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de la partie nord de cette baie, ce commandement militaire et ce poste fiscal furent transférés au village arabe de Meningane qui était détruit, et sur les débris duquel le nouveau village de Palma fut fondé.

Selon ce que dit Sir John Kirk, en 1880, la baie de Tungue est située admirablement comme point de départ de la traite des noirs dans la mousson de N. E., et elle arrivera falalement à être utilisée pour ce commerce dans le cas où elle appartiendra de nouveau à la nation portugaise. Mais nous pouvons répondre simplement par des faits, à une telle affirmation gratuite:

Depuis la capture d'une embarcation négrière, le 14 janvier 1886, dans les eaux du fleuve Meningane, par la corvette Briton de Sa Majesté Britannique, avant notre réoccupation définitive, jamais on n'y avait fait, jusqu'aujourd'hui, quelque autre embarquement que ce soit de nègres à l'état d'esclaves.

En décembre 1886, le fleuve Moginquale fut occupé ; le plan hydrographique en a été levé, et un commandement militaire, dépendant directement du Gouvernement de Mozambique et auquel le poste d'Infusse fut subordonué, fut établi sur la colline de Namiepe qui domine parfaitement le fleuve et son entrée ainsi qu'un horizon très étendu dans l'intérieur des

terres.

Dans les commencements de l'année 1887, le commandement militaire d'Arangua, créé par un décret de 1884, fut installé à l'embouchure du fleuve Pungue, à l'endroit de la rive gauche, appelé Beira. Ce commandement qui, d'après ce décret, devait dépendre du Gouvernement du district de Manica, devint temporairement une dépendance du district de Sofala, comme étant plus près des secours et des moyens d'action du Gouverneur respectif, que celui de Mauica.

En octobre 1887, on résolut de créer un poste avec un commandement militaire dans le Boror, terres intérieures au nord et à l'ouest du district de Quilimane, non-seulement pour faire la police des populations foraines, d'Ingode et d'Erara, où affluent les tribus des environs du Nyassa, pour y échanger de l'ivoire, mais aussi, pour éviter un petit trafic clandestin que ces tribus avaient l'habitude de faire, plutôt par la rudesse innée de leurs coutumes barbares, qu'avec une notion exacte de l'acte qu'elles pratiquaient.

L'effet de l'établissement de ce poste militaire contre la traite des noirs faite par des caravanes de l'intérieur a été complètement décisif. Le consul anglais Hawes affirme au marquis de Salisbury, dans une dépêche officielle du 25 février 1887, écrite à Zomba, près du lac Nyassa, que le trafic d'esclaves parait être entièrement terminé à Lunas, emplacement du territoire de Boror où s'est établie l'autorité protugaise et où le nouveau village appelé si heureusement « Liberdade », a été fondé. Aujourd'hui, les caravanes qui viennent à Quilimane, par ce chemin, y apporter de l'ivoire, ne consistent qu'en un nombre suffisant de porteurs pour y transporter cet ivoire et en remporter les marchandises reçues en échange, et en quelques femmes, concubines des hommes qui dirigent les caravanes. M. Hawes ajoute que cela est dû indubitablement à la surveillance des autorités portugaises qui y sont installées.

La conscience nous affirme que, depuis de longues années, les Gouvernements portugais ont fait des efforts énergiques et spontanés pour réprimer le trafic dans toutes les possessions où l'on voit flotter le drapeau bico

lore. Entreprise difficile, certainement ! quand il s'agit d'extirper d'anciens usages invétérés par l'habitude, par l'impunité et, principalement, par l'exigence impérieuse de certaines circonstances économiques auxquelles nous nous reporterons bientôt, qui sont particulières aux provinces d'OutreMer.

Si ces vérités pouvaient être révoquées en doute, nous les renforcerions en signalant les sommes considérables employées à l'augmentation des industries coloniales, dans le but de donner de l'essor au commerce, et de rendre saines et attrayantes les villes du littoral africain. Aux accusations malveillantes des étrangers nous opposerions le dévouement d'un grand nombre de fonctionnaires, dont les uns ont ruiné leur santé, et les autres ont perdu la vie dans ces climats inhospitaliers; nous opposerions enfin l'activité avec laquelle nous avons toujours cherché à offrir au cultivateur et au commerçant un placement avantageux pour leurs capitaux, les arrachant ainsi au trafic immoral mais lucratif de la traite des noirs.

On sait que la surveillance constante des ports et des fleuves suspects dépendait de la présence assidue de navires de guerre sur ces points inhospitaliers. Qu'ont fait nos Gouvernements? ils ont augmenté, autant que possible, nos forces navales dans la mesure des moyens dont ils peuvent disposer, et cela non-seulement quant au nombre des bâtiments de guerre, mais aussi quant à celui des équipages, qui, faute de commodités, étaient souvent décimés par les fièvres.

Ces efforts, si tenaces, de la part du Portugal, ont été reconnus très souvent dans les régions officielles par les témoignages dignes de foi de hauts fonctionnaires étrangers. Il serait curieux et utile d'avoir la liste complète de tous ces témoignages, dont quelques-uns sont éloquents et chaleureux, par lesquels la bonne foi des étrangers a récompensé notre pénible tâche; mais, ne voulant pas étendre par trop ce document, nous nous limiterons à prendre au hasard, en glanant dans une moisson si abondante.

Prenant comme point de départ le traité du 3 juillet 1842, entre le Portugal et la Grande-Bretagne, nous remarquerons que déjà, le 18 novembre 1844, le commodore Jones, commandant la station navale britannique sur la côte occidentale d'Afrique à bord de la frégate Pénélope dans l'île de l'Ascension, louait, auprès de l'amirauté anglaise, la bonne foi et le zèle avec lesquels le Gouverneur d'Angola et les officiers de la province s'efforçaient de maintenir l'esprit et la lettre des traités sur l'abolition de la traite des noirs; et il signalait alors, spécialement, le capitaine de frégate Cunha, chef de la station navale, qui, pour sa part, venait de capturer une barque de négriers chargée de 800 esclaves.

Le 23 janvier 1845, Lord Aberdeen, chef du cabinet de Saint-James, écrit au ministre de la Grande-Bretagne, à Lisbonne, confirmant la satisfaction avec laquelle l'Angleterre voit le zèle des Portugais à accomplir les traités pour l'extinction du trafic. Lord Howard, ministre d'Angleterre à Lisbonne, signale les mêmes sentiments dans sa dépêche officielle du 15 mai 1845, à notre Gouvernement, quant à l'efficacité des efforts des Gouverneurs d'Angola et de Mozambique, ce dernier étant secondé par le Gouverneur de Quilimane. Les plus incrédules peuvent voir, par là, Tharmonie avec laquelle les autorités du Gouvernement portugais opéraient dans la partie occidentale et dans la partie orientale du grand continent. Mais nos travaux énergiques ne s'arrêtèrent pas et ne faiblirent pas. Par

une dépêche officielle, du 29 mars 1875, Lord Derby ordonnait au ministre britannique, à Lisbonne, de féliciter notre Gouvernement sur le succès des opérations des forces navales portugaises contre les négriers à Quivolane; et il faisait de même, le 31 mars de ladite année, pour le décret qui détruisait les derniers vestiges de l'esclavage dans l'archipel du Cap-Vert.

D'accord avec les forces navales anglai-es, nos forces navales réalisèrent plus d'une fois des expéditions combinées, dans le but de poursuivre les négriers sur les fleuves et dans les cours d'eau sinueux de la côte de Mozambique. Nous citerons seulement celle qui eut licu, au mois d'août 1875, sur les fleuves Moma et Quizungo, quoique nous pussions en citer des dizaines où la cordialité la plus intime et la plus efficace, entre les officiers des deux nations, s'est toujours manifestée.

La conviction que nos Gouvernements ne savaient pas (par sentiment d'honneur même), se ralentir dans le but ferme d'extirper le trafic, prenait déjà de la consistance, se généralisait dans tous les esprits.

Les mesures adoptées par le Portugal, sur toute la côte d'Afrique, peuvent, ce nous semble, se résumer ainsi qu'il suit :

10 Fenforcer (comme on l'a toujours fait, quand c'était possible), les détachements des stations navales.

2o Améliorer (comme, en effet, on les a améliorés en beaucoup de points, depuis vingt ans), les casernements des divers centres de troupes, condition essentielle pour entretenir la santé des garnisons.

30 Introduire l'usage des barques à fond plat, mues à vapeur et bien armées, pour la navigation difficile et la police des fleuves et des ports pleins d'écueils, fréquentés par les embarcations négrières. Les embarcations qui se trouvaient dans ce cas sont les canonnières Tete et Sena qui ont parcouru le Zambèze, et ont fait d'actives croisières sur la côte de Mozambique, depuis 1873 jusqu'en 1880. Les deux chaloupes en acier qui ont été envoyées, en 1880, au Zambèze, mais qui ne furent employées qu'à faire la police des environs du port de Mozambique; et enfin les trois petits vapeurs Cuama, Cherim el Marave, envoyés il y a peu de mois, et qui sont destinés à la navigation du Zambèze, du Chiré et du lac Nyassa.

4o Surveiller (comme on le fait toujours quand c'est possible), certains points où les trafiquants trouvent plus facilement un abri au milieu de mangliers inextricables.

Malgré des notes discordantes et injustes, nous voyons, avec plaisir, que les témoignages d'étrangers, louant l'efficacité de nos efforts, ont continué à affluer dans tous les temps.

La façon dont le général José Guedes de Carvalho et Menezes se conduisit, comme Gouverneur de Mozambique, dans l'exécution des ordres émanés du Gouvernement de la Métropole, pour donner la chasse aux négriers, fut digne de remarque. Dans une dépêche officielle, du 16 juin 1876, que le major Frédéric Elton, intelligent et infortuné ex-consul anglais à Mozambique, adressait à son gouvernement, il résumait, en peu de mots, dans un chapitre sur la répression du trafic, la gérance du Gouverneur général, affirmant que les services rendus par ce fonctionnaire avaient été remarquables, et que lorsqu'il avait quitté l'administration de la province, il avait laissé à son successeur le chemin ouvert pour obtenir la prompte abolition du trafic des nègres dirigés sur l'ile de Madagascar.

Tous ces efforts furent reconnus supérieurement par le Gouvernement de lord Derby, dans une dépêche officielle, du 23 octobre 1876, au ministre anglais, à Lisbonne.

Les services des officiers de marine, Joao Carlos Adriao et José d'Almeida d'Avila, tous deux chargés du commandement de la station navale de Mozambique, à différentes époques, e furent pas moins appréciés par le cabinet de la Grande-Bretagne, ainsi que le constatent les dépêches officielles de lord Derby, adressées à lord Lytton, le 15 septembre 1875, et à M. Morier, le 21 février 1877.

Les services rendus par le gouverneur général de Mozambique sont singulièrement vantés dans une autre dépêche du 31 mars 1877 du gouvernement anglais à son ministre à Lisbonne, dans une autre du 24 avril, et dans une autre du 25 juin; de plus, dans une dépèche officielle bien expressive du consul Elton, déjà cité, adressée au gouverneur de Mozambique le 27 juin de la même année, ce fonctionnaire consulaire rend le témoignage le plus positif aux mesures constantes adoptées par les Portugais au profit de la grande idée humanitaire.

Il y a une autre dépêche du 4 janvier 1878 dans le même esprit, adressée par lord Derby au ministre plénipotentiaire anglais à Lisbonne, à l'égard de la bonne attitude du nouveau gouverneur général Francisco Maria da Cunha, une seconde fut communiquée au gouvernement anglais par l'amiral Corbett, fondée sur des renseignements officiels du commandant Ommanney, de la canonnière le Linx.

Le vaste littoral portugais de l'orient africain (en raison de circonstances orographiques spéciales et du voisinage de pays musulmans où la condition servile est une institution légale) a été le lieu où la tache infamante de la traite des noirs a coûté le plus à enlever de nos mœurs. Ces plages, ces fleuves et ces bras de mer peu profonds, dont un grand nombre pénètrent en serpentant dans les terres intérieures, ont été bien des fois le théâtre de véritables prouesses ignorées, pratiquées par nos hommes de mer.

Outre les faits auxquels les documents diplomatiques cités plus haut font allusion et dans lesquels on met en évidence des hauts faits de fonctionnaires portugais, il y a une dépêche officielle du 9 avril 1878 dans laquelle le commandant anglais W. U. C. Selby, du navire de guerre la Vestal, rapporte la façon courageuse avec laquelle l'enseigne de vaisseau José Maria da Silva s'est conduit dans une attaque combinée entre le navire portugais le Tete et le sien contre des négriers, dans la baie de Mozambique, expédition qui obtint une mention des plus flatteuses du marquis de Salisbury dans une de ses dépèches au ministre anglais en Portugal, datée du 24 juin suivant.

Le consul anglais à Mocambo, H. O'Neill, témoin de la manière pleine de zèle avec laquelle les autorités portugaises procèdent dans cette vaste province, disait dans une dépêche du 17 juillet 1880, adressée au comte Granville, et se reportant à notre nouvelle occupation d'Infusse, que les mesures prises par le gouverneur Sarmento soumettaient le district à une surveillance permanente, et il assurait que l'abolition du trafic y dépendait de cette surveillance exercée par les autorités installées sur ces territoires; et que les conditions de ce trafic étaient complètement modifiées, attendu que les négriers ne pouvaient plus espérer la protection ni l'aide que les chefs indigènes, aujourd'hui soumis ou expulsés, leur avaient données, jusque-là.

Ces actes méritèrent encore de nouvelles louanges à notre zèle dans une dépêche du 18 septembre 1880, que M. Lister, sous-secrétaire d'Etat, adressait audit consul, et dans laquelle il est fait mention de l'énergie et du succès des mesures adoptées par les Portugais dans le delta du Quivolane et dans l'occupation d'Infusse. On cite les capitaines Luiz Joaquim Vieira Braga (déjà inort), et Antonio Candido Vidal ne Souza, comme ayant été des auxiliaires puissants dans ces expéditions.

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Il y a aussi de justes appréciations à notre égard dans le rapport adressé à son Gouvernement par le même consul O'Neill, le 3 novembre 1883, où, après avoir parlé de l'esclavage rural, limité et doux, qui existe encore dans le nord de la province de Mozambique, où l'on cultive le sésame, il dit ceci « J'espère que mes paroles à l'égard du commerce d'importation et d'exportation qui se fait sur la côte du nord de cette Province ne peu«vent signifier insouciance de la part des autorités portugaises qui y résident. Je tiens comme certain que le gouverneur d'Ibo désire la répres«sion du trafic aussi sincèrement que quelque autorité anglaise que ce • soit. >>

Les faits éclatants de nos militaires et de nos matelots parlent plus haut encore que ces témoignages impartiaux, dignes de foi, et pour cela même précieux. Ces officiers, ces pauvres soldats, ces simples matelots, relégués dans les profondeurs de solitudes inhospitalières, il faut voir comment ils luttent avec les maladies locales produites par l'empoisonnement paludéen; il faut les voir s'escrimer sans relâche contre la fureur des ondes et contre la résistance armée des négriers. Le fait est qu'ils savent confirmer, grâce à leur conduite inébranlable, la réputation de courage dont jouissent les hommes de guerre portugais. On se souvient (nous venons d'en parler plus haut) de la perte de deux officiers et de quatre marins de la canonnière Mandovi engloutis par un coup de mer lors de leur poursuite de négriers à la barre d'Infusse, au mois d'août 1882; cette perte déplorable a mérité à notre gouvernement les compliments de condoléance du gouvernement anglais exprimés dans une dépêche du 2 novembre, du comte Granville à M. Baring, chargé d'affaires à Lisbonne.

Le consul anglais O'Neill, dans une dépêche officielle qu'il adressait à son ministre, comte de Rosebery, le 25 juillet 1886, faisait les éloges les plus spontanés et les plus grands du gouverneur général de Mozambique Auguste de Castilho et du capitaine des ports, lieutenant de vaisseau, Antonio Simeao d'Oliveira, pour la discrétion, l'adresse et la décision avec lesquelles avait été conçue, dirigée et exécutée une expédition anti-esclavagiste, commandée par Simeao d'Oliveira en personne, dans une chaloupe armée, au fleuve Mafeda et au sud de la pointe Bajona, expédition qui eut pour résultat la destruction de l'embarcation négrière Nussura, qui s'était absentée clandestinement du port de Mozambique quelques jours auparavant, laissant ses papiers chez le capitaine du port. Le dit O'Neill parvint à obtenir des renseignements particuliers qui confirmaient pleinement les assertions officielles publiées dans le bulletin du gouvernement général de la province.

Tout ce que nous venons de dire, extrait superficiellement et au hasard des sources les plus authentiques des chancelleries nationales et étrangères, prouve à l'évidence l'attitude sage et humanitaire prise par le gou vernement portugais, depuis de bien longues années, dans la noble inten

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