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pendant un rapprochement que nous nous bornons à énoncer: dans les cas où l'analyse du sang a été faite, on a noté une augmentation sensible des globules blancs. Cette augmentation n'était-elle que l'équivalent de celle qu'on retrouve dans bien d'autres maladies? mérite-t-elle un examen plus approfondi?

Quels que fussent les titres d'Addison à la confiance, la foi scien→ tifique est de celles qui exigent un contrôle, et dans les enquêtes médicales, pas plus que dans les enquêtes judiciaires, on n'aime à se fier au témoignage d'un seul. C'est devenu d'ailleurs une habitude, en Angleterre, que, lorsqu'une question nouvelle surgit, la presse médicale fasse appel aux recherches des observateurs, en sollicitant de ses correspondants l'envoi de tous les faits qu'ils pourraient recueillir. Le Medical times a déjà publié quatre observations de maladies des capsules qui confirment et sanctionnent pleinement les vues d'Addison (1). Ajoutons qu'on paraît avoir adopté, pour désigner la coloration de la peau, le nom de peau bronzée, qui résume assez bien les variétés d'aspect qu'Addison avait caractérisées sous les noms de peau brune, peau foncée, bistrée, olivâtre, suivant les diversités de la nuance.

Nous croyons qu'on nous saura gré de joindre ici l'analyse de deux des faits consignés dans le journal anglais, et qui se présentent avec toutes les garanties d'authenticité.

OBSERVATION. E..., âgé de 24 ans, colporteur, entre, le 7 avril 1854, à l'hôpital Saint Barthélemy, dans le service du Dr Burrows. Ce malade, d'une famille bien constituée, est d'une complexion moyenne; il mène une vie pénible mais régulière, sauf l'abus des spiri. tueux. Depuis quatre mois, qu'il a été obligé de renoncer à sa profession; il s'est mal nourri; jusque-là il avait eu un régime suffisant.

État actuel. Son aspect est celui d'un homme qui a enduré des privations. Sa peau est toute d'une teinte bronzée, surtout à la tête et au cou. Sur le thorax et la partie supérieure de l'abdomen, le fond brun est parsemé de taches plus blanches; des plaques plus foncées occupent le sommet des deux épaules; le scrotum et le pénis sont tout à fait noirs. Les conjonctives sont un peu injectées, mais sans coloration anormale; langue nette et humide, excepté au centre; pas d'appétit; diarrhée; soif modérée; incurvation anguleuse déjà ancienne du rachis, les 6o, 7e et 8e vertèbres dorsales sont projetées en arrière, douleurs provoquées par la marche.

(1) Medical times and Gazette, décembre 1855 et janvier 1856.

Antécédents. La coloration maladive de la peau a été remarquée par lui-même et par ses amis depuis près de quatre mois; elle va toujours en croissant. L'affection spinale date de l'âge de 3 ans ; il y a deux ans qu'un abcès s'est formé. L'abcèsune fois ouvert, E... a repris ses travaux six mois avant le début de la maladie dont il se plaint actuellement et qui date de huit mois. Depuis une semaine, il est sujet à des vomissements assez fréquents de matières claires et jaunâtres.

Le traitement consista essentiellement dans l'administration des préparations ferrugineuses, des amers, et dans l'emploi d'un régime fortifiant. Pendant la semaine qui s'écoula depuis le jour de son entrée jusqu'à celui de sa mort, il n'accusa aucune douleur spéciale. Les urines étaient normales dans leur quantité, leur couleur et leur composition. Il pouvait se lever quelques heures dans la journée, mais la faiblesse était un des symptômes les plus saillants.

Le 15 avril, après avoir conversé avec un de ses parents, il prit un léger purgatif, qui agit dans le milieu de la nuit et détermina 7 garderobes liquides. A sept heures du matin, la diarrhée cessa à la suite de l'administration d'une dose de mixture aromatique. A huit heures, il perdit connaissance et succomba.

Autopsie. Cerveau sain, dépôt graisseux excessif à la surface externe du cœur, léger épaississement des valvules mitrales, points d'ossification sur l'aorte. Les organes thoraciques sains. Rien à noter dans les viscères abdominaux, sauf quelques taches jaunes disséminées à la surface du foie et un certain degré de congestion des reins. La capsule surrénale droite augmentée de volume; en faisant une coupe longitudinale, il s'écoule de divers points un liquide purulent. Quelques corpuscules jaunâtres et ayant toutes les apparences de tubercules concrets nagent dans ce liquide et sont renfermés avec lui dans une membrane pyogénique. La capsule gauche est moins volumineuse, mais elle a subi exactement la même altération. Parmi les corpuscules qu'on en extrait au nombre de cinq, un avait une consistance cartilagineuse. Avant d'être ouvertes, les deux capsules étaient molles et fluctuantes.

Dans la 2e observation, recueillie par le Dr Hall Bakewell, et beaucoup moins détaillée, il s'agit d'un homme de 28 ans environ, qui succomba quelques minutes après son admission dans l'établissement où il avait été recueilli, et sur les antécédents duquel on ne put recueillir que des renseignements fort incomplets. L'autopsie eut lieu quatre jours seulement après la mort, et il n'y avait pas encore trace de commencement de décomposition. Lorsqu'on découvrit le corps pour en faire l'ouverture, le médecin et les assistants furent frappés de la teinte bronzée de la peau, et le directeur, qui était présent, s'écria: Que cet homme est brun! On constata

un emphysême très-intense des deux poumons, une dégénérescence graisseuse du cœur à un degré assez avancé; le foie, les reins, la rate, ne présentaient rien de notable; les capsules surrénales étaient toutes les deux atrophiées et avaient subi une sorte de dégénérescence calcaire. Examinées par le Dr Hutchinson, qui les présenta à la Société pathologique de Londres, elles furent trouvées réduites à un tissu fibreux, au milieu duquel étaient logées quelques concrétions calcaires. Il ne fut pas possible de découvrir de traces de la structure normale des capsules.

Ce fait, dont l'histoire pathologique manque malheureusement, a, par la nature de la lésion, une frappante analogie avec celui qu'Addison a relaté dans son observation 4; il s'en rapproche même par la manière rapide dont la mort eut lieu. L'observation du D' Burrows répond si exactement à la majorité de celles qu'Addison a publiées, qu'elle pourrait figurer comme type à côté des deux cas dont nous avons donné la reproduction presque textuelle.

MÉMOIRE SUR LA NÉVRALGIE GÉNÉRALE, ET NOTAMMENT SUR CELLE D'ORIGINE PALUDÉENNE;

Par le Dr FONSSAGRIVES, professeur à l'École de Médecine navale de Brest.

L'histoire des névralgies n'est entrée que récemment dans une phase véritablement scientifique; nul n'a plus contribué à l'éclairer d'une vive lumière que notre regrettable et infortuné Valleix, que la mort vient de frapper dans toute la vigueur de son intelligence et la plénitude de son talent. Grâce à lui, des espèces nosologiques, fondées sur l'anatomie, ont été créées, des procédés d'investigation très-précis ont appris à trouver, d'une manière assurée, les foyers douloureux qui se localisent sur le trajet d'une branche nerveuse; le diagnostic différentiel des névralgies a été établi avec une certitude et une précision inconnues jusque-là; enfin le traitement de ces affections si cruelles et si communes à la fois a dû à ce médecin éminent, qui possédait à un si haut point le génie du bon sens et de la sagacité pratique, des acquisitions dont la notoriété médicale a déjà consacré l'importance. La névralgie générale

ést une création nosologique dont l'honneur lui revient tout entier. Beaucoup de médecins, et nous sommes du nombre, avaient peut-être, en même temps que lui, rencontré dans leur pratique des cas analogues à ceux qu'il a décrits et qui les avaient singulièrement embarrassés; mais nul, que nous sachions du moins, n'avait songé à réunir en un faisceau les symptômes bizarres qu'elle déroule, n'avait rapporté à une forme particulière de névralgie ces accidents si singuliers et si tenaces, n'avait, en un mot, songé à y voir une maladie nouvelle. C'est que l'admission de fails rares, en matière de nosologie, est un allégement que l'observation médicale recherche trop volontiers; ce qui n'est qu'une bizarrerie exceptionnelle pour une étude superficielle et incomplète sera, pour un esprit plus laborieux, le premier anneau d'une chaîne dont les autres maillons se retrouveront tôt ou tard. Là est le mérite de la création tout originale de Valleix. Après avoir recueilli soigneusement une observation de névralgie générale, il comprit que ce cas ne pouvait être isolé, qu'entre tous ces foyers névralgiques il y avait un lien, et qu'une maladie nouvelle venait de se révéler à lui; confiant dans la pensée que l'avenir lui apporterait de nouveaux sujets d'étude, il se mit à l'œuvre, et, le 22 septembre 1847, il publia dans l'Union médicale quelques considérations sur un cas de névralgie occupant presque tous les nerfs du corps (1). Dans cette observation, remarquable à tant de titres, Valleix insistait sur la multiplicité des foyers névralgiques, sur les troubles généraux qui coïncident avec cette affection, et posait les éléments du diagnostic différentiel; mais le nom de névralgie générale était à peine prononcé. Quelques mois après, le Bulletin de thérapeutique publiait une série d'articles dans lesquels le même médecin, fortifié dans sa croyance par trois observations nouvelles, s'efforçait d'édifier dogmatiquement l'histoire de la névralgie générale (2). Les quatre cas observés par Valleix étaient relatifs à des hommes; le 16 janvier 1851, M. J. Leclerc, élève des hôpitaux, publia dans l'Union médicale la première ob

(1) Union méd., t. 1, no 60, p. 252.

(2) De la Névralgie générale, affection qui simule des maladies graves des centres nerveux, et de son traitement (Valleix, Bulletin gén. de thérapeutique, t. XXXIV, p. 17, 321, 421; 1848).

servation de névralgie générale chez la femme, et annonça qu'en une seule année il avait observé à l'hôpital Sainte-Marguerite cinq cas de cette curieuse affection (1). En 1853, le hasard a amené dans mon service de l'hôpital de Brest, presque simultanément, deux sujets atteints de névralgie générale ; j'ai pensé que ces ob→ servations viendraient, d'une manière très-opportune, se joindre à celles qui ont été publiées jusqu'ici et démontrer la légitimité de cette création nouvelle. Valleix, en édifiant sa description sur un nombre très-minime de cas, n'a pu évidemment considérer ses gé→ néralisations que comme simplement provisoires ; mais il aura eu au moins l'incontestable mérite d'appeler l'attention sur une affection dont les éléments symptomatologiques s'étaient sans doute plus d'une fois offerts à l'observation, mais que seul il a su reconnaître. La névralgie générale n'est pas de la nature de ces affections bizarres, de ces cas rares pathologiques, dont les annales de la science enregistrent çà et là quelques faits isolés et dont l'étude ne présente guère qu'un intérêt spéculatif; maintenant, que son existence m'a été révélée, je me rappelle avoir longtemps hésité sur le diagnostic d'affections qui avaient avec celle-ci de nombreux traits de ressemblance, et je ne doute pas que la plupart des médecins ne puissent puiser dans leur pratique des souvenirs analogues. Deux maladies nouvelles ont fait leur apparition dans ces dernières années, le chorionitis ou sclérosténose, et la névralgie générale. La première a reçu jusqu'ici plus d'appellations diverses qu'elle ne compte de cas authentiques, et ses symptômes ainsi que sa nature, en faisant une affection toute à part, complétement isolée au milieu du cadre nosologique, n'appelleront probablement jamais sur elle qu'un intérêt de second ordre. Il n'en est pas de même de la névralgie générale: elle relève, par des liens étroits de similitude, d'un groupe parfaitement défini d'affections; elle s'accompagne de symptômes généraux qui peuvent très-bien, comme l'a établi Valleix, faire croire à tort à une maladie des centres nerveux et em

(1) Union méd., t. V, no 6, p. 23. M. Leclerc a depuis pris la névralgie générale pour sujet de thèse inaugurale; nous n'avons pu nous procurer son travail, mais Valleix s'en est servi pour la composition de son article de la 3e édition du Guide du médecin praticien, et nous avons pu retrouver là les documents qu'il renferme.

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