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CLUBS D'ANGLETERRE.

Les clubs, nom générique sous lequel on désignera désormais toute réunion close, ne remontent pas au-delà du XVe siècle. Avant cette époque, les mœurs étaient agrestes et guerrières : on était toujours à cheval; on menait une vie dure; le luxe et tous les agréments qu'il apporte étaient inconnus; et, tandis que, dès la chute du jour, le châtelain, confiné dans un vieux manoir crénelé, 'se faisait lire par son aumônier la Bible ou quelque ancienne légende, le bourgeois, au sein des villes, n'avait guère plus de distractions. Une fois le couvre-feu sonné, comment se serait-il hasardé dans un labyrinthe de rues étroites, tortueuses, sans réverbères, au risque d'y laisser sa bourse et sa vie? Et qu'on se gårde de croire qu'en esquissant ici la vie privée du moyen-âge, on ait seulement en vue la France : les états voisins n'étaient guère plus avancés en civilisation. Londres, Vienne et les autres capitales, aujourd'hui si policées, avaient alors, comme Paris, leurs truands et leurs mauvais garçons. La fin du XVe siècle voit s'opérer une révolution bienfaisante, et la civilisation pénètre en Europe. C'est à cette époque que les premiers clubs s'organisèrent, d'abord en Italie, puis en Angleterre. Ce sont ces derniers dont nous allons nous occuper dans ce premier article.

En Angleterre, où chacun vante à tout propos le bonheur de la vie en famille, où, pour nous servir de l'expression locale, le home est tellement cher, il peut paraître assez extraordinaire d'y voir les clubs plus multipliés que dans le reste de l'Europe. Londres particulièrement en possède un grand nombre, dont plusieurs ont une curieuse spécialité.

Les habitudes de club ont nécessairement une influence marquée sur les mœurs de la nation. C'est pour les Anglais une sorte d'initiative à la vie politique, moins par les discussions soutenues qui s'établissent dans certaines circonstances, que par des conversations journalières où l'on traite avec calcul et réflexion des intérêts généraux du pays. Ce genre d'habitudes masculines ne produit pas un effet moins sensible sur les mœurs des femmes,

qu'il accoutume à une vie solitaire, à l'absence presque continuelle des hommes, et à qui il fait, d'ailleurs, chercher des distractions dans les soins qu'elles donnent à leur famille.

Nos voisins, dont le caractère froid et réfléchi se propose un but utile en toutes choses, n'ont pas fait de leurs clubs un vain rendez-vous de plaisirs, et si l'on remonte au règne de Charles II, époque de l'institution, on voit que chaque état, chaque profession, y a son lieu de réunion à part. Ainsi, le commerce, l'armée, la marine, la politique, la science, et dans une autre sphère les amateurs de jeux, de chevaux, de courses, ont eu de bonne heure et possèdent aujourd'hui des clubs exclusifs. La spécialité, voilà le trait distinctif des clubs anglais, trait remarquable qui les différencie des autres établissements du même genre en Europe, où, à quelques exceptions près, les sociétaires sont un pêle-mêle d'hommes de goûts, de fortunes, de professions diverses, et à qui, par conséquent, il manque un point de contact habituel et un drapeau qui les rallie.

C'est à la politique que la Grande-Bretagne doit la première idée des clubs. Vers la fin du règne de Charles II s'établissent les White et Boodle clubs, deux camps du torisme pur, dont les frères du roi, la haute aristocratie, sont les fondateurs. Mais à côté s'élève en même temps un rival dangereux : le Brookes'club, qui compta à toutes les époques ce que l'opposition eut de plus éloquent.

L'admission de ces deux centres du torisme et de l'opposition a toujours été fort difficile : une seule boule noire peut exclure le candidat présenté. Nous citerons à ce propos deux aventures singulières.

En 1780, Sheridan, dont les succès ne furent pas moins brillants à la tribune qu'au théâtre, s'était présenté comme candidat au Brookes'-club, composé de tous ses amis politiques. Deux fois cependant une fatale boule noire l'avait écarté de la bienheureuse réunion, et comme il était généralement estimé et chéri, chacun s'étonnait de ce mauvais vouloir : on se questionna, et l'on finit par découvrir que milord B*** était l'opposant.

Membre du club et ami de Sheridan, le prince de Galles s'efforce de le consoler, en lui promettant que sa troisième candidature sera plus heureuse, et voilà l'expédient dont il s'avise pour la faire réussir : au moment où s'ouvre le scrutin et où chaque membre monte pour y prendre part, le prince, qui se

promenait à dessein dans le vestibule, saisit par le bras, à son passage, le donneur de boules noires. « Milord, lui dit-il, il faut que je vous parle d'une affaire pressée », et là-dessus il commence un imbroglio fort long et fort compliqué. Durant le récit, le scrutin s'était clos, et Sheridan, reçu à l'unanimité, fut proclamé membre du club. Quelques jours après, le prince, le voyant entrer, lui dit en présence du lord mystifié: « Jusqu'ici, Sheridan, vous vous êtes cru l'homme le plus éloquent des trois royaumes; eh bien! apprenez que je le suis encore plus que vous, car, l'autre jour, milord B*** a tellement pris goût à ma conversation, pendant votre ballottage, qu'il a oublié d'aller vous jeter sa boule noire favorite. »

Donnons pour pendant à cette aventure celle du lord FitzGérald. Homme de beaucoup d'esprit, l'époux de la célèbre Pamela avait plusieurs travers qui le faisaient redouter: son humeur difficile et sa passion pour les duels, combats d'où tant de fois il était sorti victorieux, l'avaient rendu la terreur de la bonne société. Aussi, s'étant présenté au Brookes'-club, fut-il exclu à une assez grande majorité. Cet échec, qui eût rebuté tout autre, ne le dégoûte pas, car, trois mois après, on voit son nom figurer de rechef sur le tableau des candidats. Le jour du scrutin arrivé, le lord s'est fait mener au club, et, depuis une heure, attend impatiemment dans la cour le résultat de la séance, quand un domestique vient lui annoncer qu'il n'est pas plus heureux que la première fois. A cette nouvelle, Fitz-Gérald s'élance sur l'escalier, traverse l'antichambre, les salons, et entre dans la salle du scrutin, où sa figure apparaît comme la tête de Méduse. « Parbleu! messieurs, dit avec le plus grand sang-froid notre duelliste, votre domestique est un grand misérable. A moi, homme d'honneur, m'a-t-il dit, quinze boules noires! Mais je ne l'ai pas cru un instant cela est impossible. » Et làdessus, interpellant plusieurs membres par leurs noms « Si j'avais pu subir un refus, ce n'est pas assurément de votre part, monsieur Cribb, ni de la vôtre, monsieur Jackson »; et chaque membre successivement interpellé, peu curieux de se mesurer avec un tel adversaire, protestait contre tout soupçon à son égard. Vous voyez donc bien, messieurs les commissaires, reprend Fitz-Gérald, que le domestique a fait une erreur, et puisque, de l'aveu de ces messieurs, je n'ai que des boules blanches, me voici, dès ce moment, membre du club. » En consé

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