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le mois d'août. Au commencement de septembre, un foyer qui s'était formé sourdement dans la prostate s'ouvre dans l'urèthre et y verse abondamment le pus qu'il contient. L'écoulement de la matière purulente continue; les testicules s'enflamment successivement, ainsi que la vessie. Le 18 décembre, à la suite d'une consultation avec Roux, Marc, MM. Bousquet el Hervez de Chégoin, qui reconnaissent aussi dans la prostate l'existence d'un foyer ouvert dans l'urèthre, avec introduction d'urine dans son intérieur, on arrête de passer une sonde chaque fois que le malade veut uriner, de tamponner le rectum au moyen d'une vessie insufflée, afin de rapprocher la paroi postérieure de la cavité prostatique de son orifice, et en cas d'insuccès, de faire une contre-ouverture par le rectum, de manière à transformer cette cavité en une fistule urinaire uréthro-rectale. En janvier, le testicule se tuméfie de nouveau, à la suite du passage de sondes. Après diverses alternatives dans l'intensité de l'écoulement et dans l'état de l'engorgement testiculaire, le malade, allant de mieux en mieux, arrive au printemps. L'été, il va à Bourbonne, et le 9 octobre, mon père le voit pour la dernière fois. Sa santé est bonne alors, mais cependant l'écoulement persiste encore.

OBS. II. M. d'A..., ayant environ 30 ans, eut à 17 ans une première blennorrhagie extraordinairement violente, bientôt suivie d'une orchite énorme déterminée par un coup porté sur le testicule durant le cours de cet écoulement. Après être entré plusieurs fois à l'hôpital du Midi, dans divers services, principalement pour des récidives de blennorhagie et des inflammations des testicules, le malade eut un rétrécissement tellement considérable, que, lors du cott, il s'oppose à l'éjaculation. Ayant cessé d'introduire des bougies, ainsi qu'il le faisait depuis longtemps, le malade fut pris d'une ischurie complète. Le 16 mai 1853, nous le trouvons dans un état alarmant: maigreur considérable, teint décoloré, moral profondément affecté, caractère très-irritable, fièvre, soif vive, céphalalgie violente, douleur dans le bas-ventre, chaleur et cuissons dans le rectum, engorgement de la partie antérieure du périnée, en arrière du scrotum. Il nous apprend que quelques jours auparavant, à la suite de violents efforts qu'il fit pour uriner, les urines s'échappèrent par le rectum en même temps qu'une matière purulente.-Le 22, après être resté plusieurs jours avant de pouvoir franchir les deux rétrécissements existant dans le canal, car des accès de fièvre intermittente avec syncopes, vomissements bilieux et délire, étant survenus à la suite du cathétérisme, on a été obligé de le suspendre, la bougie introduite au delà de la deuxième coarctation se trouve en contact d'une surface excessivement sensible, qui ne peut être que l'orifice ulcéré du foyer fistuleux, d'où provient le liquide constituant l'écoulement blennorrhoïde, orifice qui ne peut occuper que la partie profonde de l'urèthre, au delà des rétrécissements; car, si la vessie elle-même était le siége de la perforation, l'urine devrait

s'écouler continuellement dans le rectum, tandis que chez notre malade elle ne s'échappe que lorsqu'il veut uriner, c'est-à-dire lorsque le col de la vessie s'entr'ouvre. D'ailleurs, quoique les sondes n'arrivent pas jusque dans la vessie, quelques gouttes d'urine, s'écoulant par leur pavillon, indiquent l'existence d'une cavité au delà du rétrécissement. Le 3 juin, une sonde d'argent très-fine parvient dans la vessie; à partir de cette époque, les urines passent de plus en plus par l'urèthre, la santé se rétablit; cependant l'écoulement, entretenu d'ailleurs par l'usage habituel et forcé des bougies, n'en continue pas moins, et la fistule quoique cessant de livrer passage aux urines, subsiste fort longtemps, car ce malade, que j'ai souvent revu, et que je revois encore de temps en temps, pour des engorgements de l'épididyme droit ou pour des recrudescences de son écoulement, le 18 octobre 1854, me disait encore que lorsqu'il éprouvait momentanément un peu de dysurie, il sentait parfois quelques gouttes s'écouler dans le rectum.

Après avoir montré, par ces deux exemples, que les ulcérations uréthrales, les cavités ulcéreuses, accompagnées d'écoulements blennorrhoïdes, peuvent être la suite de blennorrhagies anciennes, sans que rien permette de les attribuer à des chancres primitifs; ne s'arrêtant pas aux chancres du méat urinaire résultant de la contagion directe lors du coït, faciles à reconnaître vu leur position nullement larvée; si l'on regarde encore comme possible l'existence d'ulcérations primitives profondes; depuis le temps qu'on en parle, comment peut-on croire que des médecins spéciaux aient constamment méconnu ces ulcérations larvées? En supposant que la vue seule (quelquefois aidée du speculum urethri) soit insuffisante pour reconnaître des chancres profondément situés, ce qui d'ailleurs ne pourrait être qu'exceptionnel, car, suivant M. Ricord lui-même, le plus souvent ils siégent dans la région balanique (1), leur existence pourrait encore être révélée par divers autres symptômes, tels que la douleur localisée en un point se montrant à la pression, ou lors de l'émission des urines ou de l'introduction très-exceptionnelle d'une bougie ou d'une sonde exploratrice (2), l'écoulement du

(1) Ricord, 8e lettre, p. 64; 1851. Plus récemment MM. Lecadre et Calvo, de Marseille, élève particulier de M. Ricord, ne tenant pas compte des deux observations publiées par ce dernier dans son Iconographie, pl. vín, écrivaient que le chancre urethral siége toujours à la région balanique (Moniteur des hôpitaux, 17 août 1854).

(2) Voy. Teytaud, loc. cit., p. 110, n. 180, et obs. 17, p. 294, et 19, p. 299; voy. Ricord, Traité des malad. vénér., p. 744.

muco-pus strié de sang, l'engorgement inflammatoire limité à un espace peu étendu, etc. etc. Comment donc peut-on encore prétendre expliquer, par une erreur de diagnostic, toutes les observations de blennorrhagies suivies de vérole constitutionnelle? Aux yeux de M. Ricord, plus qu'à ceux d'aucun autre praticien, cette erreur devrait paraitre impossible, puisqu'il professe, contrairement d'ailleurs à l'opinion générale, ainsi qu'on a pu dernièrement en juger à la Société de chirurgie (1), que le chancre induré est suivi forcément de vérole constitutionnelle, et que le véritable chancre non induré n'infecte jamais l'économie (2). Or l'induration, dans cette région à parois inférieures molles et peu épaisses, est facilement reconnaissable, et en supposant même qu'exceptionnellement il n'en fût pas ainsi, l'adénopathie (pléiade' ganglionnaire), qui, selon cet auteur, accompagne fatalement cette sorte de chancre (3), devrait être là pour en révéler l'existence.

Si je n'ai pas parlé jusqu'à présent de l'inoculation comme moyen propre à faire distinguer l'écoulement urethral, déterminé par un chancre primitif larvé, de toute autre blennorrhagie, la raison en est que ce moyen, outre ses inconvénients et les dangers auxquels il expose (4), semble être d'une complète insuffisance au point de vue du diagnostic, puisque plusieurs médecins, tels que Jean Andrée, de Londres (5), Hunter (6), M. de Castelnau (7), ont obtenu des résultats positifs de l'inoculation du muco-pus blennorrhagique; puisque MM. Wallace, Valler, de Prague, Vidal (de Cassis), et beaucoup d'autres expérimentateurs (8), ont pu inoculer avec succès du pus provenant d'accidents consécutifs, auxquels paraissent pouvoir se rapporter certaines lésions de la vessie et de l'urèthre; enfin puis

(1) Discussion ayant suivi un rapport de M. Cullerier, lu le 29 août 1855. Voy. Gazette des hôpit. et Gazelte hebdom., 9 novembre.

(2) Ricord, lettre 19, p. 146, et 28, p. 207.

(3) Ricord, lettre 27, p. 196.

(4) Voy. rapport fait par mon père sur l'inoculation, à l'Acad. de méd., le 28 octobre 1845, p. 19; deux observations, l'une de M. de Castelnau, l'autre de mon père.

(5) Voy. Cazenave, Blennorrhagie syphililique.

(6) Ilunter, trad. d'Audiberti, partie vi, chap. 2, sect. 2, p. 344 et suivantes.

(7) Voy. rapport de mon père sur l'inoculation, p. 9.

(8) Voy. Vidal (de Cassis), Traité des maladies vénér., p. 45 et suivantes.

que les nombreuses observations des syphilisateurs ont surabondamment montré que le même pus, inoculé par la même personne sur la même région du même individu, tantôt donne des pustules et des chancres, tantôt ne donne rien, comme cela arrive pour le virus vaccin, ce qui, conformément à l'opinion émise par mon père en diverses circonstances, entre autres dans sa communication. du 14 septembre 1852, lors de la discussion académique sur la transmission des accidents secondaires (1), démontre, ainsi que l'a très-bien fait observer M. le Dr Broca à la Société de chirurgie (2), combien est loin d'être exacte la loi posée par M. le Dr Ricord, «que le pus du chancre est fatalement inoculable » (3).

Maintenant que l'erreur de diagnostic, si souvent invoquée pour expliquer, au moyen d'un chancre urethral supposé, les cas de véroles consécutives à des blennorrhagies, n'est plus acceptable, puisque l'ulcération primitive du méat urinaire, n'étant pas larvée, ne peut être méconnue par personne, et que celle dont certains syphiliographes admettent l'existence dans les parties profoudes de l'urethre, d'après ces mêmes praticiens, devrait se révéler par des signes faciles à constater, il est bon de remarquer que ces observations de syphilis survenues à la suite de gonorrhées se trouvent encore en assez grand nombre dans les ouvrages consacrés à l'étude des maladies vénériennes, quoique les auteurs, qui pour la plupart Jadmettent cette étiologie de la vérole constitutionnelle, aient le plus souvent trouvé superflu de rapporter les faits qu'ils avaient rencontrés dans leur pratique. Il suffit, pour s'en convaincre, de parcourir seulement quelques ouvrages, entre autres ceux de Frédéric Hoffmann (4), de Sanchez (5), de de Horne (6), de

(1) De la Syphilisation, p. 266; Paris, 1853.

(2) Séances des 21 et 28 décembre 1853.

(3) Ricord, lettre 11, p. 86.

(4) Frédéric Hoffmann, Medicinæ rationalis systematicæ,'t. III-IV, de Lue venerea, obs. 5, p. 424.

(5) Sanchez (Antoine, Nunès, Ribeiro); Paris, 1785; Observations sur le trait. de la gonorrhée, p. 11, l'observation d'un gentilhomme du Staffordshire. (6) De Horne, Observations sur les différentes méthodes d'administrer le mercure, t. I, partie 11, chap. 2, obs. 10, p. 346 et suivantes, et chap. 3, c 25, p. 427; t. II, partie iv, chap. 3, obs. 11, p. 505; Paris, 1779.

,obs.

Carrère (1), de Rosen (2), de Swediaur (3), de mon père (4), de MM. Martins (5), Baumès (6), Cazenave (7).

Voici encore quelques autres observations très-succinctes, recueillies par mon père et par moi.

OBSERVATION Ire. — M. M..., n'ayant jamais eu aucune affection vénérienne, si ce n'est, il y a dix ans, un écoulement qui ne dura que peu de jours, au commencement de février 1829, voit paraître des pustules croûteuses (ecthyma profond) sur diverses régions du corps, le dos, la partie supérieure de la cuisse droite, et le prépuce. Les ulcérations succédant à ces pustules sont larges, à bords taillés à pic, et à fond inégal. Pendant un mois, le malade emploie sans avantage le traitement antiphlogistique, préconisé alors par quelques médecins. D'autres pustules se montrent à la cuisse, au commencement d'avril, malgré un traitement antisyphilitique (frictions mercurielles, tisane de salsepareille et galac), commencé depuis quelques jours, d'après le conseil de mon père. Le 9 avril, guérison des ecthyma du dos. En juin, le malade se plaint de douleurs successivement dans les deux testicules, le droit devient et reste un peu plus volumineux. Vers la fin du mois, un engorgement osseux se développe au coude. Quelques semaines plus tard, le malade, se croyant guéri, cesse le traitement général, et fait seulement des onctions mercurielles sur le testicule engorgé. Le 5 octobre, il revient pour une périostose suppurée, développée de nouveau au niveau du coude. (Liqueur de Van Swieten, tisane de salsepareille édulcorée avec sirop de Cuisinier.) Le 5 janvier, guérison complète.

OBS. II. M. ***, avocat, d'environ 36 ans, n'ayant jamais eu de chancres, mais bien plusieurs blennorrhagies traitées simplement par les délayants, le régime et le cubèbe, d'après les prescriptions d'un syphiliographe, plus capable qu'aucun autre de reconnaitre des chancres larvés s'ils eussent existé, le 30 décembre 1850, vint consulter mon

(1) Carrère, Recherches sur les maladies vénér. chroniques masquées, chap. 4, obs. 1; Paris, 1788.

(2) Rosen, Traité des maladies des enfants, trad. par Lefebvre de Villebrune, p. 521; Montpellier, 1792.

(3) Swediaur, trad. de Gibelin, Observations pratiques sur les maladies vénér., p. 5, 43 et 45; Paris, 1785.

(4) Lagneau, Traité pratique des maladies syphilitiques, 6o édit., 1828, t. 1, p. 46 et suivantes, plusieurs observations.

(5) Martins, Causes générales des syphilides (Revue médicale, t. I, 4o et ge obs. ; 1838).

(6) Baumės, Précis sur les maladies vénér., t. I, p. 232 et suiv.; Lyon, 1840. (7) Cazenave, Traité des syphilides, obs. 7, 13, 19, 37, 38, 50, 52, 54, et celle de la page 474; Paris, 1843.

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