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M. Marcé d'étudier l'influence exercée, par le gonflement de la rate dans cette affection, sur l'état local et fonctionnel du cœur. Cette influence se traduit par un soulèvement et une déviation de cet organe, toujours proportionnés à l'intumescence splénique. Le cœur s'élève en se portant en dehors et à gauche; il bat entre la quatrième et la cinquième côte, parfois même entre la troisième et la quatrième, si la rate a acquis un volume considérable. Ces changements de rapports ont été notés par M. Marcé toutes les fois que la fièvre intermittente s'accompagne de gonflement de la rate. Il cite, entre autres faits, une observation remarquable par la brusquerie des variations que subirent la rate et le cœur, la première dans son volume, le second dans sa position, et qui montre clairement l'action mécanique de la rate engorgée sur le cœur.

La percussion donne des résultats variables selon le degré de l'engorgement splénique et du déplacement cardiaque. L'engorgement est-il considérable, on perçoit une matité non interrompue depuis le rebord costal gauche jusqu'au-dessus du mamelon correspondant; dans les engorgements moindres, il existe, entre la rate et le cœur, une zone sonore, indice de l'interposition d'une lame pulmonaire entre ces deux organes.

Des troubles fonctionnels accompagnent ces changements de rapports bruits de souffle, le plus souvent au premier temps, ayant leur maximum à la base du cœur, et se prolongeant dans l'aorte et les carotides; anémie, œdème des membres inférieurs, ascite, albuminurie, elc.; perturbations toujours en rapport avec le gonflement splénique et le soulèvement du cœur. Ces troubles circulatoires, et le déplacement cardiaque lui-même, ont constamment fait défaut toutes les fois qu'il n'y a pas eu d'engorgement de la rate.

Frappé de ces faits, M. Marcé pense que la déviation du cœur est assez constante pour fournir des données nouvelles à la séméiologie des fièvres d'accès; il se croit également autorisé à dire que les conditions spéciales faites au cœur et aux gros vaisseaux par les engorgements de la rate pourraient bien être l'élément principal de la production des hydropisies propres aux fièvres intermittentes. Il est fàcheux que, poussant cette idée à ses limites extrêmes, l'auteur, tout en faisant la part de l'altération du sang, ait rattaché la cachexie paludéenne à une péricardite, conséquence du traumatisme que produit sur le cœur la pression continue de la rate, et qu'il ait voulu trouver, dans ce trouble des fonctions cardiaques, la cause des fièvres pernicieuses ellesmêmes.

État typhoïde et fièvre typhoïde, par le Dr A. CHAPELLE (d'Angoulême). Dans un mémoire publié sous ce titre (l'Union médicale, août et septembre 1855), M. le Dr A. Chapelle, d'Angoulême, appelle l'attention des médecins sur un nouveau traitement appliqué aux diverses formes de la fièvre typhoïde. C'est en con

sidérant la fièvre typhoïde comme unité morbide distincte, spécifique, qu'il a été conduit à lui opposer un agent qu'il regarde sinon comme un spécifique certain, au moins comme le médicament le plus efficace qui ait été indiqué jusqu'à ce jour contre la fièvre typhoide. Cet agent, c'est le goudron liquide administré à l'intérieur en tisanes et lavements.

Malheureusement l'examen des observations que l'auteur publie, et notamment des quatre qui sont relatives à des fièvres typhoides graves traitées par ce moyen, ne laisse pas le lecteur aussi convaincu que M. Chapelle paraît l'être. Dans aucun de ces 4 faits, la convalescence ne s'est établie avant le vingtième ou vingt et unième jour; dans un cas, la maladie a duré tout un mois. Les guérisons de fièvres typhoïdes, à une époque aussi avancée de l'affection, sont loin d'être rares.

Injections caustiques dans les bronches et dans les cavernes pulmonaires. Il y a près de quarante ans, en 1816, que Charles Bell, le premier, cautérisa la glotte avec succès, au moyen d'une solution concentrée de nitrate d'argent; Vance, qui l'imita, réussit également. Deux ans plus tard, en 1818, M. Bretonneau appliquait aux maladies du larynx cette médication topique, que M. Trousseau, son illustre élève, devait vulgariser avec tant de talent. M. Bretonneau porta d'abord la solution caustique, acide chlorhydrique ou nitrate d'argent, au-dessus des replis aryténo-épiglottiques, au moyen d'une éponge fixée àl'extrémité d'une baleine. L'éponge était exprimée à l'entrée du larynx, et le malade, dans un effort de respiration convulsive, faisait entrer la solution dans cet organe. M. Bretonneau employait cette médication dans le croup. Lorsque, plus tard, il pratiqua la trachéotomie, le topique fut porté par lui dans la trachée et le larynx, à travers la plaie de la trachée; mais ce ne fut qu'en 1850 que M. le professeur Trousseau appliqua la même médication topique aux maladies chroniques du larynx. Or M. Horace Green, de New-York, avec plus d'audace probablement que de bonheur, a tenté de généraliser à toute l'étendue des voies aériennes cette application de la méthode substitutive, et a publié dans les Transact. of the state med. Society of New-York (févr. 1855, p. 233), un travail à ce sujet. Il a injecté, du moins le croit-il, une solution concentrée de nitrate d'argent dans la trachée, les bronches et les cavernes pulmonaires! Ce fut d'abord une éponge fixée à l'extrémité d'une sonde, et chargée d'une solution de nitrate d'argent, qu'il introduisit à travers les lèvres de la glotte. Plus tard, et pour convaincre les incrédules, il fit arriver dans la trachée une sonde élastique, par laquelle le patient pouvait respirer aisément, souffler de manière à éteindre une bougie, etc. Les injections topiques des voies aériennes élaient trouvées. Avec une seringue en verre, et par cette sonde, M. Horace Green injecta dans la bronche gauche d'un sujet porteur d'une vaste caverne au sommet du poumon correspondant, 4 grammes

d'une solution de nitrate d'argent, dans la proportion de 2 grammes de ́nitrate pour 30 grammes d'eau. Cette opération ne produisit ni toux ni sensation de suffocation; et le malade, qui ne sentit aucunement la saveur métallique de la solution, disait, quelques minutes plus tard, éprouver une impression de chaleur dans la partie supérieure du poumon gauche. Ni douleur ni sensation désagréable. Du 13 octobre 1854, époque où fut appliqué ce traitement, jusqu'au 6 décembre de la même année, 32 malades atteints de tubercules ou d'affections des bronches y furent soumis avec succès. Dans les deux premiers mois de 1855, il fut encore appliqué dans 12 cas, dont 7 de tubercules pulmonaires, et 5 de bronchite chronique. Des 7 tuberculeux, 3 avaient des cavernes. Tous furent traités d'abord par la cautérisation du larynx et de la trachée, conjointement à la médication appropriée, puis par l'injection de solution de nitrate dans les poumons. Quelquesuns sont déjà sortis guéris ou matériellement soulagés; d'autres sont encore en traitement. (L'auteur ne dit pas si les malades renvoyés guéris étaient affectés de bronchite ou de tubercules, et sa phrase reste à cet égard dans une prudente obscurité.) Comprend-on d'ailleurs par quelle affinité élective la solution caustique, injectée des bronches dans le poumon, a pu se diriger exclusivement vers la caverne pulmonaire, à laquelle elle était destinée? Et ne voit-on pas quel désordre cette même solution devrait entraîner dans les vésicules pulmonaires, où elle arriverait nécessairement ?—Il serait curieux de savoir si ultérieurement les malades de M. Green ne présenteront pas de rétrécissement de l'œsophage par suite des cautérisations qu'il leur a fait subir.— Cependant M. Sestier, dans son traité de l'œdème de la glotte, rapporte dix cas où la sonde de gomme élastique fut introduite dans le larynx, et par ce moyen le patient pouvait respirer; la suffocation était prévenue, et la vie du malade sauvée. Dans ces circonstances, l'introduction de la sonde était pénible et déterminait une toux violente; puis ces symptômes s'apaisaient et devenaient moins marqués, chaque fois qu'on introduisait de nouveau la sonde, après l'avoir retirée pour la nettoyer. Cette opération fut pratiquée par Desault, Lallemand, Benoit, et quelques autres chirurgiens. «On peut donc introduire des instruments dans le larynx et la trachée, dit en terminant M. Green; mais la nature a gardé de telle sorte l'entrée des voies aériennes, qu'on éprouvera de la difficulté à pratiquer le cathétérisme des bronches, et qu'on ne devra jamais le tenter avant une instruction préalable et complète des parties intéressées dans l'opération. Les préparations nécessaires sont la cautérisation successive du pharynx, de l'ouverture de la gloite et du larynx, pendant plusieurs jours (voire même plusieurs semaines, s'il est nécessaire), avant l'introduction du tube à injection dans la trachée et les bronches.>>

Larynx (Médication topique du). M. le professeur Erichsen con

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teste l'exactitude des résultats obtenus par M. Green. Si l'on introduisait réellement une éponge entre les cordes vocales et au delà de celles-ci, cette opération serait une des plus dangereuses de la chirurgie; car en retirant l'éponge, celle-ci heurtera contre les cordes vocales resserrées par une constriction involontaire, et le salut du patient ne dépendra pas de la dextérité du chirurgien, mais de la solidité d'un simple fil corrodé par le nitrate d'argent dont est imbibée l'éponge. Si cette éponge se détache, et elle le devra nécessairement, que deviendra le malade dans le larynx ou la trachée duquel jse trouve un demi-pouce cube d'éponge saturée de nitrate d'argent ? Mais l'éponge n'a pas été introduite dans le larynx; elle a passé en arrière de cet organe, est arrivée dans l'œsophage, et a été comprimée en passant derrière les cartilages thyroïde et cricoïde; les tissus étant d'ailleurs ordinairement très-congestionnés et très-infiltrés dans le cas d'angine chronique. Cette compression explique la résistance éprouvée par le chirurgien. Pour prouver la réalité du cathétérisme des voies aériennes, on a invoqué les sensations éprouvées par le malade et par le chirurgien, ainsi que l'analogie offerte par l'introduction de tubes destinés à entretenir une respiration artificielle. Or, 1° si l'on essaye d'introduire un corps étranger dans le larynx, on détermine d'abord des symptômes pharyngiens (légère congestion, envie de tousser, faible sensation et strangulation), puis des symptômes laryngiens (anxiété extrême, constriction très-forte de la poitrine, dyspnée spasmodique, aphonie absolue). L'existence de ces derniers symptômes ne prouve pas cependant l'arrivée de l'éponge dans le larynx, car il suffit qu'une goutte de solution de nitrate y tombe pour donner lieu à cette explosion des symptômes laryngiens. 2o Dans le cathétérisme de l'œsophage, au moment où l'instrument dépasse le pharynx, il éprouve une résistance produite par la projection que font en arrière les cartilages du larynx, et par un spasme des constricteurs du pharynx; de sorte que le chirurgien pourrait croire alors que son instrument pénètre dans le larynx, et est comprimé par les lèvres de la glotte; d'autant plus que souvent alors quelques symptômes laryngiens se manifestent, bien qu'il soit évident d'ailleurs que l'instrument est dans l'œsophage. Ainsi, dans deux cas, un malade vomit à travers le tube introduit par le Dr Green luimême, qui affirmait l'avoir placé dans la trachée, et cela devant la commission nommée par l'Académie de New-York. Par contre, il fut démontré, devant la même commission, qu'à travers un tube mis à dessein dans l'œsophage, le patient pouvait éteindre une chandelle, gonfler et dégonfler une vessie placée à l'extrémité libre de ce tube, etc. 3o Sur ce qu'on a pu introduire parfois dans les voies aériennes des tubes bien huilés et de petit calibre, à travers lesquels le malade pouvait respirer, il ne s'ensuit pas qu'on puisse y faire arriver une éponge chargée de caustique, qui devra non-seulement stimuler violemment la région, mais encore déterminer mécaniquement l'asphyxie. - Enfin,

et si l'on s'en réfère exclusivement à l'expérience, il est si difficile d'arriver dans les voies aériennes, que, 35 fois sur 38, le Dr Green a échoué devant la commission académique, dans ses tentatives d'introduction d'un tube à petite courbure; qu'il n'a réussi que 8 fois sur 13 avec le tube à grande courbure, pour échouer constamment (18 fois) dans l'introduction de l'éponge. On peut donc conclure, avec la commission académique de New-York, que l'introduction de la sonde armée de l'éponge n'est nullement démontrée. (The Lancet, nov. 1855, p. 489, et déc., p. 518.)

Renversement de l'utérus traité avec succès par la ligature, par M. OLDHAM. Il s'agit de deux cas de renversement chronique, l'un simple et survenu à la suite de l'accouchement, l'autre déterminé par la présence d'un polype volumineux. Ces deux cas ont été traités par la ligature, en raison d'hémorrhagies considérables dont ils étaient accompagnés. Dans le premier cas, l'opérateur appliqua sciemment la ligature sur l'utérus renversé; dans le second, il ne croyait prendre dans sa constriction qu'un polype, alors qu'il intéressait du même coup une assez grande portion de l'utérus lui-même. On se servit, pour la ligature, d'un fil de soie, autour duquel s'enroulait un fil d'argent. Dans le premier cas, la ligature fut serrée progressivement chaque jour, le troisième et le quatrième exceptés, et la ligature tomba le vingt-deuxième jour. Il n'y eut de douleurs un peu intenses que le troisième jour, à partir duquel des symptômes généraux commencèrent à se manifester: accélération du pouls qui, de 74, s'élève à 120, 125; irritabilité générale, puis prostration; nausées, vomissements, etc. Avant la chute de la ligáture, il y eut un écoulement peu fétide, qui progressivement devint plus copieux, et contenait des globules de pus, des plaques d'épithélium, et des globules graisseux. Après la chute de la ligature, la portion d'utérus détachée fut extraite du vagin à l'aide de pinces. La surface péritonéale de cette portion formait une poche d'un pouce de profondeur, et, à la surface muqueuse, se dessinaient des veines très apparentes. Quinze jours plus tard, la malade quittait l'hôpital, avec un museau de tanche d'aspect normal et sans aucun accident. En 1854, deux ans après l'opération, le col de l'utérus est mou; le museau de tanche entr'ouvert laisse voir des granulations rouges, saignant à la pression et qui ont été probablement le point de départ de quelques écoulements mucoso-purulents, seules traces persistantes des règles, se reproduisant à des intervalles irréguliers, et peu abondamment, à une seule exception près. Les désirs sexuels sont normaux. Dans le second cas, les accidents eurent lieu presque immédiatement après la ligature et diminuèrent au bout de quatre jours. La ligature tomba le vingtième jour. La tumeur était très-décomposée : c'était un polype fibreux, incorporé à la substance de l'utérus qu'il avait entraînée avec lui. Ici encore, la poche péritonéale, formée par l'utérus renversé, avait 1 pouce de profondeur: mais

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