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une intelligence à l'aide de laquelle je raisonne sur ces objets.

La première vérité qui s'offre à mon esprit, lorsque je réfléchis sur le principe de mon être et sur l'origine de tout ce qui excite en moi les sensations, c'est que le néant ne pouvant rien produire, il faut nécessairement qu'il ait de tout temps existé quelque chose. De là s'élèvent les questions suivantes : L'univers est-il éternel ? a-t-il toujours existé Lemonde

n'a point tel que nous le voyons,

sans cause première et existe de sans modérateur ? Les mouvemens réguliers aux- toute éterquels il est assujetti ont-ils lieu sans qu'aucun moteur les lui imprime ? est-il enfin régi par des lois si sages sans qu'une haute sagesse préside à son gouvernement ? ce systême répugne à ma raison. Un ouvrage si merveilleux me fait supposer un ouvrier très - habile; des moyens si ingénieusement combinés m'annoncent un but; et dans un accord si parfait, j'aperçois le résultat d'un plan médité. Je ne saurois donc attribuer au hasard, c'est-à-dire à la plus incompréhensible de toutes les causes,

tant d'admirables effets. Admettre, comme on est forcé de le faire dans l'hypothèse de l'éternité du monde, une succession infinie d'êtres émanant les uns des autres, sans principe

Le monde

ne s'est point

même.

original, sans cesse détruits et reproduits sans cesse par l'action d'une aveugle nécessité; c'est vouloir bâtir au milieu des airs, c'est supposer une chaîne sans premier anneau. Je n'accorderai point ce qui me paroît absurde.

Croirai-je avec les Epicuriens que le monde formé de lui- s'est formé de lui-même, et d'innombrables que corpuscules diversement figurés, qu'on appelle atômes, précipités avec une vitesse infinie dans les abîmes du vide, se sont rencontrés par suite du clinamen (1), et que de leur mélange il est résulté des combinaisons sans nombre qui ont enfin produit les cieux, la terre, les plantes, l'homme, les animaux et tout ce qui compose l'univers (2). Je ne ne m'arrêterai point à démontrer combien cette hypothèse est invraisemblable, on l'a déjà victorieusement combattue (3), et d'ailleurs elle est si monstrueuse, elle cho

(1) Ce mot, emprunté du latin et usité dans le langage philosophique, signifie mouvement de déclinaison.

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(2) Diog. Laërce, Vie d'Epicure. -Lucret. de Nat. rer., lib. 1.

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(3) Voy. Cic. de Nat. deor. lib. 1. part. II, Abbadie, Trai?: de la vér. de la Religion chret. tom. 1, sect. 1, Jaquelot, 2. Dissert. sur l'exist. de Dieu, ch. 11. Trait, de l'exist. de Dieu, part. 1, Anti-Lucrèce, liv. 11, 111 et 1. — Cudworth, Syst. intellectuel

ch. r et ri.—

- Fénélon,

ch.r.- -Le cardinal Polignac,

que tellement la raison, qu'il n'est, je crois, personne aujourd'hui qu'elle puisse séduire. Je me bornerai à répéter ce qui a été si souvent opposé à ceux qui soutenoient la possibilité d'une pareille chance: c'est qu'autant vaudroit prétendre que des caractères de l'alphabet jetés au hasard en quantité suffisantę, peuvent, après avoir été long-temps agités dans tous les sens, se trouver rangés de manière à composer un poème ou une histoire; ou qu'il est possible que des pierres brutes remuées et poussées les unes sur les autres pendant un nombre infini d'années, se taillent, se polissent d'elles-mêmes, et soient enfin placées et liées de façon à offrir à la vue un palais ou un temple (1).

Le monde, comme le soutient Spinosa, ne Le monde n'est point forme-t-il dans son ensemble et dans chacune de Dieu. Inertie ses parties qu'un seul être existant par lui-même ? de la matièn'y a-t-il pas de différence dans les substances,

et Dieu n'est-il autre chose que l'univers? Je doute que ce systême, duquel il résulte que la plus vile

de l'univers, etc. etc. Il existe beaucoup d'autres ouvrages où le systême des atomes est réfuté ; je n'indique ici que quelquesuns des principaux.

(1) Voy. Cic. de Nat. deor. lib. 11, part. 111. — et Fénélon, Trait. de l'exist. de Dieu, 1. part. ch. 1.

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parcelle de matière a droit de prétendre aux honneurs de la divinité, trouve encore des partisans, ou du moins qu'ils soient sincères. L'auteur, dans le développement de ses propositions, a toujours recours à des hypothèses si bizarres, il emploie des définitions si imparfaites et si obscures, qu'on est fondé à croire qu'il ne s'est pas compris luimême (1),

Il faudroit, pour prouver que la matière est Dieu, démontrer qu'elle est susceptible de produire d'elle - même le mouvement et la pensée, de former des combinaisons, et par conséquent qu'elle possède l'intelligence et la liberté; ce qui est démenti par l'expérience, et contraire aux notions les plus communes de l'esprit. Car en argumentant dans cette hypothèse, on est obligé de convenir

que

le mouvement et la pensée sont essentiels à la matière ; et comme ce qui est de l'essence d'une chose ne sauroit en être séparé sans que cette chose soit détruite, il s'ensuit que la matière, dans son tout et dans chacune de ses par

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(1) Voy. pour la réfutation du spinosisme, Clarke, Traité de l'exist. de Dieu , ch. iv, propos. III.

Fénélon, Traité de l'exist. de Dieu , 2. part. et Lettres sur la Relig. -- Bergier, Examen du matérialisme. - Jacquelot, 2. Dissert. sur l'exist. de Dieu. etc. etc,

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ties, doit penser et se mouvoir. Il faut accorder en même temps que ces propriétés lui sont inhérentes de toute éternité, autrement elles lui auroient été communiquées; or il est impossible que ce soit par le néant, et ce ne peut pas être non plus par un corps, car la question seroit toujours la même. On doit aussi, dans ce systême, concevoir le mouvement de la matière perpétuellement égal, et d'une égalité parfaite, puisqu'on n'admet pas de cause étrangère dont l'action tende à l'augmenter ou à le diminuer, et que la matière n'a rien en elle qui puisse occasionner ces variations. Mais la nature même des choses détruit toutes ces suppositions, et comme la matière ne se meut jamais que par une impulsion communiquée, il n'est pas douteux que le repos ne soit son état naturel. On est donc forcé de conclure que le principe du mouvement et de la pensée ne gît point dans la matière. Si l'on soutient qu'elle possède l'intelligence par nécessité de nature, c'est une assertion vague et dénuée de tout fondement, car la faculté intellective qu'on reconnoît à une suite d'actes extérieurs, ne se manifeste jamais dans la matière brute par aucun signe. Oh l’étrange divinité qui se multiplieroit sous tant de formes, et dont les attributs varieroient suivant

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