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nous

III. CLASSE. Voyages.

donnerons l'aperçu des objets traités dans les deux derniers.

Article premier.

A la tête du premier volume est placée une introduction très-lumineuse, qui roule principalement sur la situation de l'Espagne à différentes époques, principalement sous les princes de la maison d'Autriche et sous ceux de la maison de Bourbon.

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« Il paraîtra, sans doute, étrange, dit-il, d'avancer 1. que l'Espagne «n'a jamais été plus florissante, mieux cultivée, et peut-être plus peuplée qu'elle ne l'est à-présent; 2°- qu'elle « n'a jamais éprouvé de décadence, parce qu'elle n'a jamais atteint un degré éminent de prospérité; 3°. que << les règnes tant vantés de Ferdinand V, Charles-Quint et Philippe II, n'ont brillé que par un éclat de gloire militaire et de politique extérieure, sans avoir avancé d'un pas l'amélioration « réelle du pays; 4°. que les quinzième et seizième siècles, regardés comme le temps de la splendeur de l'Espagne, ont été moins heureux pour elle que le dix-huitième, qui fait partie de sa prétendue décadence; 5°. que la découverte de l'Amérique n'a jamais été préjudiciable, ni à sa popu«lation, ni à son industrie, et qu'elle est à-présent éminemment utile à « tous les deux ; 6o. que l'inquisition, tout atroce et sanguinaire qu'elle ait été dans les quinzième et seizième siècles n'a jamais nui à cette époque, ni à l'accroissement de la population, “ni au progrès de lumières, tandis << que son influence, qui semblait nulle << depuis cent ans, a été préjudiciable « aux améliorations de tout genre; 7°. enfin, que l'Espagne, gouvernée par « un prince éclairé, serait susceptible, par son état actuel dans les deux Mondes, de parvenir, en très-peu de temps, au plus haut point de richesse et de splendeur, et de rivaliser avec les grandes puissances de l'Europe.

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Les développemens que M. Dela borde a donnés dans sa statistique générale et dans ses statistiques particulières, nous ont paru justifier en grande partie ces assertions, toutes paradoxales qu'elles paraissent au premier coupd'oeil : nous disons, en grande partie, car nous en exceptons ce qu'il avance un peu trop généralement dans la première proposition.

Il est bien constant, en effet, et M. Delaborde en donne la preuve dans tout le cours de son ouvrage, que, quant aux provinces méridionales de l'Espagne qui ont été le plus long-temps occupées par les Maures, elles s'étaient élevées à un degré de culture, d'industrie et de population qu'elles n'ont jamais pu atteindre depuis. M. Dela borde est donc manifestement ici en contradiction avec lui-même.

A la suite de son introduction, M. Delaborde a placé une notice sur les voyages en général et celui de l'Espagne en particulier.

Nous avons été surpris d'y trouver, que tandis que toutes les parties de l'Europe avaient été soigneusement visitées et décrites, l'Espagne seule avait été négligée par les voyageurs. Cette assertion pourrait paraître fondée, si l'on ne se reportait qu'aux seizième et dix-septième siècles. Encore, dans le cours de ces deux siècles, parmi beaucoup de relations insignifiantes, doit-on distinguer, sous quelques rapports, les lettres de Mad. de Villars, où l'on trouve des détails intéressans sur les mœurs, le voyage de Mad. d'Aunoi, dont M. Delaborde a même emprunté plusieurs fois des observations piquantes sur les usages du temps, et le voyage du P. Labat en Italie et en Espagne, sur cette dernière contrée il y a des notions exactes et utiles. Mais dans le dix-huitième siècle ont paru beaucoup de voyages en Espagne, qui prouvent que la curiosité s'est portée sur ce pays comme sur les autres. Baretti, le P. Caymo, Edouard Clarke nous ont proeuré

procuré des notions curieuses sur les moeurs et la littérature des Espagnols. Péron et Swinburne ont publié des rela tions aussi approfondies que curieuses sur plusieurs provinces de l'Espagne, et sur leurs antiquités. M. Bourgoing a tracé un tableau presque complet de cette contrée, et M. Fischer y a ajouté plusieurs traits précieux.

L'Espagne avait donc été visitée par plusieurs voyageurs distingués; mais aucun, nous aimons à en convenir, ne l'a aussi bien fait connaître que M. Delaborde. Sa notice indique la manière de voyager en Espagne, et elle contient des détails précieux. On peut en dire autant des observations quiviennent à la suite et qui portent sur la géographie physique de l'Espagne.

Mais un travail véritablement inap préciable, c'est son itinéraire.

avec

Les tableaux multipliés qu'il y donne des diverses routes de l'Espagne l'indication précise des lieux par où elles passent et celle des distances supposent qu'il a parcouru en plusieurs sens cette contrée et qu'il l'a soigneusement mesurée; mais ses descriptions de toutes les villes et même de plusieurs villages, et ses statistiques particulières de chaque province, décèlent un profond observateur des hommes et des choses. Rien n'était plus difficile que de donner une juste idée du physique de l'Espagne et du moral de ses habi.

tans.

tité de montagnes à franchir, de rivières dénuées de ponts à traverser, de routes sans auberges à parcourir. Ils n'étaient pas moindres au moral, attendu ce caractère de réserve propre aux Espagnols, et qui rend si difficiles pour le voyageur, les moyens de les pénétrer à fond. M. de Laborde a surmonté tous ces obstacles avec un rare succès. On peut dire qu'il a fait connaître l'Espagne, mieux peut-être que nous ne connaissons notre propre patrie.

L'ordre qu'il a suivi en donnant d'abord une description détaillée des lieux, , avec quelques observations puis la statistique générale de chaque province, l'a quelquefois jeté dans des répétitions qu'une révision sévère, lors d'une seconde édition, lui fera aper

cevoir.

Pent-être aussi se portera-t-il à faire des retranchemens dans les descriptions trop détaillées, ce nous semble, qu'il a faites de l'intérieur et de l'extérieur d'un grand nombre d'églises qui n'ont rien de bien remarquable, et dont les détails devraient tout au plus tenir place dans son voyage pittoresque.

Nous appliquerons la même obser vation à ceux où il est entré, relative ment aux processions qui ont lieu dans la ville de Valence. Pour donner une idée du goût excessif de ses habitans pour les cérémonies de ce genre, il l'a fait, la plus solemnelle de toutes. suffisait peut-être de décrire, comme

il

Les omissions que nous avons annoncées, frappent sur la Granja plus connue sous le nom de SaintIldephonse, sur Aranjuez et sur Carthagène.

La différence la plus prononcée de température, la variété de sol et d'aspects la plus frappante, la diversité de productions la plus singulière se font remarquer entre les différentes provinces qui composent le royaume d'Espagne; on conçoit aisément quelle influence ces caractères physiques si La description que M. Delaborde essentiellement différens doivent a faite des beautés de Saint-Ildephonse avoir sur les habitans de cette pénin- tant pour ses eaux que pour ses omsule, combien ils les font différer les brages, ne laisse rien à desirer; mais ns des autres; que d'observations ré il y a lieu de s'étonner qu'il n'ait rien pétées n'a-t-il pas fallu faire pour mar- dit de l'inconvénient qui a lieu dans quer toutes ces nuances! Que d'obs- ce séjour enchanteur, relativement à acles résultant au physique de la quan- ses plantations. M. Bourgoing nous Journal général, 1808, N°. 11.

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apprend qu'atteudu la nature ingrate
du sol, les arbres destinés à percer la
nue, attestent déjà l'insuffisence de
l'art qui veut lutter contre la nature,
que plusieurs languissent sur leurs tiges
grêles; que tous les ans il faut invoquer
le secours de la poudre, pour creuser
de nouveaux berceaux à ceux qui les
remplacent.

III. CLASSE. Voyages. Philosophie.

M. Delaborde n'a pas décrit avec moins de talent Aranjuez; mais après avoir énoncé que la cour quittait toujours ce séjour à la fin de mai, il ne nous en dit pas la raison; M. Bourgoing encore nous la donne: c'est que quand la canicule approche, lorsque l'air brulant engouffré dans la vallée se charge des exhalaisons d'un fleuve bourbeux et paresseux dans son cours et des vapeurs nitreuses que le soleil enlève aux collines entre lesquelles coule le Tage, alors cette vallée de Tempé devient un séjour si përnicieux, qu'il faut s'en éloigner, et qu'Aranjuez où pendant le séjour de la cour, la population s'élevait à dix mille ames, devient une espèce de désert.

1

Quant à Carthagène, située dans le royaume de Murcie, ce ne peut être absolument que par oubli que M. Delaberde a omis de donner la description d'une ville, l'un des trois départemens de la marine royale et dont le port est réputé le plus sûr de l'Espagne, et peut-être même de l'Europe.

Collection abrégée des voyages anciens et modernes autour du monde, avec les extraits des autres voyageurs les plus célèbres et les plus connus, etc. rédigée par F*** B***.Tome V. Dufart père. 6 fr. — 7 fr. 50 c. Ce volume contient les extraits des voyages de Legentil, de George Anson, de Surville.

Les critiques qui ont jugé, avec une sévérité excessive cette collection, paraissent ou ont feint davoir méconnu

quel était le but du rédacteur. Il ne se proposait pas d'enrichir le champ immense des voyages, de relations nouvelles ou de relations déjà existantes mais non traduites en français. Il avait uniquement pour objet, de mettre à la portée des amateurs de voyages, dont les moyens sont bornés, ce qu'il y a de plus intéressant dans les voyages autour du Monde et même dans quelques autres voyages les plus estimés, dont le prix est considérable. Il nous paraît avoir atteint ce but par ses extraits.

PHILOSOPHIE.

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Des Compensations dans les destinées humaines, par H. Azaïs. I vol. in-8°. Garnery. 5 fr. 6 fr. 50 c.

Dans cet ouvrage, l'auteur, à l'exémple des anciens, dans la plupart de leurs ouvrages philosophiques, a adopté la forme du dialogue où l'un des inter locuteurs néanmoins, a presque tou jours la parole, et où l'autre n'a guères d'autre rôle que celui d'animer la scène expressions de sensibilité. L'ouvrage par ses interrogations et quelques est partagé en quatorze livres, dont voici la distribution des diverses conditions l'aperçu: 1) coup-d'œil général sur qui composent le sort de l'homme; compensations à l'engagement du ma2) application générale de la loi des riage; 3) compensations attachées au titre de père; 4) compensations dépendantes de l'organisation individuelle; 5) indications à suivre dans le choix des personnes avec lesquelles il serait le plus doux de passer sa vie ; 6) des compensations qui s'attachent à la fortune; 7) des compensations qui s'attacheat au séjour des villes et au séjour des campagnes; 8) des compensations établies dans le sort des femmes ; 9) des compensations attachées à l'enfance; 10) compensations attachées à l'âge de l'adolescence et à celui de la jeunesse i

11) continuation du même sujet ; sort du jeune homme dans la situation où il est déplacé; 12) compensations attachées à l'âge mûr et à la vieillesse; 13) résumé et conclusion.

Le système que l'auteur expose dans cet ouvrage, a quelques points de rapprochement avec celui d'Helvétius, qui prétendait que tous les esprits étaient originairement égaux et ne devenaient inégaux que par la différence de la culture, tandis que l'auteur des compensations veut que toutes nos destinées soient originairement égales, et ne deviennent inégales que par l'usage différent, ou le différent abus qu'on en fait.

Le système de l'auteur se rapproche aussi un peu de celui de l'optimisme, puisque si, dans ce système, il n'y a aucun désavantage de fortnne, d'esprit, de caractère et de position d'où il ne résulte un avantage équivalent qui le compense, nous ne devons jamais nous plaindre. Mais ce mieux possible, que Pope a orné des plus riches couleurs de la poésie, et sur lequel Voltaire a répandu avec tant de gaîté, des teintes comiques, est développé dans l'ouvrage de M. Azaïs, avec plus d'approfondissement que dans le premier de ces écrivains et plus de gravité que dans le

second.

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Il est bien difficile au surplus, d'admettre indéfiniment, avec l'auteur des compensations, un équilibre parfait d'avantages et d'inconvéniens, ressortant les uns des autres. La rigueur de ce système, à la vérité, est un peu compensée elle-même par l'espérance d'une vie future que l'auteur y fait toujours entrer.

S'il n'y a pas toujours assez de variété dans le style, il est presque toujours vif et animé. L'ouvrage renferme des morceaux plein de force, de sentiment et même quelquefois de verve, tel que Le portrait de Mirabaud.Les observations ont presque toujours de la justesse, quoique les conséquences qu'en tire

l'auteur, présentent du doute. L'ouvrage, en un mot, est plein d'intérêt, s'il n'est pas toujours bien solide en raisonnemens.

Le libre arbitre, par Stanislas
Bouflers, membre de l'Institut.
I vol. in-8°. Buisson. 3 fr.
3 fr. 75 c.

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On pourrait s'étonner que M. de Boufters, qui s'est jusqu'ici occupé exclusivement des beaux-arts et qui s'est spécialement exercé, et avec tant de succès, dans le genre de la poésie légère, se livre à l'examen de l'une des questions les plus ardues de la métaphysique, celle du libre arbitre, s'il ne nous apprenait pas que l'ouvrage qu'il vient de publier sur cette matière, a été tout-à-la-fois le fruit et l'adoucissement de ses malheurs.

Cet ouvrage est une suite de déđucconnaître par la voie de l'analyse.Nous tions qu'il n'est pas possible de faire plan qu'il y a suivi. Il l'a divisé en nous bornerons donc à indiquer le trente-six chapitres dont voici l'énoncé :

1) motifs du travail de l'auteur ; 2) de la nature de l'esprit; 3) de la liberté; 4) objection tirée de la parité que la doctrine, exposée dans le chapitre de l'homme et celle des animaux; précédent, établirait entre la condition 5) jusqu'où s'étend notre liberté 6) théorie de la volonté; 7) théorie de la raison; de la raison en elle-même 8) manière dont la raison opère en dedans de nous; g) la raison considérée dans toute la perfection dont on peut la croire susceptible; 10) continuation du précédent chapitre; 11) suite de ce même chapitre; 12) théorie de la sensibilité; 13) éloquence des passions; 14) moyens de défense de la raison contre les passions; 15) l'homme a-t-il vraiment sujet d'être jaloux de son libre arbitre? 16) l'homme a incontestablement le sentiment de sa liberté ; 17) objection de certains philosophes contre

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TV. CLASSE. Philosophie. Beaux-Arts.

le dogme de la liberté; 18) continua tion du même argument; 19) réfuta tion de quelques autres hypothèses, en faveur du libre arbitre; 20) réponse des défenseurs du libre arbitre aux objections ci-dessus; 21) réponse des adversaires à l'induction exposee au chapitre précédent; 22) vrais motifs de l'homme pour croire à sa liberté; 23) incertitude des rapports de nos sens; 24) si les erreurs avérées de nos sens nous autorisent à douter aussi des rap

33) préférence que tout homme donré implicitement à sa condition; 34) le dernier degré de malheur ne détruit point absolument, au fond de notre ame l'acceptation de notre destinée ; 35) récapitulation et conclusion; 36) la discussion du libre arbitre peut-elle avoir quelque danger?

Par cet exposé l'on peut pressentir que l'auteur a envisagé son sujet sous toutes ses faces; que défenseur du libre

arbitre, il n'a pas dissimulé les objections que les défenseurs du fatalisme qu de la nécessité, élevaient contre ce dogme consolant, et que s'il n'a pas toujours donné des solutions trèssatisfaisantes de ces objections présen

ports de notre sens intime; 25) digres sion nécessaire; coup-d'œil sur la nature; 26) coup-d'œil sur l'homme ; 27) l'accord de l'homme et de l'univers entraîne le sentiment de la liberté; 28) nouvelles preuves que c'est la confiance dans ses moyens qui attachetées avec un art si dangereux, par les l'homme à l'existence; 29) objection contre le système du consentement de Phomme sa destinée; 30) réponse à l'objection tirée du malheur des êtres sensibles; 3) peut-il exister un bon heur parfait ? 32) l'homme a toujours une mesure de bonheur qui suffit;

Bayle, les Collins, les Tolland, etc.; on ne doit pas s'étonner qu'il ait laissé quelque chose à desirer dans une matière où les Augustin, les Arnaud, les Pascal, n'ont pas éclairci pleinement les doutes qu'une matière si difficile fait naître.

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