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toujours à la perfection des espèces, a donc établi que la force devrait être préférée en amour, afin d'obtenir des individus plus vigoureux et plus robustes. L'expérience prouve, en effet, que lorsque l'amour n'est pas dans toute son ardeur, les produits en sont faibles et délicats, comme on le voit dans les enfans des individus qui se livrent à de profondes méditations. Les fils des hommes célèbres sont rarement des grands hommes; et, au contraire, la plupart des personnages devenus illustres par le caractère, le génie ou la valeur, ont été les fruits d'un ardent amour. Les rustiques habitans des villages, les hommes tout matériels, produisent les plus beaux et les plus robustes enfans, parce qu'ils suivent mieux la simple nature que les grands du siècle, toujours dévorés de passions, tracassés de soucis et de peines, absorbés dans les affaires épineuses et dans les méditations abstraites.

La jouissance physique de l'amour prend le nom de Volupté. L'amour n'a pas la volupté pour objet, mais bien la génération qui en est le résultat : ce n'est pas, en effet, un plaisir que la nature a voulu procurer à l'homme; son but a été de le forcer en quelque sorte, par cet appât séducteur, à travailler à la multiplication de son espèce.

Le moment de la jouissance, ou de l'exercice de la sensation, est accompagné d'un frémissement universel du corps, et d'une sorte de convulsion qui fait tomber dans un état comateux et extatique: on a comparé le coït ou la jonction des sexes à un accès d'épilepsie; et il en a presque tous les caractères; car il absorbe le physique et le moral; on n'entend plus, on ne voit plus, tous les sens sont anéantis, tout est mort, excepté le plaisir.

Une sensation qui agit avec autant de violence sur

nos organes, doit avoir des effets les plus fâcheux lorsque l'usage que nous en faisons dépasse les vrais besoins et les forces physiques; et c'est en effet ce qu'occasionent les jouissances trop excessives: elles ruinent la santé, hâtent la vieillesse, et anéantissent les forces mentales.

Mais si l'abus a ses inconvéniens, la privation a aussi les siens, du moins chez la plupart des hommes car il est des individus des deux sexes chez lesquels ces besoins ne se font jamais sentir. Ce n'est pas impunément qu'on se refuse aux penchans de la nature; il est un âge où les jouissances physiques de l'amour deviennent nécessaires à tout être bien organisé, et ce n'est jamais qu'aux dépens de la santé et du repos de la vie entière, et quelquefois même de la raison, qu'on peut être fidèle à des vœux absurdes de continence perpétuelle.

Quoique, dans le but de la nature, les plaisirs de l'amour doivent être le résultat du concours des deux sexes, il n'arrive que trop souvent que ces jouissances soient solitaires, et que l'individu se les procure à lui-même par le toucher. Ces jouissances sont infiniment plus dangereuses que celles qui résultent de la jonction conjugale. Si l'organisation de l'individu qui s'y livre est assez forte pour que son physique y résiste, son intelligence du moins aura toujours à en souffrir. L'homme est un être si éminemment social, qu'il ne peut isoler ses jouissances sans les empoisonner. Une inquiétude continuelle domine alors l'esprit ; une mélancolie vague, qui jette sur les objets une teinte noire, empoisonne continuellement la vie, enlève tout courage, et fait voir le monde entier comme un vaste désert dans lequel on n'aperçoit ni aide ni encouragement pour le temps présent, ni désir ni espérance pour le

temps à venir. Voilà des maux très-réels, atteignant à tous les âges celui qui, grossièrement dominé par ses sens, s'abandonne seul à des voluptés que la nature invite à partager avec l'autre sexe.

Système physique de la Femme, par ROUSSEL. Dictionnaire des Sciences médicales, mots Coïr, CONTINENCE, FEMME. - Recherches sur la Vie et la Mort, par BICHAT. Recherches sur la Sensibilité, par DESÈSE. - Rapports du Physique et du Moral, par CABANIS.-Traité de Physiologie, par BURDACH.

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CHAPITRE III.

Affections passionnelles.

Tous les hommes les éprouvent à des degrés différens. Causes de ces différences. Des caractères. Pourquoi ils diffèrent. Des penchans. Leur manifestation. Leurs variations suivant les âges et les sexes. Désirs. Passions. Leur origine.

267. Les besoins que l'homme éprouve tiennent à sa nature : ils appartiennent donc à toute l'espèce, sans distinction. Mais ces besoins, pour être les mêmes, ne sont pas éprouvés de la même manière chez tous les individus. Ils sont impérieux pour les uns, faiblement sentis pour d'autres, et se montrent à peine chez des troisièmes, quoique le germe en existe chez tous les hommes, puisqu'ils sont l'apanage de l'humanité.

La différence de l'énergie de ces besoins provient du caractère de celui qui les éprouve, et des penchans qui en sont la suite.

Le caractère est le genre de sensibilité qui nous est particulier, et qui nous porte à être affectés d'une certaine manière plutôt que d'une autre. C'est le caractère qui nous rend naturellement tristes ou gais; vifs ou indolens, timides ou courageux, doux ou emportés, entreprenans ou craintifs, etc.

Le caractère est à la vie sensitive ce que la consti

tution corporelle est à la vie végétative. De même que la constitution détermine la manière dont les fonctions végétatives s'exercent, de même le caractère détermine le choix et le mode de nos affections sensitives.

Tous les hommes naissent avec un caractère particulier, et par conséquent diffèrent les uns des autres par leur manière de sentir et d'agir.

Ce caractère ne peut être changé complètement; on peut lui donner un vernis, des formes quelconques, mais on ne peut le dénaturer.

Pour connaître la cause des différences de caractères, il faudrait suivre le développement de l'organisation jusque dans les élémens les plus subtils, et nous connaissons à peine les organes les plus grossiers. Tout ce que nous pouvons présumer, c'est que cette modification semble provenir de la manière d'être des organes, et de leur manière d'agir

entre eux.

Quand on dit qu'un homme n'a point de caractère, on entend que la manière de manifester son activité n'est pas distinguée de celle des autres tels sont ordinairement les hommes dont le moral a été pour ainsi dire formé par la société, créé par les circonstances, et surtout dominé à un haut degré par le penchant à l'imitation. Leurs pensées, leurs penchans, leurs déterminations, ne sont que des copies: ils sont ce qu'ils ont vu, entendu; l'exemple les a formés, l'exemple les conduit.

On entend aussi par-là un moral sans énergie, une ame faible, légère, incapable de suivre des principes avec persévérance, sans penchans déterminés, sans volonté permanente.

Quand nous disons d'un homme qu'il a du caractère, nous entendons non-seulement qu'il a sa ma

nière particulière de sentir, mais aussi qu'il montre une résolution courageuse et habituelle de ne point changer sa forme déterminée: ce sont d'ordinaire des hommes dont la tête est forte et les passions ardentes. C'est parmi eux qu'il faut chercher ces sujets rares qui réunissent un grand nombre et quelquefois la totalité des penchans qui appartiennent à l'humanité: ils constituent les grands hommes.

La tendance du caractère à se porter sur certaines affections et sur certains objets préférablement à d'autres, se nomme penchant, inclination, vocation, goût. On dit qu'on n'a point de penchant, point de goût pour telle chose, quand cette chose n'affectionne pas, et qu'on ne cherche pas à se la procurer, à diriger son activité sur elle.

Les penchans sont pour nous des révélations permanentes de l'attraction passionnelle, dont les sens sont les conducteurs, qui nous porte par plaisir vers l'objet auquel la nature nous appelle; ils sont les moteurs de notre activité, la boussole qui nous fait connaître ce à quoi nous sommes destinés.

Que l'on mette différens individus dans les mêmes circonstances; qu'on les environne des mêmes influences; qu'on les livre à un même genre de vie; qu'on les place dans les mêmes rapports de parenté, et, autant que possible, d'éducation, d'habitude et d'exemples: ils se distingueront toujours par des penchans originels. Souvent, au milieu de la réunion des forces les plus capables de donner à la volonté une autre direction, ils suivront une marche contraire à celle qu'on voulait leur imposer; ils prendront des déterminations supérieures à tous les obstacles qu'on leur opposera. Il existe en nous une trame première sur laquelle toute la conduite que nous devons suivre vient se dessiner.

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