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marque encore que la figure peut ne pas exprimer le genre de disposition que le sujet possède. Mais toutes ces anomalies ne doivent pas empêcher de regarder l'influence du physique sur le moral, et du moral sur le physique, comme un fait incontestable.

Les deux vies qui constituent l'homme double, sont si intimement unies dans son état naturel, que la réflexion a bien de la peine à les concevoir séparées. Cependant elle peut, en les considérant à part, les voir se succéder, s'exclure, se joindre, prédominer tour-à-tour, et former sous la même enveloppe deux êtres qui n'ont presque point de correspondance, ou sont aussi étrangers l'un à l'autre que l'homme éveillé l'est au somnambule.

Dans le système des matérialistes, les rapports du physique et du moral tiennent à l'organisation, comme l'attraction tient à la matière: c'est le cerveau qui est non-seulement l'instrument, mais la cause même de la sensibilité et de la pensée.

Les spiritualistes ne cherchent pas à connaître la cause du rapport entre le physique et le moi; il est à leurs yeux un fait primitif inexplicable. Le moi, disent-ils, étant un, indivisible, ayant des lois différentes de la matière organisée, ne peut pas lui être uni d'après des lois générales qui amalgament deux corps analogues. L'ame spirituelle ne peut donc être ni juxtaposée ni intercalée dans le corps. Toutes ces analogies physiques, quoique souvent invoquées, ne paraissent pas convenir à l'esprit. Il est évident que le moi n'agit pas sans les organes : on a donc eu tort de les isoler. On a fait, dans un autre sens, de vains efforts pour expliquer leurs moyens d'union: ainsi, on a admis qu'ils agissaient l'un sur l'autre par des intermédiaires, tels que des mouvemens mécaniques, des fibres nerveuses, du

fluide vital, dont l'existence, il est vrai, paraît être de la plus grande vraisemblance, comme nous l'avons dit ailleurs (200, 243). Mais il nous suffit de savoir que l'homme est un corps vivant pourvu de propriétés particulières, pénétré en quelque sorte par deux principes, l'un sentant et l'autre pensant, faisant un même tout, un même être soumis à des lois communes et à des relations que l'expérience seule constate, et qui en outre a ses lois particulières et son indépendance absolue; que ces lois semblent se coordonner avec l'attraction universelle, et en être une dépendance: nous ne pouvons pas en savoir davantage. Nous touchons par l'esprit ces phénomènes dans leurs momens de rapprochement, d'union; mais quand nous sommes arrivés à ce point, leur lien intérieur nous échappe: nous ne savons pas comment cette union produit des facultés spirituelles; ce que nous pouvons seulement affirmer, c'est que le corps agit directement sur l'ame, comme l'ame exerce une influence sur le corps. Toutes les modifications de l'un modifient directement l'autre: tantôt c'est le corps qui commence l'action, et l'esprit qui l'achève; tantôt c'est l'esprit qui agit le premier, et les organes corporels qui terminent l'opération. De l'action et de la réaction des deux ordres de phénomènes, il résulte une liaison de cause et d'effets nécessaire pour donner un centre de rapport à toutes les opérations affectives et spirituelles. Cette influence, dont nous ne connaissons pas la raison, est un fait qui se reproduit à chaque instant, et sa double réciprocité établit l'existence du physique et du moi: d'où résultent les phénomènes de la puissance humaine.

De la Légitimité de la distinction de la Psychologie et de la Physiologie, par T. JOUFFROY. - Nouvelles Considérations sur les Rapports du Physique et du Moral, par MAINE-BIREN.

TITRE DEUXIÈME.

Moyens d'agir de la Vie spirituelle.

271. Nous rapporterons à quatre les moyens généraux qui sont donnés à l'esprit d'exercer sa puissance, savoir: 1o l'activité ou le pouvoir; 2o la réceptivité; 3o la conscience; 4o les facultés.

CHAPITRE PREMIER.

De l'Activité ou du Pouvoir spirituel.

Différence entre les modes d'activité de l'esprit et de l'instinct. Libre arbitre. Pouvoir et vouloir ne sont pas la même chose. D'où la vie spirituelle tire son principe d'action.

272. L'homme, considéré sous le rapport de l'esprit, étant une force destinée à rechercher dans la nature ce qui convient à son être pour remplir icibas sa destinée, a le pouvoir d'agir librement d'après ses impulsions; il est éminemment actif. Il n'en est pas de même quand on l'envisage comme être instinctif: il opère fatalement d'après les affections qu'il éprouve, et sans que l'intelligence vienne le servir dans ses actes; il est entièrement passif.

C'est dans le pouvoir d'agir librement, en vertu de la puissance active, pour rechercher ce qui nous convient, que consiste le libre arbitre bien entendu, et non dans le vouloir une chose préférablement à une autre. Pouvoir et vouloir (381) sont deux facultés bien différentes, et c'est une grande erreur de les avoir confondues : c'est cette confusion qui a empêché de distinguer ce qui est libre en nous, de ce qui ne l'est pas.

La vie spirituelle tire ses principes d'action de l'affection produite par l'instinct: de là le lien des

deux vies. Si l'esprit n'avait aucun stimulant, s'il n'éprouvait aucun besoin, il resterait stationnaire; mais il n'en est pas ainsi, comme nous l'avons dit: l'homme sent et pense toujours.

Quelle est l'action que l'affection produit sur la force animique pour la faire sortir de son inactivité? on l'ignore; mais le fait est certain : l'affection produit toujours l'activité.

Dans le pouvoir, ce n'est pas la force qui dispose du moi, c'est le moi qui emploie l'activité suivant qu'il lui convient.

CHAPITRE II.

De la Réceptivité.

Définition. Division des perceptions en volontaires et en involontaires. L'action des organes pour produire les unes et les autres, est la même.

275. La réceptivité est la capacité que nous avons de nous mettre en rapport avec le monde extérieur pour en connaître les phénomènes.

Ce sont nos sens qui, comme intermédiaires, comme conditions organiques, nous servent à acquérir ces connaissances.

Nous avons vu, dans la vie sensitive, que quand les objets extérieurs frappaient nos organes des sens, ils nous faisaient éprouver une perception involontaire au moyen de la capacité de réceptivité, nous pouvons diriger nos sens sur ces objets, afin de rechercher la perception, qui, d'involontaire qu'elle était, se reproduit à notre gré.

Notre langue a des expressions pour nous faire connaître quand nous voulons parler de perceptions volontaires ou de perceptions involontaires. On annonce qu'on a des perceptions involontaires, lorsque

l'on dit que l'on voit, que l'on entend, que l'on sent des odeurs, que l'on est affecté par le tact. On fait connaître que l'on a recherché la perception, quand on dit que l'on regarde, que l'on écoute, que l'on flaire, que l'on savoure, que l'on touche.

Soit que les organes des sens agissent passivement ou par l'effet de la volonté, leur action organique est la même seulement, dans le premier cas, l'action vient des objets extérieurs, et n'a pas besoin d'être apprise. Dans le second cas, elle vient de la volonté; elle est susceptible d'éducation, et reçoit plus d'intensité: ce sont ces différences qui distinguent les perceptions de l'esprit de celles de l'instinct.

Cours élémentaire de Philosophie, par J. Tissot.

CHAPITRE III.

De la Conscience.

Définition. Ce que les matérialistes entendent par conscience. Ce qu'elle nous apprend.

274. La conscience est une lumière interne et mystérieuse, par laquelle nous voyons tout ce qui se passe au-dedans de nous : elle nous rend spectateurs de nous-mêmes; elle est la compagne et le témoin continuel de nos sentimens, de nos pensées, de nos actions, et de toutes les modifications que nous pouvons éprouver.

Ce sanctuaire, que l'on nomme sens intime, paraît être le moi, l'ame elle-même en exercice: on ne lui connaît aucun sens organique.

La conscience paraît être un attribut de l'humanité : il est probable que les animaux ne la possèdent pas.

Suivant les matérialistes, la conscience n'est que

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