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sonnable et immobile en soi, mais qui par son énergie devient le principe du mouvement (1).

Zénon entendoit par le mot nature, ce qui renferme, protège et conserve le monde; de sorte que Dieu et la nature, selon ce philosophe, ne forment qu'une seule et même chose. Dieu, en tant qu'il pense, est le principe de nos idées; et

; comme substance étendue, il produit le mouvement des corps. Ainsi le monde pense, a du sentiment, et Dieu est l'ame du monde. Voici quelques-uns des argumens qu'on employoit au Portique, pour prouver cette assertion; « Ce qui » raisonne est meilleur que ce qui ne raisonne » pas; or le monde est ce qu'il y a de meilleur, » donc le monde raisonne. D'un tout qui n'a

point de sentiment, aucune partie n'en peut » avoir; or quelques parties du monde ont du » sentiment, donc le monde a du sentiment.

Quelque chose d'inanimé et d'irraisonnable ne » sauroit produire un être animé et raisonnable; » or le monde produit des êtres animés et raison» nables, donc le monde n'est pas inanimé et privé » de raison, etc. (2). Rien en soi, disoient encore » les Stoïciens, n'est mauvais ni méprisable ;

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(1) Plut. Opin. des philos:
(*) Cic. de Nat. Deor. liv. 11, 1."* parte

» tout se tient par un enchaînement visible et » sacré; tout concourt au même but, et tout » par conséquent est également nécessaire au » systême de l'univers (1) ».

Quant à Epicure, il faisoit ses dieux immortels et souverainement heureux au sein de l'oisiveté la plus profonde. Il prétendoit en outre qu'un être heureux et immortel ne peut ni éprouver de peines, ni en causer à qui que ce soit; et qu'il n'est pas plus susceptible d'affection que de haine, parce que ces sentimens tiennent à la foiblesse. Ainsi les dieux d'Epicure, insensibles à tout, né faisant, n'entreprenant jamais rien, n'étoient à craindre pour personne. Il les supposoit revêtus de la forme humaine, comme étant la plus belle qu'on puisse imaginer. « La suprême félicité, » disoit-il, est le partage des dieux; or la su» prême félicité ne sauroit exister sans la vertu, » ni la vertu sans la raison, ni la raison sans la » forme humaine; donc les dieux ont une forme » humaine ». Cependant il ne les rendoit visibles qu'aux yeux de l'intelligence, à cause de la ténuité des parties dont se composoient leurs simulacres; et c'étoit par des prénotions emprein

(1) Deslandes, Hist. de la Philos. liv. v, ch. 28, 5.6.

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tes dans les ames qu'il soutenoit qu'on pouvoit reconnoître qu'il y a des dieux (1),

Enfin il y a eu des philosophes tels que Démocrite (2), Protagoras (3), Diagore (4), Evhemère (5) et Théodore de Cyrène (6) etc., qui ont nié ou du moins révoqué en doute l'existence des Dieux (7).

Les anciens ayant sur la nature de la Divinité des opinions si incertaines et si bizarres, leurs systêmes concernant la Providence dévoient être nécessairement très-obscurs et très-imparfaits.

Plusieurs, tels que Thalès, Parmenide, Démocrite et Héraclite, partisans de la fatalité, nioient positivement la Providence (8); et ceux qui l'ad

(1) Cic. de Nat. Deor. lib. 1, pars. I. -- Lucret. de Nat. rer. Plut. Opin. des Philos. Deslandes, ubi suprà, liv. v, ch. 25. (2) Cic. de Nat. Deor. lib. 1, nu. 12 et 43.

Diog. Laer. Vie de Démocrite.

(3) Diog. Laer. Vie de Protagore.
(4) Cic. de Nat. Deor. lib. 1, num. 42. .
(5) Cic. Ibid.
(6) Diog. Laer. et Cic. Ibid. num.
(7) Voy. De Burigny, Theolog. pay. ch. 1.
(8) Plut. Opin. des Philos. liv. I, ch. 25, 26 et 27.

- Lact. de falsá relig. lib. 1, cap. 2. — De Burigny, Theol. pay. ch. x, 9.4.- Leland, Nouv. Dém. év. I." part. ch. 17.

mettoient ne s'accordoient pas sur la nature de ses attributs. Les uns, comme Aristote, pensoient qu'elle se borne à régler les mouvemens des corps célestes; d'autres convenoient bien qu'elle surveille également le ciel et la terre, mais sans entrer dans aucun détail particulier, et seulement en ce qui concerne l'économie générale ().

Socrate fut le premier qui, appliquant particulièrement la philosophie à la morale, enseigna que la Providence veille jusque sur les individus et que Dieu scrute les cours, et pénètre les motifs les plus secrets des actions des hommes. Cependant les raffinés de la secte platonicienne penchèrent à croire que le Dieu suprême ne s'occupe pas directement des affaires humaines, et qu'il en commet le soin à des dieux inférieurs (2).

Les Stoïciens sont, de tous les anciens philosophes, ceux qui ont défendu avec le plus de chaleur le dogme de la Providence. Balbus, dans Cicéron (3), avoue que les plus grands hommes de la Grèce et de Rome ne se sont rendu illustres qu'avec

(1) Plut. ubi suprà, lib. 11.

Clem. Alex. Strom. V. - Leland, ubi supra.

() Herbert, de Relig. Gentil. – Leland, ubi suprd, 1. part. ch. 17, S. 7.

(3) De Nat. Deor. lib. 11, num. 66.

re

l'assistance de la Divinité, adjuvante Deo; il parle des Héros d'Homère, comme ayant presque tous eu des dieux pour protecteurs et pour guides : mais il avance en même temps que si ces mêmes dieux s'occupent des choses importantes, ils négligent les petites; et à l'appui de son assertion, il cite l'exemple des fléaux, tels que la tempête, la grêle et autres qui désolent la terre; fléaux , ajoute-t-il, que nous ne saurions attribuer aux dieux. Mais tous les philosophes du Portique ne paroissent pas avoir été du même avis; ceux qui, comme Chrysippe, Epictète, Marc Antonin et Sénèque parlent quelquefois de la Providence en des termes dignés d'un chrétien, quelquefois aussi hésitent ou se contredisent. En général ils n'ont pas de principes fixes : tantôt ils reconnoissent une nécessité violente, immuable, irrésistible, qu'ils modifient cependant de manière à laisser l'homme tout-à-fait maître de ses actions, ce qui est évidemment contradictoire; et tantôt ils partagent le gouvernement des choses humaines entre Dieu et le destin (1).

Epicure, faisant de ses dieux des êtres oisifs et étrangers à tout ce qui se passe sur la terre, re

(1) Plut. Opin. des Philos. - Leland, Nouv. Dém. év. 1." part.

ch. 17.

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