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Dieu, comme il tanse ceux qui dorment si tard, et font si peu de cas de perdre le temps, qui entre toute chose est la plus precieuse. Davantage le latin i est si facile, et si elegant, qui n'est possible d'estre plus poli. Je le vous expliquerai aujourdhui si j'ai loisir. Adieu. Ce 20. d'Aoust.

XX.

PLUTARQUE dit que la colere et la mauvaitié est plus dangereuse en un prince qu'en une personne privee d'autant que le prince a puissance de beaucoup offencer et l'autre non. Et pour ce a bon droict requiert il doctrine et prudence en un prince. Car comme disoit Bias, l'un des sept sages de Grece, l'œuvre du sage est (combien qui soit offencé) de ne nuire a personne, encores qu'il en ait la puissance. En quoi il ensuit la bonte de Dieu, lequel ne fait rien si souvent ni si volontiers que de pardonner. A Compienne, 23. d'Aoust.

Proh Juppiter, ut animadvertit in eos qui dormiunt in tantam lucem, non curantes perdere tempus quod in re præciosissima præciosissimum est. Præterea sermo latinus adeo purus, et elegans est, ut politior esse non possit. Explicabo tibi hodie si licuerit per otium. Vale. 20. Aug.

XX.

M. SC. R. EL. SORORI S. P. D.

PLUTARCUS dicit iram et malitiam esse in principe periculosiorem, quam in priuatis. Nam princeps potest plurimum offendere, alter vero minime. Quapropter requirit doctrinam et prudentiam in principe. Nam quomodo dicebat Bias, unus septem sapientum Græciæ, opus sapientis est (quamuis offensus sit) nocere nemini etiam si possit. Qua in re sequitur bonitatem Dei qui nihil sæpius facit, nec libentius quam parcere.

Bene vale.

XXI.

7

JE croi, ma seur, le dict de Magdalia, que lisions hier en Erasme, estre très veritable, a scavoir, nul ne pouvoit vivre suavement, si ne vit bien. Aussi mettoit Bias le souverain bien en la vertu de l'esprit, et la plus g[r]ande misere en vice et en la malice des hommes. Car, comme dit Cicero au livre de viellesse, la souvenance de plusieurs beaus actes est très plaisante; et au contraire, comme tesmoigne le sage en ses proverbes, crainte est touiours avec ceus qui font mal. Et Plaute dit que rien n'est si miserable que l'esprit qui se sent coulpable de quelque mal faict. Pour ce, ma seur, sur toute chose estudions a Vertu. 24. d'Aoust.

XXII.

QUAND hier au soir mon maitre vous prioit de reprendre votre seur, de quoi elle vouloit boire se voulant mettre au lict: vous lui repondistes que vous mesme voulies boire aussi. Voiés donc, ma seur, quelles nous devons estre qui sommes l'exemple du peuple. Et comme oserons-nous reprendre les autres, si nous mesme ne sommes sans faute? Il faut qu'un

XXI.

M. SC. R. EL. SORORI S. P. D.

CREDO ego, soror suavissima, sententiam Magdaliæ quam legebamus heri apud Erasmum esse verissimam, neminem posse viuere suauiter nisi bene viuat. Quare Bias ponebat summum bonum in solo animi virtute æt maiorem et miseriam (sic) in vitiis et malitia hominis. Nam, ut Cicero ait in libro de senectute, multorum actorum recordatio jucundissima est, contra, ut sapiens testatur in prouerbiis, Pauor est iis qui operantur malum. Et Plautus dicit nihil esse miserius quam animus sibi conscius. Quæ cum ita sint, soror, studeamus virtuti. Vale.

XXII.

M. SC. R. EL. SORORI S. P. D.

QUUM heri sero meus præceptor te deprecabatur ut reprehenderes sororem tuam quod vellet bibere volens discedere cubitum, respondisti te non audere, quia ipsa volebas potare. Vide ergo, soror, quales nos debemus esse quæ sumus exemplum populo quomodo igitur audebimus alios emendare nisi sine errore fuerimus. Oportet bonum principem vivere ad hunc

bon prince vive de sorte que les plus grands et les plus petis prennent exemple de ses vertus. Qui face qu'en sa maison il ne puisse estre reprins de personne. Et que dehors ne soit veu que faisant, ou pensant chose pour l'utilité publique. Et doit avoir grand cure que sa parole ne sente rien que vertu. Soions donc du tout adonnées aus bonnes lettres, ma seur, et il en prendra bien a nous et a nos sujets. A Dieu. De Compienne, 25. d'Aoust. 1554.

XXIII.

CARNEADES disoit, que les enfans des Rois n'apprenoient rien bien qu'a picquer un cheval: pour ce qu'en toutes autres choses chacun les flatte. Mais le cheval, par ce que n'entend si c'est un povre ou un riche qui est sur lui, un prince ou une personne privée, il jecte bas quicunque ne se scait bien tenir. Et maintenant encore voit-on ceci estre faict en beaucoup d'endroicts. Car ni les nourrices seullement, ni les compagnons ou serviteurs des princes les flattent, mais aussi et le gouverneur, et le precepteur, ne regardant à ce qu'ils laissent le prince meilleur, mais qu'ils s'en allent bien riches. O chose miserable, et la cause que tant le povre peuple souffre, c'est que les princes ne sont bien apprins. Qui me fait vous prier, mon oncle, de recommander tousjours ma jeunesse a ceux qui plus aiment la vertu que les biens. 26. d'Aoust.

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