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baissement et d'élévation, les pupilles sont insensibles à l'action de la lumière, les conjonctives supportent impunément les corps irritants; souvent il est rejeté une grande quantité d'écume bronchique sanguinolente; cris et mouvements convulsifs. L'insensibilité aux actions mécaniques est plus marquée encore; l'action du feu est nulle aux membres et à la partie inférieure du tronc, mais elle est entière sous les clavicules et sous les aisselles.

C. Les battements du cœur sont de plus en plus rares. Chez les chiens, l'état normal étant de 89 à 92 par miunte, on les voit ici de 15 à 18. Les mouvements du thorax sont presque invisibles; seulement, de temps à autre, il apparaît une inspiration profonde, en général accompagnée d'un gémissement. A la fin, les narines seules sont agitées d'un très-faible mouvement; alors l'insensibilité au fer rouge même est complète sur toute l'étendue du corps, à la poitrine comme ailleurs; la mort est certaine.

a. On commence donc par ressentir une douleur vague et obtuse aux régions temporales, elle s'étend progressivement en avant et en arrière de manière à cercler le crâne: chez Mile S..., jeune fille qui s'était asphyxée, et de qui je rapporterai l'observation plus loin, elle apparut très-vite et resta, dans son souvenir, comme symptôme dominant; il en fut de même chez deux autres femmes que j'ai interrogées. M. le D' Bellot, qui a donné une relation d'une asphyxie dont il fut atteint accidentellement, signale également ce resserrement des tempes, et la céphalalgie au début, qui formèrent enfin un caractère commun, chez 60 ouvriers surpris ensemble par les vapeurs provenant d'un échafaudage de charpente incendié dans les mines de Wanlockead. C'est donc par erreur que quelques auteurs ont signalé, comme symptômes primitifs, les bâillements, les pandiculations, les efforts pour respirer, etc. Le malaise est caractérisé par l'augmentation de la céphalalgie, l'affaiblissement dans les membres, et l'anxiété à la région précordiale. Les facultés intellectuelles ne tardent pas à s'altérer. Me S... rapporte qu'une sorte d'engourdissement s'était emparé d'elle, elle avait dû interrompre ses dernières dispositions et se placer sur une chaise. Quelques suicidés, désireux de faire connaitre leurs dernières pensées, commencent une lettre, et l'on trouve après eux quelques lignes assez suivies d'abord, puis des phrases inachevées, et enfin des mots sans suite et incomplets. Chez les animaux, on peut suivre l'affaiblisse

ment de l'intelligence en quelque sorte degré par degré: au commencement ils crient, aboient, jappent à la porte, se lèvent quand on les appelle, etc.; mais, après quelques secondes, on les voit s'étendre sur le ventre d'un air profondément indifférent; ils n'entendent plus. Souvent, après avoir laissé un chien dans l'appareil pendant 15 ou 20 minutes, j'ai ouvert la porte en l'appelant au dehors; mais, bien qu'il eût encore en apparence la liberté de ses mouvements, il restait immobile; si je le forçais à sortir, il marchait au hasard, se heurtant partout.

Il m'avait paru curieux d'étudier les effets des vapeurs du charbon sur les passions. Le hasard me fournit l'occasion d'expérimenter sur l'une des plus vivaces assurément : la haine de chien à chat.

« On m'avait apporté le même jour un chat et un chien le premier mouvement de ces animaux, qui ne s'étaient jamais vus, fut un acte d'hostilité. Le chat sauta aux yeux du chien; celui-ci recula d'abord en opposant le flanc et le train postérieur, puis il revint tout à coup, fondit avec fureur, et, après une courte lutte où les coups de dents et de griffes, les cris de rage et les aboiements, se succédèrent sans interruption, le chat, vaincu et terrassé, se refugiait à tout hasard dans l'appareil. Je plaçai un fourneau allumé auprès de lui et je fermai la porte; 10 minutes après, j'introduisis le chien: je devais donc avoir en présence deux ennemis encore tout enflammés d'un récent combat. Le chien, dans tout le feu de sa colère, s'élança en aboyant, faisant de violents efforts pour rompre la corde qui le retenait; mais son adversaire, blotti dans un coin, se pelotonna en silence, il était déjà sous l'influence délétère. En vain l'un, les regards en feu, jetait des cris pleins de provocation; l'autre, les yeux profondément absorbés, semblait, par son impassibilité, dire qu'il s'agissait d'un tout autre danger. Le chien se tait à son tour et regarde avec étonnement autour de lui, et, reconnaissant la porte, il se met à gratter; puis il s'étend sur le ventre, les pattes en avant, il tourne les yeux vers le chat, et ils se regardent alors silencieusement l'un l'autre. Mais le chat se lève, il tourne deux ou trois fois sur lui-même, sa tête bat à droite et à gauche; il se traîne vers la porte en chancelant, pousse quelques miaulements sourds, et enfin tombe à côté du chien quelques minutes après; ce dernier lève la tête, ses yeux sont humides et brillants; tout à coup, il se dresse debout contre le mur, en jetant quelques cris longs et plaintifs, et il s'affaisse à son tour, le corps à moitié soutenu par la corde passée à son cou. Je les retirai alors: il suffit du contact de l'air pour les rappeler à la vie. »

On a beaucoup parlé des bourdonnements, des sifflements, des sensations de toutes sortes dans les oreilles; on ne les a jamais dé

finis. Après avoir interrogé à plusieurs reprises M11, S..., et avec ce qui en est rapporté dans les observations que j'ai pu recueillir, voici l'idée que je me suis faite de ce genre de sympômes. Des bruits confus, déjà depuis quelque temps, tourmentaient les oreilles ; à un moment, ils se réunissent et il en résulte une vibration sourde et continue, comparable à celle d'une voiture qui roule dans le lointain. Il s'y mèle des battements qui, d'abord faibles et éloignés, se prononcent et se rapprochent par degrés. Au milieu du profond silence où il est isolé, l'asphyxié est donc étourdi par un bourdonnement incessant, mais onduleux et brisé, de chocs réitérés et éclatants, qui, à leur tour, viennent à s'amoindrir et s'éteignent complétement. Ici s'arrête le souvenir, ce qui arrive ensuite ne laisse aucune trace dans l'esprit.

Ce mal de tête singulier, dit M. Malgaigne, consistait en des battements de toutes les artères du crâne.

«Il vous passe des barres dans la tête», me disait un asphyxié. «Mes tempes se resserraient, j'avais des vertiges, il me vint des battements et des sifflements dans les oreilles » (Lettre d'un asphyxié à M. Ségalas).

Le Dr Bellot éprouva des accidents semblables; chez quelquesuns des mineurs de Wanloekead, ils furent portés au plus haut degré.

M... s'enferme dans son cabinet, chauffé par un poêle de Joyce. Au bout d'une heure, céphalalgie, étourdissements, constriction aux tempes; pupilles largement dilatées, peu sensibles à l'action de la lumière; bourdonnements d'oreilles. Pouls à 120.

Dans l'église de Doconham, 70 personnes furent affectées, pendant l'office, par les vapeurs du charbon: céphalalgie, vertiges, constriction à la tête, battements; le prêtre dut interrompre l'office (Golding Bird).

b. Selon toute apparence, c'est avec cette période que coïncide la propension aux mouvements rotatoire et circulaire qui nous a frappé chez quelques animaux. Ils étaient couchés sur le côté, les pattes en avant, on les voyait se lever; puis, tout chancelants, ils commençaient à tourner ou bien à balancer leur tête en haut, en bas et sur les côtés, de manière enfin à lui faire décrire de véritables cercles. Dans les expériences, MM. Rayer, Cl. Bernard et Vialet, ont pu remarquer ces particularités. Les individus sont également sou

mis à ce genre d'impulsion; nonobstant la faiblesse qui les fixe à leur place, ils ne peuvent s'empêcher de faire quelques mouvements; mais, abandonnés des forces qui jusque-là s'étaient fait équilibre pour les soutenir, ils se dérobent sous eux-mêmes et tombent. Une femme avait le vague souvenir d'une chute, puis d'un coup violent à la tête : on l'avait trouvée accroupie devant sa chaise. « J'avais des bourdonnements, ma tète allait de côté et d'autres, j'ai perdu connaissance (lettre de Me S...). C'est sur le carreau et la tête près du réchaud qu'elle avait été relevée.

c. Il n'est pas douteux qu'à ce moment la douleur ne soit excessivement vive. Ceux qui sont surpris pendant leur sommeil en sont réveillés; ils tentent de se lever pour chercher à ouvrir la fenêtre, mais ils s'affaissent dans le trajet : nous avons vu que la femme Drioton était tombée en travers de son lit. Il y a quelques années, au retour d'un bal, un jeune homme allume, pour se réchauffer, de la braise dans son poêle; réveillé par la douleur, il voulut se lever, mais il tomba entre son lit et la fenêtre et mourut à cette place. Ayant donné à manger à un chat, je l'enfermai dans l'appareil sans feu; une heure après, il dormait profondément; je plaçai auprès de lui le réchaud allumé avec assez de précaution pour qu'il n'en fût pas réveillé; 18 minutes après, je le vis se lever, il fit en chancelant quelques pas, tourna sur lui-même et finit par tomber sur le côté, et après un spasme assez violent de la poitrine et quelques mouvements convulsifs, il cessa de respirer.

M. A. Latour croit que la douleur doit être fort vive, car il est rare de trouver les asphyxiés à l'endroit où ils avaient dû se placer d'abord.

M. Moreau pense que l'on peut distinguer les cas où l'asphyxie a été préméditée de ceux où elle est accidentelle, en ce que la volonté de mourir a retenu les suicidés à leur place, tandis que les autres ont cherché à se soustraire à la mort. Pour moi, si j'en juge par ce qui s'est passé vingt fois sous mes yeux, je suis persuadé qu'il arrive bientôt un moment où les fonctions du cerveau sont tellement atténuées, qu'il serait aussi impossible aux uns de fuir la douleur qu'aux autres de lui résister par un effort de la volonté ; mais que constamment la mort est accompagnée d'une vive et longue douleur. Assurément, lorsque le Dr Sue proposa de substituer l'asphyxie

à la décapitation pour soustraire les condamnés à la souffrance, il n'en avait pas observé les effets par expérience.

On lit dans un traité de médecine légale : « La mort est calme et sans douleur dans l'asphyxie, la figure ne porte presque jamais l'empreinte de la souffrance.» M. Marye, qui partage cette opinion, la fonde également sur l'attitude calme des cadavres. On verra aisément, d'après le tableau des symptômes de l'asphyxie chez les animaux, que la mort n'arrivant que longtemps après la période convulsive, elle trouve en général l'asphyxié dans un état de relâchement complet, et que par conséquent on ne peut nullement déterminer, d'après l'aspect du cadavre, quels ont été les phénomènes pendant la vie. De plus, à l'appui de son assertion, qui me parait d'ailleurs assez dangereuse, l'auteur rapporte d'abord quelques exemples dans lesquels, pour toute preuve de l'absence de douleur, on ne cite que le silence des asphyxiés. Ceci me semble une preuve bien insuffisante; car un grand nombre d'individus asphyxiés, que l'on n'avait pas entendus, ont accusé ensuite la plus vive douleur. Plus loin enfin, il rapporte les faits suivants, qui n'eussent certes pas été déplacés, s'il eût soutenu une opinion opposée. « Un jeune homme est apporté dans la salle Henri IV. Il a été surpris pendant la nuit par les vapeurs du charbon; il s'est éveillé avec des vertiges, des étourdissements, une pesanteur de tête horrible, plusieurs vomissements, etc. Une femme de 25 ans s'asphyxie; ses voisins, entendant des gémissements, ouvrent sa porte. Quand elle revient à elle, son premier mot est qu'elle a trop souffert, qu'elle ne recommencera pas. Céphalalgie très-forte, pesanteur de l'estomac, etc. Enfin Déal, jeune ouvrier que des idées d'ambition déçues portèrent à se détruire, voulut, pour rendre service à la science, décrire ses derniers phénomènes. Voici la fin de sa lettre : « 10 heures 30 minutes. Une vapeur trèsépaisse se répand dans ma chambre, la chandelle parait près de s'éteindre, je commence à avoir un violent mal de tête, mes yeux se remplissent de larmes, malaise général, le pouls est agité.-10 h. 40 minutes. Ma chandelle est éteinte, ma lampe brûle encore, les tempes me battent comme si les veines voulaient se rompre, j'ai envie de dormir, je souffre horriblement de l'estomac.-10 heures 50 minutes. J'étouffe, des idées étranges se présentent à mon esprit, je puis à peine respirer, je n'irai pas loin, j'ai des symptômes

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