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de faits curieux et instructifs, entourés d'anecdotes et de légendes, qui font passer le lecteur sur ce qu'aurait d'aride et d'ennuyeux une naration sèche et purement technique des choses maritimes. Sans avoir à beaucoup près le style de M. Michelet, l'auteur du Tableau de la mer sait se rendre intéressant, et nous initier aux détails les plus intimes de la vie souvent si triste, et si remplie d'amertume du marin. C'est assez de mérite pour faire le succès de son ouvrage. J. M.

NÉCROLOGIE

Les lettres orientales viennent de perdre M. l'abbé J. M. CALLERY, sinologue et ancien missionuaire apostolique, né en Piémont. Appelé à prêcher l'Evangile dans la presqu'île de Corée, il crut prudent de ne pas s'aventurer dans ce pays où les chrétiers n'étaient pas en sûreté, et servit comme interprète lors de la mission de M. de Lagrénée en Chine. Il publia, à Macao, son Systema phoneticum scripturæ sinicæ, ouvrage d'une assez médiocre valeur comme dictionnaire, mais qui est utile à consulter pour apprendre les phonétiques de l'écriture chinoise. Il entreprit plus tard la publication d'un lexique gigantesque sous le titre de Dictionnaire encyclopédique de la langue Chinoise, mais il n'en fit paraître qu'une livraison, cette ambitieuse entreprise ne répondant point aux besoins de la science et exigeant des frais considérables. L'Académie de Turin publia, en1855, dans le recueil de ses Mémoires, le texte abrégé du Li-ki, avec une traduction sous le titre de Mémorial des rites. Cette traduction avait été rédigée avec le secours d'une lettré chinois, entretenu aux frais du ministère des affaires étrangères. Les autres publications de M. Callery n'ont aucune importance. Ce savant parlait avec une certaine facilité la langue Chinoise vulgaire, et déchiffrait, grâce à ce secours, les textes avec l'aide de son lettré. Il avait reçu des décorations de plusieurs souverains, parmi lesquelles il citait fièrement l'ordre du Grand Collier Tartare, dont M. Pauthier à contesté l'existence dans un intéressant mêmoire. Depuis qu'il était rentré dans la vie laïque, il collaborait au journal la Presse et à diverses autres publications périodiques. Sa mort est vivement regrettée.

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-Surla frontière du Tong-kin: M. HENRI MOUнOт, hardi voyageur dans l'intérieur de l'Indo-Chine septentrionale. Une lettre reçue de lui dernièrement, dit le Jersey Weekly Press, nous apprenait qu'il avait absolument abandonné les habitudes européennes, et que depuis plusieurs mois, il ne couchait plus que sur des nattes à l'abri d'un arbre. On ignore les détails sur sa mort prématurée. Les Nouvelles Annales des voyages annoncent la mort du docteur MEYNIER, voyageur en Sibérie.

L'un des gérants: CH. DE LABARTHE.

Paris. DE SOYE et BOUCHET, imprimeurs, place du Panthéon, 2.

DE LA PROPRIETÉ ET DE L'ESCLAVAGE AU MEXIQUE

Toutes les terres divisées en trois classes étaient cadastrées et les différents modes de possession auxquels elles étaient soumises nous montrent clairement que la société et la propriété, sollicitées en Amérique pour les mêmes besoins et par les mêmes causes, y ont passé successivement par les mêmes formes qu'en Europe 1.

Il y avait, d'abord comme chez nous, le domaine Impérial ou les terres du Prince (ilatocatl alli) dont il se réservait une partie et concédait l'autre en usufruit aux seigneurs de la cour, lesquels devaient en échange le servir, à leurs frais, en temps de guerre, et en temps de paix lui fournir tous les ouvriers nécessaires à l'exploitation, à l'entretien et à l'embellissement de ses résidences.

Venaient ensuite les terres de la noblesse (pill alli), toutes reçues de la munificence des rois, qui par reconnaissance en avaient gratifié leurs fidèles, et sans doute aussi, par politique, les chefs les plus braves des nations soumises. Ces terres devenues propriétés des familles se transmettaient par hérédité. On pouvait même les aliéner et les vendre mais à la condition que ce ne soit qu'à des nobles qui habitassent la même province. Cette restriction avait probablement pour objet d'empêcher que toutes les terres nobles de l'empire ne vinsent à s'accumuler dans les mains de quelques seigneurs qui se fussent alors trouvés aussi puissants que le souverain. C'est qu'en effet, à part les richesses que procuraient ces terres, elles donnaient une influence énorme et acquéraient à leur possesseur une espèce de royauté. Le noble ne pouvant cultiver par lui-même avait des laboureurs, ou plutôt des fermiers, auxquels il cédait l'usufruit de ses terres, sauf une légère redevance en nature et sous la condition expresse du service militaire. C'était donc en réalité des domaines féodaux, et les rois devaient s'attacher à les diviser et à les affaiblir. C'est autant à cette cause qu'au respect de la dignité humaine qu'il faut attribuer la latitude qu'avait le paysan de changer de maître ou de propriétaire à sa volonté Les rois craignaient que la perpétuité des rapports et des services n'entraînât un attachement reciproque qui

(1) Brasseur de Bourbourg, Histoire des nations civilisées du Mexique, III, p. 605.

VIII. août 1862.

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aurait pu nuire à leur pouvoir. La politique, comme on le voit, tout en avantageant le peuple du système social des longs fermages en avait mitigé les conditions et rendu l'abus impossible, vu que tous les paysans eussent laissé en jachère le domaine du seigneur qui se serait montré ou trop fier ou trop exigeant.

La troisième classe des terres appartenait aux localités: c'étaient celles du calpulli ou de la commune. Cette commune, considérée comme une personne réelle, comme une mère, cédait des terres à ses habitants qui en jouissaient non comme propriétaires, mais comme simples détenteurs, comme usufruitiers personnels, à condition qu'ils les cultivassent. Ce partage de la terre ou de l'outil agricole, qui nous rappelle l'ancienne organisation de la commune russe, assurait le bonheur tout en entretenant le travail des familles. Enfin pour subvenir aux dépenses collectives, au service de l'armée, aux impôts, la commune se reservait un domaine que tous cultivaient en com

mun.

On sait qu'au Pérou (1), toutes la partie des terres reservée au peuple, et non partagée personnellement, était cultivée par tous, les fruits en étant distribués à chacun selon ses besoins ; on sait aussi que sûre de sa subsistance toute la nation y était requise pour les grands travaux d'utilité publique. Au Mexique où peut-être ce système communautaire avait existé primitivement, ce que tendraient à faire croire les édifications exécutées par les anciennes races, la personnalité avait fait un pas de plus; chaque famille ne travaillait que pour elle-même, maisen retirant son bras fraternel, elle avait aussi perdu l'aide d'autrui et la misère la plus hideuse, celle qui force la nature à oublier ses instincts et ses droits, s'étalt glissée dans la société. On y vendait, on y engageait à vie ou pour un certain temps, des enfants en bas âge qu'on se trouvait dans l'impossibilité de nourrir. Souvent on reprenait les enfants à l'époque où leurs forces leur permettaient de participer au travail de la famille, et pour indemniser les acheteurs des dépenses qu'ils avaient faites pour les élever, leurs aînés, parvenus à l'âge d'hommes, se livraient à vie ou seulement pour une partie de leur existence. Une fois entrés dans la voie de ces marchés on ne s'arrêta plus: ces esclaves ou ces engagés à temps ou à vie pouvaient, selon leurs ressources recevoir à leur tour des engagements, et l'on vit naître un réseau de servage personnel qui tendait toujours

(1) Voir dans l'Annuaire de la Société d'Ethnographie de 1861, notre article sur l'État de l'empire péruvien avant l'arrivée des Espagnols.

à s'accroître. Quoique cette domesticité conventionnelle fût infiniment douce au Mexique, l'esprit d'individualisme, et nous insistons sur ce point, fût, comme on la voit, la cause première qui introduisit l'esclavage au sein de la patrie.

La deuxième source de l'esclavage fût la guerre avec les nations voisines, et cette guerre, faite sous les auspices de la religion du pays, livrait incessamment ses prisonniers qu'on immolait aux dieux des vainqueurs, parce qu'on ies considérait comme choisis à cet effet, par les destins célestes. Les pauvres prisonniers pensaient de même, car pourvu que leur prise fût loyale et de bonne guerre, ils eussent regardé comme un deshonneur d'être épargnés; aussi marchaient-ils en chantant vers le téocalli de mort. O héroisme de la superstition! ces sacrifices horribles étaient évidemment, dans la pensée de ces peuples, une espèce d'ordalie ou de jugement de Dieu, qui témoignait en faveur de la justice de la cause.

Il y avait une troisième classe d'esclaves, et c'étaient les malfaiteurs, lesquels par le fait de leurs crimes ne s'appartenaient plus. Ils appartenaient par leur corps à la société, par leur âme à la justice divine, et quand la religion les immolait, elle accomplissait un sacrifice d'expiation.

Les besoins de l'Etat augmentant avec les guerres et le luxe incroyable de la cour, le fisc ne tarda pas à créer une quatrième classe d'esclaves. Au Mexique, tous les impôt se payaient en nature, soit en denrées agricoles, soit en objets industriels provenant du travail des contribuables; dans les premiers temps de la monarchie, ces impôts étaient tolérables, mais ils devinrent si excessifs sous le règne du dernier Moctesuma qu'ils depassèrent les ressources des peuples, et le roi irrité des difficultés qu'il rencontra, fit réduire en esclavage tous ceux qui ne purent payer. Il est à penser qu'on exploita à merci ces esclaves fiscaux et qu'ils durent acquitter par un travail esclave bien au delà de la dette dont ils n'avaient pu se libérer par le travail libre. Si le budjet de l'empire se trouva bien de ce système, les populations apauvries ne s'y résignèrent que par force, et c'est en partie au mécontentement général qu'il occasionna que Cortez dut une conquête qui fût devenue impossible si toutes les forces de l'empire se fussent concentrées contre lui.

CH. DE LABARTHE.

NOUVELLES DIVERSES ET REVUE DE LA PRESSE

INSCRIPTIONS MITHRIAQUES. M. le baron Aucapitaine nous écrit une lettre dont ncus extrayons la réclamation suivante, relative à un article publié dans le volume précédent de ce recueil :

« M. François Lenormant à mis en renvoi à ma notice sur les Inscriptions mithriaques découvertes en Algérie1, une observation que je suis heureux d'avoir provoquée, mais dont je dois faire ressortir l'erreur. M. Berbrugger et moi avons lu (et aucun doute n'est possible) VSLA, ce que je traduis par VOTUM SOLVIT LIBENS ANIMO... ?

« Quant à la seconde erreur MYTRE pour MITHRAE, je partage son opinion; c'est évidemment une erreur du lapicide, comme il s'en commettait souvent dans les lieux éloignés des grands centres, et comme il ne s'en commet que trop encore aujourd'hui, même dans nos grandes villes. »

MUSÉE DE ZUIDerburg. On annonce que le riche musée d'anatomie pathologique humaine et comparée, fondé en Hollande par le professeur Hendriksz, et enrichi plus tard des collections du D' Quaestius, médecin à Leeuwarte, va être mis en vente, et qu'il ne serait pas impossible qu'il fût acquis à l'amiable par le gouvernement français.

Cette collection d'une très-grande richesse et supérieure en intérêt à ce que nous connaissons dans ce genre en Europe, est actuellement en la possession du fils du fondateur, médecin consultant du roi des Pays-Bas, qui réside près de La Ilaye. On y remarque entre autres objets intéressants d'une façon toute particulière l'ethnographie, une série considérable de crânes des différents peuples, dans laquelle les types des îles Moluques, et en général l'archipel Indien et la côte occidentale d'Afrique, sont aussi nombreux qu'intéressants.

CONCOURS SUR LES VÉDAS Un négociant hindou de Bombay vient de déposer chez MM. William Nicol et Cie, une somme de 2,000 roupies, pour les trois meilleurs mémoires anglais qui seront présentés

1 Revue ortentale et américaine, 1862, t. VII, p. 203.

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