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ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE

1. L'INDUSTRIALISATION ET L'EXPANSION DES ETATS-UNIS (p. 472). Les partis politiques (p. 475).

II. LES ÉLECTIONS DE NOVEMBRE 1906 (p. 477). La lutte dans l'Etat de New-York (p. 477). La Constitution du nouvel Etat d'Oklahoma (p. 480).

III. LA 2 SESSION DU 59° CONGRÈS. Le message annuel du président. 4 décembre (p. 481). Le cabinet (p. 483). Le travail législatif (p. 484). Les dépenses fédérales (p. 486). Les pensions militaires (p. 287). Le « Smoot case» (p. 488). IV. LES CHEMINS DE FER ET LES TRUSTS (p. 489). Mesures législatives (p. 490). Rapport de II. C. C. sur les méthodes financières de M. Harriman (p.493). Poursuites contre les trusts (p. 494).

La question ouvRIÈRE (p. 496). Les grèves en 1907 (p. 498). Les organisations patronales (p. 498). Le procès Haywood (p. 499).

V. LES AFFAIRES MUNICIPALES (p. 499).

Les scandales de San-Francisco

(p. 500). La municipalisation des services publics (p. 501).

VI. LES QUESTIONS DE RACES (p.502).

La question négre (p. 502). Les jaunes: Chinois (p. 504); Japonais (p. 505), les troubles de San-Francisco (p. 506). Loi du 20 février 1907 sur l'émigration (p. 507). VII. LES POSSESSIONS COLONIALES ET CUBA (p. 508). Porto-Rico (p. 509). Philippines; Elections du 30 juillet (p. 509). L'occupation de Cuba par les troupes américaines (p. 511).

Zone de Panama (p. 508).

VIII. LA POLITIQUE extérieure (p. 513). Relations avec les républiques de l'Amérique latine (p. 513). Congrès national de la paix et de l'arbitrage à NewYork, 14-17 avril (p. 517). Les Etats-Unis à la conférence de La Haye (p. 547), Différend avec le Japon à propos de l'immigration (p. 518). L'incident de Kingston (p. 520). La question des pêcheries de Terre-Neuve (p. 520). Négociations avec la Turquie (p. 521). Accord commercial avec l'Allemagne (p. 522).

I

L'INDUSTRIALISATION ET L'EXPANSION

Les Etats-Unis ont vu surgir, dans ces dernières années, de nombreux et délicats problèmes, concernant à la fois la politique intérieure et la politique extérieure. La plupart sont la conséquence naturelle du développement même des Etats-Unis, tandis que les solutions nécessaires qu'ils appellent rencontrent des difficultés

particulières dans la forme fédérale du gouvernement de l'Union. Dans aucun pays, la concentration industrielle n'a atteint un tel degré. Commencée vers 1888, l'organisation des trusts industriels, interrompue quelques années par les suites de la crise financière de 1893, reprit avec une intensité nouvelle à partir de 1398. Il y eut alors une véritable folie de « consolidation ». En 1904, on estimait que 318 trusts industriels particulièrement importants groupaient 5.288 établissements antérieurement indépendants et avaient une capitalisation nominale de plus de 7 milliards de dollars. Emergeant de cette masse, les sept trusts géants (du cuivre, de la fonderie des métaux fins, du sucre, du tabac, de l'Océan, du pétrole et de l'acier) avaient entre eux une capitalisation dépassant 2 milliards et demi1. Le même mouvement de consolidation s'est effectué dans l'industrie des chemins de fer: en 1904, les quatre cinquièmes du réseau américain, d'une étendue à cette date de 212.394 milles, étaient dominés par six groupes financiers. Dans l'organisme financier, la consolidation, presque aussi puissante en fait, s'est réalisée par des méthodes moins apparentes. Par une habile composition des conseils d'administration, le petit groupe d'hommes qui ont mené le branle dans cette transformation économique, ont imposé leur autorité aux institutions dont le concours était indispensable pour la réalisation de leurs gigantesques entreprises. C'est ainsi qu'ils ont pu disposer, outre les ressources des banques, de celles des << trust companies » et même d'une partie des ressources disponibles des Compagnies d'assurance sur la vie.

L'opinion a manifesté, dès leur origine, son antipathie contre ces formidables consolidations d'intérêts. Mais les classes moyennes, la partie éclairée de la population, à qui il appartenait particulièrement de veiller à la défense des intérêts généraux, entraînées par le développement économique, absorbées, elles aussi, par leur ardeur à « faire des dollars », se sont, pendant cette période, peu intéressées aux affaires publiques. Les politiciens de profession ont pu ainsi s'emparer des organes du gouvernement, et, ayant perfectionné la « machine » de manière à assurer la continuité de leur domination, ils ont trafiqué des pouvoirs de l'État et mis en coupe réglée la fortune publique.

1. D'après Moody. The truth about the trusts.

Des enquêtes récentes ont dévoilé les ententes intervenues entre les politiciens et les représentants des « grandes affaires »>, dont l'intérêt particulier a obscurci ou dominé trop souvent dans les législatures d'États, dans le Congrès fédéral même, l'intérêt géné

ral.

La purification du personnel politique, d'une part, la réglementation des chemins de fer et des grandes Sociétés industrielles d'autre part, sont ainsi devenues deux des principales questions qui se posent actuellement au peuple américain.

L'industrialisation du pays a donné, également, une importance nouvelle aux questions ouvrières, et le développement des agglomérations urbaines a appelé l'attention sur le problème de l'administration municipale, encore imparfaitement résolu.

Vers la même époque où le développement économique posait ces problèmes intérieurs, la même cause tendait à modifier la politique extérieure. Les hommes d'État américains, qui ne s'étaient guère intéressés jusqu'alors qu'aux questions proprement américaines, sentaient la nécessité d'étendre leur horizon. La guerre de 1898 contre l'Espagne eut, à cet égard, des conséquences considérables. Les Etats-Unis en sortirent puissance coloniale. L'Espagne leur abandonnait, par le traité de Paris (10 décembre 1898), Porto-Rico et l'archipel des Philippines, et ils avaient annexé la même année (résolution conjointe du Congrès, 7 juillet 1898) l'archipal des Hawaï. Le protectorat latent qu'ils imposaient à la République cubaine, les stations navales (Bahia-Honda et Guantanamo) qu'ils obtenaient d'elle, et leur établissement à PortoRico, assuraient leur suprématie dans le golfe du Mexique et la mer des Caraïbes. L'Angleterre reconnut la modification d'équilibre survenue dans cette région par la conclusion du traité HayPauncefote (18 novembre 1901). Elle acceptait d'abroger le traité Clayton-Bulwer (19 avril 1850), qui prévoyait un condominium anglo-américain sur le futur canal interocéanique, et la garantie de sa neutralité par les grandes puissances. Le canal pouvait maintenant devenir, suivant le désir des États-Unis, un canal américain, dont ils garantisaient seuls l'usage en tout temps aux navires de toutes les puissances. Aucun gouvernement européen ne protesta contre les conséquences du nouveau traité. L'acquisition des Philippines assurait d'autre part aux États-Unis une

station navale, depuis longtemps désirée, en Extrême-Orient, et leur faisait espérer pouvoir établir à Manille une base commerciale importante pour le développement de leur essor économique dans cette région.

Ces acquisitions ont créé aux États-Unis de difficiles problèmes d'administration coloniale, particulièrement en ce qui concerne les Philippines. Elles les ont obligés aussi à prêter une attention plus grande à leur politique étrangère. Puissance exclusivement continentale, les États-Unis n'offraient jusqu'en 1898, en cas de guerre, que peu de prise à leur adversaire. Il n'en est plus de même aujourd'hui leurs possessions sont autant de territoires capables de devenir des otages entre les mains d'un ennemi. En même temps, le souci de préparer à leur industrie manufacturière des débouchés pour l'excédent de sa production les incline à entamer des relations politiques plus actives avec les pays où ils espèrent trouver ces marchés nécessaires.

Les partis politiques. Depuis que sont nées ces questions nouvelles, le parti républicain est demeuré au pouvoir. Lors de l'élection présidentielle de 1896, on avait pu se croire à la veille d'une transformation des partis politiques. La crise financière de 1893, causée en grande partie par la législation adoptée en 1888 (loi Bland), puis en 1890 (loi Sherman), en faveur du métal-argent, avait eu pour résultat le vote de la loi du 1er novembre 1893 fermant les hôtels des monnaies des États-Unis à la frappe de ce métal. L'agitation populaire qui se poursuivait depuis quelques années, en particulier dans l'Ouest, pour l'adoption des mesures radicales en vue de l'amélioration du sort des classes laborieuses, vit dans cette loi une mesure dictée par les financiers et les industriels de l'Est, désireux d'amener, par une raréfaction de la monnaie, un relèvement général des prix. La majorité de la population dans l'Ouest et le Sud se prononça en faveur du bimétallisme.

Cette opinion avait des représentants dans les deux partis, mais tandis que l'élément radical triomphait dans le parti démocrate et faisait élire par la convention nationale de 1896 un candidat favorable à ses idées (M. William J. Bryan), l'élément conservateur continuait à dominer dans le parti républicain. La lutte des deux étalons se termina par la victoire de ce dernier parti,

qui s'était prononcé pour l'étalon d'or, et vit son candidat, M. William Mac-Kinley, porté à la présidence, en même temps qu'il était assuré d'une majorité dans le 55° Congrès. Les scissions provoquées dans les deux partis par la question monétaire n'ont pas eu les suites qu'on en pouvait attendre. Les dissidents sont retournés auprès de leurs anciens compagnons de lutte et la modification profonde que l'on avait cru un moment devoir se produire dans la composition des partis : le parti démocrate devenant le champion des idées radicales, tandis que le parti républicain se ferait le champion des idées conservatrices, n'a pas eu lieu. La prospérité ininterrompue dont ont joui les Etats-Unis depuis 1896 a d'ailleurs atténué les luttes de partis. Les élections n'ont cessé de donner la majorité aux républicains. En 1900, M. Mac-Kinley était réélu à la présidence, avec une majorité beaucoup plus forte que quatre ans plus tôt le pays approuvait la politique d'expansion, résultat de la guerre contre l'Espagne.

Le 6 septembre 1901, M. Mac-Kinley était grièvement blessé par un anarchiste polonais à une cérémonie qu'il présidait à l'exposition pan-américaine de Buffalo. Le 14 septembre, il mourait des suites de ses blessures. Le même jour, la transmission des pouvoirs s'effectuait avec la plus grande simplicité. M. Théodore Roosevelt, qui avait été élu vice-président en 1900, prêtait en présence d'un juge de district le serment de sa nouvelle fonction. Descendant d'une vieille famille hollandaise établie à New-York depuis deux cents ans, ancien étudiant de l'Université Harvard, il était entré de bonne heure dans la vie publique, avec l'ambition d'y jouer le rôle d'un réformateur. Secrétaire-adjoint du département de la Marine au moment de la guerre d'Espagne, il avait activement collaboré à préparer la marine au rôle qu'elle allait avoir à remplir, puis il avait démissionné pour prendre part à la campagne. A son retour, ses concitoyens l'élurent gouverneur de l'État de New-York, The Empire State. Ses idées d'honnêteté faisaient sourire les politiciens, son caractère les gênait dans leurs lucratives combinaisons. Ils présentèrent et firent réussir, malgré sa répugnance, sa canditature à la vice-présidence des Etats-Unis, en 1900. Ils espéraient user, dans ces fonctions effacées, sa popularité. Le drame du 6 septembre 1901 le porta brusquement au premier rang. La politique d'expansion a trouvé en lui

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