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tains inquiétent d'ailleurs les coloniaux italiens tout autant que l'activité politique française.

Au mois d'avril 1907 le Sénat a discuté la question du Bénadir. M. Tittoni a affirmé que l'exploitation de cette colonie allait bientôt pouvoir commencer. Il a repoussé le programme de M. Baldissera tendant à une occupation immédiate qui coûterait à l'Italie de forts sacrifices en hommes et en argent.

Comme toutes les nations européennes autres que l'Allemagne, l'Italie a vu sans déplaisir l'action de la France au Maroc pour y ramener l'ordre et la sécurité. Les intérêts italiens sont d'ailleurs restreints dans l'empire du Maghreb. D'après la revue Il Spettatore (août 1907) on ne compterait qu'une soixantaine de résidents italiens au Maroc, dont 24 à Tanger, 2 à Larache, 7 à Casablanca, 3 à Mazagan, 6 à Safi, 4 à Mogador et 2 à Fez.

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L'Italie et le Levant. Très active est la politique italienne dans le Levant. L'Italie s'efforce d'y recueillir l'héritage de la France comme puissance catholique. La nomination du marquis Imperiale. comme ambassadeur à Constantinople, de M. Giov. Theodoli comme délégué à la Dette ottomane, deux personnalités catholiques en vue à Naples et à Rome, la reconstruction aux frais de l'Italie de l'église San Antonio à Péra étaient déjà des faits significatifs : le 8 octobre 1906 une école congréganiste italienne a été inaugurée à Smyrne et pendant l'été 1907 une puissante escadre italienne a visité le Levant, aussitôt après la croisière de la flotte autrichienne dans ces mêmes eaux. Très bien accueillie par les religieux catholiques, l'escadre italienne semble avoir été comblée de prévenances particulières par le Sultan.

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L'Italie a participé à la Conférence de la Haye de 1907. Sa situation pouvait sembler délicate entre l'Allemagne d'une part et l'Angleterre d'autre part, dont la divergence de vues était si complète sur la question qui, aux yeux du public, semblait devoir préoccuper avant tout la Conférence : la limitation des armements.

Revenant quelque peu sur les déclarations du mois de juin 1906 où M. Tittoni promettait de seconder la délégation anglaise, le ministre des Affaires étrangères a déclaré, dans son discours du 15 mai 1907 « maintenir son adhésion aux intentions si nobles qui ont inspiré la généreuse initiative anglaise, mais maintenir aussi des réserves quant à la possibilité de la traduire immédiatement en action ». Au reste, l'absence de vote à la Conférence a simplifié l'attitude de la délégation italienne.

Le premier délégué italien, comte Tornielli, a présidé la troisième commission, qui s'est occupée du droit de la guerre maritime.

SAINT-SIÈGE

Pie X et les Congrégations (p. 315).

Pie X et les catholiques italiens (p. 316). Condamnation des démocrates chretiens (p. 317). Le Saint-Siège et le non expedit (p. 318). Le « bloc catholique » (août 1907) (p. 320).

Pie X et le « modernisme » (p. 320). Le décret Lamentabili (17 juillet 1907) (p. 321). L'encyclique Pascendi (16 septembre) (p. 322). Les catholiques allemands; l'incident Schell; le Congrès catholique à Würzbourg (27-29 août); le Volksvercin (p. 325).

Projets de réforme dans l'organisation vaticane (p. 327).

Rapports entre le Vatican et le Quirinal (p. 327).

Le caractère dominant du pontificat de Pie X semble consister dans une tendance à établir dans l'Église une discipline rigide, soit qu'il s'agisse du régime du clergé, soit qu'il s'agisse de l'utilisation des forces catholiques pour le plus grand bien de la religion, soit qu'il s'agisse des dogmes eux-mêmes, soit qu'il s'agisse enfin de l'organisation des secrétaireries vaticanes.

C'est à ces divers points de vue que nous examinerons les événements survenus dans le monde' catholique en 1906 et 1907. On retrouvera partout la tendance du pontife vers un strict rétablissement de l'autorité hiérarchique.

Pie X et les congrégations. Au mois d'août 1906, Pie X, afin d'arrêter la floraison débordante de congrégations religieuses nouvelles, a décidé qu'aucun évêque ne pourra autoriser la formation d'une congrégation ou d'un Institut religieux, sans en référer préalablement au Saint-Siège et en avoir obtenu faculté: mesure excellente, puisque désormais il ne suffira plus de trouver un évêque complaisant pour approuver la fondation et ses règles

et reconnaître comme œuvre diocésaine une congrégation plus ou moins inopportune.

Pie X et les catholiques italiens. La question de l'organisation du parti catholique agite depuis plusieurs années l'Italie : il faut reconnaitre qu'elle n'est encore si débattue que parce que l'attitude du Saint-Siège est loin d'avoir eu toujours la netteté désirable.

Un point apparaît certain: c'est que le Pape entend imposer aux organisations catholiques une soumission absolue aux directions diocésaines. C'est ce qu'exprimait une sorte de «<lettre oukase » du cardinal Merry del Val aux membres du Congrès catholique de Florence (22-26 février 1906) où MM. Messolago, Toniolo et Pericoli s'efforçaient de faire accepter à l'Union Populaire Catholique et à l'Union électorale des statuts spéciaux sur le modèle de ceux des Volksvereine allemands. Le caractère d'indépendance de la Ligue démocratique nationale de l'abbé Murri paraît avoir été la cause dominante de sa condamnation par l'Encyclique du 28 juillet 1906.

Dans ce document important Pie X a condamné l'action populaire chrétienne, « non pas que cette action ait rien de blâmable en soi ou porte de sa nature au mépris de l'autorité, mais parce que nombre de ses adeptes, méconnaissant sa nature, se sont volontairement écartés des règles que notre prédécesseur d'immortelle mémoire avait prescrites en vue de la diriger sainement... Tout langage pouvant inspirer au peuple l'aversion des classes supérieures est et doit être tenu pour absolument contraire au véritable esprit de charité chrétienne... Tout particulièrement nous défendons à tous les prêtres et membres du clergé, sous peine d'inhabileté aux ordres sacrés et pour les prêtres de suspension ipso facto a divinis de faire acte d'adhésion à la Ligue démocratique nationale dont le programme fut donné à Rome-Torrette le 20 octobre 1905. »

Cette condamnation qui frappe l'abbé Murri et sa ligue est très intéressante comme signe de l'orientation sociale du Saint-Siège. La Ligue Démocratique s'opposait très nettement à l'Union Populaire et à l'œuvre des Congrès, d'un caractère éminemment conservateur.

La Ligue Démocratique avait exposé déjà son programme d'action dans les élections prochaines. Elle devait refuser tout accord avec les partis modérés et inviter ses membres à voter dans toute circonscription pour le candidat dont le programme social aurait offert le plus de points de contact avec les principes professés par la Ligue. Don Romolo Murri comptait décider ainsi du sort des élections dans 50 collèges.

Malgré cette condamnation les démocrates chrétiens se sont réunis en Congrès pour la première fois à Milan du 15 au 18 septembre 1906: les membres du clergé, seuls visés par l'Encyclique, ont déclaré qu'il ne suivraient plus que de loin le mouvement, mais les membres laïques du Congrès ont manifesté la ferme résolution de poursuivre leur action sociale sur la base des principes démocratiques proclamés.

Condamnation des démocrates chrétiens. Au printemps 1907 une série de très graves mesures a été prise contre l'abbé Murri et les démocrates chrétiens.

Le 20 avril 1907 l'abbé Murri suspendu de ses pouvoirs ecclésiastiques, s'est vu interdire l'administration des sacrements et la célébration de la messe. Don Romolo Murri était censuré pour l'ensemble de ses écrits et surtout à propos d'un récent article du Rinnovamento, revue milanaise des catholiques réformistes, dans lequel Romolo Murri se déclarait anticlérical en politique. Pour l'abbé Murri le cléricalisme c'est l'influence prédominante sur le peuple du haut clergé conservateur, d'accord avec les éléments réactionnaires des partis politiques, qui désirent maintenir le pouvoir dans la caste actuellement dirigeante, empêcher les réformes et retarder l'avènement de la démocratie. Les cléricaux peuvent être non seulement catholiques, mais athées ces catégories de cléricaux s'accordent parfaitement sur le terrain électoral, administratif et politique. Il faut combattre le cléricalisme entendu en ce sens : il faut être anticlérical, c'est-à-dire « lutter contre l'envahissant cléricalisme politique et l'immoralité des accords tacites entre le Vatican et le Quirinal ».

La conclusion de l'abbé Murri, c'est qu'une conscience honnête peut être parfaitement catholique et en même temps anticléricale : tels furent Dante et Savonarole.

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