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que les années précédentes, ont prévenu toute émeute dans les contrées agricoles, notamment en Andalousie. En 1907, le 1er mai ouvrier a été si paisible qu'il n'a causé aucune inquiétude, même dans les centres industriels. A Bilbao, on a craint un moment, au mois d'août, que les socialistes ne missent à profit la visite du Roi pour fomenter une nouvelle grève générale comme en 1906. Mais l'échec de leur tentative de l'année précédente aussi bien que les promesses faites par le gouvernement pour améliorer la condition des travailleurs ont réussi à empêcher tout mouvement de ce genre. Le socialisme espagnol semble même en défaveur aucun des candidats présenté par le parti aux dernières élections législatives n'a été élu. On constate une diminution dans le nombre d'adhérents à l'Union générale des travailleurs : 32.405 membres en avril 1907 contre 36.557 en octobre 1905. Les causes en sont multiples et diverses: l'insuccès de la dernière grève générale de Bilbao, qui est un des centres principaux du socialisme, la crise de travail et l'émigration qui lui ont enlevé une partie de ses forces, l'exclusion des « meneurs » par les chefs d'entreprise, les efforts des patronats, etc. Il faut y ajouter surtout en ce qui concerne la Catalogne la propagande anarchiste qui, en ayant affaire à des populations peu instruites, au tempérament individualiste et parfois mystique, a plus de prise sur elles que le socialisme, aux dépens duquel se fait naturelle-ment cette propagande.

La politique sociale. -Le gouvernement a peu légiféré jusqu'ici en matière sociale: il n'est possible de citer que la loi du 30 janvier 1900 sur les accidents du travail, la loi du 13 mars de la même année sur le travail des femmes et des enfants, complétée par deux lois de 1903 et de 1904 concernant la protection de l'enfance; enfin la loi du 3 mars 1904 sur le repos obligatoire".

1. Voir notre etude Les grèves et la condition du mineur dans la zone de Bilbao dans les Annales du Musée Social, novembre 1907.

2. Cf. ROBERT LÉGER, La Législation du travail en Espagne (Annales des Sciences politiques, juillet 1906) et ADOLFO POSADA, La Réforme sociale en Espagne (Paris, 1907). Une loi du 8 janvier 1907 a modifié l'article 9 de la loi du 13 mars 1900 sur le travail des femmes et des enfants.

VIE POLIT. 1906-07.

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Mais, de toutes ces lois, la première est à peu près la seule qui soit observée régulièrement.

Le projet déposé par M. Garcia Alix, ministre de l'Intérieur, sur le bureau de la Chambre, le 11 novembre 1903, à la suite de la grève générale de Bilbao, n'a pas eu le temps d'être voté. Le 18 juillet dernier, le gouvernement, afin de prévenir toute agitation en Biscaye, a jugé habile de promulguer par décret certaines dispositions empruntées au projet de M. Alix interdiction des cantines et magasins patronaux, obligation de ne payer les salaires qu'en monnaie ayant cours légal, interdiction d'en effectuer le paiement dans les cabarets ou cantines.

A Madrid, l'Institut de Réformes Sociales institution vraiment remarquable, due à l'initiative de MM. Moret et Canalejas. poursuit son œuvre laborieuse de pacification intérieure. Il a préparé notamment d'importants projets de loi concernant le contrat de travail, le contrat d'apprentissage, la création d'un Institut national de prévoyance (1er novembre 1906), qui offrent au Parlement ample matière à légiférer. L'Institut s'efforce aussi de mieux faire appliquer les lois déjà votées; c'est sur ses indications que vient d'être organisée l'inspection du travail dans tout le royaume (ordonnances royales des 25 septembre et 12 décembre 1906, et du 24 janvier 1907).

IV

La politique étrangère. L'année 1906-1907 a une importance. particulière au point de vue des relations extérieures de l'Espagne. Sur ce sujet, le discours du trône de juin 1907 s'exprimait ainsi : « La cordialité que nous voulons maintenir et que, heureusement, nous maintenons avec les autres puissances reste toujours la même, et des intérêts communs et très considérables resserrent dans le sein fécond de la paix notre amitié avec l'Angleterre et la France. >> On ne saurait, sous une forme concrète, être plus explicite. Après une période de retraite et d'isolement de plusieurs années-pendant

4. Voir R. LÉGER et A. POSADA, op. cit., et A. MARVAUD, L'Institut de Réformes sociales de Madrid (dans le Monde économique, 8 juin 1907).

laquelle le gouvernement de Madrid a oscillé entre l'Allemagne et les puissances occidentales', l'Espagne, en faisant décidément sa rentrée dans la vie internationale, s'est prononcée en faveur de la France et de l'Angleterre.

Le fils du président actuel du Conseil, M. Gabriel Mauray Gamazo, a pu affirmer que c'était la première fois depuis Trafalgar (1805), que son pays avait une véritable politique extérieure.

Les négociations avec le cabinet de Paris, qui ont abouti au traité du 3 octobre 1904, puis à la convention du 1er septembre 1905, le voyage d'Alphonse XIII à Paris et à Londres (27 mai-8 juin 1906), celui de M. Loubet à Madrid (21 octobre 1906), la conférence d'Algésiras, où l'Espagne a dù résister à la pression de l'Allemagne et manifester sa volonté d'agir d'accord avec les puissances occidentales, enfin le mariage du roi avec une princesse anglaise, Victoria de Battenberg (31 mai 1906) ont été les étapes très nettes de cette politique. En 1907, cette entente étroite avec la France et l'Angleterre a gagné encore en intimité à la suite de l'entrevue d'Alphonse XIII avec Édouard VII à Carthagène (10 avril), au sujet de laquelle le discours du trône s'exprime ainsi :

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Il m'a été très agréable de recevoir dans les eaux de Carthagène la visite officielle de S. M. le roi Édouard et de son auguste épouse la reine Alexandra. Les manifestations de l'opinion publique en Espagne et en Angleterre ont montré de nouveau, à cette occasion, combien intimement se pénètrent de la réciproque sympathie des deux peuples les liens étroits établis entre les deux dynasties. >>

Les accords conclus par M. Maura, le 16 mai, avec la GrandeBretagne et la France, sont une manifestation nouvelle de cette entente.

Par ces accords, l'Espagne et la France, d'une part, l'Angleterre et l'Espagne, d'autre part, affirment leur intention de maintenir le statu quo territorial dans la Méditerranée et dans la partie de l'Atlantique qui baigne le littoral de l'Europe et de l'Afrique. Dans le cas où se produiraient de nouvelles circonstances qui seraient de nature à modifier ou à contribuer à modifier le statu

1. On pourra consulter notre article: La rivalité anglo-allemande et la politique extérieure de l'Espagne (Revue politique et parlementaire, 10 décembre 1907).

quo territorial actuel, ces puissances s'engagent réciproquement à se concerter sur les mesures à prendre 1.

Les événements de Casablanca ont décidé les deux gouvernements de Paris et de Madrid à envoyer de concert des navires et des corps de débarquement, dans le but de protéger les Européens et d'organiser la police dans les ports, conformément à l'acte d'Algésiras. Si à ce sujet quelques dissentiments ont existé entre les deux chefs de corps exagérés par certains organes de la presse des deux pays il ne semble pas qu'il y ait eu de désaccord sérieux entre leurs gouvernements.

Enfin, la place tenue par l'Espagne à la Conférence de La Haye est une nouvelle preuve de son intention de jouer désormais le rôle qui lui revient dans le concert des puissances.

1. Voir EMILE BOURGEOIS, Le problème espagnol dans la question du Maroc, La Grande Revue du 10 septembre 1907 et ROBERT DE CAIX, Les Accords espagnols dans les Questions diplomatiques et coloniales du 1or juillet 1907.

PORTUGAL

Les partis politiques (p. 277). L'affaire des tabacs (p. 278). Le ministère Franco (20 mai 1906) (p. 278). Les élections générales d'août 1906 (p. 279). Le décret de dissolution du 10 mai 1907 (p. 280). La dictature. Le programme de M. Franco et sa réalisation (p. 281). Les relations extérieures (p. 283). Les colonies (p. 283).

La crise politique que traverse actuellement le Portugal, la plus grave, sans doute, depuis les troubles de 1891, a des antécédents qu'il importe de rappeler brièvement. Pendant un demisiècle, on peut dire que l'histoire intérieure de ce pays s'est résumée dans la lutte continue entre les défenseurs de la Constitution de 1822, votée par les Cortès et fondée sur la souveraineté du peuple, et les partisans de la Charte octroyée par dom Pedro IV en 1836, qui donnait au Roi tout le pouvoir véritable. Les premiers ont pris le nom, après la révolution de septembre 1836, de septembristes, puis de progressistes en 1837. L'ancien parti chartiste a été remplacé par le parti régénérateur, dont les origines remontent à la révolution de 1852, et qui forme aujourd'hui la <«< Droite », tandis que les progressistes constituent la « Gauche constitutionnelle ». Conformément aux lois en vigueur, le Parlement comprend deux Chambres : la Chambre des pairs, composée depuis 1896 d'un certain nombre de membres héréditaires, des princes de la maison royale, de 12 prélats, et de 90 membres nommés à vie par la Couronne sous certaines conditions; et la Chambre des députés, de 155 membres, élue pour trois ans au suffrage direct, en vertu de l'acte additionnel de 1885 et de la loi électorale de 1901.

Depuis de longues années, les deux grands partis constitutionnels. n'ont cessé d'alterner au pouvoir, sans qu'il soit possible de dis

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