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de voir, qui n'est pas universellement admise; mais nous ferons observer que le zéro thermométrique adopté par les physiciens est trop absolu, et ne saurait se plier ici aux exigences des susceptilités organiques, aussi nombreuses que les individus; par conséquent cette opinion a l'immense avantage de se baser sur chaque constitution, qu'il est moins facile d'assouplir qu'une échelle thermométrique.

Ceci posé, quelle est la quantité d'eau absorbée par la peau dans nn bain plus ou moins prolongé?

PREMIÈRE EXPÉRIENCE.

Connaissant préalablement la température de trois sujets, nous avons soumis ces individus à des bains d'eau simple et au-dessous de leur limite thermique; après un quart d'heure d'immersion, il y eut augmentation de poids du corps, et cette modification s'opéra jusqu'à la fin du bain, en donnant les résultats suivants (le thermomètre marquait 25° dans l'eau). Le poids du corps augmenta :

1o Après quinze minutes d'immersion, de 15, 14, 12 grammes;
2o Après quarante-cinq minutes, de 32, 28, 28 grammes;
3° Après soixante-quinze minutes, de 40, 35, 35.

Répétées plusieurs fois, ces pesées nous ont toujours conduit à un résultat analogue: ainsi, le thermomètre dans l'eau oscillant entre 22° et 25° centigr., l'augmentation fut:

1° Après quinze minutes d'immersion, de 15, 30, 20, 10, 15 grammes; 2o Après quarante-cinq minutes, de 30, 50, 60, 30, 30 grammes; 3o Après soixante-quinze minutes, de 40, 70, 75, 35, 40 grammes.

Nous croyons inutile d'ajouter d'autres expériences concordant parfaitement avec les précédentes. Si l'on prend la moyenne des différents cas, on trouve que, l'eau du bain étant de 22-25°, la peau absorbe 16 grammes d'eau après un quart d'heure d'immersion, 35 grammes après trois quarts d'heure, et 45 grammes après cinq quarts d'heure de séjour dans l'eau. Ces chiffres ne sont pas en harmonie complète avec ceux qu'ont donnés certains expérimentateurs; nous l'avouons, mais on ne peut en être surpris, lorsqu'on songe que chaque individualité organique entraîne fatalement avec elle des différences notables dans les fonctions.

L'expérimentation démontre donc d'une manière irrefragable

qu'il y a absorption par le tégument externe, et que c'est au-dessous de la limite thermique que ce phénomène s'opère. Quant à donner une règle invariable qui indique l'échelle que suit l'absorption, il faut y renoncer; car, dans des conditions identiques, le poids du corps n'a pas augmenté comparativement dans les mêmes proportions. On ne pourrait nous objecter ici que la surface pulmonaire est la voie par laquelle ont pénétré les vapeurs qui sont généralement en suspension dans les salles de bains; pour prévenir ce reproche, on a eu soin de ventiler chaque fois les salles jusqu'au moment où le baigneur s'est plongé dans l'eau, et cette ventilation a été continuée pendant toute la durée de l'immersion, le bain luimême étant recouvert d'un linge qui ne permettait pas aux vapeurs de se répandre dans l'appartement. Il est encore superflu de faire observer qu'avant et après le bain les sujets ont été constamment essuyés avec le plus grand soin. Notre conclusion est donc positive, et nous ne croyons pas qu'on puisse lui reprocher d'être entachée d'erreur.

JA

Là ne se sont pas bornées nos recherches; ayant acquis la certitude que, dans certaines conditions, l'eau du bain pénètre dans le corps immergé, il fallait savoir, et ce point n'est pas des moins importants pour la thérapeutique, si l'eau, en pénétrant dans l'organisme, entraîne avec elle les principes salins ou autres qu'elle tient en dissolution. Pour obtenir quelques données sur ce sujet, nous avons eu recours au moyen que primitivement nous avions mis à l'écart; nous voulons parler de l'examen de l'urine. On sait en effet que l'urine constitue une des plus abondantes excrétions, qu'elle s'obtient aisément sans aucun mélange, et qu'on peut y retrouver les moindres altérations (voir Bernard, Expériences sur les manifestations chimiques diverses). Afin d'éclairer cette question, nous avons essayé l'urine avant chaque bain, au point de vue de ses réactions chimiques; puis nous l'avons examinée à la sortie de l'eau. Cette eau tenait elle-même en dissolution soit des sels, soit des principes organiques dont l'absorption est toujours accusée par des manifestations physiologiques, et les réactifs ont toujours décelé dans l'eau, avant et après l'immersion, les matières qui y étaient dissoutes. Chaque bain a été pris à une température inférieure à la limite thermite, car c'est la seule, comme on le verra, qui permette l'absorption par le tégument externe.

DEUXIÈME EXPÉRIENCE.

Bain à 32o, additionné d'iodure de potassium (200 grammes).

L'urine recueillie avant le bain est très-acide et fortement colorée; après deux heures de séjour dans l'eau, l'urine est jaune-paille, à réaction alcaline.

L'eau du bain était fortement iodurée; car, traitée par une solution d'amidon, elle prend une coloration d'un bleu foncé.

L'urine rendue après le bain est ensuite essayée d'après le procédé de M. David Price (Journal des connaissances médicales, 1851-1852, p. 203). On met dans une petite éprouvette une petite quantité d'urine ; on y ajoute de la solution d'amidon, puis de l'acide azotique du commerce; le mélange ne se colore nullement.

La même urine, réduite par l'évaporation et additionnée d'acide tartrique, donne naissance à de nombreuses bulles d'un gaz inodore et laisse déposer un précipité qui n'est autre que du bitartrate de potasse. A ce précipité lavé et recueilli sur un filtre, nous avons ajouté de l'acide azotique, dans le but de détruire toute la matière organique, puis on l'a calcinée dans une capsule de platine; en brûlant, ce sel fuse, mais non d'une manière explosive.

TROISIÈME EXPÉRIENCE.

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Bain d'une heure et demie, à 34o, additionné de 200 grammes d'iodure de potassium.

Mêmes résultats que dans l'expérience précédente, l'urine devient alcaline et ne renferme aucune trace d'iode.

QUATRIÈME EXPÉRIENCE. Bain de deux heures, à 30° et additionné de 200 grammes de carbonate de potasse.

L'urine, avant le bain, est franchement acide et d'un jaune orangé. Après la sortie de l'eau, l'urine est d'une couleur citrine et à réaction manifestement alcaline; elle ne précipite pas en jaune par le bichlorure de platine.

CINQUIÈME EXPÉRIENCE.

Bain à 32o, additionné de 250 grammes de carbonate de potasse.

Avant le bain, l'urine est acide; après sa sortie, elle est alcaline. Même résultat que dans la quatrième expérience.

SIXIÈME EXPÉRIENCE.

Bain d'une heure, à 32o, avec addition de cyanoferrure de potassium.

Avant le bain, l'urine est d'un jaune-safran, à réaction acide; à la sortie de l'eau, elle est alcaline et d'une couleur citrine claire.

Traitée par le perchlorure de fer, l'urine ne change point de couleur; réduite par l'évaporation et privée de toute matière organique par l'acide azotique, elle n'offre aucune trace de cyanure : les cendres résultant de la calcination complète de l'urine n'accusent aucune trace de cyanure.

SEPTIEME EXPÉRIENCE.

Bain additionné de cyanoferrure de potassium.

Le même bain est répété à deux reprises différentes. Chaque fois l'analyse ne peut rencontrer de traces de cyanure; acide avant le bain, l'urine devient alcaline pendant et après le séjour dans l'eau; elle ne donne pas de précipité marron par le sulfate de cuivre.

HUITIEME EXPERIENCE.

Bain à 35o, d'une heure et demie, avec addition de 1200 grammes de sel marin.

L'urine est très-acide avant le bain, elle est très-alcaline après la sortie du bain.

L'acide sulfurique y détermine de l'effervescence, sans dégager l'odeur d'acide chlorhydrique; l'ammoniaque, approchée de cette réaction, ne donne pas naissance aux vapeurs blanchâtres. L'acide azotique forme dans cette urine une abondante cristallisation d'azotate d'urée. Aucune cristallisation de chlorure ne s'est formée lorsqu'on a abandonné ce mélange à une évaporation spontanée. Le nitrate d'argent ne précipite par l'urine en blanc.

NEUVIÈME EXPÉRIENCE.

Bain d'une heure, à 32o, avec addition de nitrate de potasse.

Avant le bain, l'urine est très-acide; à la sortie de l'eau, elle est très-alcaline et très-limpide. On n'y trouve point de traces d'azotale de potasse.

DIXIÈME EXPÉRIENCE. Bain de deux heures, avec 1 kilogramme de sulfate de magnésie.

L'urine est très-acide et d'un jaune orangé foncé; pendant le bain et après la sortie de l'eau, elle est alcaline; traitée par le phosphate de soude ammoniacal, elle n'offre point de traces de sels magnésiens. Aucun effet purgatif n'est résulté de ce bain.

ONZIÈME EXPÉRIENCE.

- Bain d'une heure, à 34°, avec addition de sulfate d'alumine.

L'urine était acide avant le bain; elle devient alcaline après la sortie de l'eau, et l'on n'y trouve pas de traces de sulfate.

Comme on peut le remarquer dans les expériences précédentes, le

même fait se représente partout; l'urine devient alcaline par un séjour prolongé dans l'eau. Ce fait serait-il dû seulement à la potassé ou autres alcalis qui entrent dans la composition des sels que nous avons employés? Il serait permis de le croire au premier abord. Pour enlever toute espèce de doute à cet égard, nous avons établi les expériences qui suivent :

DOUZIÈME EXPÉRIENCE.

Bain à 32o, prolongé pendant soixante et quinze minutes, et additionné de 200 grammes d'acide azolique du commeree.

L'urine était acide avant le bain; pendant l'immersion et après le bain, elle fut fortement alcaline.

TREIZIÈME EXPÉRIENCE.

Bain additionné de 250 grammes d'acide azotique.

Comme dans l'expérience précédente, l'urine est devenue alcaline après le séjour dans l'eau.

QUATORZIÈME EXPÉRIENCE.

Bain à 30°, prolongé pendant une heure

et demie et additionné de 20 grammes de sulfate de quinine.

L'urine, avant le bain, est acide et d'une couleur orangée foncé ; après l'immersion, elle est alcaline et d'une couleur citrine claire.

Traitée par l'iodure de potassium ioduré (1), avec addition d'acide sulfurique, il n'y a aucun changement de couleur qui puisse annoncer la présence du sulfate de quinine.

QUINZIÈME EXPÉRIENCE.

- Bain à 29o, additionné de 30 grammes de sulfate de quinine.

Administré dans les mêmes conditions que le précédent, ce bain a amené les mêmes résultats négatifs.

Ce n'est donc pas aux sels qui se trouvent en dissolution dans l'eau du bain que l'urine doit sa faculté de devenir alcaline pendant l'immersion du corps. D'une autre part, nous n'avons jamais retrouvé les traces des iodures, cyanures et sulfates employés. L'absorption des sels par le tégument externe est déjà pour nous un

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