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que ou métaphysique; mais elles n'expliquent rien au fond ces intermédiaires ne paraissent l'expliquer que dans l'idée de ceux qui avaient supposé préalablement une analogie naturelle entre les phénomènes qu'ils rapprochaient arbitrairement, et qui croyaient concevoir les choses. Ces intermédiaires ne feraient même qu'augmenter les difficultés de l'explication, puisqu'il faudrait en outre expliquer comment un mouvement mécanique ou vital produit une affection, devient une affection. En commençant, au contraire, par déclarer qu'on ne peut, qu'on ne veut pas pénétrer la cause, on n'a qu'à supposer une première ignorance; dans l'autre hypothèse on en a deux, et même davantage. C'est ainsi qu'on a fait intervenir Dieu, ou qu'on a eu recours à un principe intérieur substantiel, à une ame, à la forme des molécules, etc.

» Une sensation produit sur la fibre vivante des effets analogues à ceux des stimulans physiques. Les sensations sont une des causes les plus actives de l'entretien de la vie et de ses fonctions; elles agissent de la même manière sur elles que l'air, les alimens, etc. Il paraît, d'un autre côté, que les pures impressions vitales des organes réveillent les affections, comme dans celles qui viennent des organes intérieurs, et qui expriment leurs besoins différens, et comme dans celles qui sont produites par des causes autres que leurs causes naturelles : ainsi, le galvanisme donne la sensation d'une étincelle ou de certaines saveurs. Dans l'exercice ordinaire des sensations, ces deux ordres d'action ont lieu simultanément, et se confondent mutuellement; c'est-à-dire que les sensations excitent des impressions et des mouvemens vitaux, et que les impressions vitales augmentent la vivacité des sensations. Les unes et

les autres, quoique indépendantes dans leur principe, se confondent dans ce concours d'action, et perfectionnent leurs actes par ce concours même. C'est ce lien des impressions et des affections qui semble unir le moral et le physique dans l'exercice des affections. Cette union est un fait au-delà duquel nous ne pouvons porter la connaissance et la lumière...

» Telle paraît être la théorie de l'action du cerveau et des nerfs dans les affections, celle qui seule peut se coordonner avec l'ensemble des faits de toute espèce que nous avons présentés. Elle montre comment le cerveau concourt à l'affection sans en être la cause directe et essentielle; comment ce rapport du cerveau peut varier dans les différentes espèces d'animaux, et devenir même enfin presque nul dans les dernières classes; comment l'organe cérébral peut être remplacé par les ganglions dans celles-ci; comment toutes les altérations de cet organe portent une atteinte profonde à l'exercice de la sensibilité.

>> Cependant, ajoute l'auteur de ce système, cette théorie ne doit être regardée que comme une conjecture, qui, à la vérité, paraît fondée sur le plus grand nombre possible d'analogies. »

M. Magendie pense, comme Berard, qu'il n'est pas prouvé que les affections physiques résultent d'actes successifs.

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Dictionnaire des Sciences médicales, mot SENSATION. Etude de l'Homme, par BoNSTETTEN.- Doctrine des Rapports du Physique et du Moral, par BERARD. - Mémoire sur quelques Découvertes récentes relatives aux Fonctions du Système nerveux, par Magendie.—Précis élémentaire de Physiologie, par le même, 3o édition.

SECTION II.

DIVISION DES AFFECTIONS PHYSIQUES.

Perceptions et sensations.

252. Les affections physiques produisent deux effets de nature bien différente l'un qui nous fait connaître l'objet qui nous affecte, et l'autre qui nous fait sentir les modifications que l'objet produit en nous. Le premier effet se nomme Perception involontaire, et le second Sensation.

Les deux effets que produit l'affection physique se confondent au premier aspect, et semblent ne susciter qu'une seule modification. Cependant ces effets résultent d'opérations successives et très-distinctes, qui agissent isolément et dans des proportions différentes tantôt nous ne recevons que la perception, tantôt nous ne sommes affectés que de la sensation, suivant notre disposition à éprouver l'une ou l'autre.

Ce phénomène paraît résulter de deux ordres de sens qui se correspondent, savoir des sens externes qui sont chargés de la perception, et des sens internes qui nous font éprouver la sensation.

Ce qui semble prouver l'existence des sens internes pour agir de concert avec les sens externes, c'est qu'on peut distinguer et séparer les deux effets de l'affection; on peut distinguer une couleur, une saveur, de l'émotion du plaisir ou de la douleur que donne cette couleur ou cette saveur, ce qui ne pourrait pas se faire si le plaisir ou la douleur faisait partie de toute affection physique, et si elle n'avait pas des organes différens qui concourussent à la produire. Les perceptions ne changent pas; les sensations peuvent changer : le plaisir que donne telle

couleur à un enfant, peut ne plus exister pour l'homme fait; et néanmoins, dans les deux cas, la perception de la couleur reste la même.

Recherches sur la nature et les lois de l'Imagination, par BoN

STETTEN.

ARTICLE PREMIER.

PERCEPTIONS INVOLONTAIRES.

Causes des perceptions. Conditions pour qu'elles aient lieu. Pourquoi nous n'éprouvons qu'une perception avec des organes doubles.

253. Des différens phénomènes que la sensibilité offre à notre observation, il n'y en a point qui doive plus exciter notre étonnement que la communication, appelée Perception, qui s'établit entre le moi et les objets extérieurs.

On prend, pour expliquer le phénomène des perceptions, ce qui se passe dans la vision: de là vient que les diverses théories inventées pour expliquer l'opération des sens, se rapportent plus immédiatement à la vue. Les auteurs ont regardé comme un principe général que, pour expliquer la communication qui existe entre l'ame et les objets placés à quelque distance de nous, il faut supposer l'existence de quelque chose d'intermédiaire qui produit la perception: de là les mots images, traces, formes, ombres, fantômes, etc. Rien, en effet, de plus naturel que cette supposition. Quand un objet est placé dans une certaine situation par rapport à l'un des organes des sens, il en résulte dans l'ame une perception; et lorsque l'objet est éloigné, la perception cesse. De là nous concluons qu'il y a liaison entre l'objet, les organes, et l'ame. Les perceptions ne ressemblent pas plus aux qualités réelles de la matière, que les mots ne ressemblent aux choses qu'ils désignent; elles n'ont aucune espèce d'identité avec

leurs causes naturelles; elles ne sont point de simples mouvemens physiques, ni l'effet d'une action mécanique et organique, mais bien du rapport inconnu des objets avec notre sensibilité. Les perceptions, comme les sensations, appartiennent à notre moi, et nous les rapportons à des objets qui nous sont étrangers; nous les sentons au-dedans de nous, et nous les jugeons au-dehors.

La perception que nous acquérons est toujours le résultat non-seulement de la nature des corps, mais encore de la nature de nos organes. Si l'essence des choses était différente, si nos appareils sensitifs étaient autrement organisés, nos perceptions ne seraient pas les mêmes; les objets nous sembleraient différens de ce qu'ils sont : une matière qui est molle pour notre toucher parce qu'elle cède facilement, serait dure pour des organes plus faibles que les nôtres; un objet qui nous paraît rouge, serait jaune pour celui qui serait affecté de la jaunisse, etc.: ainsi, toutes les qualités des corps qui ne sont sensibles. que par l'action de nos sens, varieraient pour nous si nos organes variaient. Il est vraisemblable que certains animaux doivent voir le monde sous un autre aspect que nous.

Si un des organes des sens n'était pas en rapport avec le corps qui occasione l'affection, si l'impression était trop faible ou trop forte, la perception ne serait plus parfaite; il y aurait plaisir ou douleur, mais il n'y aurait pas représentation exacte de l'objet: ainsi, nous n'aurions point de vision distincte si l'action de la lumière était trop forte eu égard à la sensibilité et au ton actuel de l'organe; comme si du grand jour on passait dans une chambre peu éclairée; ou même si des couleurs trop vives, trop éclatantes, frappaient, surprenaient la vue, et la dis

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