçaient à attirer la sérieuse attention de la Sublime Porte sur les menées des musulmans. Deux d'entre eux tiraient, le 8 octobre, deux coups de revolver sur l'évêque jacobite. Notre agent constatait une effervescence croissante chez les Musulmans et l'autorité convoquait sans motif, à Diarbékir, les officiers des Hamidiés dont je n'ai plus besoin de signaler le triste rôle dans les événements dont le territoire ottoman a été le

*) Hier fortgelassen, Red.

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