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ajoute l'auteur japonais, qui serait de nos jours nommé Ko suk, aurait eu a cette époque le nom de Ko fiko; et une femme nommée Ouki ne, celui d'Ouki fime. Ce pays, poursuit-il, fut aussi appelé Wa kokf. Wa ou Kwa (Ho), le second caractère de Ghi wa, signifie tranquillité et paix; kokf veut dire royaume. Wa est encore aujourd'hui un des noms du Japon.

On s'aperçoit facilement que les matériaux nécessaires pour résoudre avec quelque probabilité la question difficile de leur origine, manquent aux Japonais mêmes; il serait donc téméraire pour un Européen de vouloir aller plus loin qu'eux. Cependant, si l'on considère d'un côté la différence radicale entre la langue japonaise et la chinoise, et de l'autre le type tout-à-fait chinois de la civilisation actuelle du Japon, on peut conjecturer avec beaucoup de vraisemblance que ce pays, originairement habité par des autochthones, a été civilisé par des colonies chinoises, arrivées à différentes époques dans les provinces occidentales du Japon. On verra plus bas que le théâtre de l'histoire mythologique qui précède l'époque de Zin mou ten o, est placé dans le Fiougo, province de l'île de Kiouziou, qui est la plus occidentale du Japon, et que ce conquérant partit de là pour aller soumettre la partie orientale de cet empire, habitée par un peuple qui ressemblait aux Aïnos du Yéso, du Taraïkai, des îles Kouriles et du Kamtchatka. Ce peuple, qui est aussi appelé λ ₺ Mao jin, ou, d'après la prononciation japonaise, Mozin, c'est-à-dire hommes velus, occupa, à ce qu'il paraît, jusqu'au temps des Thang, la partie orientale du Japon; car on lit dans l'histoire de cette dynastie chinoise, que le Wo kouě, ou le Japon, était borné au nord par de hautes montagnes audelà desquelles vivaient les Mao jin. Il paraît donc qu'à cette époque la différence entre les Japonais et les Aïnos ou Yéso n'était pas encore bien établie, mais les derniers commencèrent alors à se mêler avec les autres, et finirent plus tard par s'identifier avec les Japonais sur le continent du Japón. En effet, la partie nord-est de l'empire n'a été civilisée que fort tard, relativement à celles de l'ouest et du midi. Ce fait, ainsi que plusieurs autres circonstances, paraissent appuyer la conjecture énoncée ci-dessus, et l'élever presque à la certitude.

que

Les auteurs japonais qui se sont affranchis des préjugés nationaux, paraissent être convaincus que leur patrie n'a commencé d'avoir un gouvernement régulier que sous Zin mou ten o, et que tout ce qui précède cette époque est enveloppé de fables. Les habitans du Japon, disent-ils, étaient des sauvages qui ne s'occupaient que de pourvoir aux besoins de la vie animale; ils ne connaissaient pas l'art d'écrire; les événemens qui les intéressaient le

plus n'étaient marqués que par des entailles, et par des nœuds de cordes de paille, dont les vieillards expliquaient le sens à la jeunesse. Tout était alors grossier, et plongé dans cet état de barbarie et de misère où l'homme ne diffère de la brute que par la faculté de développer son intelligence au moyen de la contemplation, de l'observation et de l'expérience, et de s'élever peu a peu à un certain degré de civilisation, qui résulte des découvertes utiles, des communications sociales, et des conventions fondées sur la raison et sur l'équité. Ceux qui excellaient par leurs connaissances, étaient révérés pendant leur vie comme des êtres supérieurs, et honorés après leur mort comme kami ou dieux. Une vie pure, des principes austères, une conduite modeste, le desir ardent d'améliorer le sort de leurs semblables, et une pratique constante des préceptes qu'ils professaient, les distinguaient de la multitude. Un de ces hommes supérieurs était Zin mou. Par ses grandes qualités, il acquit une influence qui lui donna la facilité de devenir le premier souverain du Japon, et d'être honoré après sa mort du titre auguste de Ten o ou Empereur céleste. Aucune pompe ne l'entourait; sa demeure était une cabane de paille de douze toises ou de soixante-douze pieds en carré, ouverte de tout côté à l'inclémence des saisons; le toit en était couvert de broussailles; la terre lui servait de lit. Le souvenir de sa cabane a été conservé dans la construction des deux temples d'Izé, et dans une partie du palais des Daïri.

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L'histoire véritable du Japon ne commence guère qu'à la 1" année du règne de Zin mou, qui est celle de Sin yeou, c'est-à-dire, la 58° du cycle de soixante, ou l'an 660 avant notre ère. Cependant, comme un ouvrage historique sur le Japon serait incomplet si l'on n'y trouvait pas un aperçu des traditions mythologiques de ses habitans, traditions dans lesquelles se peuvent trouver cachés quelques faits véritables, nous donnons ici la cosmogonie et l'histoire fabuleuse des Japonais, extraites du Sin daï-no maki

(Chin taï kiuan), ou Histoire des dynasties divines, et du premier volume de la grande histoire du Japon intitulée Daï Ni fon si (Ta Jý pen

szu), par Minamoto Mitsou kouni (Yuan Kouang kouě).

代七神天 TEN SIN SITS DAĪ,

OU LES SEPT GÉNÉRATIONS DES ESPRITS CÉLESTES.

Anciennement le ciel et la terre n'étaient pas encore séparés. Alors le

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(yn), ou principe femelle, n'était pas détaché du 3 ó (yang), ou principe

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mâle. Le chaos, ayant la forme d'un œuf, jetait des vagues comme une mer agitée. Il contenait cependant les germes de toutes choses; ceux qui étaient purs et transparens s'élevèrent et formèrent le ciel, tandis que tout ce qui était lourd et opaque se précipita, se coagula et produisit la terre. La matière subtile et parfaite se réunit et forma l'éther; la matière pesante et épaisse se durcit et devint ce qui est compacte. Le ciel fut donc formé le premier, et la terre s'acheva après. Un être divin, ou kami (chin ching), naquit au milieu. C'est cet événement qu'on regarde comme le commencement de la création. Une île de terre molle nagea sur les eaux comme un poisson. Il naquit en même temps, entre le ciel et la terre, une chose semblable aux tiges de la plante asi1, qui se métamorphosa en un dieu (kami), auquel on donna le titre honorifique de Kouni toko tatsi-no mikoto 2, et qui fut le premier des sept esprits célestes, dont voici la suite :

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1. KOUNI TOKO TATSI-NO MIKOTO (Kouě tchhang lý tsun), ou l'honorable du royaume toujours existant, régna pendant cent mille millions d'années. On l'adore principalement dans un temple de la province d'Oomi.

2. KOUNI SA TSOUTSI-NO MIKOTO (Kouě hiă tchoui tsun), ou l'honorable du milieu maniant le maket, régna pendant une période de la même durée, et par la vertu de l'eau. Son temple est dans la province de Kawatsi.

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5. TOYO KOUN NOU NO MIKOTO (Fung tchin chun tsun), ou l'honorable qui puise en abondance du limon salé 3, régna autant d'années, par la vertu du feu. Son temple est dans la province d'Oomi.

Suivant les lois du ciel, ces trois êtres divins s'engendraient tout seuls et étaient des mâles purs.

4. Le génie mâle OUFI TSI NI-NO MIKOTO (Ni thou tchu tsun), ou l'honorable qui cuit la terre argileuse. Il régna par la vertu du bois. Sa compagne était le génie femelle SoU FITSI NI-NO MIKOTO (Cha thou tchu tsun), ou l'honorable qui cuit la terre sablonneuse. Ces deux génies ont régné deux cent mille millions d'années. Leur temple est dans la province d'Izé. Depuis eux, il y eut des mâles et des femelles; mais il n'y avait pas encore de copulation charnelle.

(1) En chinois wei: c'est une graminée à laquelle M. de Siebold a donné le nom d'erianthus japonicus. Actuellement cette plante ne se trouve que très rarement sur les côtes maritimes du Japon, tandis que toutes les montagnes de ce pays, jusqu'à l'île de Yéso, en sont couvertes à une hauteur de 1,500 à 5,000 pieds.

(2) Le mot mikoto est l'équivalent du chinois tsun, qui signifie vénérable.

(3) C'est le caractère chun, en japonais nou, qui signifie limon salé ou terre imprégnée de natron et de sulfate de natron. D'autres auteurs japonais mettent le troisième de ces esprits célestes avant les deux premiers, et lui donnent le titre honorifique d'Oumasi assi fiko tsi-no mikoto, ou l'honorable et excellent oncle cadet, du côté de la mère, de la belle tige d'asi.

5. Le génie mâle OO TO-NO TSI-NO MIKOTO (Ta hou tchi tsun), ou le vénérable de la grande porte, et le génie femelle OO TOMA BE-NO MIKOTO (Ta chen pian tsun), ou l'honorable du bord de la grande natte. Ces deux esprits célestes régnèrent par la vertu du métal, et autant d'années que les précédens. Leur temple est dans la province de Yetsizen.

6. L'esprit mâle OMO TAROU-NO MIKOTO (Mian tsu tsun), c'est-à-dire le vénérable à face pleine, et l'esprit femelle KASSIRO NE-NO MIKOTO (Houang ken tsun), l'honorable de la racine de la crainte. Ils régnèrent par la vertu de la terre pendant deux cent millions d'années.

7. Le génie mâle ISA NAGHI-NO MIKOTO (I tsang no tsun), ou l'honorable qui a trop accordé, et le génie femelle Isa na mi-no mikoto (I tsang thsě), ou l'honorable qui trop excite 1.

Les trois couples d'êtres divins qui avaient précédé celui-ci, suivaient les lois du ciel et de la terre, et se reproduisirent comme mâles et femelles, par une contemplation mutuelle.

La période des sept générations des esprits (Kami yo tsits yoto) a duré depuis Kouni toko tatsi-no mikoto jusqu'à Issa nagi-no mikoto et Issi nami-no mikoto. Issa naghi-no mikoto et Issa nami-no mikoto montèrent sur l'Ama-no ouki batsi (Thian feou khiao), ou le pont du ciel 2, et dirent : N'y aurait-il pas làbas au fond des pays et des îles? Ils dirigèrent par conséquent en bas la pique céleste de pierre précieuse rouge, et remuèrent le fond. En retirant la pique des eaux troublées, il en tomba des gouttes qui formèrent l'île appelée Ono koro sima, ou l'île qui s'est formée spontanément. Les deux génies descendirent alors et allèrent l'habiter. Cette île est la colonne du milieu sur lequel est basé l'empire (Kouni-no naka-no mibasira).

Le génie mâle marcha du côté gauche et le génie femelle suivit le côté droit. Ils se rencontrèrent à la colonne de l'empire; et s'étant reconnus, l'esprit femelle chanta ces mots : « Je suis ravi de rencontrer un si beau jeune « homme. » Le génie mâle répondit d'un ton fâché : « Je suis un homme, ainsi « il est juste que je parle le premier; comment toi, qui es une femme, oses-tu « commencer ? » Ils se séparèrent alors et continuèrent leur chemin. Se rencon

(1) D'autres auteurs japonais donnent la généalogie suivante de ces deux derniers des génies célestes. Kouni toko tatsi-no mikoto, le premier de cette dynastie, fit naître Ome kagami-no mikoto, ou l'honorable du miroir céleste; celuici donna la vie à Ama yorotsou-no mikoto, l'honorable de la totalité des cieux, lequel fit naître Awa naghi-no mikoto, l'honorable du mouvement

de l'écume, et celui-ci produisit Issa nagi-no

mikoto.

c'est une

(2) Les commentateurs disent que expression allégorique pour exprimer l'idée de l'amour et de l'attachement des deux sexes.

(3) Ama-no to bokoû (Thian tchi khioung); les commentateurs disent que ces mots désignent le membre viril.

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trant de nouveau au point d'où ils étaient partis, le génie mâle chanta le premier ces paroles : « Je suis fort heureux de trouver une jeune et jolie femme. Et il lui demanda : « As-tu à ton corps quelque chose propre à la procréation? » Elle répondit : « Il y a dans mon corps un endroit d'origine féminine.» Alors le génie mâle répliqua : « Et mon corps a également un endroit d'origine « masculine, et je desire de joindre cet endroit à celui de ton corps. » Ce fut l'origine de l'accouplement des mâles et des femelles.

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Son épouse devint enceinte, et accoucha d'abord de l'île Awasi-no sima1 qui fut le premier lieu créé du Japon. Puis elle mit au monde l'île Iyo-no fouta na-no sima 2, ensuite l'île de Tsikoasi-no sima 3, puis les îles jumelles de Oki-no sima et Sado-no sima“, ainsi que Kosi-no sima 5, Oo-no sima o et Kibi-no ko sima. Tous ces pays sont compris sous le nom d'Oya sima-no kouni, qui signifie les Huit grandes îles ou contrées. Puis naquirent Tsou sima, Iki-no sima, et un grand nombre d'autres petites îles, produites toutes par l'écume.

Dans la suite, ils engendrèrent la mer, les rivières, les montagnes, le Kougou-no tsi, qui fut l'aïeul des arbres, le Kayo-no fime ou No tsoume, espèce de bruyère qui est la mère de toutes les plantes. Isanaghi-no mikoto et Isanami-no mikoto ayant réfléchi qu'il manquait encore un être pour gouverner le monde qu'ils avaient procréé, se mirent de nouveau à l'ouvrage. Isa nami-no mikoto mit d'abord au monde un être divin, nommé Oo firou me-no mousi (Ta jy ling kouei), c'est-à-dire, l'Intelligence précieuse du soleil céleste, et vulgairement appelé Ten sio daï sin (Thian tchao ta chin). Cette fille avait la figure resplendissante et l'air spirituel. Ses parens en furent enchantés; mais la trouvant trop belle pour la terre, ils résolurent de l'envoyer au ciel, et de l'y charger du gouvernement universel.

(1) C'est-à-dire l'île de l'écume. Elle forme une province du Japon et est située entre l'île de Si kokf et la province d'Idzoumi.

(2) C'est-à-dire la seconde île qut reçut un nom. C'est celle de Si kokf.

(3) Ce sont les deux provinces de Tsikouzen ́ et Tsikoungo dans la grande île de Kiou ziou. (4) Oki-no sima, grande île au nord-ouest du Japon. Sada-no sima, île à peu de distance du Ni pon.

(5) Sous la dénomination de Kosi-no sima (Yuč tcheou) sont comprises les provinces d'Yetsizen, Yetsingo et Yetsiou de la grande île du Ni pon.

(6) Oo sima (Ta tao) ou la Grande Ile, est située entre celle de Kiousiou et l'archipel de Lieou khieou.

(7) Kibi-no ko sima indique les trois provinces de Bitsiou, Bizen et Bingo.

(8) A cette époque, disent les auteurs japonais, on ne connaissait pas encore la division en nord, est, ouest et sud. Le nombre huit est, suivant la doctrine du Sinto ou de la religion. primitive du Japon, considéré comme le plus parfait, le plus heureux; c'est pourquoi ces contrées sont désignées par le nom des huit îles. La division d'après quatre points cardinaux ne commença que sous le règne de Zin mou.

(9)神大照天 Ten sio dai sin, en

japonais Ama terasou oon kami, signifie l'esprit céleste de l'éclat du soleil. Quelques auteurs prétendent qu'elle est la vierge Hi ho (p. ix).

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