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que là l'homme pouvait vivre pour les autres; il était un être végétatif: par l'effet des affections physiques, le moi sort de son assoupissement; il sent son existence; il aperçoit la présence des corps, il en éprouve l'influence; il veut ce qui lui convient.

Tous les corps de la nature peuvent produire des affections, quand ils sont en rapport avec nos organes. Notre propre corps n'est pas excepté : car nous pouvons le toucher, comme nous pouvons toucher d'autres objets.

Les effets affectifs des corps résultent de leurs propriétés physiques.

On appelle propriété des corps la force inhérente à ces corps, qui a le pouvoir de nous causer des affections, sans que nous puissions connaître le rapport qui existe entre la cause qui nous affecte et l'effet qu'elle produit sur l'ame.

Il suffit que nos sens soient frappés par les objets extérieurs, pour que nous en percevions les qualités, et que nous croyions à leur existence. Toutes les fois que notre sensibilité éprouve des modifications, nous acquérons des connaissances: c'est par la perception de résistance, de mobilité, d'étendue, que nous distinguons les corps les uns des autres, que nous établissons leurs propriétés particulières. Les modifications que nous éprouvons de ces corps, ne sont pas des représentations directes: elles sont seulement des signes naturels de l'action des corps.

Aucune instruction ne pourrait remplacer celle des organes des sens: si, par le moyen de nos sens, nous n'acquérions pas la perception du toucher, des couleurs, des sons, etc., personne ne pourrait nous en donner l'idée et la connaissance. Ainsi, le monde extérieur n'a pour nous de réalité que par les perceptions qu'il nous cause.

Nous ne savons pas comment il se fait que nous distinguions les corps de leurs qualités; que nous ne confondions pas la figure, le mouvement, la couleur, etc., avec le sujet : mais tous les hommes font également cette distinction; personne ne prend les qualités pour le corps. Toutes les langues déposent de l'universalité de cette croyance; toutes expriment les qualités sensibles par des adjectifs, et les adjectifs supposent des substantifs exprimés ou sousentendus. Cette relation est précisément celle des qualités du sujet, ce qui nous démontre que c'est la nature seule qui nous donne ces connaissances. L'instruction nous apprend que les qualités appartiennent au sujet, et nous avons de ces qualités des notions très-claires, parce qu'elles sont immédiatement perçues par les sens. Mais la notion que nous avons de la matière dépouillée de ses qualités, n'est que relative et toujours obscure; elle se réduit au fait d'existence.

249. Toutes les connaissances que l'instruction nous donne, sont spontanées; c'est un jugement primitif dont nous avons conscience.

250. Il ne faut pas confondre la spontanéité avec les idées innées : nous ne naissons pas avec la connaissance des notions ou représentations des idées sensibles; mais l'instruction les forme nécessairement et subitement, à mesure que nos facultés s'appliquent à leurs objets respectifs.

Ces propriétés ou qualités de la matière, par leurs natures différentes, nous font éprouver des affections, dont les unes s'étendent sur toutes les parties extérieures du corps, ce sont les qualités premières; et les autres, qui se bornent à certains organes, sont nommées propriétés secondaires.

Les propriétés qui causent des affections à tous

les organes indistinctement, sont les molécules des corps qui présentent de la résistance à nos organes par la plus ou moins grande adhésion des parties, qui les constitue en corps solides, liquides, gazeux; et ces parties agissent sur nous par leur température, leur forme, leur étendue, leur solidité.

Les propriétés qui ne causent des affections qu'à certains organes, sont celles qui pourraient ne pas exister sans que le corps cessât d'être : telles sont les qualités que nous acquérons par les sens de la vue, de l'ouïe, de l'odorat, et du goût, qui se rapportent à la lumière, au son, aux odeurs, aux sa

veurs.

Cours de l'Histoire de la Philosophie, par V. CoUSIN, année 1829. — Fragmens philosophiques, par le même. - Etude de l'Homme,

BONSTETTEN.

SECTION PREMIÈRE.

FORMATION DES AFFECTIONS PHYSIQUES.

par

Tous les corps en présence des sens, nous occasionent des affections. Conditions et causes variées des affections.

251. Lorsque nous sommes exposés à l'action des corps extérieurs qui sont en rapport avec nos sens, nous ne pouvons pas empêcher que ces sens n'entrent en exercice et ne nous occasionent des affections, si l'ame est assez calme pour les recevoir, c'est-àdire si elle n'est pas occupée par d'autres affections qui absorbent son attention.

L'action des corps extérieurs sur l'homme n'est pas, comme sur les corps insensibles et dépourvus de vie, proportionnée à l'impression physique de ces corps et à la puissance résultant de leur masse et de leur vitesse; mais, transformées en affections, ces impressions sont toujours relatives au degré de sensibilité de l'être qui les éprouve.

Pour que la sensibilité produise par son action une affection physique, il faut, 1o qu'un ébranlement quelconque soit imprimé à une partie vivante par un agent; 2o que la modification qui en résulte soit transmise au cerveau ; 3° que, par l'action de ce centre sensitif, l'impression arrive à l'ame.

I. Les agens des affections sont ou extérieurs aux êtres vivans, et opèrent à leurs surfaces; ou inhérens à l'organisme lui-même, et n'agissent qu'à son intérieur.

L'action immédiate des excitans internes ou externes sur les tissus organiques, y détermine une modification vitale, y cause un ébranlement physique dont la nature et l'énergie dépendent à la fois de l'agent qui le produit et de l'organe qui l'éprouve. C'est en cela seulement que consistent les impressions tous les tissus en sont susceptibles; mais pour que ces impressions soient converties en affections, il faut des conditions d'organisation et de vitalité, dont la nature n'a pourvu qu'une certaine classe d'êtres et un certain ordre de parties. Le système nerveux étant le seul qui les réunisse, là où il n'existe pas on chercherait en vain autre chose que de simples impressions: c'est ce qu'on voit évidemment dans les plantes. C'est de plus ce qu'on doit remarquer chez ces animaux qui, n'ayant pas une substance nerveuse, étant ainsi privés de tout aboutissant sensitif, ne sauraient avoir que des impressions locales, dont l'effet le plus relevé est une espèce de tact nutritif départi à tous les points de leur surface, tant intérieure qu'extérieure. Pour savoir que le resserrement de la sensitive qui fuit la main qui l'approche, que les contractions des zoophytes mous sous le seul contact des rayons lumi

neux, que les convulsions musculaires que détermine le galvanisme sur les animaux récemment tués, ne sont pas suivis d'une affection quelconque, il suffit d'avoir fait la distinction vitale des impressions et des affections: il ne peut dans ces cas y avoir d'affections, parce que toutes les conditions nécessaires pour les former ne sont pas réunies.

II. Tendus entre le cerveau et toutes les parties de l'économie, les nerfs transmettent au centre sensitif les impressions que reçoivent leurs extrémités; ils communiquent à l'encéphale l'ébranlement qu'ils ont éprouvé, ou, si l'on veut, ils l'avertissent de la modification physico-vitale occasionée dans les parties où ils se distribuent, par le contact des agens avec lesquels ils ont été en rapport.

Mais il paraît, d'après de nouvelles expériences, que tous les nerfs ne transmettent pas les impressions une partie semblent entièrement destinés à présider aux mouvemens musculaires.

Les extrémités sentantes paraissent être constituées de manière à recevoir les impressions des corps extérieurs, et à les propager le long des nerfs.

Les nerfs, par leur organisation particulière, ne peuvent propager le mouvement que le long de la substance médullaire d'une même fibre, depuis son origine jusqu'à son extrémité, ou depuis son extrémité jusqu'à son origine, si rien n'altère sa continuité. C'est, comme nous l'avons observé, le fluide nerveux qui paraît être l'organe de cette transmission.

III. Les actes matériels de la sensibilité affective commencés dans les tissus, continués le long des nerfs, ne s'achèvent que dans le sein de l'encéphale;

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