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La seconde partie contient la relation du voyage de l'ambassade hollandaise de Quanton à Peking et de son retour, à laquelle M. de Guignes s'était attaché : elle est précédée d'un itinéraire exact des lieux parcourus par l'ambassade dans une route de six cents lieues.

La troisième présente le recueil des observations que l'auteur a faites dans sa longue résidence en Chine : c'est le fidèle récit de ce qu'il a appris de Chinois éclairés, ou de ce qu'il a vu par lui-même; car il déclare que dans tous les cas où il a pu rester un moment incertain, il a préféré garder le silence plutôt que d'avancer des choses peu

exactes.

parcou

de journal, et précédée, comme la
sienne, d'un itinéraire des lieux
rus par l'ambassade. Mais quoique l'ob-
jet de ces deux relations soit absolu-
ment identique, l'une ne dispense pas
de connaître l'autre, parce que chaque
voyageur a sa manière de voir, et que
souvent l'on s'attache à décrire des

choses qui ont été négligées. par l'autre :
c'est de quoi l'on pourrait s'assurer, en
comparant, comme nous l'avons fait,
les deux journaux.

Nous rangerons, sous divers chefs, les observations de M. de Guignes, nécessairement éparses et incohérentes dans une relation en forme de journal.

Les premières portent sur l'aspect La première partie qui n'est, comme du pays, des habitans de ses campaon vient de le dire, qu'un précis, n'est gues, sur leurs demeures, la nature des pas susceptible d'analyse, puisqu'elle terres, la manière de les cultiver, leurs est elle-même un extrait rapide et très-productions les plus eommunes, quelmode employé pour les recueillir et les ques-unes particulières au pays, le

bien fait des traditions historiques

de la Chine ou de ses anciennes annales prolixement répétées dans l'histoire de la Chine du P. Mailleta.

nous

transporter.

Les campagnes que parcourut l'am

cons

La seconde partie n'est pas, à la vé-bassade offrent en général un pays peu rité, aussi recommandable que la troisième; mais quoique l'auteur l'offre modestement à ses lecteurs comme une relation extrêmement aride, croyons pouvoir en extraire plusieurs observations intéressantes : ce sera l'ob. jet d'un premier article. Le second sera consacré au tableau général de la Chine, dessiné à grands traits par l'auteur: nous y ferons entrer le résultat de ce qu'il a observé dans ses voyages aux iles Philippines et à l'île de France.

Premier article.

Nous avions déjà une relation de l'ambassade hollandaise, qu'a accompagnée M. de Guignes en qualité de secrétaire. Cette relation, rédigée en hollandais, par M. Van Braam Houckoeest, second dans cette ambassade, a été publiée en français par M. Moreau de Saint-Mery. Cette relation, comme selle de M. de Guignes, est en forme

montueux, et de vastes plaines, ou
l'on n'aperçoit que quelques collines,
qui forment souvent de jolis paysages.
Les maisons des villages sont presque
partout d'un aspect misérable
truites en terre, couvertes de chaume:
quelques-unes ont latéralement des
murs en brique ; un très-petit nombre
sont entièrement bâties en brique. Les
paysans sont naturellement très-mo-
queurs, du moins pour les étrangers,
disposés à les injurier, insolens à leur
égard, taudis qu'ils sont rampans vis-
à-vis des mandarins.

La culture des terres est, en général, très-soignée; leur nature est communément argilleuse. Les paysans les sèment par sillons en y jetant la semence par touffes. Pour ce dernier procédé M. de Guignes observe qu'ils laissent trop d'intervalle entre les touffes. La charrue qu'ils emploient est très-défectueuse : il en est de même de tous leurs instrumens aratoires et de leurs brouet

III. CLASSE. Voyages,

pays

lignes de diamètre, et treize pouces et demi de circonférence.

La manière de planter les arbres diffère de celle de l'Europe On retranche toutes les petites racines et le chevelu ; on ne laisse subsister que trois gros chicots : cet usage tient peut-être å la bonne qualité de la terre qui a beaucoup de fond.

En même temps que la canne à sucre est l'une des principales cultures des provinces que traversa l'ambassade, celle du tabac n'y est pas commune; elle ne le devient qu'aux approches de Péking. Le coton herbacé paraît être cultivé dans toute la Chine. M. de Guignes indique les environs de la ville de comme produisant

340 tes. Ils ont un semoir, qui est une espèce de tremié, d'où le grain s'échappe; cette manière de semer ne peut convenir que dans les terres légères. Les principales productions du sont le blé, le riz, l'orge, le millet. La culture de l'avoine est presque inconnue en Chine; mais on y cultive en pleine terre les navets, les raves, les patates, les fèves, les pistaches. Les cannes à sucre sont très-multipliées dans toutes les provinces parcourues par l'ambassade. On y cultive aussi le sainfoin, comme supplément des prairies naturelles, très-multipliées néanmoins dans un pays extrêmement arrosé, soit par le canal impérial, soit par un grand nombre de rivières. Le bambou est un Liu-tcheou-fou, des grands objets de culture, soit à du thé : est-ce bien la même espèce que cause de son emploi dans différentes celle de la Tartarie ? il n'éclaircit pas ce constructions, soit à raison de la corde fait important. qu'on tite de son écorce. Il ne paraît Les moulins pour moudre le blé, pas que le climat permette de cultiver soit à vent, soit à eau, sont encore l'olivier; mais on tir de l'huile, soit dans un grand état d'imperfection. On de l'arbre à huile, dont M. de Guignes ne se sert point de la faulx pour coune nous donne ni la description ni le per l'herbe des prés naturels ou artifgenre, soit d'une herbe qu'on nomme ciels on emploie une espèce de couherbe à huile, et qu'il ne nous a pas pret. décrite non plus.

Les Chinois ne font aucun usage de l'herbe, connue en Europe sous le nom d'oseille ils parurent surpris de ce que les gens de l'ambassade se jetaient avec avidité sur celle qui croît naturellement dans leurs champs. L'arbre à vernis est encore un objet de culture particulier, relativement à l'emploi fréquent qu'on fait en Chine de cette substance.

Les charettes, pour transporter par terre les productions de la terre, et en général toutes sortes de marchandises, sont d'une construction fort grossière et très-incommode. Les Chinois ne so sont pas occupés de les perfectionner, sans doute parce que la plupart des transports se font par eau. Tout ce qui est nécessaire pour l'entretien de la nombreuse maison de l'empereur est voituré sur des barques, dont M. de Guignes vit le canal impérial couvert.

Les arbres fruitiers sont très-multipliés dans les provinces par lesquelles La manière d'extraire le sucre de passa l'ambassade; indépendamment cannes ne diffère pas beaucoup de celle des orangers, citroniers,, cédras, et de qui est en usage dans nos colonies; mais tous les arbres de ce genre renommés il ne paraît pas qu'on sache le rafiner. à juste titre, la plupart des fruits d'Europe y prospèrent. M. de Guignes cite des poires qu'on lui servit, qui, semblables au beuré, et très bonnes, étaient d'une grosseur excessive; il en mesura une, qui avait cinq pouces trois lignes de hauteur sur quatre pouces six

Dans une sucrerie où entra M. de Guignes, il vit des paniers remplis de morceaux de sucre d'une couleur brune très-foncée; et il parait qu'il se vend ainsi dans le commerce.

Une des manufactures dans lesquelles les Chinois réussissent le mieux est celle

du papier. M. de Guignes en rencontra une très-belle dans sa route.

La manière d'exploiter les carrières ne demande pas une grande industrie. Les Chinois les exploitent presque tou jours à découvert.

Les objets d'art qui s'offrirent à M. de Guignes sur sa route furent les tombeaux, les pagodes, les arcs de triomphe, les tours. Les tombeaux, presque toujours entourés d'arbres qui animent cette scène de mort, sont très-multipliés sur les chemins, ainsi qu'ils l'étaient chez les Romains. On ne peut que louer les Chinois d'avoir toujours tenus éloignés des villes ces monumens, d'où s'exhalent des miasmes funestes. Ces tombeaux sont plus ou moins décorés suivant la condition des personnes.

Les pagodes sont extrêmement nombreuses aussi, et plus ou moins riches et peuplées de bonzes. Celle de Tingtse-tse est immense, avec de beaux bâtimens et de beaux jardins, et elle est desservie par trois cents bonzes. Celle de Hoey-fa-tse ne lui cède guères pour la beauté des édifices et des jardins; mais on n'y compte que cinquante bonzes.

Les arcs de triomphe sont prodigués dans la Chine: on en trouve à l'entrée de presque toutes les villes et sur les chemins. Comme ils ne consistent guères qu'en des arcades et des portes en pierre assez grossièrement disposées, il n'y a pas s'étonner que la vanité des Chinois les ait si fort multipliés : on en voit même beaucoup qui ne sont construites qu'en bois.

Quant aux tours, dont plusieurs sont à neuf étages et plus, il en est beaucoup qui sont construites avec assez d'art. M. de Guignes avoue ingénuement qu'il n'a pas pu en découvrir la destination.

Les Chinois paraissent être assez habiles dans la construction des ponts que la quantité de rivières qui arrosent les différentes provinces de l'empire a fort multipliés. M. de Guignes en vit plu

par

sieurs dans sa route, de la plus grande portée et d'une extrême solidité. Il en cite un de six cents pieds de long, pavé de grandes pierres, et garni d'un pet de marbre blanc, bien travaillé, et orné, dans divers endroits, de figures bien exécutés. Les Chinois ne réussi – d'éléphant, également de marbre et sent pas aussi bien à construire les quais. Ils mettent si peu de soin à les faire, que ces quais s'écroulent promptement. On aperçoit dans les champs, de distance en distance, des maisons carrées, hautes et bien bâties, servant de retraite aux habitans qui y déposent leurs effets, lorsqu'il y a des voleurs. Ces établissemens ne donnent pas une haute idée de la police de la Chine. Ces maisons servent aussi à loger les coulis. Ce sont des gens dont le métier est de porter des fardeaux. M. de Guignes a décrit et dessiné la méthode qu'ils employent pour arranger avec égalité leur charge. Il y a de fréquens corps-de-garde répandus sur les chemins. Les soldats qui les composent se mettaient à genoux devant les mandarins chargés d'accompagner l'ambassade.

La quantité de rivières et de canaux répandus dans la Chine a fait appliquer le peuple à la pêche : on s'y seit fréquemment des cormorans.

Les chemins, en général, sont assez beaux, et la plupart sont bordés d'arbres; mais on y est très-incommodé

par

la poussière. Pour en garantir leuis yeux, la plus grande partie des Chinois qui voyagent se servent de lunettes.

L'ambassade ne s'attendait pas, en arrivant à Péking, après avoir suivi un chemin pavé, d'être tourmentée par cette poussière dans la capitale de l'empire; mais précisément le pavé manquait du moment qu'on était entré dans la ville. On ne trouvait qu'un sol ferme, à la vérité, mais noirâtre, et ressemblant à de la brique pilée mêlée avec du charbon de terre. La poussière, qui en avait le goût, était si considérable, qu'on ne distinguait pas les objets à dix pas, et

342

III. CLASSE. Voyages.

e.

qu'elle obligeait de tenir les boutiques se préservent à Péking qu'avec le setrès-exactement fermées. cours des brasiers, dont l'usage est fort dangereux.

M. de Guignes observa les muque railles de la ville chinoise, qui forme en quelque manière le faubourg de Péking, avaient vingt-cinq pieds de haut, et que celles de la ville tartare, qui est la ville proprement dite, ont encore un peu plus d'élévation.

L'enceinte du palais impérial, qui contient des bâtimens très-multipliés et des jardins fort étendus, est immense. La porte du milieu de cette enceinte ne s'ouvre que pour l'empereur. L'aspect de ce palais est imposant, mais l'intérieur ne répond pas à cet extérieur de magnificence. Les plus beaux appartemens ne sont tapissés qu'en papier blanc. Le cabinet de l'empereur, qui, en y recevant l'ambassade, lui fit valoir, comme une faveur signalée, d'y avoir été introduite, ce qui n'avait jamais été pratiqué, dit-il, que pour elle, parut à M. de Guignes fort petit, et médiocrement décoré.

Ce que la réception de l'ambassade offre de plus remarquable, c'est l'humiliant cérémonial auquel on obligea les deux ambassadeurs en chef et en se

con de se soumettre, soit lorsqu'on leur envoya les présens de l'ambassadeur, soit dans les audiences auxquelles ils furent admis. Ce cérémonial consistait à frapper la terre neuf fois avec la tête. Ce cérémonial fut répété, en le réduisant à trois fois, chez le premier ministre. Les personnes attachées à l'ambassade n'y furent point soumises; mais M. de Guignes observe ingénuement que ce fut uniquement parce qu'on ne prenait pas garde à elles. Dans sa narration, M. Van Braam a eu soin d'altérer ces circonstances humiliantes, en disant seulement que les membres de l'ambassade firent le salut d'honneur en baissant trois fois la tète jusqu'à la terre à trois différentes reprises.

A ces humiliations près, l'ambassade fut bien traitée; mais elle eut beaucoup à souffrir du froid, dont les Chinois ne

Avant son arrivée à Péking, elle avait eu à essuyer des neiges. Lors de son séjour dans cette ville, la gelée augmenta beaucoup le thermomètre de Réaumur y descendit entre sept à huit degrés. Sur un lac entièrement gelé, des soldats Chinois s'amusaient à patiner, et le faisaient avec assez d'adresse, quoique leurs patins ne fussent pas aussi bien faits que ceux d'Europe.

Voyages d'un naturaliste et ses observations faites sur les trois règnes de la nature, dans plusieurs ports français, au continent de l'Amérique septentrionale, à Saint-Jago de Cuba, à Saint-Domingue, et dans une partie de l'Espagne, par M. E. Descourtil, ex-médecin naturaliste du gouvernement et fondateur du lycée colonial à SaintDomingue. in-8°. Tome I avec 16 planches. Dufart père. 8 fr. -9 fr. 50 c., avec les figures imprimées en couleur et terminées au pinceau, 16 fr. - 17 fr. 50.

Les manuscrits de cet ouvrage ont été soumis à l'Institut de France et approuvés par lui. Ce premier volume contient les observations faites en Normandie sur la nature du sol, les productions, les mœurs et l'industrie des habitans, la description pittoresque du Havre-de-Grace et de ses environs; des remarques sur les productions marines des ports du Havre et de Honfleur; la vie privée d'une fouine devenue domestique; un traité circonstancié sur la culture du safran du Gatinais; le départ de Paris pour Bordeaux; la description de cette ville; des remarques sur l'histoire naturelle faites en haute-mer; le débarquement à Charles-Town; des es sais sur les mœurs et les usages des ha

1

bitans de ce pays; le départ et l'arrivée à Saint-Jago de Cuba; des relations pittoresques et historiques de ces diverses contrées; l'embarquement de SaintJago pour l'ile de Saint-Domingue et

l'arrivée dans cette colonie.

Nous ne donnerons ici que cette simple esquisse. Nous reviendrons sur cet ouvrage.

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Itinéraire descriptif de l'Espagne et tableau élémentaire des diverses branches de l'administration et de l'industrie de ce royaume, par Alexandre Laborde.

Cet ouvrage dont nous avons donné l'adresse et le prix dans le précédent cahier, est divisé, comme on le voit par le titre, en deux parties. Les trois premiers volumes contiennent un iti néraire descriptif et une statistique particulière de chaque province : les deux derniers sont consacrés au tableau général du pays, dans tout ce qui concerne les différentes branches de l'ad

ministration et de l'économie politique. Ces aperçus, dit modestement l'auteur, ne sont point rédigés avec le soin qu'il lui aurait été pos<<sible d'y apporter, s'il avait été moins pressé de les faire paraître; mais il a préféré les publier tels qu'ils sont, dans le moment où ils peuvent être << utiles, et l'avouer coupable des négligences qu'ils contiennent. Cet ou<< vrage d'ailleurs, ajoute-t-il, est de la nature de ceux où l'élégance du style n'est peut-être pas aussi nécessaire que l'exactitude des faits; et du moins sous ce dernier rapport, « l'auteur a tâché de ne pas mériter << autant de blâme ».

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Cette déclaration dans laquelle M. Delaborde exagère les défauts qui peuvent se trouver dans son ouvrage, légitime en quelque sorte les observations que nous allons faire sur quelques taches que nous avons cru y voir.

Les unes appartiennent véritablement à l'auteur: ce sont quelques contradictions, des répétitions assez fréquentes, quelques omissions et, sous un rapport tout contraire, une surabondance de descriptions, en fin quelques négligences de style. Nous releverons ces légers défauts, dans le compte rapide que nous allons rendre de l'ouvrage.

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en

sion très-répétées et dont quelquesLes autres sont des fautes d'impresunes sont fort graves, parce qu'elles altèrent tout-à-fait le sens : nous citerons seulement deux exemples, afin de n'y plus revenir; et nous les prendrons dans l'excellente traduction que l'auteur nous a donné d'un mémoire très-précieux adressé au nom de la société patriotique de Madrid, par l'un de ses membres au président du couseil suprême de Castille, tome iV page 25, au lieu de ces mots a probabilité non contestée, que le superflu sera considérable, on a imprimé probabilité non constatée, que le superflu sera considérable; » ce qui implique un sens diametralement contraire; ibid. page 232, pu lieu de ces mots : « et par les obstacles qu'il " oppose à la circulation des produ is « de la terre » on a imprimé, <<< et par « les obstacles qu'il oppose à la non u circulation des produits de la ter:e». Ce qui également emporte un sens manifestement contraire aucunes de ces fautes et de plusieurs autres presque aussi graves n'ont été relevées dans les

errata.

«

,

les autres même que nous avons pré-
Ces taches purement matérielles et
cédemment indiquées
aisément dans une nouvelle édition,
disparaitront.
que le grand mérite de l'ouvrage et la
promptitude avec laquelle se distribue
la première édition, nous assurent sous
peu de temps. Dans un premier article,
nous allons donner rapidement une
idée de ce que renferment les trois pre-
miers volumes. Dans un second article,

« EdellinenJatka »