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nécessité de remédier à cet état de choses par une hygiène mieux entendue.

Mémoire sur l'if et sur ses propriétés toxiques; par MM. CHEVALLIER, DuCHESNE et REYNAL. De nombreuses expériences faites par les auteurs à l'École d'Alfort établissent d'une manière définitive les propriétés toxiques de l'if; c'est principalement dans les feuilles que le principe actif paraît résider. Les effets physiologiques de ce poison se traduisent d'abord par une accélération du pouls et des mouvements respiratoires, et par une irritation violente de l'estomac et de tout le tube digestif, amenant souvent des vomissements et des évacuations alvines. Mais, indépendamment de cette action irritante, l'if en possède une seconde; c'est une action narcotique et stupéfiante qui ne tarde pas à succéder à l'action première et qui s'annonce par des inquiétudes, des ébouissements, des syncopes, et une mort presque instantanée. Mêlé ou non à l'avoine, l'if empoisonne les chevaux, à la dose de 750 grammes minimum, et de 1500 grammes au maximum. Un phénomène curieux est indiqué par les auteurs comme caractéristique de l'empoisonnement par les feuilles d'if, c'est l'apparition à la surface du corps d'éruptions particulières accompagnées de chute des poils; ces éruptions coïncident avec la formation, sur la muqueuse de l'estomac et de l'intestin, de taches ecchymotiques d'une étendue et d'une coloration variables.

De l'influence de la civilisation sur le suicide, par M. A. BRIERRE DE BOISMONT.- Pour résoudre une question d'une aussi haute portée, M. Brierre de Boismont a eu recours à la statistique. Les relevés du ministère de la justice et de la préfecture de police établissent depuis 1834 une augmentation croissante dans le chiffre des morts violentes. Si M. Devergie est arrivé à un résultat contraire, cela tient à ce qu'il n'a pris ses chiffres que dans les relevés de la morgue, qui ne comprennent qu'une partie des suicides. La progression des suicides examinée année par année, et déjà assez marquée pour Paris, est bien autrement prononcée pour la France. Cet accroissement évident pour d'autres pays permet à l'auteur de réfuter les arguments invoqués pour combattre l'accroissement du suicide, tels que l'attention apportée à la confection des tableaux et l'augmentation de la population. Non-seulement du reste le maximum des suicides se trouve à Paris, mais le voisinage de cette ville exerce une influence marquée sur les départements qui l'environnent; le nombre des suicides s'accroît régulièrement à mesure qu'on s'approche de Paris. Après avoir puisé ses preuves dans l'accroissement successif du chiffre des suicides et dans l'influence morale de Paris et des grands centres sur ce résultat, l'auteur en trouve d'autres dans les influences dues à l'état civil, aux professions, aux institutions religieuses et politiques. Le célibat, le veuvage, la concurrence acharnée dans les professions et les luttes qui en sont la conséquence, les institutions religieuses mal dirigées et mal comprises, favorissent la production du suicide. A ces faits, M. Brierre de Boismont joint quelques déductions

tirées de l'analyse morale de l'homme, et enfin, dans quelques pages où la statistique cède la place à la philosophie, il conclut que la douleur, les maladies morales, qui tourmentent les nations civilisées, sont, dans la plupart des cas, la cause de cet accroissement considérable du nombre des suicides.

Étude médico-légale sur l'avortement, par M. A. TARDIEU. — Les Annales d'hygiène ne publient que la première partie de ce travail, sorte de préface dans laquelle l'auteur indique le but qu'il se propose en traitant ce sujet. Par avortement, il entend l'expulsion violente et prématurée du produit de la conception, indépendamment de toutes les circonstances d'âge, de viabilité, et même de formation régulière. Cette définition, ne confondant point l'avortement avec l'infanticide, a l'avantage, au point de vue médico-légal, de simplifier les recherches et d'en assurer le résultat.

L'auteur divise les avortements en huit catégories : 1o tentatives d'avortement suivies ou non de résultat; 2° avortements provoqués par l'usage de substances abortives; 3° par des manœuvres directes; 4o par des manœuvres directes compliquées de blessure de la matrice; 5o par manœuvres directes avec blessures sur le fœtus; 6o par manœuvres directes compliquées du mutilations étendues; 7o par manœuvres directes suivies d'accidents consécutifs éloignés ; 8° opérations obstétricales pratiquées dans le but de provoquer l'avortement ou l'accouchement prématuré, opérations que M. Tardieu rapproche de ces faits criminels, comme propres à fournir un point de comparaison sur certaines parties de cette question de médecine légale. Cette énumération est suivie de 39 observations appartenant aux sept groupes d'avortements criminels, et dont 25 sont puisées dans les expertises médico-légales faites par l'auteur.

Mémoire sur la mort par suffocation, par M. A. TARdieu. Il y a mort par suffocation toutes les fois qu'un obstacle mécanique autre que la strangulation, la pendaison ou la submersion, est apporté violemment à l'entrée de l'air dans les voies aériennes. L'importance qu'il y a, en médecine légale, à distinguer ce genre de mort de la pendaison ou de la submersion, et la fréquence extrême des infanticides par ce moyen, ont engagé l'auteur à rechercher les lésions propres à la mort par suffocation. L'anatomie pathologique, et des expérimentations variées sur les animaux, lui ont fait découvrir des caractères essentiels propres à distinguer ce genre de mort de tous les autres. Le plus important de ces signes consiste en des extravasations sanguines à la surface du poumon et sous le cuir chevelu, ces taches caractéristiques et constantes ne se voient jamais dans les cas de mort par pendaison; à ces lésions, s'ajoutent des ecchymoses sous-péricardiques, la rupture de quelques vésicules pulmonaires, et enfin diverses traces extérieures de violences.

L'auteur rattache à quatre groupes les cas de mort par suffocation : 1o occlusion directe des voies aériennes ; 2o compression des parois de

la poitrine et du ventre; 3° enfouissement du corps vivant; 4o séjour forcé dans un espace confiné et privé d'air. Après avoir exposé les considérations que lui suggère chacun de ces cas en particulier, M. Tardieu termine ce remarquable travail par un choix d'observations relatives à la mort par suffocation.

BULLETIN.

TRAVAUX ACADÉMIQUES.

1. Académie de Médecine.

:

Suite de la discussion sur le séton MM. Piorry, Leblanc, Parchappe, Bousquet, Malgaigne et Bouvier. - Taille et lithotritie.

du caoutchouc.

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Accidents produits par le travail

Séance du 27 décembre 1855. Après une assez longue interruption, la discussion sur le séton est reprise. M. Piorry a la parole. Il se prononce très-énergiquement contre la doctrine de la révulsion et contre les exutoires permanents. Il déclare se soucier fort peu de savoir si les anciens et les modernes ont admis ou non une théorie de la révulsion ou de la dérivation. Pour lui, ces deux mots, d'ailleurs synonymes, doivent être rayés du vocabulaire scientifique comme les idées qu'ils représentent. Il fait dériver le mot révulsion du verbe latin revellere, tirer fortement à soi; il en conclut qu'on fait de la révulsion lorsqu'on arrache une épine ou un corps étranger, et c'est en se basant sur cette étymologie, qu'il se croit en droit de proscrire de la science la révulsion et la dérivation. Il cherche à expliquer autrement qu'on ne fait d'ordinaire, et surtout par des actions mécaniques, la manière d'agir des médicaments dits révulsifs on a réuni, dit-il, sous ce nom, presque tous les agents thérapeutiques, et il les étudie ainsi successivement à son point de vue. De cet examen, M. Piorry conclut à l'inefficacité des exutoires permanents; il a appliqué, dit-il, des cautères par centaines, et toujours l'amélioration, lorsqu'elle a eu lieu, lui a paru l'effet du temps, du régime, et des autres moyens employés simultanément plutôt que des exutoires eux-mêmes. Il adjure donc les médecins de renoncer à l'emploi de ces moyens cruels, incommodes, dangereux même par la continuité de leur action, qui deviennennt souvent la cause d'érysipèles, d'abcès, et laissent sur la peau des traces indélébiles,

M. Leblanc monte à la tribune après M. Piorry et fait l'apologie du séton dans la médecine vétérinaire. Il limite son discours, d'ailleurs très-substantiel, à la partie pratique de la question, et s'occupe exclusivement de l'utilité des sétons purs et simples, non médicamenteux. Il entre, à cet égard, dans de nombreux détails propres à démontrer l'efficacité de ces exutoires dans des maladies très-diverses, cite des fails empruntés à sa longue pratique, et convie M. Malgaigne à venir les vérifier dans des expériences qu'il divise par catégories et desquelles ressortira, selon lui, d'une manière incontestable, l'action favorable des sétons.

Séance du 2 janvier 1856. La discussion sur le séton continue: la tribune est successivement occupée par deux orateurs, M. Parchappe et M. Bousquet.

M. Parchappe, dans un discours très-savant et très-méthodique, se renferme dans l'examen de deux questions principales, l'identité de la doctrine de la révulsion chez les anciens et les modernes, et la question du vitalisme, deux choses qu'il considère comme solidaires et inséparables l'une de l'autre. Pour démontrer l'existence d'une doctrine de la révulsion chez les anciens, M. Parchappe s'appuie sur les aphorismes d'Hippocrate et sur les commentaires de Galien. Il résulte d'une manière évidente, de l'examen historique fait par lui avec beaucoup de soin et un véritable talent de coordination, que les anciens avaient réellement une doctrine de la révulsion, chose déjà amplement démontrée, dans une séance précédente, par M. Bouvier. M. Parchappe est moins heureux dans la seconde partie de sa thèse, lorsqu'il veut prouver l'identité de la doctrine de la révulsion chez les anciens et chez les modernes. Il reconnaît, il est vrai, qu'une doctrine doit se transformer avec les idées scientifiques des diverses époques, et qu'il suffit qu'elle reste la même au fond pour qu'on puisse conclure à son identité; mais, pour démontrer cette identité, pour rejeter, comme il le dit, le dogme humoral dont cette doctrine est si fortement empreinte dans l'antiquité, et ne conserver que la portion vitaliste de la théorie de la révulsion, M. Parchappe est obligé d'avoir recours à des artifices de style, fort ingénieux sans doute, mais qui ne peuvent porter une conviction entière dans les esprits. Dans la seconde partie de son discours, M. Parchappe se livre à des considérations générales sur le vitalisme, sur ses rapports intimes avec la doctrine de la révulsion, et arrive en définilive aux conclusions suivantes: 1o il existe une doctrine de la révulsion: elle constitue en thérapeutique une application rationnelle de la théorie dynamique du vitalisme; 2o elle a pour base l'observation des faits physiologiques et pathologiques; 3° sa permanence traditionnelle se caractérise plutôt par l'observation constante des mêmes faits que par leur interprétation variable selon les époques; 4o il faut continuer à s'en servir dans l'art, et c'est par elle qu'on peut expliquer les

effets obtenus par la révulsion temporaire dans les maladies aiguës, et par la révulsion permanente dans les maladies chroniques.

M. Bousquet admet la théorie de la révulsion telle qu'elle a été formulée par les anciens : elle consiste, dit-il, dans l'imitation des procédés employés par la nature pour la guérison des maladies, et, à ce point de vue, il la considère comme une des ressources les plus précieuses de la thérapeutique. Ce que la nature fait d'elle-même, l'art a cru pouvoir le faire à volonté, et Barthez a tracé à cet égard des règles très-sensées que M. Malgaigne a eu grand tort de dédaigner. Il ne faut pas croire cependant qu'il faille en étendre l'usage indéfiniment. M. Bousquet ne croit la révulsion utile qu'à la période d'imminence des maladies; une fois la maladie confirmée, elle doit, selon lui, parcourir fatalement sa marche, et c'est une erreur de croire qu'on puisse la déplacer à volonté. Combien de fois, dit-il, un vésicatoire destiné à déplacer une inflammation en a simplement produit une seconde, sans profit pour la première. M. Bousquet, tout en se faisant le défenseur de la révulsion naturelle, est donc peu favorable à celle que l'art cherche à produire. I reconnaît néanmoins que la révulsion retrouve son emploi lorsque la maladie décline, pour l'empêcher de passer à l'état chronique; mais il faut se hâter, car, à mesure que les maladies vieillissent, la révulsion perd de son pouvoir. Il consent à admettre l'utilité des exutoires dans l'art vétérinaire, mais il pense que la médecine humaine n'en tire pas les mêmes avantages. Comment croire, dit-il, qu'il suffise de susciter une nouvelle inflammation pour déloger son aînée! Le plus souvent, les malades n'y gagnent qu'une seule chose: c'est d'avoir deux maladies, au lieu d'une. Tout en proscrivant les exutoires à vie, M. Bousquet ne veut pas condamner sans restriction les exutoires à temps, parce qu'ils ont pour eux l'autorité de l'expérience: il cite, parmi les cas où ils peuvent être surtout utiles, le mal de Pott et les maladies des yeux. Cependant sa confiance dans ces moyens thérapeutiques paratt bien médiocre puisqu'il conclut par ces paroles significatives: les exutoires permanents sont la ressource de l'ignorance qui ne sait que faire et de la science à bout de moyens!

Séance du 8 janvier 1856. La discussion sur le séton continue. M. Malgaigne prend la parole pour répondre aux objections qui lui ont été adressées par les différents orateurs qui se sont succédé à la tribune. En avocat habile, il tire parti des armes fournies par ces divers orateurs les uns contre les autres. Son discours est divisé en deux parties. Dans la première, il examine l'utilité pratique du séton, critique les faits particuliers cités par M. Bouvier, et les assertions collectives des autres membres qui ont pris part à la discussion; il laisse de côté les faits cités par MM. Bouley et Leblanc, comme s'appliquant exclusivement à la médecine vétérinaire, et conclut qu'il a eu raison de s'élever contre les exutoires permanents, dont l'utilité n'a pas encore été démontrée par des observations suffisantes. Ce qui justifie son opinion,

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