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tions, ils ne nous font pas éprouver, chacun en particulier, un plaisir qui soit attaché à chaque organe, comme il y en a de particuliers, par l'effet des sensations, pour les sens extérieurs; mas du concert d'harmonie qui règne entre les organes internes, naît la santé, ou cette affection agréable qui nous fait aimer l'existence. Lorsque nous sentons, en effet, que nous jouissons de la santé, cette sensation est toujours accompagnée de contentement; elle répand sur tous les actes de la vie une gaieté tranquille, une sécurité de l'ame dont nous chercherions vainement la cause hors d'une existence qui n'éprouve point d'obstacle dans son exercice. C'est surtout dans l'enfance qu'elle est vivement ressentie. L'habitude de vivre, la possession d'une santé continuelle, les mouvemens tumultueux des passions qui assiégent la jeunesse et la virilité,l'émoussent, il est vrai, souvent dans ces âges; mais ce sentiment reparaît toujours lorsque l'action vitale reprend un plus grand degré d'énergie, par la respiration d'un air plus pur, par l'effet des boissons spiritueuses, du safran, de l'opium, et mieux encore par l'état de convalescence qui succède à une grave maladie. Il se retrouve aussi à la fin de la carrière qu'on a parcourue: il est le lien secret qui attache si fortement le vieillard à la vie; quand son existence n'est pas douloureuse, il se sent heureux d'être, et ne compte pas les privations que son âge lui fait éprouver, parce qu'il n'a plus le sentiment qui en rend les objets nécessaires.

Si, au contraire, quelques-uns des organes internes ne remplissent pas leurs fonctions, ils manifestent ce désordre par la douleur, et chaque organe a la sienne propre, qui nous fait distinguer l'organe affecté. Loin de nous plaindre de cette manière

d'être, nous devons regarder ces douleurs comme un salutaire avertissement de la nature, qui par-là nous instruit des maladies qui arrivent à notre corps, des atteintes que reçoit la vie, afin que nous y puissions porter un plein remède. D'ailleurs, la douleur n'est pas seulement utile comme signal du danger qui menace l'existence; elle sert encore à la relever quand elle s'affaiblit, et s'oppose à ses altérations. Et en effet, plus une cause irritante menace la vie, plus la sensibilité s'accroît : la douleur n'est donc que le ton du principe conservateur qui cherche à repousser ce qui le blesse, et qui, pour y parvenir, concentre son action dans un espace plus borné, pour qu'elle y acquière plus de force. Elle n'existe que lorsque le principe de la sensibilité combat la cause morbifique. Si cette cause n'excite plus de douleur, c'est que la partie malade est hors d'état de faire des efforts pour la chasser. Lorsque la vie est le plus menacée, comme dans la gangrène à la suite des inflammations, il n'y a plus de douleur, parce que la sensibilité est éteinte dans la partie affectée, et que le principe sensitif n'oppose que des efforts impuissans à l'action de la cause morbifique qui tend à sa destruction.

Si la santé s'altérait avec lenteur, si le tempérament se modifiait d'une manière insensible, nous ne nous en apercevrions pas. C'est ainsi que nous passons par des changemens successifs correspondant aux âges, aux tempéramens, aux genres de vie, aux climats, etc.

Dictionnaire des Sciences médicales, mots DOULEUR, SANTÉ.

SECTION II.

AFFECTIONS QUI FONT CONNAITRE LES BESOINS DE LA VIE.

Causes qui provoquent ces besoins. Leurs manifestations. La mort estelle douloureuse. Point de plaisir sans besoin. Différence entre les affections physiques et physiologiques.

259. L'action vitale nous porte, par des actes volontaires, à changer l'état où se trouvent les organes pour qu'ils puissent maintenir la vie. C'est dans la nécessité de ce changement que consistent les besoins physiologiques.

Il règne entre les organes extérieurs et les organes internes des points de contact, des filets nerveux qui les rapprochent et leur communiquent réciproquement leurs impressions: de telle manière que, quand les organes extérieurs sont influencés par les corps du dehors, ils transmettent aux organes internes une affection particulière suivant l'organe impressionné; et que quand les organes internes sont en activité, ils stimulent l'action des organes externes sur les objets qui les entourent, et produisent les affections qu'on appelle Besoins. Ainsi, dès qu'un animal rencontre la nourriture qui lui est destinée, son odorat et son goût se déclarent pour elle. La conduite des animaux, dans ces circonstances, n'exige ni exercice préalable des sens, ni idée innée de l'objet de la nourriture, ni un choix entre plusieurs choses il suffit de la sympathie ou de l'antipathie entre le moi, les sens, les organes nourriciers, et les objets extérieurs. Mais si ces objets extérieurs n'étaient pas en rapport avec nos organes et l'ame, ils ne produiraient aucun effet sur eux : c'est ainsi qu'une jolie femme ne causera aucune émotion à un enfant,

et pourra faire naître une passion violente chez un jeune homme.

C'est donc par le rapport entre les objets extérieurs, les organes internes et le moi, que nous sentons l'objet de nos besoins, sans que nous soyons obligés de recourir à l'intelligence : l'idiot peut aussi bien les sentir que l'homme d'esprit. Le besoin s'allie à l'objet extérieur de son choix : quand nous avons soif, par exemple, l'idée de l'eau se présente naturellement par le rapport qui se trouve entre les organes de nos appétits et les objets, et nous apprend que l'eau désaltère. Ce rapport se trouve placé dans les organes des cinq sens, de manière que l'impression qui nous arrive du dehors produit dans l'ame l'idée d'un objet extérieur, et de plus le sentiment plus ou moins prononcé qui nous fait trouver cette idée agréable ou désagréable, selon l'état momentané de l'organisation, et nous porte à la jouissance.

Le besoin peut être éprouvé quoiqu'on ne connaisse pas l'objet qui peut le satisfaire : c'est ainsi que l'enfant peut avoir faim avant d'avoir goûté d'une nourriture quelconque ; et le jeune homme élevé loin des femmes n'en sera pas moins tourmenté d'amour à l'époque indiquée par la nature. On appelle Inquiétude cet état de mal-aise indéterminé qui annonce la présence d'un besoin.

Le besoin se manifeste par un désordre, un affaissement, une langueur dans les organes en rapport avec le moi, qui nous donne le sentiment d'un état pénible, d'un commencement de douleur. Ce dérangement subsiste et augmente jusqu'à ce que la cause qui peut le faire cesser vienne établir l'ordre convenable à la vie, et faire succéder le bien-être au malaise, le plaisir à la douleur. L'émotion du besoin est donc toujours un état qui nous déplaît, et l'appétit

est lui-même le premier des maux que l'homme éprouve; mais ce mal est nécessaire au maintien de son être, qu'il ne serait pas averti de conserver si le désordre de son corps ne l'obligeait à y porter remède. D'ailleurs, cette souffrance n'acquiert de gravité qu'autant qu'elle est prolongée: car dès qu'on satisfait le besoin, l'affection se change en plaisir.

Cette règle souffre cependant quelques exceptions: il y a des besoins que l'on ne peut remplir sans douleur, tel est l'accouchement. Il en serait de même en maladie: le besoin qui, en santé, se satisfait avec plaisir, n'a rien d'agréable si on tombe malade; on ne mange plus qu'avec dégoût et répugnance; le sommeil est pénible, etc.

On a demandé si la mort est accompagnée de douleur. Cette question a été diversement jugée. Les uns ont cru que le passage de la vie à la mort était trèsdouloureux. D'autres ont regardé cette transition comme entièrement exempte de souffrance. Quelques-uns ont poussé le paradoxe jusqu'à soutenir que notre dernière heure était l'occasion d'un plaisir délicieux. En général, on peut dire que la mort est douloureuse toutes les fois qu'elle résulte de l'excès même de la douleur. Mais le court instant qui suit l'effort que le mal emploie pour trancher le fil de nos jours, et la cessation de la vie, sont réellement exempts de souffrance; et l'agonie qui précède ordinairement ce moment fatal, trouble ou suspend toutes les facultés de la sensibilité, et sert, pour ainsi dire, à émousser l'aiguillon de la douleur: en sorte que celle-ci n'existe plus lors même que les traits conservent encore l'empreinte de ses angoisses et de ses convulsions.

Le degré de plaisir que l'on éprouve par la satisfaction des besoins organiques, résulte de l'inten

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