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Toutes se servent de stimulans réciproques; les molécules, les fluides, les tissus organiques, entrent en action les uns à l'occasion des autres, et, en servant au mécanisme de la vie, ils donnent naissance aux fonctions internes, aux besoins physiologiques, et à toutes les affections qui ont leur siége dans les organes, et qui ne proviennent point de causes extérieures.

Les moyens de transmission sont les nerfs qui se terminent dans la profondeur des viscères.

Cependant il est quelques organes dans l'économie animale, où la dissection la plus attentive ne saurait découvrir le moindre ramuscule nerveux, et qui néanmoins sont 'quelquefois en proie à des douleurs atroces; de même, beaucoup d'impressions intérieures, surtout de celles qui tiennent à un état maladif, parviennent le plus souvent à l'aboutissant général, sans avoir parcouru les voies ordinaires de transmission: on conçoit que, dans ces cas, si les nerfs ne sont pas excités dans le lieu même du contact, ils ne peuvent manquer de l'être par contiguité dans les parties circonvoisines, première condition qui facilite déjà la solution du problème. Mais on l'aura bientôt complétée, si l'on tient compte des liens cellulaires qui unissent les viscères les plus éloignés ; de l'espèce d'organisme qui se développe dans l'endroit impressionné; des sympathies particulières qui lient les divers systèmes entre eux ; de l'harmonie générale, de l'universalité de relation qui existe entre toutes les parties de l'organisation; enfin de cette habitude commencée avec la vie, et, comme toutes les autres, fortifiée chaque jour par chacune des répétitions des actes qui constituent la vie. Les affections internes, comme les affections ex

ternes, doivent arriver au cerveau pour être éprouvées. Quand nous transportons le plaisir et la douleur dans le nerf excitateur, nous faisons la même erreur que quand nous transportons le froid dans la glace, ou la couleur dans les objets colorés. Mais pour que ces affections arrivent au cerveau, et qu'il en résulte une émotion analogue à la nature de l'organe qui est frappé, il faut que l'excitation soit vive, et souvent morbifique : ce n'est que dans ce cas qu'elles y deviennent des affections réelles. Dans les circonstances ordinaires, l'émotion qui révèlerait leur existence est si obtuse, si douteuse; la conscience qu'en a l'individu est si vague, si incertaine, qu'il ne saurait signaler ni leur nature, ni leur siége. Par suite, on ne parvient presque jamais à connaître le rapport qui lie la modification subie à l'intérieur, avec les mouvemens extérieurs qui l'ont suivie : en sorte que, soit dans les idées qu'il fait naître dans l'ame, soit dans les affections qu'il engendre, soit dans les actes qu'il détermine, il est à peu près impossible de saisir l'enchaînement de la cause à l'effet.

Cette profonde obscurité qui enveloppe les affections internes, tient à des circonstances faciles à concevoir, et intéressantes à apprécier.

D'abord, leurs excitans font ordinairement partie de l'organisme; ensuite, les affections naissent à la fois dans une multitude de points très-rapprochés entre eux; de plus, elles ne dépendent ni d'un agent spécial, ni d'un appareil particulier; enfin, elles se reproduisent à chaque instant, constamment semblables à elles-mêmes.

D'un autre côté, il faut tenir compte de l'influence toute-puissante des sensations venues du dehors, qui, par leur extrême vivacité et leurs varié

tés perpétuelles, attirent, absorbent presque toute l'attention, ne permettent plus à la réaction cérébrale de se porter avec assez d'énergie et de rectitude vers les impressions faibles, confuses, monotones qui naissent et meurent au-dedans de nous. Mais comme elles sont reproduites par le mécanisme sans cesse agissant des fonctions internes, comme elles ne peuvent se prêter à aucune sorte de distraction, comme elles s'enchaînent bien plus étroitement aux opérations nutritives qu'aux actes intellectuels, il s'ensuit qu'elles donnent lieu aux penchans les plus impérieux, comme chez les maniaques; à l'abstraction la plus entière, comme chez quelques visionnaires; surtout à ces tendances si dominantes, à ces habitudes si fixes qui, sous le nom d'instinct, règlent invariablement toute la vie des animaux, et se perpétuent toujours les mêmes à chaque génération.

C'est par les mêmes causes qu'elles acquièrent, dans certains cas, une intensité si forte, et une prépondérance si grande, qu'elles appellent irrésistiblement sur elles la presque-totalité de l'effort réactif du cerveau, à tel point que, prédominant à notre insu sur les impressions venues du dehors, elles concourent à falsifier les rapports des sens, pervertissent les jugemens, et subjuguent la volonté. Alors l'homme, repoussé pour ainsi dire vers l'animalité, ne suit plus qu'une impression entraînante autant qu'elle est inconnue, n'obéit plus qu'à un instinct invincible autant qu'aveugle qui le précipite souvent dans des actes que condamne et repousse en vain son impuissante raison.

Quelque difficile qu'il soit, d'après les motifs que nous avons déduits, d'apprécier, de spécifier les affections internes, il arrive cependant quelquefois

qu'on en a des perceptions assez distinctes; on parvient surtout aisément à reconnaître le siége originaire des principales: alors, avec de l'attention, on réussit à démêler leurs effets généraux sur l'instinct, sur les besoins, et même sur l'intelligence.

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Un des organes principaux des émotions et des besoins intérieurs, est la couche muqueuse dont le dedans du corps est tapissé, et sur laquelle agissent des excitans nombreux. Elle exerce une sorte de tact intérieur d'autant plus obscur, qu'on s'éloigne davantage des orifices par lesquels elle communique au-dehors. Ce tact varie d'ailleurs dans sa délicatesse, dans sa nature, dans son influence, suivant les divers points de la membrane où il est observé, tous étant en effet susceptibles d'être diversement impressionnés, selon l'excitant qui les modifie, les organes auxquels ils correspondent, et les fonctions qu'ils ont à remplir. C'est de cette manière que les modifications organiques produites sur la muqueuse digestive par les sucs plus ou moins actifs qui y sont versés, déterminent les besoins de la faim et de la soif, les divers genres d'appétits alimentaires, le courage féroce des carnassiers, et la timide douceur des herbivores.

C'est à la bonne ou mauvaise digestion qu'il faut attribuer une certaine allégrité ou une certaine tristesse, la facilité ou la gêne des pensées, des dispositions conciliantes ou tracassières, la bonne ou la mauvaise humeur. Une dose modérée d'un vin généreux inspire une douce incurie, une franchise joyeuse, même à des hommes naturellement soucieux et concentrés; l'habitude de l'ivrognerie plonge au contraire dans une espèce d'abrutissement moral, et finit par réduire à une véritable nullité intellectuelle, etc. Dans ces cas, les objets extérieurs

ne sont pas changés, et les sens extérieurs sont toujours les mêmes.

Quand on parviendra à bien connaître la structure, les propriétés, les fonctions, les sympathies, les rapports spéciaux et les relations générales d'un organe quelconque, on saura également déterminer le degré d'influence exercé par ces impressions sur les affections.

Les affections physiologiques servent en général à nous faire connaître l'état de conservation dans lequel est la vie, et ce qu'il convient de faire pour l'y maintenir.

Dictionnaire des Sciences médicales, mot SENSATION.

SECTION PREMIÈRE.

AFFECTIONS QUI FONT CONNAITRE L'ÉTAT DE LA VIE.

Sentiment de l'existence. Plaisir qu'il cause en santé. Affection douloureuse qu'il occasione en maladie.

258. La sensibilité répandue dans tous les organes paraît se concentrer dans un point, dans le moi seul, pour nous donner le sentiment de l'existence. Exister, c'est sentir.

Dès que le sentiment de l'existence est éprouvé, il devient le plus puissant de tous les besoins, et toutes les autres affections lui sont subordonnées. Cependant par elle-même la vie, n'étant que la conscience de ce qu'on sent, n'est ni plaisir, ni douleur; elle ne se transforme en l'un ou l'autre que par le genre d'affections qui l'accompagne, suivant que nous sommes en santé ou en maladie, suivant que la vie est menacée, ou qu'elle suit tranquille

ment son cours.

Lorsque les organes qui concourent au maintien de la vie remplissent convenablement leurs fonc

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